Area 51
Publié le
21.6.15
Par
Tacgnol

N’ayant pas encore eu l’honneur d’être traduit en français jusqu’à cette année 2015, Masato Hisa débarque en fanfare avec la sortie de deux séries dans la langue de Molière : Jabberwocky lancé en janvier chez Glénat et Area 51 en avril chez Casterman. Ce dernier titre est toujours en cours de parution au Japon. Au sein de ses mangas, Masato Hisa fait la part belle au surnaturel et aux héroïnes de caractère. Le tout est mis en relief par un graphisme très contrasté qui apporte une vraie ambiance aux histoires. Si Jabberwocky se situe dans une époque révolue, Area 51 se déroule dans le monde contemporain, mais avec quelques particularités…
À l’abri du regard du commun des mortels existe un état fantôme, le 51e état des États-Unis sobrement dénommé Area 51 [1]. Rappelant dans son fonctionnement les camps dans lesquels les colons européens parquaient les peaux rouges, ce lieu accueille des créatures issues des mythologies et des légendes : des dieux (Hermès, Amaterasu, Râ…), des licornes, des sirènes, des trolls, des dragons, yétis, vampires, kappa... Quelques humains rejeté du « vrai » monde ou tout simplement né dans cet endroit mystérieux vivent avec eux.

Mc Coy, de son véritable nom Tokuko Magoi, est une jeune humaine, désinvolte, ironique, parlant en argot, amoureuse de son pistolet. Insolente, pourvue de gros seins, elle reste pudique telle une vierge effarouchée lorsqu’elle va voir son médecin… Partout où elle se trouve, les dégâts s’amoncèlent. Elle tente de fuir son passé qui la rattrape au fil des enquêtes. Face à des êtres surnaturels, elle sait se battre et bénéficie de l’aide de son arme, devenue un tsukumo [2]. Kishiro est un kappa un poil dandy, un as du volant, fraîchement débarqué du Japon.

Area 51 s’offre une adaptation graphiquement intégrale, même au niveau des onomatopées, et une traduction qui ne lésine pas sur l’emploi de vocabulaire plus que familier. Les postfaces mettent en scène l'auteur qui part manger dans un restaurant particulier. Les plats que l’on lui sert sont en lien avec les créatures rencontrées par Mc Coy dans ses pérégrinations. Très denses et instructives, elles ont aussi été totalement transposées dans notre langue.

Plus audacieux sur la forme que sur le fond, Area 51 est une lecture réjouissante et distrayante dans laquelle Masato Hisa excelle à faire intervenir des créatures de tous horizons face à une Mc Coy qui essaie de cacher ses vieilles blessures. Les deux premiers volumes posent l’intrigue et on peut espérer que les suivants seront plus captivants.
Area 51 de Masato Hisa vol 1 et 2 (pour cette chronique ; le troisième est sorti récemment), collection Sakka des éditions Casterman, sens de lecture japonais.
[1] Ce titre se réfère à une zone militaire située dans le Nevada qui dissimule, selon les légendes urbaines, de nombreux secrets principalement liés aux extraterrestres. C'est un lieu de fantasmes qui a donné naissance à de nombreuses fictions (films, séries TV...).
[2] Ou tsukumogami. Divinité du folklore nippon, née d'un objet ayant plus de 99 ans.
[3] Avec des références plus pointues telles que Lovecraft et ses Montagnes hallucinées...
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