28 ans plus tard
Publié le
17.8.25
Par
Nolt
Bilan de 28 ans plus tard, une suite que beaucoup attendaient avec impatience.
Le virus de la fureur, qui pourtant avait touché l'Europe, est maîtrisé sur le continent, redevenu paisible. Ce n'est pas le cas de la Grande-Bretagne, toujours isolée et peuplée d'infectés et de quelques survivants. Sur l'île de Lindisfarne, accessible à pied à marée basse, une petite communauté semble s'en sortir relativement bien. Certains de ses membres se rendent parfois sur les terres "colonisées" par les infectés afin de remplir diverses missions. C'est bientôt le tour de Spike, âgé d'à peine 12 ans et accompagné de son père Jamie. Le jeune garçon découvre pour la première fois les vestiges du monde d'avant mais aussi de vastes étendues sauvages, où la nature a repris ses droits. C'est aussi sa première rencontre avec les infectés, qu'il doit abattre. Mais Spike ressort troublé de cette quête initiatique. Il pense notamment que le salut de sa mère, atteinte d'une étrange maladie, pourrait passer par cet endroit dangereux où, dit-on, réside encore un médecin, isolé et à moitié fou. Pour sauver sa mère, l'enfant est prêt à tout...
Voilà donc enfin la suite de 28 jours plus tard et 28 semaines plus tard, deux excellents "post-ap" sortis respectivement en 2003 et 2007. La réalisation est signée Danny Boyle, sur un scénario écrit par Alex Garland. On retrouve le fameux tandem qui a eu près de deux décennies pour cogiter sur cette suite, déjà pensée comme une trilogie.
Et au début, on se dit que c'est rudement bien fichu ! Une belle photographie, des effets originaux renforçant une ambiance bien glauque, une réalisation percutante, tout cela semble promettre un film tendu et viscéral. Les extraits (sinistres !) d'images d'archives ou de vieux films, couplés à une vieille chanson (encore plus sinistre) tirée d'un poème de Rudyard Kipling ("Boots"), instaurent une impression de malaise et d'étrangeté particulièrement intense. Ça, c'est la partie inspirée et vraiment excellente, et elle ne dure malheureusement que très peu de temps.
On bascule très vite dans des péripéties très classiques et très largement déjà vues. Que ce soit les différentes espèces d'infectés (dont les Alpha, plus balèzes et plus futés), les courses-poursuites, les lieux à l'abandon ou les habituels "jump scares", on ne peut pas vraiment dire que l'on tombe de son fauteuil de surprise. Ça reste efficace, mais après une attente de 18 ans, on ne peut s'empêcher de penser que l'écriture n'est pas à la hauteur du niveau des deux premiers opus.
Le but final, qui se veut émouvant, tombe un peu à plat. Le doc illuminé ne l'est pas tant et la disparition de l'un des personnages n'a clairement pas l'impact souhaité. Pire, l'on est tenté de penser "tout ça pour ça ?" au lieu de verser la larmichette attendue.
Quant aux cinq dernières minutes, elles font basculer le spectateur dans l'incrédulité et le film dans le grotesque. L'apparition de blondinets-ninjas en survêtements donne la désagréable impression de se retrouver subitement au milieu d'une japoniaiserie des années 80. Non seulement, cela n'augure rien de bon pour les suites prévues, mais cette chute qualitative (un début excellent, un développement convenu, une conclusion manquant d'émotion et de panache et enfin ce grand final ridicule) rend le film extrêmement décevant.
Et cette déception est due bien plus en réalité à Garland qu'à Boyle. Car si le réalisateur livre un travail tout à fait louable (à l'instar des acteurs, le jeune Alfie Williams en tête (pour une fois qu'un gamin n'a pas une tête à claque dans un film !)), l'écriture, elle, est complètement à la ramasse. Les différences entre les divers types d'infectés ne sont pas du tout exploitées ; les personnages secondaires sont très peu nombreux ; le village et son fonctionnement passent totalement à la trappe ; on ne comprend pas du tout pourquoi l'épidémie n'a pu être éradiquée sur une île alors qu'elle l'est sur le continent ; et, sans parler pour autant de "message", le fond du récit est inexistant. Ça fait beaucoup pour un film sur lequel certains s'extasient alors qu'il démontre surtout son vide et son manque d'ambition artistique, vide rendu encore plus évident par le contraste avec la réalisation, tout à fait correcte.
Un coup d'épée dans l'eau qui ne donne pas du tout envie de découvrir la suite et ses albinos virevoltants.
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