Infidel
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Aaah ! Un film avec Jim Caviezel !
J'aime bien, cet acteur. Qu'est-ce que ça va donner ?


Il m'est arrivé, par le passé, de chroniquer des films Saje Distribution. Le hasard a fait que c'étaient à chaque fois des films traitant de sujets religieux : Le jeune Messie et Samson. Bizarre, pour un gars athée comme une tasse, non ? Ouais, une tasse. Une tasse athée. Ouais, j'ai honte. Bien sûr, oui.

C'est donc un réel plaisir de changer un peu de thème et de me lancer dans la chronique de ce film intitulé... pardon ? Infidel ? Ça veut toujours dire "infidèle", ça, en anglais, ou ça a changé depuis peu ? 

D'accord... je vais encore causer de religion, donc... Okay. Finalement, je crois que Dieu existe mais le gars me déteste, ça doit être ça...

Allez, bon : Infidel est un film américain de 107 minutes sorti en 2020 (à tel point qu'il y est même fait mention du coronavirus) et produit par Cyrus Nowrasteh.
Dès l'arrière de sa jaquette, le DVD s'adresse à moi en me posant une question existentielle cruciale : "Seriez-vous prêt à tout sacrifier pour votre foi ?" Comment te dire, film ? Si l'âme existait et avait une valeur marchande, je l'aurais découpée en morceaux minuscules que j'aurais vendus aux plus offrants sur une plateforme de ventes en ligne tant je n'aurais aucune idée de quoi en faire. Ça te va, ça ?

Il n'est pas fait pour moi, ce film.
Mais j'apprécie plutôt l'acteur et la photographie a l'air assez propre. Même la jaquette, ma fois, a une bonne tête... Allez, on se fait violence et on regarde ça de façon objective, autant que possible.


Le film s'ouvre sur un peloton d'exécution en Iran. Jim Caviezel, inhabituellement barbu, va être fusillé. Fondu au blanc, bruits de détonations. Générique. Musique arabisante, images noyées sous des filtres de couleur, noms des réalisateurs et comédiens principaux en alphabet latin puis oriental (désolé, je n'identifie pas la langue et ne prendrai pas le risque de suggérer qu'il s'agit de persan, même si c'est la langue majoritaire en Iran et que ce serait logique... parce que je n'y connais rien du tout !). La musique est un peu oppressante mais jolie, avec une voix féminine lancinante. Jusque-là, c'est efficace.

Washington, six mois plus tôt. Doug (Jim Caviezel) vient chercher sa femme, Elizabeth (Claudia Karvan), à son travail (au département d'état) par une nuit pluvieuse. Ils vont ensemble à une soirée en l'honneur de la jeune Meena (Noor Taher) qu'apprécie son épouse mais c'est au père, Javid (Aly Kassem), que Doug est lié professionnellement : ils travaillent ensemble dans une boîte de développement de logiciels. On fête l'obtention de diplôme de la jeune femme. L'ambiance est festive mais le collègue de Doug installe une atmosphère un rien désagréable en ne cessant de qualifier ses invités non musulmans d'infidèles, malgré un large sourire dont il est difficile de savoir s'il est sincère ou non... Sympa, mec. Accueille-moi de la sorte chez toi et tu ne m'y reverras pas de sitôt, mon gars ! 
Mais la scène nous permet de savoir que Doug est catholique, du genre vraiment croyant... et un peu médiatisé, aussi. Il écrit apparemment un blog assez populaire sur le sujet.


De retour chez eux, Elizabeth reçoit un coup de fil paniqué de la mère de Meena. Il semblerait que la jeune femme soit partie de la soirée avec son petit copain et qu'elle ne donne plus signe de vie. En bonne américaine, Elizabeth essaie de la réconforter d'une réplique du genre : "Boarpf, t'inquiète ! Il faut que jeunesse se passe !" Pas sûr que ça rassure beaucoup la maman musulmane de Meena qui connaît son mari et imagine sans doute que ça ne se passera pas comme ça ; d'autant plus qu'il a déjà montré, auparavant, des signes évidents d'inimitié envers le jeune homme dont leur fille s'est entichée.

Et effectivement, Javid n'a pas l'air jouasse : il détache du mur le coin d'un tapis persan qui y est fixé, passe une porte que le tapis dissimulait, entre dans une pièce sombre, pose une bâche au sol, y dépose des outils et... la caméra tourne pour nous montrer la pauvre Meena ligotée à une chaise et bâillonnée dans un coin de la pièce. Fondu au noir. Ah ouais... quand même. Euh, film... On est à 12 minutes, là, et tu me présentes déjà un père prêt à torturer sa fille, voire pire, ou je rêve ? La vache ! Je ne m'attendais pas à ça.


Intérieur nuit. De retour chez Doug et Elizabeth. Le téléphone sonne et les réveille. On demande à Doug d'aller chez Javid ; je me demande un peu pourquoi, d'ailleurs. Une fois sur place, un inspecteur emmène Doug dans la fameuse pièce secrète de Javid. On y découvre la panoplie complète du parfait petit terroriste islamiste avec un drapeau de l'Etat Islamique, des vidéos de décapitation, des sabres et autres joyeusetés... ce qui marquera le plus Doug sera une photo de son collègue, souriant, avec un lance-rockets sur l'épaule.
La police laissera Doug rejoindre son épouse et s'en aller sans même lui demander de témoigner davantage. Scène étrange qui ne semble être là que pour faire avancer le scénario. Le policier est traité d'islamophobe par l'avocate de Javid et hop, comme pour se dédouaner de cette accusation, il emmène Doug voir la cachette susmentionnée. Ou un truc m'a échappé ou c'est quand même assez léger.

Une semaine plus tard, Doug est sur le point de partir au Caire pour parler de sa foi. Oui, le gars est un prêcheur, apparemment. Un prêcheur invité en Égypte... sur les conseils de, devinez qui... oui ! Sur les conseils de Javid. Et devinez quoi, derechef... Eh bien, ce corniaud semble bien décidé à y aller quand même parce que, évidemment, quand une occasion s'offre à vous de parler de votre foi à des gens d'une autre religion dans un pays réputé hostile à ce genre de démarche et que l'invitation est signée de la main d'un type que tout désigne comme un fou de Dieu, on n'a qu'une hâte : c'est d'aller causer du petit Jésus là-bas !
Un milliard de fois plus lucide que son illuminé de mari, Elizabeth tente bien de le dissuader d'y aller mais l'autre grand crétin l'écoute à peine et prend son air suffisant pour lui expliquer qu'il est comme ça et que rien ne le fera changer d'avis. Putain d'égoïste inconscient d'espèce de grenouille de bénitier fanatisée !
Sa femme, qui bosse donc pour le département d'État et a donc accès a des gadgets sympas (je suis sûr que ces salauds ont des stocks de PS5, pendant que nous, on rame à en trouver une !), lui donne quand même un moyen de lui faire passer des messages de façon invisible pour quiconque autre qu'elle-même.
Évidemment, il se fout ouvertement de sa tronche comme l'abruti qu'il est mais accepte d'emmener ça avec lui.
Elizabeth lui dit être persuadée que, s'ils avaient une famille, il ne partirait pas sans cesse ainsi.
Dans la scène suivante, après le départ de ce mec qu'elle doit avoir choisi pour sa belle gueule et pas pour ce qui flotte dedans, elle nous fait cadeau d'une scène "plus cliché, tu meurs" de flashback sous la douche où l'on apprend que Doug et elle ont fait un accident au cours duquel elle a perdu le bébé quelle portait.
Personnellement, le seul fait que mon dieu puisse laisser se produire une telle injustice m'aurait amené à le renier de long en large, du nord au sud, de l'est à l'ouest et du devant jusqu'au plus profond de son divin derrière, histoire de voir si ses voies sont si impénétrables qu'on le dit. Et c'est bien ce que fit Elizabeth qui déclara alors : "Je vais être claire : j'en ai fini avec Dieu..." 
Mais Doug, non... non, le Doug, il doit sans doute se dire que c'est une mise à l'épreuve de sa foi. Alors, on zoome sur ses yeux tout mouillés de larmes quand il apprend qu'il vivra désormais avec une femme qui refusera de mettre les pieds à l'église. Ben oui, c'est un drame, ça, hein... 
Mais restons sérieux deux minutes : évidemment que ça doit faire chanceler ta foi, Dougie ! Évidemment ! Mais non, toi, tu trouves le réconfort dans l'adoration du grand ordonnateur de l'Univers qui a autorisé que ton enfant meure sans même avoir vu le jour !
Râââh ! Ce type de "raisonnement" (et c'est le pire emploi du mot "raisonnement" depuis qu'il existe) m'énerve au plus haut point ! Je ne pige pas les croyants, il n'y a rien à faire. 


Au Caire, Doug doit donner une conférence à l'université al-Azhar. Rien que ça ! 

Pour ceux qui l'ignoreraient, les fonctions d'al-Azhar sont décrites dans la loi égyptienne dont l'article 2 définit le lieu comme « un organisme savant islamique qui cherche à préserver, à étudier, à divulguer et à diffuser le patrimoine islamique, à diffuser le message islamique qui a été confié à tous les peuples et à le promouvoir, à montrer l'islam et son influence sur le progrès de l'humanité, le développement de la civilisation, le maintien de la paix, la tranquillité et la paix d'esprit de tous les peuples, ici et maintenant. »... J'aime bien l'idée. Pas vous ? Sauf que... allez, mettons les pieds dans le plat.
- En octobre 2007, Muhammad Sayyid Tantawy, alors grand imam d'Al Azhar, a pris position contre la liberté d'expression et pour le durcissement des sanctions envers les journalistes. 
- En 2016, Ahmed el-Tayeb a réédité la fatwa sur les musulmans chiites, qualifiant le chiisme de cinquième école de l'islam. Cependant, les clercs éduqués à l'université al-Azhar défendent publiquement les croyances sectaires en appelant les chiites « infidèles » et encouragent l'isolement et la marginalisation des musulmans chiites en Égypte.
- En 2016, le grand imam d'Al-Azhar, Ahmed el-Tayeb, a déclaré que l'abandon de l'islam (l'apostasie, donc) était puni de mort. À son avis, les crimes, les voies de fait et la trahison sont des formes d'apostasie et doivent être punis. Les apostats doivent rejoindre l'islam ou être tués.
- L'université est opposée aux réformes libérales de l'islam et a par exemple émis une fatwa contre la mosquée Ibn-Rushd-Goethe de Berlin qui interdit de se couvrir le visage (avec des voiles tels que la burqa et le niqab) dans ses locaux, qui permet aux femmes et aux hommes de prier ensemble et qui accepte les fidèles homosexuels. La fatwa vise toutes les mosquées libérales présentes et futures.  
La paix d'esprit de tous les peuples, vous dites ?

Toujours est-il que Doug est là-bas et est interviewé pour un show télévisuel local. Il jette des ponts entre Islam et Catholicisme et tout se passe bien jusqu'à ce que le présentateur lui parle de l'amour des musulmans pour Jésus (qui, rappelons-le à toutes fins utiles, est effectivement reconnu comme un prophète très respecté en Islam). Et là, cette sombre andouille de Doug décide de dire ce qu'il a sur le cœur sans y mettre les formes et balance que Jésus n'est pas un prophète mais qu'il est Dieu et qu'il aimerait être le Dieu de tous, y compris les musulmans... Le gars y va de son petit prêche catholique peinard, sur une chaîne de télévision musulmane diffusée dans 45 pays de par le monde !
Sérieux, tu n'as pas envie de bouffer quelques hosties trempées dans du cyanure pour en finir de suite, Doug ? Ce sera moins douloureux et plus rapide que ce qui risque de t'arriver par la suite.
L'animateur, d'un professionnalisme et d'une bienveillance œcuménique qui inspire le respect (remercions le film pour ça : au moins n'est-il pas totalement manichéen... mais bon, il ne porte pas un message brûlant d'amour envers les musulmans quand même, soyons clairs) tente bien de reformuler ses dires mais non, le Doug persiste, comme une chèvre qui continue inlassablement à tirer sur la corde qui la retient au lieu de songer à la ronger !


Ayant vu ça à l'écran, dans son bureau, Elizabeth est atterrée (j'ai rarement ressenti autant d'empathie pour un personnage : évidemment qu'on se dit tous : "Mais qu'est-ce qu'il a fait, ce con ?"). Dès qu'elle l'a au téléphone, elle lui fait part de ses inquiétudes mais il persiste avec son "J'ai dit ce que j'avais sur le cœur."  Et là, j'ai giflé mon téléviseur.

De retour du magasin de multimédia, après un branchement rapide, je constate qu'Elizabeth informe Doug que Javid et sa femme se sont enfuis d'Amérique (alors que leur fille reste introuvable et que Javid est tellement soupçonné de terrorisme que les autorités doivent chercher partout s'il n'a pas récemment appris à piloter des avions de ligne). Les frontières des USA sont d'une porosité à faire rougir de honte la plus rouge des terres d'argile !

Alors qu'il est encore au téléphone, Doug va entendre des gens à la porte de sa chambre d'hôtel. Ils vont entrer, lui mettre une rouste des familles, l'assommer, le rouler dans un des tapis de l'hôtel en mode wrap géant, l'amener au parking et le balancer dans une camionnette. Deux personnes n'ayant rien à voir là-dedans vont s'inquiéter de ce qui se passe mais elle se feront froidement refroidir (c'est logique, notez bien) par les kidnappeurs. On bute les coreligionnaires mais on garde en vie l'infidèle... bon... soit. Je vous ai dit que je ne comprenais pas la logique des croyants ? 


À partir de là commencent les ennuis de Doug lors d'une captivité où il devra continuer sous la contrainte d'écrire son blog... et de tenter de communiquer avec l'extérieur grâce à la combine que son épouse lui avait recommandée.

La relation entre Doug et ses geôliers est étrange : leur leader est à la fois très menaçant et plutôt sympathique par son air débonnaire... En tout cas, ils n'ont pas apprécié que leur meilleur agent (Javid) se soit fait repérer. Or, la femme de Doug bossant pour la CIA et Doug ayant été mené jusqu'à la planque de Javid par l'inspecteur en charge de l'enquête, ils imaginent que notre petit couple est à l'origine de l'intervention policière chez Javid ; confusion on ne peut plus logique, en effet...
Mais c'est lorsque Doug va tenter de s'échapper (avec les moyens physiques et la capacité de réflexion en situation de danger d'un blogueur, ce qui est cohérent) en vain que sa situation déjà pas idyllique va grandement se compliquer. 
C'est aussi à partir de là que sa femme va s'impliquer personnellement dans une quête visant à le retrouver.

 
Et c'est ici que s'achève mon résumé qui vous racontait tout de façon éhontée... En gros, le gars va bien-bien-bien piger à quel point ramener sa religion dans le monde musulman n'est une bonne idée que si ladite religion commence par "i" et termine en slam. Et sa femme, elle, va remuer Ciel et Terre (mais surtout la Terre, quand même !) pour lui venir en aide.

Mais du coup, que vaut ce film ? Allons-y gentiment et prenons du recul.

Tout d'abord, parlons de ce brave James Patrick Caviezel (que certains d'entre vous ne connaissent peut-être qu'à travers le personnage de John Reese dans Person of Interest). Le bonhomme est né dans une famille catholique conservatrice et ça se voit vachement dans sa filmographie. Pour rappel, c'est quand même le Jésus de La Passion du Christ de Mel Gibson.
Du coup, sa présence dans le rôle d'un prêcheur qui a du mal à tenir sa langue n'est pas une réelle surprise. Son jeu d'acteur, ici, pour crédible qu'il soit, me semble quand même plusieurs crans en-dessous de sa partenaire Claudia Karvan que je ne connaissais pas mais qui est ici crédible jusque dans les scènes les moins évidentes à défendre. Je vous ai causé du flashback dans la douche... c'est tellement nul, comme idée, que réussir à s'en sortir sans être ridicule est une prouesse. Et non seulement elle s'en sort bien mais en plus, elle y est émouvante.

Pour ce qui est du film, on peut lui trouver des qualités comme des défauts. Mais sans doute moins de défauts que ce que l'on peut lire ici et là... Notre époque politiquement correcte est très sensible aux sujets polémiques et je comprends aisément que le thème abordé par ce film puisse déplaire.
Mais en ce qui me concerne, je suis d'une totale neutralité en matière de religions : aucune ne m'agrée. 
Du coup, je ne vois là qu'un objet cinématographique et, sincèrement, il est loin d'être indigne.

Certes, certains personnages sont caricaturaux, mais pour avoir rencontré des croyants vraiment zélés, je n'hésiterais pas à dire qu'il leur arrive fréquemment d'être eux-mêmes caricaturaux (et c'est même le terme le moins agressif qui me vienne au sujet de certains). Alors, ces personnages sont peut-être simplement tragiquement réalistes.

La photographie est plutôt réussie : les couleurs suggèrent bien à la fois le climat et l'ambiance. Rien à reprocher de ce côté-là.
Le soucis technique viendra davantage du montage, peut-être : certaines scènes semblent parfois sortir de nulle part juste parce que "Ah ouais, on devait raconter ça, aussi... je la mets où, cette séquence ? Oh, ben là, tiens, allez, soyons fous !" ; comme notamment la séance de Doug aux toilettes lors de sa détention qui arrive très (trop) tôt dans la narration.

Certaines scènes, aussi, souffrent de soucis de cohérence, comme cette photo de Doug prise par un geôlier avec un téléphone portable en mode paysage mais que la réceptrice reçoit en format portrait... Alors oui, ça reste plausible, je sais : la fonction "crop" existe aussi sur mon téléphone mais ça reste un peu maladroit, dans un film, ça ressemble à un faux raccord.

Pour en revenir à Claudia Karvan, il y a une scène d'une grande maîtrise où son jeu est juste parfait et qui restera dans ma mémoire : cette femme américaine dont l'homme a été emprisonné arbitrairement après son kidnapping au Caire se retrouve dans les rues d'une ville arabe, seule et plutôt démunie...
Et là, toute l'équipe de tournage semble s'être donné le mot pour faire de son mieux : tout, absolument chaque élément du décor, chaque jeu de comédien est d'une neutralité absolue ; elle traverse juste des rues dont les habitants s'affairent et mènent leur vie comme n'importe quel humain le ferait n'importe où de par le Monde... mais malgré cela, pendant quelques dizaines de secondes, on ressent avec le personnage d'Elizabeth comme une sorte d'oppression quasi tangible. Impossible, il me semble, de ne pas être là en parfaite empathie avec elle. C'est là une scène de vrai cinéma dans ce qu'il a de plus noble : une émotion passe sans être placardée, sans être vraiment incarnée, juste parce qu'elle est finement jouée par une actrice au top et très bien filmée par une équipe au mieux de son talent.
Malheureusement, cette scène est suivie par une des plus nulles du film où la pauvre femme subit une tentative d'agression sexuelle par un gars qui la manipule en lui faisant croire qu'il a des nouvelles de son mari. Était-ce vraiment nécessaire ?
À ce propos, j'ai lu des avis s'insurgeant contre l'improbabilité de l'irruption de ceux qui viendront la sauver de cette agression. Certains y voient même un deus ex machina. À croire que les gens sont devenus débiles... Les gars, quand on critique un film, il faut le regarder jusqu'au bout ! De toute évidence, ces sauveurs la suivaient depuis le début, vu qui ils sont... Je ne pense pas que le Mossad laisse souvent les choses au hasard.
Parce que, oui, comme dit plus tôt, le film mérite certaines critiques mais certains sont d'une mauvaise foi (le comble !) crasse en ce qui le concerne.
Par exemple, certains y voient "un pamphlet pro-cathos / anti-musulmans".  No shit, Sherlock ! C'est un film américain se terminant par un panneau annonçant : "Ce film est dédié aux Américains détenus dans les prisons iraniennes." Tu as trouvé ça tout seul ? 
Mais en fait, c'est bien plus compliqué que ça : les cathos ne s'en sortent pas mieux que les musulmans ; ils sont présentés comme des fanatiques inaptes à rester raisonnables, quitte à se retrouver dans les pires des situations.
Et pour les musulmans, on en montre en effet se comportant en salauds intégristes mais il en est d'autres (comme l'animateur de l'émission télé et son public) qui, de toute évidence, sont davantage désireux d'une union sacrée que d'un bain de sang.
On dit ce film manichéen mais c'est juste un jugement hâtif sans doute inspiré par l'atmosphère actuelle qui rend toute critique de l'Islam impossible sous peine d'être traité d'islamophobe. Ajoutez à ça le sentiment anti-USA qui plane sur nos contrées depuis quelque temps et vous comprendrez mieux le ton souvent très critique envers ce film. 
À dire vrai, je le trouve pour ma part assez nuancé : nous y trouvons certes des musulmans aveuglés par leur foi mais Doug l'est tout autant, tout chrétien qu'il soit. Nous trouvons aussi des catholiques et des musulmans du Moyen-Orient très bien intentionnés. Le procès qu'on fait parfois au film est plus caricatural que le film lui-même. Voilà en quoi cette chronique me semblait utile et me tenait à cœur.

Les crispations actuelles autour des sujets religieux créent à la chaîne de petits parangons de vertus qui n'ont d'autre préoccupation que d'ajouter des points de morale à leur passeport du politiquement correct. Ils en oublient trop souvent l'objectivité et l'honnêteté intellectuelle au profit de l'image que donnera d'eux une critique sans faille de la moindre œuvre vaguement polémique.
Mais Infidel ne mérite pas les critiques hypertrophiées que je vois fleurir parfois sur la toile. C'est un film cinématographiquement honnête, scénaristiquement assez passionnant, socialement intéressant et assez respectueux, au final, de chacune des cultures mises en scène.
Je ne lui reprocherais sans doute que deux choses, en ce qui me concerne : 
- sa scène d'évasion finale qui a certes l'honnêteté de montrer qu'elle ne se fait ni sans heurts ni sans victimes mais qui semble néanmoins parfois un rien miraculeuse dans son organisation ;
- son argument de vente "inspiré d'une histoire vraie"... parce que, bon... ça nécessiterait une taille de caractère 92 fois plus grandes pour "inspiré" que pour "d'une histoire vraie", quand même ! C'est le même genre de "inspiré d'une histoire vraie" que The Conjuring, quoi, en somme !

Mais j'ai passé un bon moment avec ce film. Il est parfois maladroit, parfois pertinent. Ce n'est pas un chef-d'œuvre mais il vaut bien plus que ce qu'en disent nombre de ses détracteurs.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Thème intéressant, même si sujet à polémiques.
  • Réalisation honnête.
  • Acteurs impliqués et parfois vraiment bons (coucou, Claudia Karvan!).
  • Plutôt une bonne surprise, au final.
  • Quelques maladresses de-ci de-là.
  • Un montage parfois peu inspiré.