Echo
Publié le
11.9.25
Par
Nolt
Conspiration, arme secrète et désert californien sont au menu de Echo.
Julie Martin se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Alors qu'elle prend des photos dans un endroit désertique de Californie, une immense explosion survient. Ses effets se font sentir à des dizaines de kilomètres à la ronde. Bientôt, la jeune femme est recouverte par les retombées. De mystérieuses bulles de métal liquide s'accrochent à elle et recouvrent une partie de son corps.
Pour Julie commence alors les ennuis. Son mari, dont elle est séparée, ne veut rien savoir d'elle. Le médecin qu'elle contacte pour la débarrasser de son étrange plastron métallique croit à une mauvaise blague. Et surtout, l'armée et une employée du NSB particulièrement efficace sont maintenant sur ses traces. Car, évidemment, l'explosion cache une arme qui doit rester secrète mais aussi un meurtre... et peut-être pire encore.
Dans cette course à la vérité, Julie ne pourra compter que sur un Park Ranger, une bande de motards et les pensées d'une jeune pilote d'essai décédée pendant ce qu'il est convenu d'appeler l'incident de Moon Lake.
Après l'excellent Strangers in Paradise, Terry Moore s'est attelé, de 2008 à 2011, à la réalisation de ce thriller SF. L'artiste, qui signe ici scénario et dessins, publiait là sa deuxième série indépendante mais il a également à l'époque officié chez Marvel sur Runaways et Spider-Man loves Mary Jane, des titres peu connus du grand public mais au fort potentiel.
Les amateurs de SiP ne seront pas étonnés de retrouver dans cette série quelques éléments de prédilection chers à Moore, notamment l'archétype de la femme à la fois forte et fragile, un peu abîmée par la vie. Le fait que la "proie" et le "chasseur" soient tous les deux des personnages féminins n'est évidemment pas un hasard, les hommes étant ici relégués presque exclusivement au rang de faire-valoir (et ce bien avant que cela soit imposé par un wokisme totalitaire, déviant et liberticide). L'auteur ne leur épargne d'ailleurs pas grand-chose : ils sont têtus, plein de préjugés ou encore incapables de comprendre ce qu'ils ont sous les yeux. Bref, Moore aime les filles, ça tombe bien, nous aussi.
La grande force du récit repose essentiellement sur les protagonistes et l'émotion qui s'en dégage. Même si l'on est dans une sorte de complot aux relents militaro-technologiques, Echo s'inscrit avant tout dans une réalité dépeinte avec subtilité et douceur. Vie de couple chaotique, moments poignants en compagnie d'une sœur psychologiquement traumatisée, petites galères quotidiennes et gros coups durs, tout cela rend l'héroïne à la fois crédible et profondément touchante. Outre un récit axé sur l'action, le paranormal et un vaste complot scientifique aux ramifications passionnantes (l'on évoque notamment le fameux Nombre d'Or, présent dans la musique, les maths, la physique, la biologie, et pouvant se retrouver aussi bien dans les spirales logarithmiques des coquillages que celles des galaxies, l'on peut le retrouver également dans les fleurs ou certains phénomènes aléatoires comme... les poussées démographiques ou les cours de la bourse !), l'histoire repose essentiellement sur des personnages fouillés et crédibles et une écriture efficace. Les situations exploitent intelligemment les failles des protagonistes et les moments tendus alternent avec de petites touches d'humour, l'auteur parvenant à allier avec bonheur science ardue, fantastique light, action tendance barbouzarde et scènes plus légères.
Les dessins, quant à eux, sont plutôt de bonne facture. Rien de transcendant non plus. Graphiquement, là encore, ce sont les jeunes femmes qui s'en sortent le mieux, les personnages dégageant un charme incroyable et une grande humanité, ce qui compense largement des décors parfois dépouillés et un noir & blanc quelque peu austère.
Le titre a été réédité en intégrale par Delcourt et est toujours disponible en neuf (un tome, 45 euros). La traduction est plutôt correcte à part quelques erreurs grossières, comme l'expression "gent féminine" que l'on retrouve écrite sous la traditionnelle forme incorrecte "gente" (qui est un adjectif et non un nom et qui, en plus, n'a aucun rapport au niveau du sens avec "gent"). Agaçant.
Divertissant tout autant qu'intelligemment écrit, Echo est une série à découvrir. Difficile de ne pas succomber au charme simple et sans artifice de personnages féminins à la profondeur indéniable.
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