Les Encyclopédies consacrées aux Comics
S'il existe un réel engouement pour les comics, certains lecteurs sont parfois un peu perdus face à des univers partagés existant depuis des dizaines d'années et dans lesquels des milliers de personnages sont à l'œuvre. Aussi, rien de mieux parfois qu'une petite encyclopédie sur le sujet pour réviser les bases. Mais sont-elles toutes valables ? Quels sont leurs défauts et avantages ? C'est ce que nous allons voir dans notre sélection UMAC des encyclopédies consacrées aux comics.
Official Handbook/Index of the Marvel Universe : les Rolls du genre
Le Marvelverse reste un vaste univers, complexe, qu'il n'est pas toujours facile d'appréhender. Difficile en effet pour le profane de ne pas se sentir un peu perdu parmi les milliers de personnages ayant peuplé, pendant des décennies, les nombreuses séries de la Maison des Idées. L'une des méthodes pour tenter de s'y retrouver reste encore la classique encyclopédie. Classique, oui, mais pas toujours efficace. L'on se retrouve parfois avec des ouvrages peu pratiques et difficilement manipulables, tenant presque plus de l'artbook, quand tout simplement les guides, censés être des références, ne sont pas truffés d'erreurs.
Pour dénicher le top dans le genre, il faut se tourner vers la VO.
Commençons par The Official Handbook of the Marvel Universe. Il s'agit d'une série de 14 volumes répertoriant non seulement tous les personnages, mais également les lieux importants, les organisations, voire même les objets (Cube Cosmique et autres engins du même genre) du Marvelverse.
Cette série de manuels étant postérieure à 2010, elle permet en outre d'aborder même des évènements importants récents, comme House of M, Civil War ou le Dark Reign.
D'un point de vue pratique, on a en général droit à un personnage par page (même pour des protagonistes très secondaires). L'on trouve bien entendu les habituelles données techniques (nom, lieu de naissance, première apparition, taille, poids, etc.) ainsi qu'un résumé du parcours du personnage. Un encart spécifique détaille ses capacités et accueille une grille de pouvoirs, notant sur 7 l'intelligence, la force, ou, entre autres, l'habileté au combat de l'individu.
Dès qu'un personnage est un peu plus important, le nombre de pages lui étant consacré augmente en conséquence (Atlas, par exemple, qui n'est pas une tête d'affiche, a déjà droit à quatre pages pour lui seul, Iron Man, dans sa version 616 classique, en obtient onze). La densité du texte est assez exceptionnelle, mais le tout est heureusement très richement illustré.
Outre la biographie des encapés et autres vilains, l'on retrouvera également des plans, schémas et autres présentations d'endroits stratégiques ou d'équipements (cf. la galerie à la fin de l'article). Certaines cartes auraient méritées d'être un peu plus grandes et détaillées (le quartier général des Vengeurs par exemple), mais il est vrai que l'on entre là dans de l'exigence qui paraîtra probablement superflue pour beaucoup.
Les deux premiers ouvrages contiennent un glossaire portant sur l'explication de termes génériques (omniscient, omnipotent...) ou liés à l'univers Marvel (Deviant, SRA...). À partir du deuxième tome, et jusqu'au cinquième, toutes les Terres alternatives sont recensées, ce qui est déjà un travail de recherche hallucinant tant elles sont nombreuses (plusieurs centaines d'entrées tout de même). Enfin, des appendices apportent à chaque volume des compléments, parfois importants (et illustrés également).
Il s'agit tout simplement d'une collection d'une richesse incroyable et d'une exhaustivité exemplaire, probablement sans doute plus destinée par contre aux fanatiques les plus gourmands en infos qu'aux novices cherchant simplement à sortir du brouillard.
L'autre collection VO indispensable est intitulée Official Index to the Marvel Universe.
Il ne s'agit pas d'une encyclopédie thématique mais, comme son nom l'indique, d'un index, fort riche, centré sur une série particulière.
Iron Man, Captain America, les Avengers ou encore le Punisher ont leur index, mais nous allons nous servir plus particulièrement de celui consacré à Amazing Spider-Man pour vous les présenter (en sachant qu'ils sont tous conçus de manière identique).
L'idée est en fait de retracer l'historique d'une série régulière, en étant le plus complet possible. Pour chaque numéro de la série (de l'historique Amazing Fantasy #15 et du premier Amazing Spider-Man, en passant par les Annuals et jusqu'à Amazing Spider-Man #600), un petit article présente : la cover du numéro (2,6 x 4 cm, ainsi d'ailleurs que les éventuelles variant covers), le titre, le nombre de planches, les crédits, les personnages principaux, les vilains, les différents lieux et/ou objets importants et, enfin, un résumé de l'histoire, ainsi que quelques notes qui complètent le tout.
Énorme !
Là encore, un tel guide cible sans doute plus les passionnés les plus acharnés (voire les professionnels, qu'ils soient auteurs ou journalistes) que les lecteurs occasionnels. Que l'on cherche à retrouver un épisode culte, à connaître les détails de l'apparition d'un personnage clé ou simplement à parcourir des décennies d'aventures au travers des résumés, tout cela est rendu possible - et même relativement facile - grâce à cet index.
Pour ne donner qu'un seul exemple des possibilités qu'offrent ce guide, sachez qu'il est même possible de suivre rapidement les tribulations d'un seul personnage, grâce aux annotations "next" et "last" indiquant sa dernière et sa future apparition (au sein d'ASM ou ailleurs). Ainsi, pas besoin de tout éplucher pendant des heures pour retrouver la trace d'un obscur intervenant, on arrive tout de suite à l'épisode recherché, même s'il est distant de plusieurs années.
Magique on vous dit...
Alors, niveau prix... les Index sont vendus à environ 15 euros pièce, port compris (ils les valent largement). Les Handbooks sont un peu plus chers, entre 17 et 22 euros suivant les tomes (multiplié par 14, ça fait une bonne somme, mais difficile de trouver mieux).
Pratique et exhaustif. Si l'anglais ne vous rebute pas, foncez, vous ne serez pas déçus.
Les Chroniques de Marvel
Avec l'énorme pavé intitulé Les Chroniques de Marvel - de 1939 à aujourd'hui, Semic nous propose un fantastique voyage au travers de plusieurs décennies d'aventures éditoriales.
Cet imposant livre se donne l'ambitieuse mission de retracer le parcours de la Maison des Idées, de sa création - sous le nom de Timely Comics - en 1939, jusqu'à nos jours. Vous l'aurez compris, la balade au sein de l'univers Marvel se fera donc par ordre chronologique. Globalement, chaque année commence par un petit résumé des faits marquants, suivi ensuite d'une description mensuelle plus détaillée et abondamment illustrée. Un petit plus non négligeable : un bref rappel des évènements, politiques, économiques ou encore culturels, permet régulièrement de resituer les comics dans leur époque.
Bien entendu nous retrouvons les grandes périodes de Marvel et les bouleversements éditoriaux qui ont façonné l'éditeur, comme l'arrivée d'auteurs marquants, le lancement de nouvelles séries, la création du Comics Code Authority, mais l'on peut également se remémorer les évènements clés issus de l'imagination des scénaristes, comme le mariage des Richards, l'arrivée de Galactus ou la mort de Gwen Stacy.
Si vous êtes déjà un connaisseur du marvelverse, rassurez-vous, les personnages secondaires ne sont pas oubliés et vous aurez la satisfaction de retrouver, entre autres, les premières apparitions d'un Howard the Duck ou d'une Silver Sable.
Évidemment, avec l'arrivée de Spider-Man, Hulk, les Fantastic Four, les X-Men ou Iron Man, les années 60 tiennent une place respectable dans l'histoire marvelienne. Les super-vilains ne sont pas oubliés non plus, avec Magneto, le Bouffon Vert ou Fatalis. Leurs premières apparitions ou leurs faits marquants sont à chaque fois brièvement résumés, avec quelques explications sur le contexte, les auteurs et la série dans laquelle ils sont publiés.
Il faut l'avouer, le voyage ne manque pas de charme et d'étapes mythiques. Secret Wars, The Infinity Gauntlet, Age of Apocalypse, toutes les grandes sagas sont évoquées, jusqu'aux plus récentes d'ailleurs puisque les auteurs abordent également House of M, Civil War et même Secret Invasion.
Les parties les plus intéressantes risquent d'être celles que vous connaissez le moins. Les premières années notamment, avec une plongée dans des styles aussi variés que le western, la romance ou la comédie pure, devraient permettre aux plus jeunes (et même aux moins jeunes d'ailleurs) de découvrir de nombreux titres et personnages méconnus ou tombés dans l'oubli. C'est un véritable plaisir de pouvoir ainsi jeter un œil aux covers de l'époque ou à de courts extraits. Signalons à ce sujet deux superbes planches de la première aventure de Namor (Sub-Mariner) dans Marvel Comics #1. Par contre, lorsque l'on maîtrise mieux le sujet, pour ce qui est des sagas plus récentes, les résumés pourront sembler parfois un peu brefs voire approximatifs. Ce qui nous amène aux points négatifs de l'ouvrage.
Tout d'abord, l'on peut s'étonner de l'absence totale de sens critique. Ainsi par exemple, alors que plusieurs petits articles sont consacrés à la Saga du Clone, il n'est jamais fait mention du tollé qu'elle engendra chez les lecteurs et du recul éditorial de Marvel qui s'ensuivit à l'époque. Un peu dommage, d'autant qu'il y a prescription et qu'il n'y a nulle honte à reconnaître un cafouillage lorsque l'on présente un bilan général aussi flatteur.
Certaines descriptions sont également parfois incorrectes. Ainsi, Sentry est décrit comme un personnage "simplet et hypra-puissant". Or, s'il est effectivement très puissant, Robert Reynolds est loin d'être un benêt. Il a certes des problèmes psychologiques assez graves, mais en aucun cas cela n'influe sur son potentiel intellectuel. Il est même assez stupéfiant de constater que certains peuvent encore associer, de nos jours, un malade sujet à des troubles psychiatriques avec un imbécile.
Les auteurs sont, eux, parfois assez maltraités également. Kurt Busiek se voit appeler à deux reprises "Kurk Bussiek". Dans un autre genre, on nous signale des covers alternatives signées "par Michael Turner ou Turner". Autre information étrange : à propos du costume de Spider-Man conçu par Stark (le rouge et or), on nous apprend que Stark s'en est servi ensuite pour "ses légions d'araignées écarlates". La vache ! Il y a bien eu les clones de MVP qui portaient cette tenue, mais de là à appeler ces trois gamins des "légions"... ils n'ont pas encore osé proclamer Stark Imperator mais on sent qu'il ne faudrait pas beaucoup les pousser.
L'on retrouve aussi pas mal de coquilles. Bon, ceci dit, même s'il est normal de signaler ces quelques égarements, il ne faudrait pas en déduire que ces chroniques ne valent rien. Il s'agit tout de même d'une mine d'informations - sans doute justes pour la plupart, mais difficile de tout vérifier - et d'une incroyable vue d'ensemble sur un éditeur culte ayant profondément marqué les comics et le genre super-héroïque.
Le coffret est vraiment très beau, outre le livre (dont la couverture a été découpée en forme de M), il contient deux lithographies de Jim Cheung (c'est la même en fait, une encrée et l'autre version colorisée). Reste le prix, près de 50 euros quand même, qui n'est certes pas négligeable mais qui semble honnête vu la densité des 350 pages.
Une encyclopédie passionnante, richement illustrée, dont la traduction n'est malheureusement pas exempte d'approximations voire de franches libertés prises avec la langue française.
L'encyclopédie Marvel
Voilà un bel objet qui attire tout de suite l'œil grâce à une très belle jaquette qui reprend le dessin présent sur la couverture en dur. C'est lourd, plutôt épais, la première impression est positive (il vaut mieux vu le prix, 45 € tout de même).
Voyons un peu l'intérieur maintenant. Ce n'est pas moins de 1000 personnages qui sont répertoriés. Vengeurs, Mutants, Entités Cosmiques, Héros ou Vilains, tous sont rassemblés au sein du même ouvrage.
Les fiches sont bien illustrées avec des dessins plutôt jolis et assez récents pour la plupart. Outre un rapide rappel du parcours du perso, les fiches comprennent également divers détails comme les nom, taille, poids, pouvoirs, base, et activité ainsi que le nom de la revue et la date de la première apparition du personnage.
Les différentes équipes ou organisations sont également présentes ainsi que les principales races extraterrestres. On a droit aussi à un petit historique des grands évènements Marvel, organisé par décennies. Bref, c'est assez complet et cela couvre vraiment l'essentiel de ce qu'il faut connaître. Le tout est évidemment classé par ordre alphabétique, de Abomination à Zzzax.
Bel objet et ouvrage utile, voilà une encyclopédie qui aura sa place dans toute bibliothèque digne de ce nom, pour peu qu'on soit prêt à débourser 45 euros. Reste que l'engin est lourd et difficilement manipulable, ce qui le destine plus à être considéré comme un artbook que comme un bouquin facilement consultable que l'on garde à côté de soi pour s'y référer régulièrement. L'on est donc loin ici de l'aspect pratique et fonctionnel des Handbooks évoqués plus haut.
Le Guide Iron Man
Cette fois, voici un ouvrage centré sur un seul personnage et présenté comme le guide ultime sur le super-héros en armure. Tout de suite, on vérifie si la promesse est tenue.
Après un ouvrage similaire centré sur Wolverine, Semic, qui appartient aujourd'hui au groupe Tournon, s'intéresse cette fois de près à Tony Stark et ses armures. On commence logiquement par une présentation générale du personnage et de sa genèse, notamment sa première apparition dans Tales of Suspense. L'auteur, Matthew K. Manning, s'attarde ensuite sur l'armure, avec par exemple une vue éclatée du casque. Un peu simpliste tout de même pour donner l'illusion d'un schéma technique.
Plus intéressant, l'on passe ensuite en revue les nombreuses armures utilisées par Stark au fil du temps. De la Mark I à Extremis, en passant par les versions Hulkbuster, furtive ou spatiale. Un joli condensé, en six planches, de plus de quarante ans d'évolution.
Après un topo sur les relations de Tony, ses plus célèbres adversaires, ou encore les Vengeurs, le lecteur pourra bénéficier d'une chronologie, simplifiée mais complète, des aventures d'Iron Man. Les plus importantes sagas sont abordées également, avec parfois un épisode clé qui est disséqué et permet de rentrer dans les détails. Les derniers grands évènements ne sont pas en reste puisque House of M, Civil War et même Dark Reign sont évoqués. Une petite partie est en plus consacrée aux réalités alternatives et à l'univers Ultimate.
En apparence, voilà donc quelque chose de complet. Pourtant, là encore le livre n'est pas exempt de défauts.
Tout d'abord, la mise en page (habituelle pour les encyclopédies Semic) donne une impression de fouillis et manque de la rigueur nécessaire à ce type d'ouvrage informatif. L'on gagne sans doute en illustrations ce que l'on perd d'un point de vue pratique.
Le texte et la traduction apportent leur lot d'étrangetés. Ainsi, Sentry est souvent appelé "the Sentry" (dans une version française, c'est un peu bizarre). Plus grave, son alter ego, Void, est ici affublé du nom de "Néant" (déjà que Panini l'appelle parfois "le vide", on se demande comment les nouveaux lecteurs peuvent encore s'y retrouver). Autre exemple, le Raft, quartier de la prison de Ryker's Island, qui n'est jamais traduit en VF, est ici appelé "le radeau" (!?). Dans un autre registre, les Inhumains sont renommés "Non-Humains" (donc, le traducteur ne comprend même pas de quoi il est question... misère). Bref, des termes (voire d'immenses conneries) qui peuvent décontenancer et qui ne se retrouveront pas sous la même forme dans les comics, ce qui est un peu gênant pour une encyclopédie censée aider à la compréhension du vaste marvelverse.
L'on trouve quelques petites fautes d'impression également, comme dans "Tony prend Peter en fait son protégé", sorte d'amalgame entre les expressions "prendre sous son aile" et "en faire son protégé".
Les personnages et sagas présentent également des approximations. Le pouvoir de Sentry (encore lui, décidément) est décrit comme l'équivalent de "cent étoiles qui explosent", or, en général, l'on parle plutôt d'un million de soleils. Quand on se le prend dans la tronche, on se doute que ça ne doit pas changer grand-chose, m'enfin...
Plus énervant, l'intrigue de Civil War est expliquée de manière très partiale (avec une vision millarienne intégriste) qui ne rend pas compte de la réalité et du rôle difficile de Stark. Ce dernier est même qualifié de "tortionnaire" de Steve Rogers, ce qui est tout bonnement absurde.
Mis à part ces quelques - très sérieuses - réserves, l'ensemble n'est pas si mal mais ne mérite peut-être pas le titre ronflant de "guide ultime". Ceci dit, le prix, plutôt modeste (moins de 25 euros), reste assez attractif.
Une encyclopédie qui manque de sérieux et peut même parfois plonger le nouveau venu dans la perplexité plus que l'éclairer vraiment. À réserver aux fans absolus de Tête-de-Fer ou aux novices souhaitant connaître les grandes lignes de son épopée.
Encyclopédie Vertigo : un max de hits
Cette encyclopédie publiée chez Semic nous plonge au cœur du label Vertigo de DC Comics.
Depuis maintenant une quinzaine d'années, les séries Vertigo sont synonymes de qualité mais aussi d'évasion. Elles sont devenues la preuve, à travers de nombreux genres aussi divers que le polar, la fantasy, le western ou l'anticipation, que les comics n'étaient pas entièrement constitués de types bizarres portant des collants moulants et se baladant d'un immeuble à l'autre au-dessus de Manhattan.
De nombreux titres de cette collection sont devenus mythiques et connaissent à la fois succès critique et engouement des lecteurs. L'encyclopédie dont il est question ici, écrite par Alex Irvine, nous permet de voyager au travers de ces œuvres, des plus célèbres aux plus confidentielles.
La première partie de l'ouvrage est consacrée aux séries ou romans graphiques les plus renommés : Sandman, Y the last man, Preacher, Fables ou encore Transmetropolitan, We3, The Exterminators, Neverwhere, Loveless et bien d'autres. Tous les genres sont abordés, du Far West aux contes de notre enfance en passant par des histoires plus horrifiques. Difficile de ne pas trouver son bonheur dans ce foisonnement créatif.
L'essentiel de chaque série est présenté sur quelques pages : équipe artistique, histoire, personnages, lieux, citations, anecdotes sur la création du titre, le tout richement illustré. La mise en page ressemble à ce que l'on trouve habituellement chez Semic, peut-être en plus dense encore. La traduction est globalement correcte malgré quelques fautes de français assez énormes et quelque peu irritantes dans un ouvrage qui se veut être une référence de qualité.
La deuxième partie, plus courte, s'articule autour de titres moins connus et traités de manière moins approfondie. En tout, ce sont environ 200 séries qui sont décortiquées ou évoquées, de quoi effectivement donner le tournis. L'on a droit à un avant-propos de Neil Gaiman, une introduction de Karen Berger (responsable éditoriale de Vertigo) et, bien évidemment, à un index alphabétique.
Ce livre, avec jaquette sur couverture en dur (illustrée elle aussi) et papier glacé, vous coûtera 30 euros si vous décidez de succomber aux charmes des nombreux et étranges univers Vertigo.
Un tour d'horizon plutôt exhaustif d'une ligne hétéroclite et prestigieuse. Même les plus réfractaires à la bande dessinée américaine devraient y trouver de quoi réviser leur jugement.
Ouvrage vivement conseillé.
Deux encyclopédies Batman très différentes
Une plongée dans l'univers du Dark Knight grâce à deux encyclopédies très différentes et complémentaires.
Batman ayant tout de même quelques décennies d'aventures à son actif, il n'est pas toujours facile de pénétrer son sombre et riche univers. Pour les novices qui souhaiteraient en apprendre un peu plus sur Gotham et Bruce Wayne, nous avons sélectionné deux encyclopédies au style radicalement opposé.
Pour commencer, L'encyclopédie Batman, publiée chez Huginn & Muninn.
L'ouvrage, qui fait environ 200 pages pour un peu plus de 30 euros, commence logiquement par une présentation des origines du personnage et un petit topo sur ses créateurs. On rentre ensuite dans le vif du sujet avec le costume (et son évolution), le manoir Wayne, les gadgets à disposition du héros, les différentes versions de la Batmobile ou encore la Batcave et ses secrets.
Niveau caractéristiques physiques, on fait dans le pointu : outre une liste des différents arts martiaux pratiqués par le chevalier de Gotham, l'on a droit à un programme d'entraînement complet (sur une semaine) et même à une liste détaillée des différents repas sur une journée ! Anecdotique mais amusant.
Un plan de Gotham, plutôt moche et assez basique, est présent également. La ville est si mythique qu'elle aurait sans doute mérité un meilleur traitement, avec une carte plus soignée.
L'on passe ensuite en revue les nombreux alliés et ennemis de Batman. Plutôt succinct mais assez complet.
Une chronologie rapide permet également de retracer les grandes lignes des évènements ayant eu un impact sur le Dark Knight. Enfin, cinq parties découpées en époques distinctes (Golden, Silver, Bronze, Dark et Modern Age) s'attardent sur les sagas importantes, parfois en détaillant un épisode clé. Des évènements relativement récents sont présents puisque l'on évoque Blackest Night ou Batman Incorporated par exemple.
Le tour d'horizon est plutôt complet et les illustrations sont très nombreuses. Néanmoins, l'ouvrage flirte parfois plus avec l'artbook que l'encyclopédie pure et dure. Une habitude dans les ouvrages encyclopédiques traduits en français.
Aussi, pour ceux qui voudraient aller plus loin (et qui ne sont pas rebutés par l'anglais), l'on peut conseiller The Essential Batman Encyclopedia.
Près de 400 pages pour une vingtaine d'euros. L'ouvrage est radicalement différent puisqu'il propose un texte dense et des articles bien plus fouillés. Sont abordés bien sûr les personnages mais aussi les différents lieux importants et même divers objets et armes. L'on peut noter la présence de cahiers d'illustrations en couleurs, les images aérant les articles étant, elles, en noir & blanc.
Contrairement à l'encyclopédie précédente, l'éditeur opte ici pour une softcover.
Si l'on évoque une certaine complémentarité entre ces deux encyclopédies, c'est qu'elles n'ont pas du tout la même finalité ni la même forme. La première est jolie, agréable à feuilleter, alors que l'autre est résolument fonctionnelle. De la même façon, la première reste un peu en surface des choses (ce qui sera déjà amplement suffisant pour la plupart des lecteurs) alors que la seconde aborde les sujets d'une manière plus exhaustive, avec notamment de nombreuses références aux publications concernées.
Le mieux est encore de prendre un exemple concret avec la photo ci-contre (cliquez pour obtenir la taille réelle). Il s'agit de deux articles sur le même personnage : Spoiler. Celui de la première encyclopédie est "collé" juste au-dessus pour pouvoir clairement comparer. L'on voit bien que dans l'encyclopédie VO, le texte est au moins dix fois plus long.
Pas vraiment de gagnant donc avec cette confrontation entre deux livres qui ne boxent pas dans la même catégorie. L'idéal serait de posséder les deux (Batman mérite bien ça !) mais, en cas de choix, il se basera sans doute sur votre maîtrise de l'anglais, l'aspect esthétique et le niveau d'information dont vous avez besoin.
L'une se regarde, l'autre se lit, c'est finalement un bon équilibre pour des encyclopédies dédiées aux comics.
Guide Avengers
Un autre guide Semic, cette fois consacré aux nombreux héros ayant un jour fait partie des Vengeurs, ainsi qu'aux ennemis qu'ils ont affrontés.
L'aspect pratique a été plutôt bien pensé : petit format, facilement manipulable (une cover souple aurait constitué sans doute un meilleur choix), et un personnage par page. L'auteur, Alan Cowsill, va à l'essentiel. L'on retrouve pour chaque fiche un petit topo sur le personnage, des informations pratiques (nom, base, taille, poids, alliés...), des caractéristiques techniques notées sur 7 (force, endurance, rapidité, intelligence...) ainsi qu'une illustration principale et deux mises en situation, entourées de petits pavés de texte explicatifs.
En tout, plus de 200 personnages rassemblant bien entendu les plus connus, tels que Captain America, Iron Man, Wolverine, Spider-Man, mais aussi des seconds couteaux plus obscurs, comme Arkon, Two-Gun Kid ou Klaw. Un sommaire, classant les personnages par ordre alphabétique de leurs pseudos originaux permet de rapidement accéder au sujet recherché.
Forcément, le côté succinct des informations présentées ici destine plutôt ce guide aux néophytes. Il est en effet pratique, pour se retrouver dans le vaste monde Marvel, de pouvoir rapidement accéder à quelques données essentielles permettant de se faire une idée générale d'un intervenant méconnu.
Mais, et c'est un gros "mais", certaines erreurs ou omissions peuvent également malheureusement égarer un peu plus le nouveau venu ou, tout au moins, nuire à l'utilité réelle de ce guide.
Cette réalisation douteuse finit même par être une marque de fabrique des ouvrages Semic (un peu à l'image du Guide Iron Man ou des Chroniques de Marvel, détaillés ci-dessus).
Les ratages ici sont multiples. Tentons d'en faire le tour.
Tout d'abord, l'on peut retrouver de fausses informations. Ainsi, dans la fiche de Fatalis, un encart donne Méphisto comme membre de la Cabale d'Osborn alors qu'il n'en a jamais fait partie. Sur celle de Jessica Jones, il est affirmé qu'elle devient journaliste puis détective alors que c'est l'inverse. De petits détails, certes, mais qui n'aident pas à éclaircir un univers éditorial déjà bien complexe. Autre aspect contestable, alors que les personnages sont normalement classés par leur nom en VO suivi de leur traduction française, par exemple "Moondragon [Dragon-Lune]", certains apparaissent uniquement sous leur nom anglais. Moonstone n'est ainsi jamais désignée sous le nom d'Opale, pseudo pourtant utilisé dans les comics VF. Même chose pour 7ème Ciel qui est ici seulement appelée Cloud 9. Pas de quoi désarçonner les habitués, mais pour un guide destiné à aider les débutants, de tels manques ne sont pas très heureux.
L'on retrouve aussi des fautes plus classiques, de sens ou de français. Le HAMMER est ici mis au féminin, sans que l'on sache bien pourquoi, et la fiche de Galactus nous informe qu'il est "l'ultime survivant de la galaxie qui a précédé la nôtre", ce qui ne veut évidemment rien dire, Galactus étant en fait issu de l'univers qui a précédé le nôtre, ce qui n'est tout de même pas la même chose. Dans les informations concernant Jessica Jones, il est noté que "son esprit vif et son excellente mémoire desservent ses talents de détectives et de reporter". L'utilisation du verbe "desservir" (qui signifie "nuire") est ici impropre, les traducteurs souhaitant en fait dire exactement l'inverse.
L'on peut également regretter quelques répétitions, imputables à Cowsill, qui n'aident pas à optimiser le peu d'espace disponible, ainsi que quelques tournures maladroites. Bref, une impression générale d'amateurisme franchement dommage.
Au final, malgré un petit prix, de belles illustrations et un grand nombre de personnages, l'on ne peut que déplorer la masse d'erreurs et coquilles et le manque d'optimisation des fiches.
Avec un peu de sérieux, ce guide aurait pu être incontournable. Miné par un traitement bien léger dû autant à l'auteur qu'à l'adaptation de Semic, il se hisse à peine au-dessus du simple gadget pour collectionneur.
Décevant.
Atlas Marvel
Intéressons-nous maintenant à un petit fascicule, au format comics, publié aux États-Unis fin 2007.
Il s'agit ici du premier volume de Marvel Atlas, une encyclopédie géographique et géopolitique qui est destinée à couvrir les pays imaginaires, mais aussi réels, dans lesquels les personnages Marvel ont pu évoluer par le passé.
Le premier tome couvre l'Europe, l'Asie et l'Océanie. En tout, quarante pays sont représentés, cela va de l'Afghanistan au Vorozheika, en passant par l'Australie, l'Allemagne ou la Latvérie.
Que trouve-t-on exactement comme infos ? Eh bien, les données de base tout d'abord : population, capitale, gouvernement, unité monétaire, langue ou encore ressources principales permettent de dresser un rapide portrait du pays sélectionné.
D'autres domaines, plus conséquents, sont ensuite abordés. Un bilan, souvent bien détaillé (une à quatre pages selon les pays), est donc dressé sur les citoyens importants, la population surhumaine, la criminalité mais aussi l'Histoire, dans les grandes lignes, de chaque état.
Cet ouvrage original n'est pas sans défaut. Les cartes notamment sont peu précises et relativement laides. Malgré tout, les pavés de texte sont habilement aérés par quelques illustrations et même des plans (plus jolis que les cartes déjà) de lieux importants, comme Doomstadt.
Notons que l'illustration de Mike McKone, pour la France, évite habilement les clichés. Bâtiments modernes et, surtout, pas un béret ou un accordéon parmi les passants. Ouf !
Pour 3,99 $, voilà un guide sympathique qui pourrait faire le bonheur des amateurs de jeux de rôles. Le simple lecteur, quant à lui, pourra retrouver les traces du passage de divers héros dans tel ou tel pays.
Un bon complément aux encyclopédies classiques.
Marvel Comics Guide to New York City : le flop de la sélection
Un guide qui présente New York par le biais des comics Marvel, voilà une approche intéressante. Encore faut-il qu'elle tienne la route...
Alors, comment se présente la bestiole ? Il s'agit d'un petit guide (15 x 18 cm), assez épais (236 pages) et bénéficiant d'une couverture souple, en couleur, avec même le "Marvel" en relief. Petit, pratique, plutôt joli extérieurement, voilà qui augure du meilleur, d'autant que l'investissement est minime (9,35 €).
Malheureusement, l'on déchante vite en parcourant l'intérieur. Les photos sont peu nombreuses, très petites (aucune pleine page, certaines occupent difficilement 1/6 de page) et en noir & blanc.
Bizarrement pour un ouvrage censé être un guide de New York, il y a même plus d'illustrations tirées des comics que de vues de la ville. Mince alors.
Prenons un exemple concret avec le Baxter Building. Ce dernier n'existe pas vraiment mais il est censé être situé à un endroit bien précis, entre Grand Central (la gare) et la NY Public Library, sur la 5ème avenue. Du coup, on aimerait jeter un œil aux alentours, eh bien que nenni, malgré les sept pages consacrées à l'immeuble imaginaire, aucune prise de vue des environs ne vient enrichir l'article !
De la même façon si vous comptiez admirer le Madison Square Garden, le Rockefeller Center ou L'université de Columbia, il faudra vous contenter du Net, Peter Sanderson n'ayant pas, apparemment, estimé utile de compléter ses articles par un visuel des lieux. Même Harlem est illustré par... une cover de la série Captain America !
Heureusement, les articles sont, eux, plutôt réussis. On apprend, relativement succinctement tout de même, l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur un lieu précis (situation dans NY, date de construction, fonction, etc.) avant qu'il ne soit ensuite éclairé par son utilisation faite dans l'univers Marvel.
Par exemple, l'on nous détaille l'historique de l'Empire State Building, ce qu'il représente, à quoi il sert (on apprend notamment qu'il accueille l'essentiel des installations de retransmissions radio et télé de tous les médias de NY), puis l'on nous décrit, dates et séries à la clé, les personnages Marvel qui ont déjà tâté du vilain dans ce lieu prestigieux.
Le tout est classé par "quartiers" (Lower Manhattan, Hell's Kitchen, Upper East Side...) et est complété par "The Spider-Man Tour", une sorte de récapitulatif (là encore vierge de toute photo) des endroits particulièrement importants dans la vie du Tisseur (avec d'ailleurs une distinction bienvenue entre comics et films).
Hélas, il faut encore noter un défaut majeur, l'absence d'un index qui aurait pourtant été bien pratique dans un tel livre.
Pire encore, aucun plan global ne vient situer les différents lieux ou zones. Sans aller jusqu'à la carte présente dans l'encyclopédie Marvel consacrée à Spidey, on aurait apprécié un petit quelque chose, cela paraît même une évidence pour un "guide" de New York.
Le concept était alléchant mais il est donc gâché par une réalisation bâclée et la cruelle absence de vues des hauts lieux de New York. L'ambiance s'en ressent fortement, on a plus l'impression de lire un journal que de parcourir un guide censé retranscrire un minimum l'ambiance des rues de la ville "qui ne dort jamais".
Très décevant.
GALERIE
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Encyclopédie Vertigo |
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