Retroreading : le Prince des Mers
Publié le
9.1.19
Par
Vance
Paru en France en 1978 aux éditions Lug, affichant le n°15 dans la fameuse collection "Une aventure des Fantastiques", Le Prince des Mers est un album constitué d’un
one-shot suivi d’un arc consacré à Namor, le "Submariner".
Le premier épisode (intitulé le Long Voyage de Retour) fait partie de ces bouche-trous opportuns,
destinés à devenir des classiques instantanés, qu'engendrait l'équipe mythique
Lee/Kirby : à bord d'un véhicule prêté par Flèche Noire, le monarque des Inhumains, les Fantastiques tombent dans une embuscade dressée par... Kang le Conquérant. Le temps de contre-attaquer, ils s'aperçoivent qu'il n'est pas le seul antagoniste et ils vont devoir puiser dans leurs ressources pour se sortir de ce piège.
Pour le numéro 100 de la série outre-Atlantique, les auteurs ont conçu une histoire simple, fondée sur des adversaires connus aux motivations basiques (se venger des FF et de leurs précédents affronts, donc restaurer un peu de la fierté perdue dans les défaites humiliantes) et qui ne laisse aucun répit aux héros. Malgré la propension de Stan the Man de faire commenter chaque action par les protagonistes, le récit se suit avec plaisir tant le rythme est soutenu alors que les attaques contre les Fantastiques se succèdent au point qu'ils doivent user de leurs pouvoirs d'une manière parfois peu conventionnelle, bien aidés par Crystal, l'élémentale inhumaine. Des ressorts naïfs qui n'empêcheront pas le lecteur de ressentir une joie brute devant ces innombrables faits d'armes, nos héros ayant à lutter contre des pointures tels que les Terrifics, Fatalis, l'Homme-Dragon ou même Namor (qu'on retrouvera dans les épisodes suivants) qui ne servent toutefois que d'apéritifs bien corsés avant la crème de la crème des ennemis (sans parler de ceux qui sont derrière cette agression massive).
Bref, une grosse densité mettant la fantastique famille sur les rotules.
Pour le numéro 100 de la série outre-Atlantique, les auteurs ont conçu une histoire simple, fondée sur des adversaires connus aux motivations basiques (se venger des FF et de leurs précédents affronts, donc restaurer un peu de la fierté perdue dans les défaites humiliantes) et qui ne laisse aucun répit aux héros. Malgré la propension de Stan the Man de faire commenter chaque action par les protagonistes, le récit se suit avec plaisir tant le rythme est soutenu alors que les attaques contre les Fantastiques se succèdent au point qu'ils doivent user de leurs pouvoirs d'une manière parfois peu conventionnelle, bien aidés par Crystal, l'élémentale inhumaine. Des ressorts naïfs qui n'empêcheront pas le lecteur de ressentir une joie brute devant ces innombrables faits d'armes, nos héros ayant à lutter contre des pointures tels que les Terrifics, Fatalis, l'Homme-Dragon ou même Namor (qu'on retrouvera dans les épisodes suivants) qui ne servent toutefois que d'apéritifs bien corsés avant la crème de la crème des ennemis (sans parler de ceux qui sont derrière cette agression massive).
Bref, une grosse densité mettant la fantastique famille sur les rotules.
Les trois épisodes suivants forment un arc autour de Namor
et... tiens, tiens... de Magneto : l’autoproclamé chef de la Confrérie des Mauvais Mutants va d'abord trouver protection en Atlantis avant de tromper la
bienveillance du Prince des Mers afin d'ourdir son plan de conquête de la Terre
et d'asservissement des humains ; un Magneto primaire et grandiloquent se
revendiquant protecteur de tous les mutants (mais pas un seul membre de la
Confrérie n'est présent dans l'histoire, et la mutanité de Namor n'est jamais
évoquée). Sous les dessins de Kirby puis d'un John Romita encore balbutiant,
l'épopée va très loin et développe ses ramifications d'une manière surprenante
: les FF, mortifiés, doivent d'abord s'avouer vaincus et Reed Richards d'affirmer davantage son statut de leader réfléchi en se donnant le temps de préparer une
contre-offensive presque désespérée alors que les hordes d'Atlantis déferlent sur
la Côte Est et que les armées américaines sont balayées par le terrifiant
pouvoir du Maître du magnétisme.
Une histoire forte où les caractères sont exacerbés, avec un Ben Grimm plus bougon que d'habitude, prompt à s’échauffer, commettant par son irascibilité jusqu'à un casus belli et remettant régulièrement en cause l'autorité et les décisions de Mr Fantastic. À l'inverse, Johnny Storm est nettement plus raisonnable que dans l'épisode précédent où il était prêt à provoquer un conflit ouvert avec les Inhumains : il suit sans (trop) protester les directives de son beau-frère qui s'assume tranquillement comme le dernier rempart contre le fanatisme. Si Susan (l'Invisible) demeure encore trop effacée (oui, je sais, elle est facile), engoncée qui plus est dans son nouveau rôle de mère protectrice (le couple Reed/Susan se préoccupant systématiquement de la sécurité du bébé Franklin), Crystal a de quoi réjouir les détracteurs d'une image par trop rétrograde de la femme dans les comics : fière, forte, elle voit d'un mauvais œil les recommandations de son bien-aimé qui lui demande de rester à l'arrière et intervient aussi souvent que possible avec son immense pouvoir (pas totalement exploité).
Une histoire forte où les caractères sont exacerbés, avec un Ben Grimm plus bougon que d'habitude, prompt à s’échauffer, commettant par son irascibilité jusqu'à un casus belli et remettant régulièrement en cause l'autorité et les décisions de Mr Fantastic. À l'inverse, Johnny Storm est nettement plus raisonnable que dans l'épisode précédent où il était prêt à provoquer un conflit ouvert avec les Inhumains : il suit sans (trop) protester les directives de son beau-frère qui s'assume tranquillement comme le dernier rempart contre le fanatisme. Si Susan (l'Invisible) demeure encore trop effacée (oui, je sais, elle est facile), engoncée qui plus est dans son nouveau rôle de mère protectrice (le couple Reed/Susan se préoccupant systématiquement de la sécurité du bébé Franklin), Crystal a de quoi réjouir les détracteurs d'une image par trop rétrograde de la femme dans les comics : fière, forte, elle voit d'un mauvais œil les recommandations de son bien-aimé qui lui demande de rester à l'arrière et intervient aussi souvent que possible avec son immense pouvoir (pas totalement exploité).
Évidemment, la vision du Magneto triomphant est très éloignée de celles qu'on aura par la suite l'occasion de lire - on est bien loin de l'homme nostalgique et digne qui vaincra les X-Men et les enfermera dans sa base en Antarctique sous la houlette du duo Claremont/Byrne. Cela dit, le sort de Namor, tiraillé entre son tempérament bouillonnant, sa haine de l'humanité de la surface et le sort de son peuple, ainsi que les tenants stratégiques du récit (Reed Richards conversant avec le président des États-Unis dans le but d'obtenir sa confiance dans les plans qu'il échafaude pour la sauvegarde de la Terre), enrichissent un arc passionnant qui ne manque que de ces morceaux de bravoure graphiques dont Kirby avait le secret (Romita se contente d'un découpage très classique mais gère parfaitement les nombreux combats) et qui s'achève sur l'amer constat d'une humanité condamnée à s'autodétruire.
Une réussite.
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