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1883
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Attention, si vous êtes ne serait-ce que légèrement dépressif, voilà une série à éviter : 1883.

En effet, si vous n'avez pas trop le moral, vous allez vous ouvrir les veines bien avant le dixième épisode de cette série disponible sur Netflix. Il s'agit en fait du préquel lointain de Yellowstone. On y suit la famille Dutton partant, au sein d'un convoi de miséreux, rejoindre l'Oregon pour tenter d'y trouver des terres et fuir sa condition.
Déjà, le pitch joue carte sur table, on n'est pas là pour rigoler.
Et effectivement, le récit est dramatique, mais vraiment épouvantablement dramatique. C'est bien simple, tout n'est que souffrance, désespoir et mort. 

Bon, il faut dire que pour les pionniers, à l'époque, tout est mortel. Entre les chutes de cheval, les serpents, les traversées de fleuve hasardeuses, le simple hiver, la soif au milieu du désert, la chiasse parce que tu as bu de l'eau, tout un tas de maladie affreuses, les bandits et les indiens, il y a de quoi s'en faire un peu pendant le voyage.
Et si tu n'es que blessé, ben tu meures quand même d'une infection.
Les auteurs ont voulu faire dans le réalisme cru et impitoyable, et pour le coup, ils y sont allés à fond, sans idéalisation ou le côté romanesque des westerns à l'ancienne. Même Deadwood, à côté, paraissait aseptisé. C'est dire ! Il faut donc s'accrocher, car l'ambiance est très lourde.



Ceci dit, la série n'est pas mauvaise, loin de là. Les paysages sont magnifiques, le casting est très réussi (avec par exemple un excellent Sam Elliot), les dialogues sont bien écrits (et flirtent même avec la poésie et un certain lyrisme parfois) et certaines scènes sont vraiment poignantes. Par contre, tout n'est que noirceur. C'est une longue accumulation, parfois tout de même indigeste, de drames et de tragédies, tous plus horribles les uns que les autres.  

Par exemple, sans trop en dévoiler, le dernier épisode n'est qu'une longue agonie de plus d'une heure (il est plus long que les autres, parce que ça aurait été dommage de se priver d'un peu de larmes en plus). J'exagère, ce n'est pas tout à fait vrai, il y a un petit interlude au sein de l'épisode, où on assiste à l'amputation d'un gars. Qui va ensuite se coucher à côté de sa femme qui va mourir dans ses bras des suites d'une chute. Ben ça, cette scène-là, c'est le moment sympa où tu peux souffler un peu...
Et la réalisation appuie encore ce côté sinistre avec de nombreuses scènes crépusculaires et une musique bien pesante et lourdingue qui finit par agacer. 

Cela reste tout de même à voir, ne serait-ce que pour réfléchir aux conditions de l'époque, au côté impitoyable de la nature, à la force et au courage de ces gens d'un autre temps et d'une tout autre trempe. En comparaison, le confort d'aujourd'hui, dont bénéficient des benêts inconscients de vivre sous une assistance totale et permanente, semble presque indécent. 





+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Le côté réaliste.
  • Des paysages grandioses.
  • Émouvant.

  • Beaucoup de pathos, au niveau de la musique, du texte "off", de la réalisation, tout cela alourdissant terriblement un récit déjà bien gras.
Adolescence : quand l'aspect technique bousille l'histoire
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Adolescence est une mini-série disponible sur Netflix. Sa particularité tient surtout à son mode narratif : chaque épisode (d’environ une heure) est constitué d’un long plan-séquence en temps réel.
Et c’est là que les problèmes surviennent.

Tout commence par une intervention de la police au domicile d'une famille lambda. Les forces de l'ordre défoncent la porte et débarquent chez ces gens, au petit matin, pour appréhender leur fils de 13 ans. C'est immersif, c'est éprouvant, mais dès le premier épisode, les limites de l'exercice imposé se révèlent : le trajet du domicile de l'ado au poste de police, par exemple, s'effectue en temps réel. Et c'est loin d'être le seul moment creux et pénible. Quand il s'agit de relever les empreintes du prévenu, on se tape le tout, "tu mets ton pouce ici", "maintenant l'index", "OK, le majeur...", etc. Même chose pour les photos de l'identité judicaire : "assis-toi ici, ne bouge plus... très bien, mets-toi de côté maintenant... bien, l'autre profil..."

Vous l'avez compris, il faut être très patient pour visionner les quatre épisodes de cette histoire très bancale. Car, sur le fond, il n'y a pas grand-chose à raconter. Il n'y a pas d'enquête, pas de rebondissements, pas de fausses pistes, tout est réglé et limpide dès le départ, les preuves sont accablantes, et les scènes vont donc s'accumuler dans une sorte de long tunnel à la fois voyeuriste et ennuyeux.

Il y a bien quelques très rares scènes qui surnagent (le premier interrogatoire de l'ado, plutôt intense), mais c'est bien peu pour justifier tout le reste. En fait, l'intrigue passe complètement au second plan et seule la forme, cette réalisation certes ambitieuse mais complètement inappropriée, est mise en avant. 
Le problème avec ce genre "d'exploit" technique (autant pour les cadreurs que les acteurs), c'est qu'il n'a de sens que s'il est mis au service de l'histoire. Or, ici, la technique nuit au récit. Elle le rend terriblement lourd et limité.

Et il y a bien d'autres défauts dans cette mini-série assez cagneuse. Notamment une impression d'invraisemblance dès le premier épisode, où tous les intervenants sont "parfaits". Qui a déjà été confronté à une machine administrative sait fort bien qu'en son sein naviguent des gens fort différents. Certains sont incompétents, d'autres pressés ou de mauvaise humeur, certains sont blasés, indifférents, d'autres antipathiques. C'est souvent un soulagement de rencontrer, dans ce genre de faune, une personne un peu compatissante et agréable. Or, dans cette introduction, tout le monde est parfait. Le flic est super sympa, l'avocat est super sympa, l'infirmière est super sympa, le gars de l'accueil est super sympa... On dirait un infomercial pour les institutions britanniques !

Les autres épisodes n'ont pas de défauts aussi évidents mais demeurent plombés par ce parti pris catastrophique du "temps réel". Dans le deuxième épisode, on suit les flics dans une école, alors qu'ils déambulent dans les couloirs ou montent et descendent des escaliers. Dans le troisième, on a droit à un très long entretien entre l'ado et une psy, entretien qui dans tout autre œuvre aurait duré 5 ou 10 minutes, et non 50. Enfin, le quatrième épisode se penche sur la réaction de la famille. C'est le plus lunaire. Des abrutis ont tagué la camionnette du père, il va donc tenter de la nettoyer (il remplit un seau avec de l'eau et du savon, puis il va frotter la carrosserie, toujours en temps réel) mais ça ne marche pas, il décide donc d'aller dans un magasin de bricolage pour acheter un produit plus approprié, et là encore, tout est en temps réel : le trajet interminable, l'arrivée sur le parking, la recherche d'un vendeur, les conseils de ce dernier...

Alors, les gens qui défendent cette série louent visiblement la performance des acteurs. Problème, quand tu improvises et que tu n'as droit qu'à une seule prise, tu seras forcément moins bon que si tu peux tourner dix fois la même scène. Même chose pour le plan-séquence, il est tellement complexe que tu peux te permettre fort peu de choses en termes de réalisation. Donc encore une fois, cette perte de qualité dans le jeu, de diversité dans la narration et de contrôle dans le timing n'a de sens que si on la met au service d'une histoire en béton. Or l'histoire est quasiment inexistante. Et en plus, elle véhicule quelque chose d'assez bizarre. Bon, j'ai lu des trucs absurdes sur le "masculinisme" et autres conneries, perso, on ne pourra pas me prêter de sympathie pour le wokisme ou ce féminisme bas de plafond et misandre qui voit dans chaque œuvre une attaque d'un "patriarcat" imaginaire (la société n'a jamais été autant féminisée, et les droits des femmes sont supérieurs à ceux des hommes qui doivent de nos jours prouver leur innocence). Mais une fois que cela est précisé, il est permis en effet de s'interroger sur le message presque pro-criminel de la série. Car, de la victime, il n'est rien révélé ou dit, si ce n'est qu'elle était "une connasse" (et sa meilleure amie, qui apparaîtra pour la "défendre", est aussi sympathique qu'une fosse à merde). Par contre, le criminel est, lui, filmé en train de pleurnicher et de raconter ses souffrances, ce qui l'humanise énormément. Que l'on soit bienveillant avec ses parents, qui eux sont de braves gens, OK, mais lui réserver, à lui, un traitement "de faveur", au minimum, cela brouille le message délivré.

Et il convient en effet de s'interroger sur ce que les auteurs veulent raconter et mettre en avant. 
Le naufrage du système éducatif et de la société occidentale en général ? Hmm... si c'est le cas, ce n'est pas très abouti. Une condamnation du harcèlement (dont on ne voit rien) ? Si c'est ça, c'est encore plus maladroit, car le "harcelé" est totalement antipathique et les harceleurs absents. Alors quoi ? Ce n'est pas une énigme policière, tout est révélé dès le premier épisode. En fait, à part le côté prétentieux d'une réalisation qui se veut teintée de virtuosité mais n'est que guirlande bon marché et beauf sur un sapin terne, il n'y a rien à rechercher dans Adolescence, qui bien qu'objet de curiosité demeure une coquille vide au voyeurisme malsain et au message trouble.

On peut mettre un peu de meringue dans une merde, ça ne change pas sa véritable nature ni la grimace attendue lors de sa dégustation.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La scène de l'interrogatoire, immersive et prenante.
  • Le principe du plan-séquence et du temps réel, extrêmement mal employé.
  • Des longueurs épouvantables et inutiles.
  • Une intrigue quasiment inexistante.
  • Une thématique vague au service d'un discours dangereusement non maîtrisé.
Tout savoir sur Lost
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C'était il y a 20 ans, en septembre 2004 : la série LOST débarquait aux États-Unis (puis quelques mois après en France sur TF1). Le crash de l'avion, l'île mystérieuse, les ours polaires, la trappe… Jack, Kate, Sawyer, Locke, Hurley, Charlie et tous les autres ont accompagné la vie des fans durant six années. Six années où la fiction a embarqué, passionné, déçu et ému ses spectateurs, y compris dans sa conclusion clivante.

Il est temps d'y retourner. We have to go back ! Notre ami Thomas a écrit un ouvrage ultra complet sur LOST (il en parlait déjà en 2016 quand il a rejoint UMAC, regardez sa bio rédigée à l'époque !).

Le livre de 360 pages (!) sortira en septembre chez Pix'n Love, un éditeur spécialisé dans les domaines de la pop culture (jeux vidéo, cinéma, séries, mangas…). Trois autres plumes ont amicalement participé au titre : le vidéaste Didi Chandouidoui (célèbre pour sa chaîne YouTube consacrée à Lost : DHARMA Station 7), la journaliste spécialisée en série TV Charlotte Blum et le journaliste spécialisé en pop culture Nico Prat.

Pour se procurer Tout savoir sur LOST - Décryptage et envers du décor de la série culte !, les précommandes sont ouvertes sur le site de l'éditeur. L'ouvrage coûte 24,90 € et nous encourageons à se le procurer via ce biais. Au programme, des éléments classiques de ce genre d'essai : genèse de la série, casting, écriture, mais aussi un pan complet sur les célèbres mystères de LOST ! Sommaire complet dans le lien ci-dessus. 

Voici le contenu détaillé :

  • Introduction, récapitulatif de la série et explication de la fin
  • Épilogue, Pièces Manquantes & scènes coupées
  • Anecdotes de tournage : 
  1. La genèse de Lost
  2. Tournage et envers du décor
  3. Écriture, conception et premières idées
  4. Casting
  5. Connexions discrètes entre Losties
  6. Insolite
  7. Musique
  8. Lost Book Club
  9. Tournage « toxique » et accusations de racisme : les révélations de 2023
  10. Éclairage (explications avancées ou supposées par les showrunners)
  •  Mystères, théories et interprétations :
  1. L’île, Jacob, son frère, leur mère, les Autres 
  2. La cabane de Jacob et les cendres
  3. Les nombres 4, 8, 15, 16, 23, 42
  4. La fondation Hanso, le projet DHARMA et la Purge
  5. La carte de la station du Cygne et les hiéroglyphes
  6. L’attaque de la pirogue
  7. Walt et ses pouvoirs
  8. Le passé de Libby
  9. Tour d’horizon • Part. 1/2 : personnages secondaires
  10. Tour d’horizon • Part. 2/2 : concepts, lieux, artefacts…
  •  L’héritage de Lost :
  1. Livres de fictions
  2. Essais et guide
  3. Autres ouvrages (dispensables) et ceux en anglais
  4. Lost sur Internet en France de nos jours
  5. Univers étendu et produits dérivés
  6. Chronologically Lost
  7. Les séries héritières de Lost
  8. Les parcours croisés du casting
  9. Faut-il produire une suite à Lost ?
  10. La révolution du médium et le rapport avec le public

Prêt à retourner sur l'île ?

Cette étrange nostalgie venue des Étoiles...
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À la fin des années 70, une vague bien particulière de dessins animés (et même de séries) déferle sur la Gaule. Vague qui d’ailleurs continuera durant les années 80. Le point commun de ces récits ? L’espace, ses mystères et ses dangers…

Tout commence, pour bien des enfants de l’époque, par Goldorak, cet incroyable « robot des temps nouveaux ». La série raconte l’histoire d’Actarus, exilé d’une planète lointaine et venu défendre la Terre contre la menace des forces de Véga. C’est l’heure (déjà) des premières polémiques sur la violence dans les DA destinés aux enfants. Loin de n’être qu’une suite de combats, Goldorak va pourtant se révéler non seulement porteur d’un message écologique très en avance sur son temps, mais aussi accumuler régulièrement les scènes émouvantes, souvent d’une profondeur rare. En effet, évitant l'écueil d'un affrontement qui ne serait que manichéen, la série va mettre en scène des personnages étonnants, qui se sacrifient par sens du devoir, regrettent leurs erreurs ou encore changent de camps. Les morts poignantes se succèdent, embellies par une bande son extraordinaire et très loin de se limiter au(x) seul(s) générique(s).

Dans cette fin de décennie, qui annonce des années 80 très « colorées » et optimistes, le futur est encore synonyme de progrès, sinon moral, au moins technologique. Les auteurs imaginent la conquête spatiale de demain et font rêver des enfants naïfs dont le regard se lève vers les étoiles avec envie et une pointe de frissons.
Galactica (ou Battlestar Galactica 1978), une série américaine cette fois, dévoile des humains errant à la recherche de la mythique 13e colonie, établie sur la Terre. Là encore, il luttent contre des ennemis extraterrestres, appelés Cylons (des robots créés par des… reptiliens). Les héros principaux, le capitaine Apollo (interprété par Richard Hatch) et le lieutenant Starbuck (joué par Dirk Benedict), sont charismatiques et portent des uniformes beige et brun, du plus bel effet, qui ont un petit côté « western » et apportent une touche de réalisme (on n’est pas dans le clinquant ou le pyjama flashy à la Star Trek). Les vaisseaux, le Viper en tête, sont également fort bien fichus. Comment ne pas tomber sous le charme de cette saga qui, d’ailleurs, deviendra culte et connaîtra une suite ?




Digne successeur de Goldorak dans Récré A2, Albator s’éloigne des dessins animés gentillets avec une approche sombre et quelque peu angoissante. En 2977, un gouvernement mondial contrôle et anesthésie la population grâce à « l’abrutisseur mondio-visuel » (la télé et les réseaux sociaux avant l’heure en somme). Mais un jour, une menace extraterrestre survient. Les Sylvidres, des créatures végétales d’apparence féminine, semblent avoir des vues sur notre monde. Le gouvernement, dépassé, met rapidement leurs exactions sur le compte du capitaine Albator, un corsaire de l’espace qui, au contraire, fait tout pour combattre ces envahisseurs. 
L’atmosphère était très particulière, à la fois désenchantée et pessimiste, ce qui rendait la série fascinante (et effrayante, mais je parle ici de ces frissons anodins et volontairement recherchés et appréciés, personne n’était traumatisé, à l’époque, par un peu d’imaginaire…).

Il n’est pas possible de faire l'impasse sur San Ku Kai, une autre série au générique (français) inoubliable (les paroles sont de Didier Barbelivien, la musique d’Éric Charden), qui était très axée, là encore, sur la castagne et les arts martiaux. Il n’est plus vraiment question ici de la Terre, les humains ayant colonisé de nombreux autres systèmes. C’est d’ailleurs l’un deux, le quinzième système, qui va être la proie des Stressos (quel nom de merde !). Et oui, car comme le chante Charden, « là-haut, dans l’espace, quelqu’un nous regarde ». Et visiblement, ce quelqu’un a décidé de s’installer dans le salon à grands coups de mawashi geri. Inutile de dire que les cours de récréation de l’époque ont connu bien des remakes de ces combats épiques.

Mais la série qui m’a probablement le plus marqué, après Goldorak, fut Ulysse 31. Seulement 26 épisodes pourtant, mais quelle formidable déclinaison de l’Odyssée ! 
Ulysse, à la tête du vaisseau Odysseus, va bien involontairement offenser les dieux. Ceux-ci le condamnent à errer à travers l’espace, à la recherche de la Terre, alors que son équipage est presque entièrement placé dans un état léthargique. Ulysse, Télémaque, Thémis et Nono, le petit robot, vont devoir affronter bien des dangers avant d’espérer pouvoir rentrer chez eux.
Tout était, dans ce DA, absolument magique. Le côté SF, la mythologie parfaitement revisitée, le vaisseau (particulièrement original et classe) et même les génériques (dont le Ulysse revient, très punchy).




Tout cela va bien évidemment ouvrir la voie, par la suite, à bien d’autres œuvres encore, comme Capitaine Flam, V : Les VisiteursJayce et les Conquérants de la Lumière ou encore Galaxy Express 999
Bien souvent, l’on évoque à raison le sentiment nostalgique que ces histoires suscitent chez les quarantenaires ou cinquantenaires. L’on pourrait penser qu’elles ont vieilli, que bien des éléments, comme l’animation, sont dépassés. Mais ce serait oublier que l’important dans un récit, c’est la manière de le conter. Ces œuvres, pour certaines en tout cas, demeurent vivaces dans l’esprit de bien des adultes pour de très bonnes raisons. Notamment parce que ce qu’elles proposaient au jeune public était loin d’être niais ou simpliste. Ces séries abordèrent notamment, avec une certaine audace, la menace que fait (toujours) peser l’humanité sur sa propre (et seule !) planète ; le totalitarisme soft, à base de divertissements abrutissants ; la manipulation et même la mondialisation et ses effets néfastes. La forme fut soignée également, avec des musiques dont certaines sont devenues mythiques et sont dignes des plus grandes bandes originales jamais composées. Et puis… il y avait, perdu dans la noirceur, cet espoir mince mais solide. 
C’était le temps de l’héroïsme, du courage, de l’abnégation. C’était le temps des héros faits de ce bois solide qui ne plie ni ne casse au moindre coup de vent. C’était le temps où les robots pouvaient être aussi drôles et gourmands. Le temps où l’Homme se rêvait si grand, si noble, qu’il en défiait même les dieux lorsqu’il les jugeait injustes. C’était le temps où l’avenir était au fin fond de l’espace et l’espoir à la surface de nos cœurs.
Le temps où les étoiles fascinaient et promettaient de tragiques mais fabuleuses aventures...

Nos petits yeux de gamins ont vu Dantos être tué par Minos. Ils ont assisté à la fin du Cyclope et à la vengeance de Poséidon. Nous avons vu la très sexy Diana dévorer un rat. Nous avons vu l'Atlantis affronter la Grande Armada. Nous avons tremblé avec des héros d'un autre temps, nous les avons vu pleurer, échouer, puis se relever et vaincre. Nous avons goûté à la terreur venue des profondeurs du cosmos, et nous avons aimé ça. 
Comment ne pas ressentir une douce mélancolie lorsque l'on a assisté, fébrile, à tant de drames et de merveilles ? Voilà qui explique sans doute un peu les vaisseaux et figurines qui ornent nos étagères et nos mémoires. Car si le plaisir de la découverte n'a pas d'égal, le plaisir du souvenir, moins explosif, plus amer, ne peut être dévoré par le temps. Il demeure à jamais intact, dans les limbes des cerveaux enfiévrés et dans le vaste multivers de l'imaginaire. 



The Fall : quand le féminisme déconne
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Retour sur la série britannique The Fall.

Toujours disponible sur Netflix, cette série en trois saisons et dix-sept épisodes est à la fois bourrée de qualités au niveau de l'écriture mais est régulièrement plombée par une propagande délirante à l'encontre de la gent masculine. Nous allons voir ça en détail, mais commençons par planter le décor.

Tout commence quand Stella Gibson (interprétée par la charismatique Gillian Anderson), super-flic de son état, débarque à Belfast pour reprendre en main une enquête sur un meurtre. Rapidement, elle fait le lien avec d'autres affaires et se retrouve sur la piste d'un tueur en série.
De son côté, Paul Spector, tueur glacial et dénué d'empathie, surveille patiemment sa nouvelle victime afin de pénétrer son intimité avant de l'agresser...

Il faut reconnaître que la première saison est très efficace. Le casting est parfait (on se demande au début si le tueur en série n'a pas une tête un peu trop lambda, mais l'interprétation de Jamie Dornan en fait un type parfaitement antipathique et épouvantable), les scènes d'agression sont impressionnantes, le charme de Gibson/Anderson fonctionne et l'ambiance est tendue à souhait. 

Quelques défauts tout de même au niveau de la réalisation. Si la saison 2 s'attarde parfois un peu trop en longueur sur des éléments secondaires, la saison 3, elle, verse bien inutilement dans le gore lors d'une scène d'opération à la limite du soutenable. Pourtant, ça partait bien. Dans un premier temps, l'on assiste à une scène très efficace où une équipe médicale fait le bilan de l'état d'un patient blessé par balles avant de lui administrer les premiers soins. C'est efficace, tendu et très réaliste. Et on en sort déjà un peu éprouvé. Mais assister, un peu plus tard, à l'opération complète n'apporte vraiment rien du tout, si ce n'est quelques grimaces de dégoût devant des gros plans voyeuristes et sanglants. Beurk.

Voilà donc une série policière plutôt bien fichue et ménageant un suspense constant. Tout serait donc parfait sans l'idéologie extrémiste et profondément malsaine qui parsème cette fiction. 
Faisons juste dans un premier temps le point sur la définition du féminisme. Si le féminisme consiste à considérer que les femmes ont les mêmes droits que les hommes, qu'elles doivent être respectées et que les types qui les agressent sont de profonds connards, alors là, évidemment, n'importe qui de correctement construit intellectuellement ne peut qu'être d'accord avec ça. Mais le féminisme qui est ici mis en avant est un féminisme wokiste parfaitement nauséabond et déviant, de par les accusations injustes qu'il assène.

Prenons quelques exemples. Lors d'un dialogue, Stella demande à une collègue ce qu'elle dirait à sa fille pour la protéger de la violence de ce monde. La collègue répond qu'elle lui conseillerait de se méfier des hommes bizarres. Ce à quoi Stella répond : "Bizarres" ? Et sa collègue précise alors : "Ben... des hommes quoi."
Voilà comment un conseil sain (se méfier des types louches) devient "il faut se méfier de tous les hommes". Car dans cette série, les hommes sont considérés comme tous responsables des crimes de quelques-uns. Ce qui est non seulement injuste, illégal, mais proprement délirant. Un crime relève de la responsabilité individuelle, pas d'un genre entier ou d'une race entière. Mais le wokisme, lui, permet cela grâce à la culpabilité par association. C'est exactement la même dérive que l'on retrouve dans l'anti-racisme wokiste, où des gens qui n'ont jamais été esclaves en viennent à demander des réparations à des gens qui n'ont jamais été esclavagistes. Là c'est pareil mais au niveau de la misogynie et du sexisme. Grosso modo, si vous aidez une grand-mère à traverser la rue, vous êtes un salaud parce que vous la rabaissez alors qu'elle n'a rien demandé. Mais si vous ne l'aidez pas, vous êtes un salaud parce que vous ignorez une personne qui a peut-être besoin d'aide. On a déjà vu ce raisonnement délirant avec la condamnation, par exemple, de l'œuvre de Blyton, jugée sexiste parce qu'elle présente des personnages trop féminins et des personnages... pas assez féminins. Ne cherchez pas la logique, il n'y en a pas, dans le wokisme tout se vaut car vous êtes coupables par nature et non par vos actes. 

Il faut se méfier des généralités, même si elles peuvent avoir un sens. Si je dis "les Français sont moins rigoureux que les Allemands" ou "les Japonais sont plus travailleurs que les Français", ces généralités fonctionnent car la majorité des gens qui sont visés correspondent à ce que l'on énonce. Il y a bien entendu des exceptions, sur plusieurs millions de personnes, vous trouverez des Allemands laxistes et des Japonais fainéants, mais globalement, ça reste une vérité (prouvée par des constatations, des études, des faits). Par contre, si vous dites "les hommes constituent un danger pour les femmes", l'affirmation est fausse parce que la majorité des hommes n'agressent pas les femmes. Dans cet exemple, l'agresseur est l'exception. Et sa responsabilité est individuelle, pas collective. D'ailleurs, si au lieu des hommes, on tenait les mêmes propos sur les femmes, les Noirs ou les homosexuels, en généralisant le comportement spécifique de quelques exceptions, cela donnerait lieu à un tollé, et jamais une telle fiction ne pourrait être produite. Mais si vous tapez sur des hommes blancs et hétéro, vous pouvez dire les pires conneries, ça passe. Ben non, les gens sont définis n'ont par ce qu'ils sont mais par ce qu'ils font, s'ils se comportent bien, ils n'ont pas à être associés à des criminels, parce que ça, ça s'appelle une injustice. Et les injustices s'additionnent et créent du ressentiment et de la violence, elles ne corrigent pas les précédentes. 

Alors, parfois, il y a tout de même des choses vraies, bien que très naïves. Par exemple, un personnage déclare que la plus grande peur des hommes, à propos des femmes, c'est qu'elles se moquent d'eux, alors que la plus grande peur des femmes, à propos des hommes, c'est qu'ils les tuent. Ces propos soulignent une différence physique évidente. Mais ils passent sous silence que le plus grand danger pour les hommes, ce ne sont pas les moqueries des femmes mais bien les autres hommes. En tout cas, ceux qui ont un comportement criminel. 

Outre quelques petites piqûres régulières de rappel, la série est gangrénée par certains monologues étalant les poncifs habituels du féminisme wokiste. Souvent de manière très maladroite d'ailleurs. Ainsi, lors d'une scène, Stella va dire à une collègue qu'elles ont toutes deux choisi de bosser dans un secteur "patriarcal, militariste et oppresseur" et qu'elles doivent faire avec.
Mais... Stella, c'est le grand patron de l'équipe ! C'est elle qui détient l'autorité, qui dit "fait ci, fait ça", elle va même jusqu'à envoyer ses inspecteurs d'un claquement de doigt dans sa chambre d'hôtel pour les sauter (un tel comportement serait jugé indigne s'il concernait un homme, mais là, apparemment, ça passe). C'est elle le boss, c'est elle qui a le pouvoir absolu, mais elle pleurniche sur le patriarcat ! Faut le faire quand même...

Bref, cette idéologie puante et déviante est tellement omniprésente que ça finit par plomber la série et sortir le spectateur de l'histoire. Encore une fois, s'il s'agissait de condamner des criminels et des comportements déviants, il n'y aurait aucun problème, mais se servir de cas exceptionnels pour en déduire de fausses généralités sur la moitié de l'humanité (enfin, non, pas la moitié exactement, seuls les hommes blancs sont concernés visiblement, d'ailleurs, c'est la seule série récente où l'on a un casting masculin à 100 % blanc, vu que ces personnages sont considérés "inbon"), alors c'est inique et stupide.
Mais l'iniquité et la stupidité n'ont jamais gêné les wokistes. Ça fait même partie du pack en fait.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une saison 1 excellente.
  • Une écriture nerveuse et tendue.
  • Un bon casting.
  • L'idéologie répugnante qui fait de cette fiction le vecteur d'une propagande abjecte et dénuée de sens.
  • Quelques éléments gore loin d'être indispensables.
  • Quelques longueurs.

Écho #24 : Intégrale Goldorak
Par



Là-haut, là-haut
Très loin dans l'espaceuuu
Entre la Terre et Vénus
Le ciel garde encore la trace
Du prince Actaruuus...

Si ça ne vous dit rien, deux possibilités : vous êtes trop jeunes et vous avez probablement raté d'autres trucs cool, comme les années 80, les Malabar bigoût et la possibilité de dire quelque chose sans que des blaireaux incultes viennent pleurnicher sous prétexte qu'ils sont choqués, ou alors vos parents étaient trop pauvres pour avoir la télévision en 1978. Pas de honte à avoir, ça coûtait quand même cher à l'époque une télé. Pis bon, tu n'avais qu'à réduire ta consommation d'Ovolmatine et de choco BN, ça aurait peut-être permis à tes darons de s'offrir un petit loisir de temps en temps au lieu de se tuer au travail pour nourrir leur sale mioche ingrat ! Euh... je m'emballe, pardon.
Mais, revenons-en au sujet de cet Écho : Goldorak !

Bon, ce n'est pas une nouveauté, mais c'est toujours disponible et comme personne n'avait traité du sujet sur UMAC, il fallait bien que je m'y colle, nom d'un matou ! À ce propos, si vous voulez en savoir plus sur la suite récente de Goldorak, c'est par ici. Je vous conseille aussi ma Parenthèse numéro 4, sur le même sujet. 

Premier bon point : cette intégrale en DVD bénéficie d'épisodes remasterisés et, surtout, non censurés. Ouais, à l'époque, on censurait déjà et les traducteurs se torchaient allègrement le cul avec le "respect de l'œuvre", qui ne fut inventé que des années plus tard par Jean Ronchon (dont le fils, Kevin Ronchon, a lancé la mode des mangas en VF imprimés dans le sens de lecture japonais... ah ben, il n'y a pas eu que des génies chez les Ronchon).

Deuxième bon point : c'est bien présenté, même au niveau du sommaire, et joliment illustré (voir les photos illustrant cet Écho). 

Troisième bon point (et bonne surprise) : le coffret (ou les coffrets plutôt, puisqu'il y en a six) contiennent aussi deux carnets de croquis présentant vaisseaux et personnages. Pas indispensable, certes, mais un petit plus qui fait plaisir et montre le soin qui a été apporté à cette édition.

La série en elle-même est clairement datée, bien entendu, notamment au niveau de la narration, parfois très rapide et "bourrine". Mais, et c'est un grand "mais", elle offre aussi des moments d'émotion intenses, des personnages non-manichéens (une rareté pour l'époque) et de superbes compositions musicales. Bref, ça reste une œuvre mythique et bien fichue. Et au prix de 70 euros pour plus de 30 heures de dessin animé, vu la qualité de l'emballage, on n'a pas l'impression d'être volé. 

À réserver cependant plutôt aux nostalgiques, même si la série a encore son charme.






Tapie
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On se penche aujourd'hui sur une excellente série Netflix : Tapie.

Bien souvent, l'on a tendance à uniquement s'intéresser aux biopics des personnages que l'on apprécie. C'est un tort car non seulement une vie suffisamment riche et mouvementée peut aussi être en résonnance avec une certaine époque et, surtout, une série, même basée sur des faits réels, reste en grande part une fiction, c'est donc de sa qualité d'écriture que va dépendre son intérêt. Et là, niveau qualité, c'est un sans-faute.
Bien évidemment, pour ce qui est du parcours professionnel, médiatique et politique de Bernard Tapie, Tristan Séguéla et Olivier Demangel, à l'origine du projet, se basent sur les grandes étapes du mec "qui marche à la Wonder". Mais pour ce qui est de sa vie privée, celle-ci est en grande partie romancée. 

Le casting est très bon, avec en tête bien sûr un Laurent Lafitte magistral. L'acteur parvient à incarner l'ancien ministre de Mitterrand à la perfection. Démarche, mimiques, phrasé, c'est assez impressionnant. Joséphine Japy, qui incarne sa compagne, apporte une touche de charme et d'élégance intemporelle. 
La mini-série, en 7 épisodes d'une cinquantaine de minutes, est parfaitement rythmée et sans aucun temps mort. Tout s'enchaîne parfaitement, avec moments de tension, humour subtil mais présent, et dialogues parfois épiques.



Tout commence alors que Bernard Tapy (avec un "y") s'essaie à la chanson. Cela donnera lieu à un leitmotiv à base de Polnareff qui durera jusqu'à la fin et son émouvant générique. Brillant. 
Rapidement, Tapie se lance dans le dur monde des affaires. Qui le mènera dans celui, encore plus glauque et cynique, de la politique. Adidas, l'OM, les affaires, la prison... la série brosse un portrait assez honnête de Bernard Tapie, sans verser dans la critique acerbe mais sans l'encenser non plus. Bien évidemment, le personnage principal va forcément générer de la sympathie (ne serait-ce que parce que l'on perçoit parfaitement ses souffrances), mais l'ensemble reste mesuré.

L'on passe ainsi des années 70 et 80 à la décennie 90 et l'incarcération de Tapie. Les différentes époques sont fort bien retranscrites à l'écran, avec parfois l'utilisation habile d'images d'archive. Le sujet est en soi passionnant, le type parti de rien qui devient millionnaire, star de la télé, puis ministre et député, ou patron d'un des plus grands clubs de football de France, on pourrait croire que c'est là de la pure invention si l'on ne l'avait pas vécu. 
Futé, parfois vicieux mais très humain, à la fois implacable et peut-être trop naïf pour la racaille politicienne et le nid à vipères de la mitterrandie, le Tapie incarné par Lafitte s'avère être un héros tragique et vibrant, que l'on a presque envie d'admirer. Tout est dans le "presque".

Probablement la meilleure série française depuis (dans un tout autre genre évidemment) Cœurs Noirs.
Si vous n'avez pas connu cette époque, cette série vous en offrira un aperçu assez fascinant. Et si vous l'avez connue, cette représentation ne trahira en rien vos souvenirs. Tout juste les embellira-t-elle un peu. Mais n'est-ce pas le lot de la fiction de transformer en douce mélancolie la brutalité du passé ?




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La performance de l'ensemble des acteurs, Lafitte en premier lieu.
  • Une narration exemplaire.
  • Une certaine objectivité dans la représentation de Tapie.
  • Certaines scènes, épiques (la confrontation avec le procureur !) ou émouvantes.
  • La série utilise des ellipses parfois un peu violentes, notamment pour l'acquisition d'Adidas ou de l'OM, mais il faut avouer que c'est plus surprenant que gênant.
Cœurs Noirs
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Alors là, 2023 commence très bien avec une énorme série française : Cœurs Noirs

Cette série, très (trop) courte, de six épisodes est disponible sur Prime. L'on y suit le parcours d'une unité des forces spéciales française en Irak. Nous sommes en 2016, peu avant la bataille de Mossoul, et après avoir mis la main sur un ponte français de Daech, le groupe 45 va devoir exfiltrer la famille de ce haut responsable afin d'empêcher de futurs attentats en France.
Pitch relativement conventionnel, mais ce qui ne l'est pas, c'est la réalisation de ces épisodes.
Dès les premières minutes, la tension est installée et l'on est totalement immergé au sein de cette unité. Les interventions sont très bien filmées, les personnages habilement et rapidement installés, et le suspense va être maintenu jusqu'à la dernière minute du sixième épisode, qui se termine sur un terrible cliffhanger.

Autant le dire, c'est peut-être la série la mieux écrite depuis Cobra Kai (dans un genre très différent, évidemment). En ce qui concerne l'atmosphère générale, c'est très proche d'un The Shield pour le côté tendu et finement ciselé au niveau de l'écriture. Putain, que ça fait du bien de voir que l'on est capable, en France, de réaliser des fictions de cette qualité ! Même si vous n'êtes pas très attiré par les récits de guerre ou le cadre étouffant et poussiéreux où se déroule l'essentiel de l'action, on vous conseille de regarder au moins les 10 premières minutes, tant cette série mérite d'être vue et, surtout, de bénéficier d'une suite ! Si vous êtes normalement constitué, vous devriez être pris dans l'engrenage et vous envoyer la totalité des épisodes en deux soirées.



Ça sent le savoir-faire et l'implication à tous les niveaux : le casting est parfait (Nina Meurisse, Tewfik Jallab, Marie Dompnier, Jérémy Nadeau, Thierry Godard... et Nicolas Duvauchelle, parfait dans le rôle de Martin), la réalisation est nerveuse et immersive, les rebondissements sont bien amenés, le choix de certaines musiques est magistral, et on évite même les situations téléphonées. Un truc tout simple, il arrive plusieurs fois que l'on s'attende à une explosion, un tir ennemi, une catastrophe, juste parce que c'est tendu, que l'on sent le stress des personnages et que l'on a l'habitude, dans les fictions, qu'une période de tension intense amène une "résolution" ou une action percutante. Mais non, parfois, il ne se passe rien (ce qui ne veut pas dire que l'on s'ennuie, loin de là), simplement, le côté angoissant des missions est si bien rendu que l'on a l'impression que ça peut péter à tout moment. 

Jolie et efficace avec un flingue. La femme parfaite !
On ne va évidemment rien dévoiler sur l'intrigue, mais mention spéciale tout de même pour deux scènes que l'on appellera "Pierre Bachelet" et "Knockin' on Heaven's Door" (vous comprendrez en regardant). L'une parvient à rendre compte du profond attachement qui unit ces soldats, que l'horreur transforme en frères (et sœurs pour le coup), avec un côté jouissif et un petit moment de folie et de détente au milieu de la désolation. L'autre sublime une situation désespérée dans laquelle se trouve un personnage attachant, que l'on a appris à aimer. Dans les deux cas, ça prend aux tripes. Les personnages sont d'ailleurs très fouillés, leurs réactions sont réalistes, ce ne sont pas des machines ou des "Rambo" mais bien des êtres humains, qui doivent composer avec leurs émotions et leurs défauts. 
Et, petite cerise sur le gâteau déjà délicieux, l'on est très loin d'un traitement manichéen (les "gentils" ont des failles, les "méchants" aiment leurs enfants aussi, enfin, certains...). Et on évite en plus les leçons de morale à deux balles (bah ouais, la guerre, ce n'est pas propre par nature). 

Bref, tout cela est juste magistral, intelligent, bien foutu et immanquable !
Bravo et merci au réalisateur, Ziad Doueiri, et aux scénaristes, Sophie Maurer, Thomas Rio, Duong Dang-Thai et Corinne Garfin

L'une des scènes poignantes et inattendues de Cœurs Noirs



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Immersif et tendu.
  • Des personnages attachants et bien écrits.
  • L'intelligence des scénaristes, qui évitent les poncifs et autres lieux communs.
  • La musique qui vient magnifier certaines scènes.
  • Une réalisation parfaite.
  • Sab !!!!
  • RAS. Ou plutôt, si, on veut, non, on implore la suite, vite !!
Cruel Summer
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Sortie ce mois d'une bonne surprise sur Prime Video : Cruel Summer.

Le début du premier épisode installe tout de suite l'ambiance et la mécanique de cette série, écrite par Bert V. Royal. On retrouve une jeune fille, dans sa chambre, le matin de son anniversaire, trois ans d'affilée. 
En 1993, Jeanette Turner fait partie de ces filles qui ne sont pas très populaires au lycée. Elle a des lunettes, un appareil dentaire, un style vestimentaire encore approximatif. Pourtant, elle est souriante, heureuse d'être réveillée par ses parents et son frère lors de ce jour si spécial.
En 1994, Jeanette a bien changé. L'action se déroule toujours dans sa chambre, le matin de son anniversaire. La jeune fille est transformée physiquement, plus jolie, plus sûre d'elle, et c'est cette fois son petit ami qui vient la sortir du lit.
En 1995, nouvelle transformation. Jeanette a les cheveux courts. Elle ne sourit plus. Pour cet anniversaire, son père vient de nouveau la réveiller. Mais il est seul, froid, cassant, et surtout il lui annonce que son avocate est là.
Qu'a-t-il bien pu se passer pour qu'en à peine deux ans, la vie de cette adolescente soit à ce point bouleversée ?

Cette introduction, brillante, fonctionne parfaitement et intrigue suffisamment pour que l'on ait envie d'en savoir plus. Elle permet aussi de présenter le fonctionnement narratif très particulier de la série. Chaque épisode retrace les événements de trois époques distinctes (le personnage, voire même la photographie de la série, sont suffisamment modifiés pour que l'on n'ait aucun problème pour se situer chronologiquement à chaque changement). De plus, à chaque épisode, le point de vue change également. L'on va ainsi alterner entre Jeanette et Kate Wallis, une jeune fille très populaire (mais pas du tout pimbêche), qui va mystérieusement disparaître, permettant indirectement à Jeanette de "prendre sa place" auprès de son petit ami et de ses amies.
Ce sont donc en tout six fils narratifs qui s'entrecroisent, ce qui pourrait sembler pénible, mais c'est orchestré avec suffisamment d'habileté pour demeurer parfaitement compréhensible.



Difficile d'en dire plus sans dévoiler des éléments qui valent la peine d'être découverts à chaque épisode. D'autant que les fausses pistes et les certitudes s'enchaînent, se défont, s'effondrent, reviennent encore plus solides, le tout modifiant sans cesse la vision que l'on peut avoir de l'intrigue et des personnages.
Le coup de maître de cette écriture efficace réside sans doute dans le fait de faire ressentir une forme de gravité et de drame dès les premières minutes, alors que l'on ignore parfaitement ce qui a pu se passer. Chaque révélation, chaque nouveau détail dévoilé, permet d'éclaircir un peu un mystère fait de mensonges, de secrets, de non-dits, tout en dévoilant une nouvelle face de deux personnages riches, complexes, et tour à tour sympathiques ou détestables. 

Mention particulière pour les deux jeunes actrices principales, Olivia Holt et Chiara Aurelia, qui rendent à la perfection la candeur puis la noirceur ou le désespoir de leur personnage. Les seconds rôles sont plutôt bons également (avec par exemple une Joy Wallis délicieusement détestable).
Le jeune âge des personnages principaux pourrait faire penser à une série pour ados, mais à partir du moment où c'est bien réalisé et intéressant, difficile de restreindre le public à une seule tranche d'âge. D'autant que les thématiques (le changement, l'apparence, la rumeur, le mensonge...) sont suffisamment universelles pour concerner tout le monde.
La première saison comprend 10 épisodes, une deuxième fournée a d'ores et déjà été commandée. 

Divertissant et tendu jusqu'au dénouement, même si certaines scènes demeurent un peu téléphonées.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Le casting.
  • La construction narrative, complexe mais claire et efficace.
  • Un équilibre parfait entre deux personnages principaux attachants.
  • L'atmosphère tendue et dramatique, malgré un contexte parfois très "girly".
  • Les rebondissements entraînant un changement de perception total des événements.


  • Quelques scènes parfois prévisibles.
  • Une profusion ridicule d'avertissements à chaque début d'épisode, alors que l'ensemble n'a absolument rien de choquant, même pour un jeune public.