Wolverine : Ennemi d'état
Publié le
31.5.20
Par
Vance
Fin 2004, Marvel balançait une bombe, usant d'une de ses armes de prédilection : Wolverine, personnage charismatique dont le potentiel, pas encore complètement exploité (on verra par la suite des scénaristes aller encore plus loin dans l'exploration des limites du mutant canadien), permet aux auteurs les plus ambitieux de développer des récits à la limite de la censure maios reposant également sur les inévitables quêtes d'humanité, de rédemption et de vengeance.
On associa Mark Millar, alors en plein boum avec l'éditeur des X-Men et des Avengers, avec ce vieux routier (et déjà partenaire sur Kick-Ass ! - cf. ce dossier) qu'était John Romita Jr à partir d'un pitch aussi évident qu'alléchant : Wolverine contre... eh bien, tous les super-héros !
Le genre de promesses que l’Écossais sait parfois tenir, habitué des propositions surprenantes, audacieuses, fascinantes, mais qui ne parviennent pas toujours à trouver une conclusion satisfaisante. Il n'empêche que ses Ultimates faisaient alors l'unanimité, et son travail sur Ultimate X-Men avait marqué les esprits (cf. cet article).
On savait donc le créateur de Wanted ou Superman : Red Son capable de démarrer tambour battant, et le moins que l'on puisse dire, c'est que Millar ne fait pas dans la dentelle puisqu'il parvient à se réapproprier le matériau de base avec une audace jouissive. Avec autant de respect que d'efficacité, limitant le temps d’exposition, il nous fait entrer dans cette intrigue sur des chapeaux de roues avec une idée de base rien moins que stimulante : faire du "gentil" Logan l'ennemi public numéro 1, recherché par toutes les agences gouvernementales et menaçant jusqu'à l'équilibre géopolitique du moment. Mais... comment a-t-il viré de bord ? Et surtout, pourquoi ? La faute à une organisation vieille comme le monde qui a vu beaucoup trop souvent ses projets funestes contrariés par les actions de notre héros au squelette d'adamantium : la Main, dont les membres semblent innombrables et qui se trouve capable de recruter des morts. La Main a déjà fait le coup avec Elektra, mais, sous l'impulsion de Gorgone, ses ambitions sont décuplées : créer une armée de méta-humains en les tuant et en les retournant contre leurs anciens alliés. Et voilà que le plus célèbre des mutants griffus tombe entre les mains de... la Main (oui, elle était facile !).
Il se trouve bien secondé par un John Romita Jr qui n’aime rien tant que les combats brutaux et les destructions massives, au détriment sans doute - c'est assez évident ici - de la science du combat et de l’agilité des protagonistes ; Logan y apparaît ainsi un peu trop pataud, massif, manquant de cette félinité que d'autres artistes ont su bien mieux rendre. Quant à Elektra, on se rend compte qu'elle y perd tant en féminité qu'en souplesse, deux de ses caractéristiques principales pourtant. Les affrontements s'enchaînent sans temps morts, la tension monte en même temps que les doutes des anciens alliés tandis que les stratégies mises au point pour stopper Logan s'effondrent les unes après les autres.Comme lorsqu'il incarnait l'un des Cavaliers d'Apocalypse, Wolverine s'avère la parfaite incarnation de l'inéluctabilité : implacable, incoercible.
La seconde partie (Agent of S.H.I.E.L.D.),
tout aussi réjouissante par son prétexte (s'il y a une chose que Logan ne supporte pas, c'est qu'on l'utilise contre son gré, et il y a bien peu de choses au monde capables de l'empêcher d'exercer des représailles), table sur quelques ficelles un poil
plus grossières, une conversion à l’envers beaucoup trop rapide et une croissance
exponentielle du nombre de victimes. L’ensemble fera date dans la série sur Wolverine, relançant Logan dans ce qu’on le préfère voir faire : se
venger.
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