Punisher : sang pour sang
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Univers Multiples, Axiomes & Calembredaines aime le Punisher. Si les articles qui lui sont consacrés sont relativement peu nombreux, son ombre plane sur de nombreuses œuvres de la galaxie Marvel. Cependant, nous l'avons sur UMAC davantage traité sous l'angle Garth Ennis, un auteur plébiscité qui a fait de cet anti-héros un personnage terriblement fascinant. Or, Rick Remender a réussi à relever le gant lorsqu'il a hérité de Frank Castle, et les arcs qu'il en a tirés valent le coup d'œil : le scénariste a d'ailleurs été souvent admiré ici même pour son écriture dynamique et ses histoires jouissives (cf. l'excellent Deadly Class).

Aujourd'hui, nous allons évoquer une mini-série en cinq épisodes sortie en 2011, éditée en France dans la foulée chez Panini au sein de la collection "Marvel Saga", avec une traduction de Laurence Belingard : Punisher - In the Blood.

Le Punisher est de nouveau dans la course. Bien que redevenu humain - et donc plus vulnérable que sous sa forme « Franken-Castle » - il est plus décidé que jamais à combattre les criminels tout en se vengeant de ceux qui l’ont fait récemment souffrir mille morts. Hood et son ancien acolyte Microchip sont dans son collimateur, et il a pris pour l’épauler Henry, un jeune hacker qui n’est autre que le fils du Puzzle, un de ses anciens adversaires récurrents…

Voilà Castle qui repart en croisade, toujours animé par la vengeance. On pourrait s'en lasser, mais le fait est que certains personnages ont été créés explicitement dans cette optique, et lorsque leur traitement est réussi, la lecture procure irrésistiblement un plaisir régressif d'une rare intensité. On sait qu’on aura droit à des affrontements testostéronés, violents et souvent sanglants - sans concession, pas même une punchline assassine. Ça défouraille, ça dézingue et le Punisher avance au milieu de ses victimes vers son prochain objectif, implacable, incarnation de l'inéluctabilité létale.

Il m’a taillé, taillé et retaillé. À chaque bagarre, c’était pire. Un aide-mémoire ambulant. Regarde-bien, tu peux lire sur ma tête. […] Ma gueule, c’est son affiche publicitaire.

Remender a apporté à ce schéma bien rôdé une certaine profondeur : Castle a frôlé la mort et, si ses motivations sont restées plus ou moins les mêmes, son attitude face à elles a relativement changé. Tout comme ses relations avec ses ennemis, ou avec ses rares alliés. Cela ne l’empêche pas d’être aussi, voire plus, efficace qu’auparavant, et s'il ne verse pas dans le remords, ses introspections lui confèrent un aspect plus humain qu’auparavant - et rendent le récit plus riche. Un phénomène sensible également dans les histoires de Wolverine de la même époque.
 
Cette fois, il va se retrouver pris au piège d’une machination assez subtile qui le frappera là où se trouve l’un de ses rares points faibles, en dehors du souvenir de sa famille : son associé. Ressuscité par Hood, Microchip a trahi Frank, chose qu’il ne peut absolument pas laisser passer. Mais quel risque que prendre le fils d’un criminel (qui lui voue par ailleurs une haine féroce) comme partenaire ! À moins que ce ne soit mûrement calculé : car le bonhomme a montré face à des adversaires (sur le papier) plus coriaces ou puissants que lui qu'il avait toujours un as dans la manche, un plan B, une arme secrète qui faisaient soudain pencher la balance en sa faveur. Déjà, à l'époque où il avait été proprement mis en pièces par Daken (le fils de Wolverine), bien malin qui aurait pu prédire son retour...

Sang pour sang se pose comme un récit violent et retors, et s'avère assez réussi compte tenu du cahier des charges. Roland Boschi ne fait pas dans la dentelle, ses visages grossiers et ses postures peu académiques confèrent à l’ensemble un côté mal dégrossi qui parvient néanmoins à retranscrire assez efficacement la brutalité des affrontements, tant physiques que verbaux. L’encrage très froid peut décontenancer de prime abord.
Culpabiliser rend intègre.
Ce numéro 12 de "Marvel Saga" avait la bonne idée de nous gratifier de quelques très belles couvertures en prime, ce qui le rend d'autant plus intéressant à dénicher.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Le retour de Frank Castle.
  • Une mini-série menée tambour battant.
  • Remender au mieux de sa forme.
  • Une édition plutôt bon marché au regard de son contenu.

  • On peut éventuellement reprocher un manque d'originalité, surtout après l'épisode Franken-Castle.
  • Des dessins étonnamment froids et un design assez grossier.