Tuniques Bleues : La "Relève" ?
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Retour sur l'album Irish Melody

Comme nous l'avions vu dans l'article précédent, L'Envoyé Spécial n'était qu'une parenthèse dans la série. Le véritable relai est passé avec l'arrivée du scénariste Kris sur le tome 66, intitulé Irish Melody. Lambil reste au dessin, donc à ce niveau-là, pas de surprise. Par contre, en ce qui concerne l'intrigue, là, la surprise est de mise, mais elle n'est pas franchement bonne.

Le récit est en effet d'une extrême simplicité, voire d'un dénuement total. Chesterfield rencontre les membres d'une brigade irlandaise, venus se battre en Amérique. Suite à une discussion animée et bien arrosée, le sergent se persuade qu'il a lui-même des origines irlandaises, ce qui l'amène à rejoindre ces sympathiques soldats d'outre-Atlantique. Blutch, tout seul, s'ennuie un peu et se retrouve embrigadé lui aussi dans un régiment irlandais, mais du côté confédéré.

Si l'album précédent souffrait du format 44 planches et aurait mérité une bonne vingtaine de pages de plus, celui-ci s'avère presque trop long tellement il est vide. Il n'y a aucun enjeu, les scène de combat sont ternes, les gags inexistants (ou bien alors ils tombent à plat), bref, un album qui figure sans problème parmi les pires de la série. L'introduction était pourtant agréable et bien amenée, mais tout ce qui suit n'est qu'un pénible alignement de poncifs et de moments ennuyeux au possible. À tel point qu'il n'y a pratiquement rien à dire sur cet album. L'histoire n'est pas mauvaise, elle est quasiment inexistante. On tourne les pages en se demandant où l'auteur peut bien vouloir en venir, jusqu'au moment où l'on se rend compte qu'il n'ira en fait nulle part. 




Le tout est enrobé dans une énième condamnation de principe de la guerre, dans un style aussi maladroit que naïf. La conclusion dégouline de mièvrerie et frise le ridicule. "Aucune guerre ne mérite que l'on tue son frère." Eh ben... ça philosophe sévère. Que l'on condamne les conflits armés en général, déjà, cela part d'un positionnement très simpliste, on se doute bien que la guerre, ce n'est pas rigolo, mais si on le fait, autant essayer d'être un peu original ou percutant. Il était possible de faire passer le message de bien des manières pourtant.
Il n'y a aucun effet ici. Le propos n'est jamais soutenu par des dialogues bien écrits, une habile mise en scène ou un brin d'émotion. C'est le niveau zéro du conteur. Même la mort d'un personnage, très mal amenée, ne génère rien. Et tout ça pour enfoncer des portes déjà largement ouvertes. "La guerre, c'est mal ; la pluie, ça mouille ; quand la soupe est trop chaude, on se brûle...", putain, si tu n'as rien à dire à ce point-là, au moins, essaie de soigner la forme ! On dirait le premier jet hésitant d'un gamin de cinq ans. Mais qui valide ça chez Dupuis ? La femme de ménage ? Le type se serait ramené avec sa liste de courses en guise de scénario, ça aurait probablement été meilleur. 

Inutile de dire que cette relève, après le départ de Cauvin, s'avère particulièrement décevante. Et il ne s'agit pas d'être exigeant ou nostalgique, le tome 65, scénarisé par Munuera et Beka, était tout bonnement excellent, preuve que l'on peut tout à fait reprendre le flambeau de belle manière avec un peu de savoir-faire. Mais là, c'est simplement indigent.  

Un album totalement dispensable. 




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Le soulagement quand on arrive au bout.


  • Un récit terne et sans enjeu réel.
  • Des gags inexistants ou qui tombent à plat.
  • Une narration poussive.
  • Une énième condamnation, mièvre et maladroite, de la guerre.