Kaamelott - Graal : la suite arrive enfin !
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Après des années d'attente, la suite de Kaamelott arrive enfin, mais dans deux formats plutôt... inattendus.

On le sait, Alexandre Astier n'est pas du genre à bâcler un projet. Il a toujours tenu, notamment, à ne pas multiplier les produits dérivés inutiles autour de l'univers arthurien qu'il a bâti ; il scénarise lui-même les BD tirées de la première époque de la série ; et bien entendu, il réalise, monte et écrit chaque saison de la série culte.
Depuis la fin spectaculaire de la saison 6, les fans étaient cependant dans l'attente. Il fut un temps question d'un Kaamelott - Résistance (la période où Lancelot prend le pouvoir et poursuit les chevaliers fidèles à Arthur) sous forme de nouvelles illustrées. Nouvelles qui auraient dû faire le lien avec le grand final : la si attendue trilogie au cinéma. Malheureusement, près de neuf ans après la diffusion du dernier épisode, aucune de ces suites n'a vu le jour, à cause de problèmes de droits ou de soucis logistiques.

Pourtant, la situation se débloque enfin, de manière spectaculaire. Alexandre Astier, invité ce matin sur France Inter, a en effet dévoilé la forme que prendront les deux saisons "manquantes" de la série.
Kaamelott - Résistance, tout d'abord, aura bien un support papier. Mais au lieu de nouvelles, il s'agira d'un album de 250 pages (tout de même !) qu'il faudra remplir soi-même avec des vignettes à collectionner que l'on trouvera dans les boîtes de Vache qui Rit. Un choix étonnant que l'auteur justifie ainsi : « En tant qu’artiste, je suis ouvert a priori à tout, au départ cette idée était uniquement une plaisanterie, mais après quelque temps de réflexion, j’ai vu cela comme un challenge. De plus, la marque Vache qui rit est pour moi associée à l’enfance, à la magie quelque part. Il y a une logique dans cette démarche, une filiation presque. Et puis l’aspect aléatoire me plaisait. On ouvre un paquet et l’on ne sait pas sur quelle partie de l’histoire l'on va tomber. Le lecteur participe à la construction physique de l’intrigue, il est au cœur de la quête du Graal. »
Bien entendu, pas la peine de se taper une indigestion pour compléter l'album, les vignettes pouvant aussi être commandées en ligne.

Si ce Kaamelott - Résistance est déjà surprenant, la conclusion de la saga l'est encore plus, puisque celle-ci sera livrée sous forme de jeu vidéo. Là encore, Astier tient un discours tout à fait convaincant : « Kaamelott c'est une série TV, des BD, des livres, il me restait un medium à tenter, celui du jeu vidéo, où l'interaction est maximale. Le métier de conteur est selon moi multifacettes. Cela consiste à écrire des dialogues, composer une musique, déterminer un enchaînement de scènes, mais aussi maîtriser divers supports. Un auteur, de nos jours, n'est pas limité à la caméra ou au papier. Le numérique offre des possibilités narratives et une immersion qui n'existaient pas il y a encore quelques années, pourquoi ne pas en profiter ? Mon rôle, c'est de raconter une histoire, mais si je peux utiliser plusieurs supports au lieu de me limiter à un seul, alors cela me permet d'explorer des aspects du récit qui seraient inatteignables autrement. »

Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, car Astier n'a pas choisi la PS4 ou la Nintendo Switch pour accueillir le retour du roi Arthur, de Perceval, Merlin, Léodagan et les autres, mais... la Sega Megadrive ! Oui, une console qui n'est plus commercialisée. Mais là encore, les propos du réalisateur justifient pleinement ce choix audacieux : « La seule limite des jeux vidéo, ce sont leurs supports, entendez par là les consoles. Elles imposent des limites techniques mais aussi éditoriales parfois. Je n'avais pas envie de sortir un jeu dont on me définisse auparavant le cadre. C'est pour cela que j'ai tenté ce pari fou de sortir, en 2018, un jeu Megadrive. [...] Cela n'a pas été évident, il a fallu retrouver des gens capables de programmer en fonction des possibilités de la console  et d'ailleurs, le résultat est fou  mais il a fallu aussi régler des problèmes légaux, plus terre-à-terre. Outre l'aspect purement technique, qui est déjà un exploit, le fait de faire revivre un pan vidéoludique du passé est très intéressant de mon point de vue. Ça dépasse largement la mode du retrogaming, très présente en France. Cela va au-delà de la simple narration : choisir son support, ramener à la vie un medium oublié, ça a une portée presque philosophique, en tout cas expérimentale. Là encore, cela fait sens avec la quête du graal. »

Pour le moment, à part la jaquette, pas grand-chose n'a filtré sur ce jeu, si ce n'est qu'il s'intitulera Kaamelott - Graal, et qu'il s'agira, selon Astier, d'un RPG/aventure demandant aux joueurs d'incarner « tour à tour les différents personnages de la saga, pas seulement en les dirigeant mais en utilisant au mieux leurs défauts et qualités, la personnalité profonde de chaque personnage étant au centre du processus permettant la progression dans le jeu ».
Inutile de vous dire qu'on est à fond sur UMAC et qu'on va se goinfrer de Vache qui Rit en attendant ce Kaamelott version Megadrive.
Astier, c'est vraiment plus fort que toi !