World War Tank Girl
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Tank Girl, c'est une bande dessinée créée dans les eighties par deux petits gars de la perfide Albion du nom de Alan Martin au scénario (qui doit avoir un cerveau en kit fabriqué à l'envers par un dieu du chaos sous acide) et Jamie Hewlett au dessin.


Tank Girl, c'est Rebecca Buck. Une nana qui trace sa route à travers une Australie post-apocalyptique aux commandes d'un tank bien lourd en compagnie d'un kangourou mutant du nom de Booga.

Et si là, vous n'avez pas encore changé de page en disant "Houlà, ouais d'accord ! Qu'est-ce que je fous ici, moi ?", c'est soit que vous connaissez le personnage et vous attendez de ses nouvelles, soit que vous scrollez en ne lisant rien et en regardant juste les images (si tel est le cas : que les autres sachent que je me retiens de vous balancer une moquerie), soit que vous êtes faits pour les récits foutraques, débridés, décomplexés et mélangeant allègrement tout à n'importe quoi.
Quoiqu'il en soit : bienvenue !

Notre histoire commence là où Tank Girl : Gold s'arrêtait, avec Tank Girl et un paquet de ses copains et copines qui ont remonté le temps depuis leur futur post-apo jusqu'à la Seconde Guerre mondiale pour essayer de récupérer leur amie Sub Girl. Rien que la façon de gérer ici le voyage dans le temps donne le ton : il ont fait un bond temporel en mangeant une barre chocolatée Mars et en regardant H.R. Pufnstuf (une sorte d'émission jeunesse pouvant rappeler l'Île aux Enfants de Casimir) sur une télé en noir et blanc. Voilà. Je crois que c'est le plus éhonté des "Ta gueule, c'est magique" de la galaxie ! Mais ça a le mérite de ne pas vous mentir sur la recherche de cohérence du scénario.


On a donc la bande à Rebecca qui, d'alliance en alliance, va gentiment marcher sur tout ce que l'Allemagne nazie va lui envoyer comme ennemis pour accomplir sa mission. Et elle y arrivera. Au prix de sacrifices temporaires (il y a toujours une solution à tout dans Tank Girl, l'univers lui-même y pourvoyant parfois) et de scènes délirantes et grotesques.
Vous voyez The Expendables ? Eh bien c'est quasiment de la dentelle scénaristique empreinte de réalisme, à côté de cette BD !

Je ne vous parlerai pas du scénario. Non. Non, je ne veux pas, non. Parce que tenter de résumer ce scénario, c'est comme contenir avec ses mains un flot d'urine : c'est faisable mais à aucun moment on n'a envie d'essayer, on sait que ce ne sera pas agréable et qu'on n'en sortira pas grandi.

Ou alors, je vous la fais courte : Tank Girl et les copains arrivent à poil sur un champ de bataille. Elle s'incruste et éclate les Allemands présents prétendument indélogeables grâce à la fameuse tactique dite du "Criez n'importe quoi comme cri de guerre, ça va les perturber". Barney, tout aussi à poil, joue les para-commandos en sautant d'un avion sans parachute. Booga se retrouve dans le nid d'aigle et va finir par insulter des tas d'officiers nazis, ce qui l'enverra pour interrogatoire au château de Coldtitz... Vol de tank, fusillade, évasion, gag trash, punchline, bombardement, voyage temporel... et puis voilà.
Heureux ?
Ah ben j'avais prévenu, hein !
C'est Tank Girl, on ne fait ni dans le raffinement ni dans le génie d'écriture.
Mais je soupçonne Alan Martin d'en faire un cheval de bataille : "Ça va être con et vous allez aimer ça !"

Au niveau des dessins, c'est du connu : ça fait des années que Hewlett nous fait des illustrations de dingue en guise de couvertures et d'intercalaires entre les chapitres puis fait dans le minimalisme colorisé en aplats façon Picsou Magazine dans les cases. Ça fait très léger et je parierais là aussi que c'est voulu : être capable de faire aussi beau et néanmoins faire aussi cheap, ce doit être un choix. On aime ou on n'aime pas... moi, ça renforce l'impression que j'ai de lire un délire entre potes et, pourvu que ce soit ce que j'ai envie de lire à ce moment-là, ça fait la blague.


Alors, que faut-il en penser ? Eh bien ça plaira aux fans de cette "héroïne" et c'est divertissant.
Pour 13,90€, Ankama permet au Label 619 de vous offrir un peu plus de 100 pages de défouloir bête et méchant. Si vous aimez rigoler de blagues un peu idiotes (voire pas "un peu" du tout), si vous aimez tourner des pages sans trop réfléchir, si vous avez toujours eu envie de voir des filles nues se refaire Inglorious basterds en more gore, si vous fantasmez sur les gros canons (je ne juge pas, chacun son truc)... ben ma foi... ça devrait vous plaire.

Moi... j'avoue que ça m'a laissé froid.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • C'est vraiment décomplexé.
  • Ça s'essuie les pieds sur le politiquement correct.
  • C'est fun.
  • C'est souvent drôle.
  • Le trait est assuré.
  • Certaines illustrations sont très belles.

  • C'est vraiment n'importe quoi.
  • C'est scénaristiquement tellement facile !
  • Les cases sont plates à faire pitié.
  • Au bout de 100 pages, on a une impression de grosse blague potache avec des nazis.