Step Back in Time #9
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Neuvième partie de nos voyages dans le passé de la pop culture avec un film culte, un jeu vidéo bourrin mais très bien fichu et un roman à l'humour anglais ultra-efficace. Enjoy !


-- CINÉMA : voyage pénible & rédemption --



Neal Page, un responsable marketing, plutôt sûr de lui et un brin snob, doit rentrer chez lui, à Chicago, pour les fêtes de Thanksgiving. Rien de bien compliqué a priori, sauf que son vol est annulé et qu'il se retrouve alors, de manière bien involontaire, obligé de faire équipe avec Del Griffith, un VRP sympathique mais bavard, gaffeur et (un peu trop) enthousiaste. 

Voilà un road trip comique dont s'inspirera très fortement, bien des années plus tard, Date Limite (avec Robert Downey Jr). On flirte aussi un peu du côté de Midnight Run, sans l'aspect polar. 
Même après plusieurs décennies, ce film de John Hughes (sorti en 1987) n'a pas trop mal vieilli. Les gags fonctionnent encore (certains sont plus réussis que d'autres... évidemment) et l'ensemble garde un côté touchant et naïf qui n'a rien de désagréable. Car au final, cette histoire se révèle tout de même assez profonde.

En effet, si l'on prend plaisir à voir Neal réagir (de plus en plus mal) aux multiples idioties de son compagnon de voyage, une fois dépassé l'aspect comique, l'on se retrouve devant une petite tragédie, mettant en scène un type paumé, seul, en souffrance, entretenant le souvenir d'un amour perdu. Et devant la rédemption d'un homme, certainement pas mauvais, mais un peu trop prompt à juger et verser dans l'égocentrisme. 
La scène où Neal, enfin sur le point de rentrer chez lui, se rend compte de la solitude (maladroitement masquée) de Del, ce qui le pousse à revenir sur ses pas, dégouline certes de bons sentiments mais n'en reste pas moins profondément émouvante. Et si vous ne versez pas une petite larmichette à ce moment-là, alors vous êtes un robot dénué d'émotion !

Pour l'anecdote, notons que le titre français, pour une fois, est bien meilleur que le titre original, Un ticket pour deux étant bien plus inspiré que Planes, Trains and Automobiles.

Du feel good à l'ancienne, permettant de retrouver l'excellent Steve Martin
À découvrir si ce n'est déjà fait !


-- AMSTRAD : flingues, tanks et joie de dézinguer son prochain --



Nous restons en 1987. L'ère des PC n'est pas encore advenue. Les gamers, que l'on n'a pas encore affublés de ce nom pour leur faire croire qu'ils font partie d'une "communauté", passent leur temps sur des bécanes rustiques, du genre Commodore ou Amstrad. Et malgré le manque de puissance et des graphismes pixelisés, l'on découvre parfois des petits bijoux de programmation... des jeux sur lesquels l'on va passer des heures et ruiner sa scolarité (non, je déconne, il n'y avait déjà rien à apprendre à l'école à l'époque).

Ikari Warriors
fait partie de ces excellents jeux qui vont durablement rentrer dans le Top 10 du catalogue de l'Amstrad. Il s'agit d'un "run and gun" à scrolling vertical (dans le style Commando, mais en plus fun et plus facile), dans lequel on incarne un soldat dont le but est de rejoindre le village d'Ikari afin de libérer un officier qui a eu le bon goût de tomber aux mains de l'ennemi.

Le jeu regorge de bonnes idées, et en premier lieu, il propose un très bon mode collaboratif : les joueurs vont alors pouvoir flinguer de la vermine communiste simultanément, ce qui rend l'épopée plus facile (pour peu que votre collègue ne soit pas trop empoté). Les ennemis sont coriaces et disposent de tanks, bunkers, mines, grenades et hélicoptères. De quoi largement freiner votre progression donc. Autre élément fort bienvenu changeant radicalement le gameplay : il est possible de prendre les commandes des tanks que l'on trouve sur son chemin. Dans ce cas-là, non seulement les balles ne vous font plus rien, mais vous pouvez aussi écraser joyeusement la chair à canon adverse !

Bref, un jeu suffisamment long, à la difficulté bien dosée, proposant un mode coopératif, une gestion des munitions et un changement de gameplay grâce aux chars, voilà qui était tout de même énorme pour l'époque.


-- ROMAN : un Anglais dans le Vieux Sud -- 



Lorsque l'on évoque William Boyd, il est de bon ton de conseiller Un anglais sous les tropiques, qui est pourtant loin d'être son meilleur roman. C'est donc Stars and Bars, ou La Croix et la Bannière en français, dont on va parler ici.
Henderson Dores est un anglais, timide et complexé, expatrié à New York. Il est venu chercher en Amérique ce qui lui manque : la confiance en soi, le succès, une nouvelle personnalité presque. Malheureusement, délocaliser ses problèmes n'a jamais constitué une solution pour les résoudre.
Cependant, lorsque Henderson est chargé par son employeur d'aller expertiser une collection de tableaux dans le vieux Sud, non loin d'Atlanta, tout semble aller pour le mieux. Le brave anglais y voit une occasion de réussir un beau coup. Sauf qu'il doit voyager avec une horripilante adolescente et que les premières gaffes vont s'accumuler dès son arrivée.

Voilà une excellente histoire, qui peut éventuellement causer de véritables crises de rire. Boyd maltraite ce pauvre Henderson de toutes les manières possibles, le confrontant à des situations pour le moins tendues et inhabituelles. Impossible de ne pas se retrouver un peu dans certaines de ses attitudes, gauches et ridicules. Impossible également de ne pas le prendre en sympathie quand il doit faire face à une ribambelle d'excentriques ou de chieurs qui lui pourrissent la vie. Et question Sudistes un peu bizarres, Henderson va faire le plein de rencontres déstabilisantes. 

La fin est peut-être un poil "too much", mais le cheminement était si agréable que l'on ne regrette aucune des pages tournées. À conseiller absolument, surtout si vous aimez l'humour anglais très froid et pince-sans-rire (un peu à la manière de Trois Hommes dans un Bateau).

Une excellente lecture et une comédie très bien écrite.



Voilà pour aujourd'hui, mais si vous n'avez pas encore découvert nos SBiT précédents, c'est le moment !