Un Chat dans le Culte #1
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Hey les matous ! Ça ronronne ?
Eh bien, voilà, après les Parenthèses de Virgul, j’obtiens enfin ma deuxième rubrique bien à moi !
Qui s’appelle… Un Chat dans le Culte. Cherchez pas, c’est de l’humour à la Nolt. M’enfin, ça a l’avantage d’annoncer à peu près la couleur. Quant à l'illustration ci-contre, où je figure en compagnie de Mouf, eh bien... on a tenté de reproduire l'une des scènes culte d'une comédie encore plus culte. Et ça s'est bien passé. Enfin, pour moi en tout cas. Mouf, lui, a un peu ronchonné. Ce qu'ils peuvent être pénibles ces écureuils ! Bref, je vais donc vous parler d’œuvres assez anciennes, et, ensemble, nous allons tenter de découvrir pourquoi elles ont marqué les esprits.
Et on commence avec un petit chef-d’œuvre, en apparence tout simple, mais sur lequel il y a pas mal de choses à dire.

Garde à vue
Ce film de Claude Miller sort en 1981. Il va à l’époque décrocher notamment le César du meilleur scénario et, 40 ans après, l’on peut constater qu’il n’a rien perdu de ses qualités. Et pourtant, il n’y a ici aucune action frénétique, aucun effet spécial, pas de fusillades, de poursuites, juste deux types discutant autour d’une table.
Par contre, en ce qui concerne les types, on a rassemblé le gratin. Dans les deux rôles principaux, l’immense Lino Ventura et un Michel Serrault impeccable, qui ne cabotine pas. Ou pas trop disons. Aux dialogues, Michel Audiard, rien que ça ! Et pour orchestrer le tout, un Claude Miller qui signe sans doute ici son film le plus intemporel, si ce n’est le plus abouti.

Ça raconte quoi ?
L’histoire est relativement simple. Le soir de la Saint Sylvestre, un flic convoque dans son bureau un notaire, vaguement soupçonné d’avoir violé et tué une ou même plusieurs petites filles. L’inspecteur Gallien (Ventura) va s’attaquer à un notable en apparence banal mais, au fond, roublard et fuyant. Car Maître Martinaud (Serrault) a beaucoup de choses à cacher.

Ça fonctionne comment ?
D’un point de vue pratique, le film est d’une grande sobriété. Un décor unique (si l’on excepte de rares flashbacks à l’ambiance onirique), très peu de personnages (à part les deux protagonistes principaux, l’on peut noter surtout l’inspecteur Belmont, magnifiquement interprété par Guy Marchand), et une question simple et lancinante : tient-on le coupable ?
Outre les dialogues, percutants et bénéficiant d'un humour fort bienvenu, désamorçant parfois certaines scènes très lourdes, le film joue sur un équilibre parfaitement dosé et une identification précaire, le spectateur étant tour à tour invité à se ranger du côté du flic qui cherche à arrêter un effroyable meurtrier, puis incité à se mettre à la place d'un innocent sur qui pèsent d'épouvantables soupçons.
C'est ce duel, non-manichéen, cette joute verbale de haute volée, faisant pencher la balance tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, qui fascine et séduit. Impossible, une fois que l'on a vu le début de cet échange, de ne pas aller jusqu'au bout. Pour savoir, enfin, et être délivré de cette garde à vue où, finalement, le spectateur lui-même est enfermé.

Pourquoi c'est encore bon aujourd'hui ?
Simple : tout dans ce film est intemporel. OK, ça tape encore à la machine, OK, les téléphones sont vieillots, mais ce sont là des détails insignifiants. Même les tenues, finalement (un costume, un smoking...) traversent les époques sans grands changements. 
Et surtout, les thématiques (la volonté de coincer un prédateur d'un côté, le sentiment d'être injustement accusé de l'autre) fonctionnent à la fois sur le fond et sur la forme. Tout cela est très habile, et Martinaud va passer, tout au long de sa garde à vue, par des états qui vont générer des émotions très différentes chez le spectateur. Et un questionnement légitime. On VEUT savoir ce qu'il en est vraiment. Et le final est d'ailleurs magistral d'amertume et d'humanisme, tant le dernier cri de l'un des protagonistes va être poussé, en réalité, comme un appel à l'aide visant son "adversaire".

La petite anecdote en sus
La petite fille qui joue le rôle de Camille dans ce film, et qui a à l'époque 8 ans, est en réalité Elsa Lunghini, qui va faire une entrée fracassante dans le domaine musical quelques années plus tard, d'abord en interprétant la chanson T'en va pas, issue de la bande originale du film La Femme de ma Vie (1986), puis en sortant un album en 1988, contenant des titres comme Jour de Neige, Jamais nous, Un roman d'amitié, Quelque chose dans mon cœur ou encore À la même heure dans deux ans.   



Belmont et Martinaud, sous la plume de Michel Audiard.

— En haut de l'escalier, il y a un couloir.
— Oui..
— Un long couloir.
— 15 mètres.
— Possible.
— Certain.
— Trois chambres, si je me souviens bien. Deux grandes et une petite.
— La chambre des enfants, la chambre d'amis et la nôtre. La chambre des enfants est restée vide, la chambre d'amis est devenue la chambre de ma femme, et la nôtre est devenue la mienne.