Avant-Première : Dahaka
Publié le
10.11.15
Par
Nolt
Une lointaine contrée autrefois paisible, un peuple opprimé et un jeune homme consumé par le désir de vengeance sont au menu de Dahaka.
L'innovation et la prise de risque sont, dans le milieu de l'édition, de plus en plus assurées par de petites maisons qui parviennent à dénicher de nouveaux talents. C'est le cas ici avec une véritable pépite qui sortira le 21 novembre chez Nats Éditions.
Voyons un peu ce que nous réserve le premier tome de Dahaka, intitulé Ormazd l'oublié.
Al-Watan était autrefois prospère et un véritable phare culturel sur le continent d'Aksoum. Deux castes formaient son peuple : les Varunas, versés dans la médecine et la philosophie, et adorant Ormazd, le dieu de la lumière, et les Mitras, spécialisés dans l'ingénierie et la métallurgie.
Un jour, l'unité de façade se lézarde et les Mitras, avantagés par leur puissance matérielle et financière, perpétuent un coup d'état, écartant ainsi les Varunas du pouvoir.
Trente ans après, sous un régime de terreur, les Varunas sont devenus des esclaves sans droits.
Mais les choses vont peut-être changer avec l'arrivée à Al-Watan d'Elijah, un jeune garçon dont les parents ont été tués pendant la grande purge. Bénéficiant de l'entraînement d'un vieux sage, il ne rêve que de venger les siens et aider au soulèvement de son peuple...
Ce récit, prévu en quatre tomes, est écrit par Abdel Kader Lhakkouri et dessiné par Yvan Postel.
Le style graphique est très original, avec des visages aux expressions exagérées et des décors à la fois simples et envoûtants, qui donnent à l'ensemble une ambiance de conte, presque onirique (effet encore renforcé par des cases aux contours "ondulés", ou du moins tracés à la main).
Détail agréable : les personnages sont tous aisément reconnaissables grâce à des particularités physiques marquées.
L'histoire, si elle reste classique pour le moment, est parfaitement mise en scène et devient vite palpitante. L'auteur plante rapidement le décor, à l'aide de flashbacks par exemple, et développe une intrigue aux références multiples. Si la rage du héros, qui pourrait le conduire vers une divinité obscure, fait penser à une Force bien connue, sa rencontre avec un vieux sage qui lui enseigne l'art du combat peut là aussi évoquer diverses œuvres de la pop culture. Tout comme la décision du héros d'agir masqué et de se confectionner une tenue appropriée.
Sorte de Zorro à la sauce orientale, ou de Batman heroic fantasy, Dahaka démontre parfaitement que des ingrédients connus peuvent donner des recettes nouvelles lorsqu'ils sont bien employés. Au-delà du fil conducteur (une vengeance sur fond de lutte contre l'oppression), le scénariste aborde aussi, avec délicatesse et sans trop en faire, des thèmes intéressants, comme la question de la foi. Et comment ne pas voir, dans le comportement des Mitras, qui n'hésitent pas à détruire les symboles de la culture qu'ils jugent menaçante, une métaphore ayant une cruelle résonance avec le comportement de certains fanatiques bien réels et actuels ?
Bref, Dahaka fait partie de ces livres qui divertissent sans pour autant être niais. L'auteur a notamment l'élégance de ne pas forcer ses lecteurs à enfoncer des portes et, très habilement, se contente d'en entrebâiller certaines. Libre à chacun de s'y engouffrer. Si l'on devait émettre une légère réserve, elle serait peut-être destinée au personnage d'Elijah, prometteur mais encore un peu "froid" malgré pourtant son parcours difficile. Rien cependant de rédhibitoire tant la forme est soignée, notamment au niveau de la narration, d'une fluidité exemplaire.
Un vrai bon moment de lecture.
Vivement recommandé.
Sortie le 21 novembre.
Nats Editions/72 pages/15 euros
L'innovation et la prise de risque sont, dans le milieu de l'édition, de plus en plus assurées par de petites maisons qui parviennent à dénicher de nouveaux talents. C'est le cas ici avec une véritable pépite qui sortira le 21 novembre chez Nats Éditions.
Voyons un peu ce que nous réserve le premier tome de Dahaka, intitulé Ormazd l'oublié.
Al-Watan était autrefois prospère et un véritable phare culturel sur le continent d'Aksoum. Deux castes formaient son peuple : les Varunas, versés dans la médecine et la philosophie, et adorant Ormazd, le dieu de la lumière, et les Mitras, spécialisés dans l'ingénierie et la métallurgie.
Un jour, l'unité de façade se lézarde et les Mitras, avantagés par leur puissance matérielle et financière, perpétuent un coup d'état, écartant ainsi les Varunas du pouvoir.
Trente ans après, sous un régime de terreur, les Varunas sont devenus des esclaves sans droits.
Mais les choses vont peut-être changer avec l'arrivée à Al-Watan d'Elijah, un jeune garçon dont les parents ont été tués pendant la grande purge. Bénéficiant de l'entraînement d'un vieux sage, il ne rêve que de venger les siens et aider au soulèvement de son peuple...
Ce récit, prévu en quatre tomes, est écrit par Abdel Kader Lhakkouri et dessiné par Yvan Postel.
Le style graphique est très original, avec des visages aux expressions exagérées et des décors à la fois simples et envoûtants, qui donnent à l'ensemble une ambiance de conte, presque onirique (effet encore renforcé par des cases aux contours "ondulés", ou du moins tracés à la main).
Détail agréable : les personnages sont tous aisément reconnaissables grâce à des particularités physiques marquées.
L'histoire, si elle reste classique pour le moment, est parfaitement mise en scène et devient vite palpitante. L'auteur plante rapidement le décor, à l'aide de flashbacks par exemple, et développe une intrigue aux références multiples. Si la rage du héros, qui pourrait le conduire vers une divinité obscure, fait penser à une Force bien connue, sa rencontre avec un vieux sage qui lui enseigne l'art du combat peut là aussi évoquer diverses œuvres de la pop culture. Tout comme la décision du héros d'agir masqué et de se confectionner une tenue appropriée.
Sorte de Zorro à la sauce orientale, ou de Batman heroic fantasy, Dahaka démontre parfaitement que des ingrédients connus peuvent donner des recettes nouvelles lorsqu'ils sont bien employés. Au-delà du fil conducteur (une vengeance sur fond de lutte contre l'oppression), le scénariste aborde aussi, avec délicatesse et sans trop en faire, des thèmes intéressants, comme la question de la foi. Et comment ne pas voir, dans le comportement des Mitras, qui n'hésitent pas à détruire les symboles de la culture qu'ils jugent menaçante, une métaphore ayant une cruelle résonance avec le comportement de certains fanatiques bien réels et actuels ?
Bref, Dahaka fait partie de ces livres qui divertissent sans pour autant être niais. L'auteur a notamment l'élégance de ne pas forcer ses lecteurs à enfoncer des portes et, très habilement, se contente d'en entrebâiller certaines. Libre à chacun de s'y engouffrer. Si l'on devait émettre une légère réserve, elle serait peut-être destinée au personnage d'Elijah, prometteur mais encore un peu "froid" malgré pourtant son parcours difficile. Rien cependant de rédhibitoire tant la forme est soignée, notamment au niveau de la narration, d'une fluidité exemplaire.
Un vrai bon moment de lecture.
Vivement recommandé.
Sortie le 21 novembre.
Nats Editions/72 pages/15 euros
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