Mission Terre
Publié le
8.12.25
Par
Nolt
Retour sur une longue et excellente saga de science-fiction.
Un fait étrange concernant Ron Hubbard, fondateur de la scientologie, c'est que ceux qui en parlent sur le net se trouvent parfois obligés d'assurer ses futurs lecteurs qu'ils ne risquent rien (ou au contraire mettent un "auteur dangereux" à côté de leur chronique, à la manière d'une pancarte "chien méchant"). Un peu comme si l'on pouvait choper une conviction au détour d'une phrase. Évidemment, ça ne se passe pas comme ça. Et si c'était le cas, Hubbard serait vraiment fort. Et il aurait été maître du monde de son vivant. Contrairement à ce que certains affirment parfois, on ne peut pas différencier l'homme de l'auteur, c'est le même bonhomme. Par contre, ce qui est toujours possible, c'est de différencier l'œuvre de son auteur. Un bon roman ne devient pas subitement nul sous prétexte que l'on n'apprécie pas les agissements de celui qui l'a écrit, sinon il y a bien longtemps que les bouquins de Stephen King auraient fini à la poubelle.
On peut penser ce que l'on veut, en bien ou en mal, de la scientologie sur le plan philosophique (j'ai lu la Dianétique par curiosité, et je ne suis rentré dans aucune secte pour autant). Sur les éventuelles pratiques sectaires, c'est autre chose, mais il est évident que cela ne s'attrape pas comme un virus. Il faut le vouloir. C'est un peu comme l'hypnose, si vous ne participez pas, ça ne marche pas. Donc, non, Hubbard n'était pas un dangereux sorcier, par contre, c'était plutôt un bon auteur.
Mission Terre, une décalogie, rien que ça, raconte l'histoire de deux personnages très différents. D'une part Jettero Heller, un champion de la Flotte, héros caricatural au possible et plein de bons sentiments, et Soltan Gris, agent de l'Appareil de Coordination de l'Information (les services secrets), se révélant peu à peu colérique, paranoïaque, malchanceux, lâche et peu regardant sur la morale. Ces deux opposés sont amenés à se rencontrer lorsque le premier reçoit pour mission de se rendre sur Terre afin de voir si les humains seraient aptes à intégrer la fédération voltarienne. Soltan, lui, va se voir assigner l'exacte mission contraire, à savoir faire échouer l'autre m'as-tu-vu par tous les moyens, et ce afin de préserver le fructueux trafic de drogue auquel se livre son chef.
Ce long récit, plutôt méconnu (en tout cas, beaucoup moins populaire qu'un Dune par exemple) pourrait passer pour une simple parodie s'il ne contenait pas de nombreux et acides constats sur notre propre société. Bien entendu l'on retrouve certaines obsessions de l'auteur (son manque de considération flagrant pour les psychiatres et psychanalystes, ce en quoi il n'a pas forcément tout à fait tort) mais aussi son sens aigu de l'observation, qui met souvent à nu des travers voltariens très... humains.
Outre l'aspect SF et la critique sociale, il faut noter également l'humour qui imprègne la saga. C'est notamment Soltan Gris, anti-héros attachant et loser hargneux, empêtré dans des stratégies qui le dépassent, qui restera la vraie star de l'aventure.
Un peu long (dix tomes quand même) mais vraiment très agréable à lire.
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