First Look : Les Casseurs
Publié le
15.7.23
Par
Nolt
Un First Look consacré à deux flics qui passent leur temps à bousiller de la belle mécanique : Les Casseurs !
Janvier 1973. Dans un train, le romancier et scénariste André-Paul Duchâteau et le dessinateur Christian Denayer évoquent de futurs projets. Au cours de la conversation, Denayer parle de son envie de démolir parfois les somptueux véhicules qu'il lui arrive de mettre en scène. Duchâteau, déjà scénariste de la série Ric Hochet, est enthousiasmé par l'idée et avoue qu'il souhaiterait écrire une série orientée action, avec des scènes impressionnantes, à la limite de la parodie. Le concept des Casseurs était né... (source : Intégrale Les Casseurs, tome 1).
Et ces casseurs, ce sont en fait deux flics américains : Al Russel, jeune officier inexpérimenté mais dynamique et élégant, et Petrus Brockowsky, dit Brock, un vieux briscard en surpoids, proche de la retraite. Tout le long des 21 albums que compte la série, les deux coéquipiers vont donc mener des enquêtes musclées et se retrouver au volant d'engins aussi rapides que divers. Et inutile de préciser que vu leur surnom, ils n'ont pas l'habitude de faire dans le subtil et sèment la destruction sur leur passage.
La première aventure, Haute Tension, présente les personnages et donne le ton. Al et Brock vont devoir mettre hors d'état de nuire un gang opérant à bord d'une Phantom mais, surtout, ils vont devoir coopérer, ce qui est loin d'être gagné. En effet, fonctionnant sur le principe du "buddy movie", la série va énormément jouer sur les différences de caractère des deux protagonistes principaux. Brock est un dur à cuire, casse-cou, bourru, peu respectueux des procédures, alors que Russel est un playboy, "bon élève" et plus calme. Leurs rapports vont évoluer, mais ils ne s'entendent vraiment pas dans un premier temps, au point d'envisager de quitter la police pour ne plus avoir à se supporter.
Cet antagonisme va souvent être source de gags, parfois fort bien mis en scène. Dans cet album, le saut de Brock sur le train, par exemple. Ou encore Brock prenant mal le fait que son coéquipier lui apporte des fleurs, alors qu'il est hospitalisé. Il lui demandera même de les jeter à la poubelle, tout en... claquant le cul d'une infirmière. Ah, l'époque était bien différente, on pouvait représenter une scène imaginaire, même un peu osée, sans assister au défilé des pleurnicheuses de service.
Et bien entendu, outre les fusillades et poursuites, chaque aventure déborde de tôles froissées et de véhicules qui finissent à la casse. Rien que dans ce premier album, si j'ai bien compté, ce ne sont pas moins de huit voitures, quatre camions ou fourgonnettes, un bus, un train et une... cabine téléphonique [1] qui sont partiellement ou totalement détruits.
Voilà donc une bonne série franco-belge, mélangeant action bien bourrine et humour, le tout dans un contexte très "seventies". Les dessins sont efficaces et spectaculaires, les chocs et les divers dommages étant en général bien rendus. Les dialogues participent également à l'ambiance rétro, sans pour autant être surannés. La colorisation est un poil trop flashy, mais heureusement l'effet n'est pas accentué grâce au choix d'un papier mat.
Notons que la série a été rebaptisée, dans les années 80, Al et Brock afin de ne pas associer les personnages aux bandes de trous du cul qui détruisent tout dans les villes dès qu'on leur fournit un prétexte, comme un match de foot ou la neutralisation d'un criminel.
Enfin, si vous optez pour les intégrales (7 tomes, éditions Le Lombard), sachez qu'elles contiennent les habituels bonus (dessins, photos, anecdotes...). Ce n'est pas très dense, mais c'est un plus toujours appréciable, d'autant que le prix (21,50 euros le tome) situe cette intégrale parmi les plus intéressantes financièrement.
Une sorte de Shérif, fais-moi peur urbain et policier, mené par un tandem attachant.
[1] Note pour notre jeune lectorat : une cabine téléphonique est l'équivalent d'un "portable" fixe mais qui protège de la pluie et que l'on est obligé de prêter.
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