Legenderry
Publié le
2.6.25
Par
Nolt
Un auteur exceptionnel, des personnages légendaires et à l'arrivée... un gros flop ! C'est le bilan de Legenderry - L'Aventure Steampunk.
Tout commence dans la ville de Big City, quand une jeune femme poursuivie par un groupe de clones surarmés se réfugie au Scarlet Club, tenu par Madame Pendragon, alias Vampirella. La demoiselle, courroucée par le comportement des malfrats qui ont eu l'outrecuidance d'occire une partie de son personnel, va les découper en rondelles avec l'aide d'un certain Britt Reid, richissime magnat de la presse et alter ego du célèbre Frelon Vert.
Enquêtant sur cette tentative d'enlèvement, les deux compères vont découvrir une machination obscure, dans laquelle sont mêlés les pires criminels du continent. Avec l'aide de prestigieux alliés, ils vont devoir s'interposer pour éviter l'avènement d'un terrible monstre.
Quand un auteur de la trempe de Bill Willingham développe un nouveau projet, l'on a tendance à espérer le meilleur. Le scénariste a en effet fait des merveilles sur Fables, une série devenue culte par la grande qualité de son écriture. Et le pitch de départ de Legenderry ressemblait d'ailleurs étrangement à la relecture des contes pour enfant que Willingham avait brillamment réalisé. Ici, le Grand Méchant Loup ou Cendrillon font place à Red Sonja, Zorro, Flash Gordon, Green Hornet, Vampirella ou encore Steve Austin (l'homme qui valait trois milliards, ou plutôt, dans cet univers, trois mille yars). Le tout dans un environnement steampunk, tout cela sentait donc plutôt bon.
Et pourtant, les problèmes sont nombreux à l'arrivée.
Tout d'abord, les dessins de Sergio Fernandez Davila échouent totalement à rendre la magie de l'univers décrit. Les décors sont peu nombreux, bien ternes et souvent très artificiels. Même si l'illustrateur s'en sort mieux avec les costumes et les véhicules, on est loin de l'atmosphère envoûtante d'un Luther Arkwright ou d'un Grandville par exemple. La colorisation de Wes Hartman et Robby Bevard, très flashy, n'aide pas à embellir les rares lieux qui pourraient avoir un certain charme. Et il faut dire que le choix de l'éditeur, portant sur du papier glacé, amplifie encore cet effet clinquant et sans nuances. Un papier mat aurait sans doute été plus approprié.
Mais les plus gros problèmes proviennent étonnamment de l'écriture. Tout d'abord, l'univers décrit manque de profondeur. Là encore, toujours cette impression, tenace, d'artificialité, et ce jusqu'au niveau de la carte du monde de Legenderry, dont les noms reflètent la platitude de l'ensemble : La mer s'appelle "la Mer" ; les noms de régions sont aussi originaux que "le Nord", "la Forêt" ou "la Jungle" ; la ville principale s'appelle "Big City" et le nom de l'île la plus importante est... "l'île".
L'intrigue, simpliste, n'est pas bien gérée non plus. Il y a bien des combats réguliers (assez gore d'ailleurs, avec décapitations et démembrements), mais sans véritable enjeu ni dramatisation ou suspense. D'autant que l'on se fiche aussi des personnages, dont on ne connaît rien si ce n'est le nom. C'est sans doute le plus gros couac de la série, Willingham ne parvenant pas du tout à insuffler un peu de vie dans les nombreux protagonistes qui défilent au long des épisodes. Il y a certes des noms connus, même parmi les "méchants", avec le Docteur Moreau, l'Empereur Ming ou encore Kulan Gath, mais héros comme antagonistes ne sont que des coquilles vides, sans aucune personnalité, aucun caractère.
L'intrigue, simpliste, n'est pas bien gérée non plus. Il y a bien des combats réguliers (assez gore d'ailleurs, avec décapitations et démembrements), mais sans véritable enjeu ni dramatisation ou suspense. D'autant que l'on se fiche aussi des personnages, dont on ne connaît rien si ce n'est le nom. C'est sans doute le plus gros couac de la série, Willingham ne parvenant pas du tout à insuffler un peu de vie dans les nombreux protagonistes qui défilent au long des épisodes. Il y a certes des noms connus, même parmi les "méchants", avec le Docteur Moreau, l'Empereur Ming ou encore Kulan Gath, mais héros comme antagonistes ne sont que des coquilles vides, sans aucune personnalité, aucun caractère.
L'on pourra objecter que l'auteur doit gérer une foultitude de personnages et qu'il n'est pas facile de leur donner à tous de l'épaisseur, mais là, en 154 planches (ce qui est énorme !), il n'y en a pas un qui ait ne serait-ce que le début d'une personnalité. Alors que Fables était passionnant dès les premières pages. Et quand bien même le format imposé empêcherait de traiter convenablement les personnages, la logique commanderait alors d'en changer. Depuis quand le format serait prioritaire par rapport à l'intérêt de la série ? Le côté très fonctionnel des scènes est étonnant également. Il n'y a aucun humour, aucun moment permettant d'étoffer les personnages et de comprendre leurs motivations, aucun moment d'émotion, aucun "habillage", rien que du très pragmatique servant à faire avancer une histoire poussive et déjà lue un bon milliers de fois.
Et ce n'est même pas tout. L'adaptation française souffre de quelques fautes (dont certaines énormes tout de même, la traductrice ne faisant visiblement pas la différence entre un "boxeur", donc quelqu'un qui pratique un sport de combat, et un "boxer", qui désigne un caleçon ou un chien), d'une ou deux erreurs de lettrage et d'une ponctuation hasardeuse (avec notamment des points d'interrogation qui n'ont rien à faire dans des phrases affirmatives). Ce n'est pas honteux non plus sur l'ensemble, mais ça aurait mérité une bonne relecture. Par contre, niveau bonus, c'est blindé : le lecteur aura droit au scénario complet du premier épisode, à des études de personnages et à un paquet de variant covers.
D'autres tomes, écrits par des auteurs différents, continuent l'exploration de cet univers et sont centrés sur des personnages particuliers (Red Sonja, le Green Hornet et Vampirella). Le souci, c'est que ce premier volume est tellement insipide qu'il ne donne pas du tout envie de se plonger dans la suite. On se demande d'ailleurs comment Dynamite, l'éditeur américain, a pu valider une telle soupe tiède alors que Legenderry aurait pu servir de vitrine de luxe à son univers. Quel gâchis !
D'autres tomes, écrits par des auteurs différents, continuent l'exploration de cet univers et sont centrés sur des personnages particuliers (Red Sonja, le Green Hornet et Vampirella). Le souci, c'est que ce premier volume est tellement insipide qu'il ne donne pas du tout envie de se plonger dans la suite. On se demande d'ailleurs comment Dynamite, l'éditeur américain, a pu valider une telle soupe tiède alors que Legenderry aurait pu servir de vitrine de luxe à son univers. Quel gâchis !
L'éditeur français, Graph Zeppelin, aguichait le lecteur sur la quatrième de couverture en parlant d'une "aventure illuminée aux becs de gaz et propulsée à la vapeur et à l'adrénaline". La vapeur, il n'y en a pas eu tant que ça, et l'adrénaline, on l'attend encore. Avec une intrigue convenue et plate, des personnages transparents et un univers peinant à générer le moindre intérêt, le résultat s'avère décevant.
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