Nancy in Hell : un peu de Ryp et beaucoup de tripes
Publié le
14.6.15
Par
Vance
Je suis incorrigible.
Il me suffit d'apercevoir le nom de Juan José Ryp sur la couverture d'un album pour aussitôt préparer la carte bleue, me pourléchant d'avance les babines (enfin, mentalement parce que dans une librairie, ça ne se fait pas - j'imagine le regard horrifié de la maman venue chercher un Titeuf pour son fils) devant des cases surchargées de détails, de violence et de sang. Pourtant, je ne suis pas pervers au point de cultiver une passion malsaine pour le gore dans les comics : Ryp m'a plu dès les premières planches que j'ai pu découvrir, et il avait eu la sagesse (ou la chance ?) de servir de très bons textes - No Hero ou Black Summer de Warren Ellis, Wolverine : le Meilleur dans sa partie de Charlie Huston - ou des histoires plus classiques qu'il parvenait à transcender graphiquement, comme Wolfskin d'Ellis ou la série Clone de Schulner.
Cela dit, je ne cherche pas d'excuse. Et puis, Nancy in Hell n'est pas si mauvais que cela. C'est juste qu'il est nettement plus accrocheur qu'intéressant, voire passionnant. Que ce soit la couverture ou le pitch, impossible de ne pas susciter la fièvre acheteuse de n'importe quel amateur de comics de sexe mâle : Nancy in Hell, c'est tout simplement le périple d'une blonde à forte poitrine en mini-short et armée d'une tronçonneuse (mais oui, vous ne rêvez pas !) en Enfer. Et ouais, en une phrase, j'ai dû placer les mots-clefs les plus utilisés des ados boutonneux sur Google ! Des démons, du sang et des nichons : un peu comme si le Ash d'Evil Dead était interprété par Scarlett Johanson (j'en vois deux qui bavent, au fond : arrêtez tout de suite, UMAC est un site sérieux, bordel ! La preuve, je n'ai rien mis de racoleur dans le titre...). En outre, malgré ses problèmes récurrents avec les visages de ses personnages - surtout les profils - Ryp sait parfaitement bien dessiner les courbes féminines.
Donc, Nancy in Hell pourrait n'être qu'un album prétexte à des situations exposant une pauvre jeune fille (mais pas si inoffensive, car une tronçonneuse, ça fait des dégâts) aux pires sévices imaginables. Et d'ailleurs, à lire la préface de l'auteur, ce n'est guère plus que ça. Bon évidemment, El Torres, l'hispanique auteur de l'album, tient à préciser que ce qui l'intéressait ce n'était pas de montrer les nibards de son héroïne, mais de développer une aventure dans laquelle une femme à fort caractère explorait les Enfers pour s'en sortir. Ha ha, c'te bonne blague ! On y croit tous.
N'empêche que les (a)mateurs de sexe en seront pour leurs frais. Frustrant, sans doute, et un brin hypocrite - mais pas plus par exemple que Marvel qui avait fait venir Milo Manara afin d'illustrer une lamentable histoire de Claremont dans X-Men : Jeunes filles en fuite. Nancy in Hell nous met donc sur les traces de cette jeune femme, précipitée en enfer sans qu'elle sache pourquoi, par un homme qui s'en est d'abord pris sauvagement à ses amis. Tout au plus sait-on qu'il voulait précisément qu'elle se retrouve dans l'antre de Satan. Peut-être avait-il besoin d'une personne dotée d'une volonté hors du commun... quoi qu'il en soit, la jeune fille trouvera bien vite un allié de poids en la personne de Lucifer, l'Ange déchu, qui entre deux lamentations - quel pleurnichard, quand même ! - acceptera de se bouger ses fesses damnées pour l'aider à atteindre les frontières de chaque cercle. Évidemment, outre les démons de base, il y aura des écueils apparemment infranchissables, d'autant que l'anarchie semble régner dans l'antre du chaos...
Les fans de comics se rappelleront sans doute les tribulations de Spawn, ou même de Daimon Hellstrom. Peut-être se souviendront-ils de ces one-shots avec Méphisto, mais les deux références qui conviennent le mieux ici sont l'arc de Wolverine en Enfer (à la suite d'un complot perpétré par la Main Rouge, si je ne m'abuse - les connaisseurs me corrigeront sans doute) ou, plus lointain, le remarquable Annual des X-Men volant à la rescousse de Diablo damné par sa mère (en 1980). El Torres, ainsi, pour conférer un peu plus de densité à son récit, multiplie les êtres mythiques, les références à Dante et quelques citations. Nancy, comme dans un jeu vidéo, trouvera chaque fois sur sa route des adversaires de plus en plus coriaces, s'en sortira de justesse, quitte à secouer Lucifer le geignard, sans savoir qu'en coulisses, des entités puissantes se disputent le contrôle des cercles. Elle ne sait pas de quel jeu cosmique cynique elle est l'un des pions et ne cherche qu'à sauver sa peau - ou ce qu'il en reste.
L'auteur multipliera donc les pièges et traîtrises tout en laissant le soin aux illustrateurs de mettre la belle Nancy dans les postures les plus incongrues. Inutile de vous dire qu'il ne restera plus grand-chose de ses vêtements, mais les derniers remparts de sa pudeur tiendront comme par magie. Et si j'ai parlé "des" illustrateurs, c'est que Ryp, bien loin de ses meilleures performances, cède vite sa place à d'autres, nettement moins agréables à l'œil : les silhouettes se font plus anguleuses, les visages plus grossiers, seuls les coloristes continuent de déverser des hectolitres de sang et plongent chaque case dans une palette s'essayant à toutes les nuances de rouge. L'intérêt se délite bien vite, malgré ce complot sous-jacent mené par un être dont on ne connaîtra les motivations qu'à la fin (bien entendu), après qu'on se soit lassé très tôt, finalement, de la surabondance de gore et des dialogues faussement crus.
Pour 13€, l'album est relativement élégant dans sa présentation mais ne propose aucun supplément. Ni graveleuse, ni sincère, une édition convenable pour une maison inconnue (Graph Zeppelin).
Cela dit, je ne cherche pas d'excuse. Et puis, Nancy in Hell n'est pas si mauvais que cela. C'est juste qu'il est nettement plus accrocheur qu'intéressant, voire passionnant. Que ce soit la couverture ou le pitch, impossible de ne pas susciter la fièvre acheteuse de n'importe quel amateur de comics de sexe mâle : Nancy in Hell, c'est tout simplement le périple d'une blonde à forte poitrine en mini-short et armée d'une tronçonneuse (mais oui, vous ne rêvez pas !) en Enfer. Et ouais, en une phrase, j'ai dû placer les mots-clefs les plus utilisés des ados boutonneux sur Google ! Des démons, du sang et des nichons : un peu comme si le Ash d'Evil Dead était interprété par Scarlett Johanson (j'en vois deux qui bavent, au fond : arrêtez tout de suite, UMAC est un site sérieux, bordel ! La preuve, je n'ai rien mis de racoleur dans le titre...). En outre, malgré ses problèmes récurrents avec les visages de ses personnages - surtout les profils - Ryp sait parfaitement bien dessiner les courbes féminines.
Donc, Nancy in Hell pourrait n'être qu'un album prétexte à des situations exposant une pauvre jeune fille (mais pas si inoffensive, car une tronçonneuse, ça fait des dégâts) aux pires sévices imaginables. Et d'ailleurs, à lire la préface de l'auteur, ce n'est guère plus que ça. Bon évidemment, El Torres, l'hispanique auteur de l'album, tient à préciser que ce qui l'intéressait ce n'était pas de montrer les nibards de son héroïne, mais de développer une aventure dans laquelle une femme à fort caractère explorait les Enfers pour s'en sortir. Ha ha, c'te bonne blague ! On y croit tous.
N'empêche que les (a)mateurs de sexe en seront pour leurs frais. Frustrant, sans doute, et un brin hypocrite - mais pas plus par exemple que Marvel qui avait fait venir Milo Manara afin d'illustrer une lamentable histoire de Claremont dans X-Men : Jeunes filles en fuite. Nancy in Hell nous met donc sur les traces de cette jeune femme, précipitée en enfer sans qu'elle sache pourquoi, par un homme qui s'en est d'abord pris sauvagement à ses amis. Tout au plus sait-on qu'il voulait précisément qu'elle se retrouve dans l'antre de Satan. Peut-être avait-il besoin d'une personne dotée d'une volonté hors du commun... quoi qu'il en soit, la jeune fille trouvera bien vite un allié de poids en la personne de Lucifer, l'Ange déchu, qui entre deux lamentations - quel pleurnichard, quand même ! - acceptera de se bouger ses fesses damnées pour l'aider à atteindre les frontières de chaque cercle. Évidemment, outre les démons de base, il y aura des écueils apparemment infranchissables, d'autant que l'anarchie semble régner dans l'antre du chaos...
Les fans de comics se rappelleront sans doute les tribulations de Spawn, ou même de Daimon Hellstrom. Peut-être se souviendront-ils de ces one-shots avec Méphisto, mais les deux références qui conviennent le mieux ici sont l'arc de Wolverine en Enfer (à la suite d'un complot perpétré par la Main Rouge, si je ne m'abuse - les connaisseurs me corrigeront sans doute) ou, plus lointain, le remarquable Annual des X-Men volant à la rescousse de Diablo damné par sa mère (en 1980). El Torres, ainsi, pour conférer un peu plus de densité à son récit, multiplie les êtres mythiques, les références à Dante et quelques citations. Nancy, comme dans un jeu vidéo, trouvera chaque fois sur sa route des adversaires de plus en plus coriaces, s'en sortira de justesse, quitte à secouer Lucifer le geignard, sans savoir qu'en coulisses, des entités puissantes se disputent le contrôle des cercles. Elle ne sait pas de quel jeu cosmique cynique elle est l'un des pions et ne cherche qu'à sauver sa peau - ou ce qu'il en reste.
L'auteur multipliera donc les pièges et traîtrises tout en laissant le soin aux illustrateurs de mettre la belle Nancy dans les postures les plus incongrues. Inutile de vous dire qu'il ne restera plus grand-chose de ses vêtements, mais les derniers remparts de sa pudeur tiendront comme par magie. Et si j'ai parlé "des" illustrateurs, c'est que Ryp, bien loin de ses meilleures performances, cède vite sa place à d'autres, nettement moins agréables à l'œil : les silhouettes se font plus anguleuses, les visages plus grossiers, seuls les coloristes continuent de déverser des hectolitres de sang et plongent chaque case dans une palette s'essayant à toutes les nuances de rouge. L'intérêt se délite bien vite, malgré ce complot sous-jacent mené par un être dont on ne connaîtra les motivations qu'à la fin (bien entendu), après qu'on se soit lassé très tôt, finalement, de la surabondance de gore et des dialogues faussement crus.
Pour 13€, l'album est relativement élégant dans sa présentation mais ne propose aucun supplément. Ni graveleuse, ni sincère, une édition convenable pour une maison inconnue (Graph Zeppelin).
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|