Écho #26 : l'Empereur du dernier jour
Publié le
22.11.23
Par
Vance
De 1994 à 1997, le duo Cothias & Boube a publié chez Glénat, dans la collection "Vécu", une fresque historique où l’on suivait l’avènement de Richard Plantagenêt dès 1189, avant son accession au trône d’Angleterre et son départ pour les Croisades. On le voit croiser la route d’un jeune paysan, Bertrand, dans un village bourguignon et choisir mystérieusement de s’attacher ses services, sur la foi d’une étrange prophétie.
Voilà donc une de ces sagas mêlant l'initiation d'un jeune homme à la puissance des faits historiques teintés de sang et de gloire. Le choix de l’époque, trouble et fascinante, et les particularités des personnages principaux peuvent laisser espérer autant de fougue et de passion que dans le remarquable les 7 Vies de l’Épervier, mais le scénario manque de souffle et traîne en longueur. Richard est de ces jeunes héros en devenir qui ont tendance à tergiverser et hésiter constamment à accomplir leur destin, et les lecteurs qui seraient moyennement attirés par l’Histoire n’y trouveront pas leur compte. Les autres seront sans doute intéressés par de nombreuses anecdotes sur les coutumes de la Cour, les relations entre Philippe Auguste et Richard (pas encore le "Cœur de Lion" qui entrera dans la légende) ainsi que par l’influence patente et équivoque d’Aliénor (la femme qui est montée sur les trônes des deux nations les plus puissantes d’Europe), les véritables raisons qui ont présidé au départ pour Jérusalem et la description sans fioriture du monde chrétien, de ses excès et de ses turpitudes, où la noblesse était davantage une idée qu’un principe admis et appliqué.
Le second tome entre un peu plus dans le vif du sujet, et l’on s’étonne moins de voir Richard complètement attaché au jeune Bertrand à qui il révèle la teneur de la prophétie, ce qui pousse le paysan, candide mais loin d’être stupide, à rechercher ses origines, qui s’avèrent être une énigme.
Les dessins, malheureusement, ne suivent pas vraiment : si l’on n’hésite pas à montrer des corps meurtris ou dénudés, les visages sont loin d’être harmonieux et les actions sont peu lisibles. Faites-vous une idée si vous en avez l'occasion et goûtez ce genre de bandes dessinées ; la sélection de deux pages ci-dessous vous donnera quelques indications.