Les plus grands Super-Héros du monde
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Gros plan sur un pavé rassemblant les figures les plus connues de l'univers de DC Comics, magnifiquement mises en images par Alex Ross : Les plus grands Super-Héros du monde.

La faim dans le monde, la douleur et le désespoir face à la perte d'un être cher, les préjugés et les différences culturelles, la maladie ou le handicap... que peuvent les héros face à ces fléaux bien réels et terriblement humains ? Les super-vilains ne sont pas forcément l'ennemi le plus dangereux. Face à des menaces plus simples mais aussi plus cruelles, les Masques sont parfois démunis. Sans doute parce que les idées reçues ne peuvent être vaincues à coups de crochet du droit, pas plus que les mentalités ne peuvent être changées grâce à un lasso magique.
Bientôt, la Ligue de Justice va devoir affronter un virus. Est-elle équipée pour cette tâche ingrate ? Le monde est-il seulement prêt à accepter l'aide de ces étranges dieux aux costumes bariolés ?

Disons-le tout de suite, avec cet imposant comic, le choc est avant tout visuel. Le grand format et un papier glacé rendent tout à fait justice aux sublimes dessins d'Alex Ross (Earth X, Marvels). De la froideur urbaine et nocturne de Gotham aux déserts les plus lumineux en passant par une simple ferme de la campagne américaine, tous les paysages sont passés en revue et magnifiés par l'habileté de l'artiste et de ses peintures. La richesse des décors est exceptionnelle, le réalisme des visages poussé à l'extrême, bref, le lecteur découvre presque chaque planche comme une oeuvre d'art à part entière.
Couleurs et jeux de lumière renforcent encore cette volonté d'esthétiser chaque scène. Au final, le rendu dépasse en impact visuel la photographie, même en ce qui concerne les scènes les plus banales.


Le scénario est l'oeuvre de Paul Dini (en collaboration avec Ross). Il signe également l'intégralité des textes. Dans un premier temps, quatre personnages cultes sont au centre d'une courte histoire. Superman, Batman, Shazam et Wonder Woman sont ainsi mis en scène (avec un bref rappel de leurs origines) dans leur représentation la plus iconique possible, dans un souci avoué d'intemporalité. D'autres personnages viennent s'ajouter à la bande lors du dernier épisode, centré sur la JLA. L'occasion de faire rentrer en scène Flash, Aquaman, Hawkman, Green Arrow ou encore, entre autres, Martian Manhunter et Green Lantern. Notons que cette dernière aventure est d'ailleurs dialoguée, à l'inverse des précédentes.

Les récits en eux-mêmes n'ont rien de bien palpitants et se révèlent même quelque peu naïfs voire donneurs de leçon, même si l'on peut dénicher ici ou là un début d'émotion. Mais, l'intérêt principal ne résidant pas là, on passera vite sur le manque d'ambition narrative pour ne garder que l'exceptionnel travail graphique, chaque planche étant soignée et pouvant s'admirer comme un tableau à la composition minutieuse.
L'ouvrage contient une intro de Chip Kidd, des infos sur la genèse du projet, de nombreux croquis et photos (avec explications sur la manière de travailler de Ross, partant d'un croquis pour définir la posture et le costume d'un mannequin dont la photo servira de base au dessin final), ainsi que des vues "panoramiques" des héros, sur plusieurs planches. Plus le petit topo habituel sur les auteurs.
Publié en 2008 par Panini, l'ouvrage a été réédité en 2017 chez Urban Comics (et est toujours disponible en neuf, au prix de 35,00 €).

C'est beau, très beau même, mais il faut apprécier le style narratif, éclaté, froid, souvent sans dialogues, et mettre de côté l'intérêt intrinsèque du récit. Presque plus un artbook pour collectionneur ou une jolie introduction aux grands mythes de DC qu'une véritable saga palpitante. Mais quelle claque visuelle !











+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Des planches absolument magnifiques.
  • Un passage en revue des plus grands personnages de DC Comics.
  • Un grand nombre de bonus.

  • Une narration très particulière, qui nuit à l'immersion.
  • Un scénario qui, malgré des idées intéressantes, passe clairement au second plan par rapport à l'aspect graphique.