Autodafés au Canada : la peste woke se propage
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La chasse aux livres et la mise sous contrôle des auteurs s'intensifient en Amérique du Nord alors que des écoles censurent plus de 5000 livres et brûlent des œuvres dans l'indifférence générale.

Ce début d'article ressemble à un récit de science-fiction, tendance dystopie, mais les faits sont pourtant malheureusement bien réels. Il faut dire que le Canada a pris de plein fouet, ces dernières années, la dernière tendance débile venue des États-Unis : le wokisme, doctrine délirante et extrémiste faisant du Blanc un salaud du seul fait de sa couleur et permettant, au nom de l'égalitarisme et de la repentance, les pires dérives en matière de ségrégation, censure ou réécriture de l'Histoire. Paralysé par quelques excités, le gouvernement canadien réagit à peine à ce qui devrait pourtant constituer un scandale planétaire : des autodafés, au XXIe siècle, dans un pays occidental et démocratique (cf. le détail dans cet article de Radio-Canada [1]).

L'odieuse opération d'épuration littéraire a eu lieu dans 30 écoles francophones du sud de l'Ontario. Les livres visés ? Lucky Luke, Astérix, Tintin, mais aussi des romans, biographies et encyclopédies. Les critères qui sont utilisés pour déterminer ce qui mérite de finir dans les flammes sont aberrants. Il s'agit parfois simplement d'un titre, jugé "atroce" (Les cow-boys et les indiens). Cela peut être un simple dessin "inexact", une attitude jugée "stéréotypée" ou trop "sexuée". Comme nous l'avons déjà vu dans cet article sur le "sexisme" dans la fiction, les wokes et autres SJW ne s'embarrassent pas de bon sens ou de faits, tout et son contraire peut être retenu contre les auteurs (cf. également cet article sur l'idéologie "progressiste" totalitaire qui est en train de mettre peu à peu la fiction sous tutelle).

La destruction de ces livres et la mise au ban de leurs auteurs ont été organisés par Suzy Kies, une sorte de facho névrotique en jupon, qui a pourtant l'appui de Justin Trudeau, le premier ministre canadien. Celle-ci s'est autoproclamée "chercheuse indépendante" et "conseille" à ce titre les écoles ontariennes. On devine la pertinence de ses conseils qui aboutissent à faire passer les Nazis pour de gentils scouts à la pointe de la tolérance. 
Évidemment, le discours de Kies, pur produit de l'idéologie sectaire woke, reprend les grandes absurdités du genre. Il est par exemple fait reproche aux auteurs de ne pas être toujours dans le factuel. Heu... évidemment, quand il s'agit d'une fiction, on s'écarte des faits. C'est un peu le principe Suzy. Si tu ne comprends pas ça, tu devrais te renseigner un peu sur ces livres dont tu ordonnes la destruction. Autre principe absurde et délirant : "Jamais à propos de nous sans nous." Sous cet aphorisme crétin se cache un diktat qui, s'il est appliqué, signera la fin de la littérature. Il s'agit en effet d'interdire aux auteurs non amérindiens d'utiliser un personnage ou un contexte amérindiens, sauf si un amérindien leur dicte ce qu'ils peuvent ou non écrire.

Bien entendu, cela s'applique à toutes les "minorités". Les wokes interdisent aux auteurs non homosexuels de mettre en scène des personnages homosexuels, aux auteurs non Noirs de mettre en scène des personnages Noirs, etc. (cf. cet article sur les "experts" littéraires). Autrement dit, si vous êtes Blanc, hétéro, boulanger et bouddhiste, vous ne pouvez mettre en scène que des personnages blancs, hétéros, boulangers et bouddhistes (et encore, je ne suis pas sûr pour le dernier, qui tombera sous le coup de "l'appropriation culturelle").
Ah, ça va être sympa les romans et BD estampillés "camp du progrès", hein ?
Et inutile de souligner le danger de la réécriture des encyclopédies et livres d'Histoire, confiée à des énergumènes qui ne sont ni historiens ni experts en quoi que ce soit. Le fait d'être amérindien ne fait évidemment de personne un érudit de sa propre culture. Pour cela, il ne faut pas seulement "être", il faut "faire" (des études, notamment). 

Que dire d'un monde où des Suzy Kies, dont on se serait moqué il y a encore 20 ans (ou que l'on aurait envoyées avec raison voir un psy), ont l'oreille des responsables politiques et deviennent subitement les gourous de la bienséance littéraire ? Sommes-nous devenus à ce point déraisonnables et fragiles pour que nous acceptions, sans broncher, une peste propagée par des merdeux boutonneux et des pétasses à cheveux bleus ? Ces gens sont non seulement des béotiens, infoutus de comprendre les livres qu'ils condamnent, mais ce sont aussi et surtout des tyrans en herbe.
Ne croyez pas que les communistes, les nazis ou les talibans se soient considérés, une seule fois, comme des salauds. Ils étaient (ou sont) tous persuadés d'être dans le seul, unique et absolu camp du Bien. C'est cette vision binaire et absolue qui leur permet de justifier les pires actes. Kies et ses amis wokes ne sont pas différents dans leur mode de fonctionnement. Ils sont persuadés d'être de grands humanistes. Ils se sont simplement perdus en chemin, oubliant que rejeter nuances, faits indéniables et avis contraires, c'est déjà se déshumaniser un peu. Oubliant que la réalité ne se plie pas facilement ou sans dégâts aux règles édictées par des "comités". Oubliant que la liberté, c'est aussi la liberté d'inventer, de se tromper, d'utiliser des stéréotypes. Oubliant que s'attaquer aux auteurs et à leurs œuvres, c'est avouer une impuissance totale à faire évoluer le réel.

Essaie donc de choper
mes livres, petit woke !
Comme toutes les idéologies totalitaires, le wokisme a pour ambition de contrôler la fiction, parce que les esprits étriqués de ces grands "progressistes" ne peuvent absolument pas supporter l'idée qu'une trace d'un avis contraire au leur puisse exister. Si on leur cède un pouce de terrain, ils ne s'arrêteront jamais. Car pour eux, tout est "inbon", tout est une menace, tout doit disparaître. 
Sont déjà visés : Avatar, Tintin, Astérix, Lucky Luke, l'œuvre entière de Tolkien, Le Club des Cinq, Crocodile Dundee, Blanche Neige, Retour vers le Futur, Les Goonies, SOS Fantômes, Petit Ours Brun, Les Schtroumpfs, Il était une fois l'Homme, Pomme d'Api, Martine, Bob Morane, l'œuvre entière de Jules Verne, et je ne parle là que des œuvres estampillées "pop culture". Bien entendu, les auteurs classiques ne sont pas épargnés. Cette liste vous paraît délirante ? C'est parce qu'elle l'est ! Rien ne trouve jamais grâce aux yeux des wokes, ils en viennent même à se "canceler" eux-mêmes, c'est dire s'ils sont sains d'esprit.

Plus que jamais, il nous faut être vigilants. Nous, auteurs, professeurs, lecteurs, dessinateurs, parents, citoyens responsables, il nous faut préserver notre patrimoine artistique. Ce n'est pas parce qu'un roman reflète les idées de son époque ou une réalité tronquée qu'il doit disparaître des bibliothèques. Ce n'est pas parce qu'une BD ou un film parviennent à choquer une personne visiblement trop fragile et trop pressée d'interdire pour être honnête que l'on doit renoncer aux œuvres qui ont jalonné notre parcours, et bien souvent notre enfance. Ce n'est pas parce qu'une fiction ne fait pas l'unanimité (on trouvera toujours quelqu'un pour se plaindre de quelque chose) qu'elle doit être interdite, encore moins détruite.
Et ce n'est pas à quelques institutrices acariâtres et stupides de déterminer quels mots peuvent être employés ou non. N'oublions pas que l'idéologie woke permet de s'attaquer à tout, tout le temps, et de condamner sans procès (cf. l'exemple récent de Kaamelott). Céder aux caprices d'individus qui n'ont pas compris que la fiction ne peut être régie par les menaces et les condamnations à l'emporte-pièce serait nous condamner à un Imaginaire sclérosé et fade donnant naissance à des récits expurgés de tout ce qui fait leur intérêt. 

Cette menace que nous avions vu venir de loin, elle se concrétise. Lorsque les livres finissent en cendres, ce n'est jamais un bon signe. Le wokisme est une saloperie qui doit être combattue avant que cette idéologie ne détruise notre art et notre culture. Ces œuvres, elles nous ont appris à lire, elles nous ont divertis, elles ont aiguisé notre curiosité, elles nous ont fait expérimenter et découvrir, et si certaines nous ont révoltés ou surpris, eh bien c'est aussi à ça qu'elles servent, bordel ! 
Il est temps de dire à Suzy et ses consœurs d'aller bien se faire foutre avec leurs idées à la con. [2]
Vous pensez que c'est vulgaire ?
Non, la vulgarité c'est quand les flammes ne servent plus à réchauffer mais à restreindre les horizons.


Des autodafés de l’Inquisition aux ouvrages brûlés par les nazis, la pulsion de destruction a durablement obsédé les pouvoirs oppresseurs qui, en anéantissant les livres et souvent leurs auteurs, pensaient éradiquer à jamais leurs idées. La force de l’écrit est d’avoir rendu tragiquement dérisoire cette noire volonté.
Roger Chartier - historien, professeur et écrivain.


T'inquiète, les lâches, ça peut cramer du papier, mais en général, à la première baffe dans la gueule, ça s'effondre.



[1] Radio-Canada est un grand groupe média, que l'on peut comparer plus ou moins à France Télévisions.
[2] Devant le tollé soulevé par cette affaire, le conseil à l'origine de ces "cérémonies de purification par le feu" a suspendu la destruction des livres (cf. cet article). Mais attention, la raison invoquée est des plus stupides. Si les autodafés cessent pour le moment, c'est parce que Suzy Kies est soupçonnée de ne pas être véritablement amérindienne... mais qu'est-ce qu'on s'en fout, putain ? Elle pourrait bien être 100 % Inuit que ça ne changerait rien au problème, une connerie proférée par une "autochtone" ne devient pas une idée lumineuse pour autant. C'est bien entendu le concept d'apartheid littéraire qu'il faut combattre, et non remplacer la demeurée qui en est à l'origine.