Northlanders
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Cap au Nord avec Sven, The Returned, le premier TPB de la série Northlanders.

Sven est de retour. Après une longue absence où il a vécu dans la plus grande des cités connues, Constantinople, il revient enfin aux Orcades (Orkney Islands en VO), les îles froides de ses ancêtres. Il y découvre malheureusement qu'il a été dépossédé de son héritage par son oncle, Gorm, qui règne en despote cruel et superstitieux. Seul, sur une terre qui n'est plus la sienne, Sven survit en tuant de temps à autre quelques soldats du tonton dont il plante la tête sur des pieux... rusant, il retourne les anciennes croyances de ses ennemis contre eux dans l'attente de lever des troupes.
Il rencontre bientôt une mystérieuse fille, perdue elle aussi, qui s'avère être particulièrement habile un arc entre les mains. Sven va l'attirer avec lui dans une spirale de sang qui semble ne jamais vouloir s'arrêter. Pourtant, une menace pire encore que les querelles intestines se profile à l'horizon : l'envahisseur saxon a débarqué !
Les ennemis d'hier pourront-ils faire fi du passé pour défendre leur monde ?

Voici un titre Vertigo (cf. l'encyclopédie consacrée à ce label) basé cette fois sur les vikings et prenant place, en gros, vers la fin du premier millénaire. Petite particularité voulue par le scénariste, Brian Wood, la série n'a pas de personnages récurrents et est constituée d'arcs partageant la même toile de fond mais étant indépendants les uns des autres. Le premier volume, de huit épisodes, contient donc une histoire complète.
Et cette histoire commence d'une manière un peu convenue, avec le retour du fiston dépossédé de ses biens et de son titre par l'abominable gros dur du coin. Pourtant, Wood va réussir sur la longueur à s'écarter des sentiers battus. Le héros est surtout essentiellement intéressé par les richesses qu'il pourrait obtenir, il n'arrive pas à lever d'armée, il se comporte comme une ordure avec son amie d'enfance, horriblement maltraitée et qui voit en lui un sauveur, bref, le personnage va gagner en épaisseur ce qu'il perd en sympathie. Même sa vengeance aura un goût amer et se terminera de manière inattendue.




Au final, alors que l'on pensait s'embarquer dans un drakkar déjà visité de fond en comble, l'auteur nous décrit avec une certaine subtilité l'étrange destin de ces hommes rugueux mais non dénués d'une tragique grandeur. Certaines oppositions sont particulièrement bien amenées, comme la modernité de Sven (qui ne croit pas au Walhalla et à la vie après la mort) et la tradition nordique. Cette modernité n'est d'ailleurs très intelligemment pas présentée comme nécessairement supérieure et amène également son lot de violence, avec même plus de noirceur encore puisque sans aucun espoir de bonheur dans l'au-delà.

Sur la quatrième de couverture, l'on peut lire que ce comic est plus sanglant que 300. Pas sûr que ce soit un bon argument, m'enfin, ça charcute, c'est vrai. Cependant, le style du dessinateur, Davide Gianfelice, fait passer le tout sans trop s'appesantir sur les détails sordides. On peut par contre lui reprocher certaines facilités dans les plans larges et un manque d'esthétisme lors des batailles, ce qui amoindrit très largement le côté épique. Même les décors font parfois un peu artificiels et manquent de ce côté brut et majestueux que l'on serait en droit d'attendre ici.
Malgré le volet graphique pas forcément complètement abouti, cette saga reste agréable à lire. Si vous n'optez pas pour un test avec le TPB en version originale (vraiment bon marché), trois tomes sont disponibles en VF chez Urban Comics (310 à 480 pages, 31 euros le tome).

Les gens du Nord ont dans le cœur le soleil qu'ils n'ont pas dehors, ils ont parfois aussi dans le bide un peu d'acier rouillé. Nous lecteurs, on ne va pas s'en plaindre, ça met un peu de sel dans nos planches. Quant à eux, ça leur permet, en mourant l'arme à la main, d'aller festoyer avec Wotan. C'est quand même autre chose que le Mac Do avec votre copine.





+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Brutal sans être gore.
  • Des personnages complexes et s'écartant parfois des stéréotypes du genre.
  • Un style graphique qui échoue à retranscrire le côté impressionnant des combats ou des lieux.