Gotham Central
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Plongée dans les bas-fonds avec une brigade bien particulière, celle de Gotham Central.

Si Batman s'occupe en général de la plupart des super-tarés de la ville, les flics de Gotham ont tout de même fort à faire.
La brigade des Crimes Majeurs, notamment, tente de résoudre crimes et enlèvements. La tension entre les services est palpable, les encapés ne sont pas très bien vus, les problèmes pleuvent sur des inspecteurs qui doivent également gérer le chaos qu'est leur vie.
Une baby-sitter retrouvée morte, un flic horriblement assassiné lors d'une descente de routine et un étrange "outing" ne sont que quelques-uns des cas que doivent résoudre les agents du Gotham City Police Department.
Car malheureusement, les Masques sont loin, très loin, d'avoir fait de Gotham un endroit tranquille...

Allons tout de suite au cœur du sujet : Gotham Central est une très bonne série qui ne s'est jamais très bien vendue. Et pour une raison en apparence très simple : c'est encore trop super-héroïque pour les amateurs de polar et carrément pas assez pour les fans de super-héros (même si Batman fait quelques apparitions éclair, en simple guest taciturne).
Là où un Powers permettait d'aborder un sujet similaire (des flics entourés de super-slips) tout en gardant un côté spectaculaire et même irrévérencieux, Gotham Central a fait le pari risqué (et perdu sur le plan commercial) de se concentrer sur les anonymes, les enquêtes laborieuses et les conséquences parfois très indirectes des agissements des surhumains.

Pour orchestrer le tout, l'on retrouve Ed Brubaker & Greg Rucka au scénario, Michael Lark s'occupant, lui, des dessins.
Le tandem Brubaker/Lark a déjà officié sur Daredevil. Rucka, lui, a fait ses preuves sur de très bons titres, comme Batwoman ou Queen & Country.
Cette série est parfaitement écrite, Lark venant ajouter une touche sombre très "polar noir". L'on suit en fait les flics de Gotham au travers d'enquêtes très différentes.


La première débute par le meurtre d'un policier, "réfrigéré" par Freeze en personne. Cette scène est particulièrement habile car elle permet de faire immédiatement comprendre au lecteur que les héros de ce récit sont des êtres humains vulnérables, qui ne sont pas faits pour affronter des super-vilains. Les personnages se débattent au milieu de la folie ambiante, entre les affaires classiques et les exactions de tueurs qui dépassent largement leurs capacités d'action.
La deuxième enquête, sur l'enlèvement et l'assassinat d'une jeune fille, permet de s'immerger un peu plus dans le commissariat et le travail de fourmis de ses membres, avec toujours un fil conducteur : l'impact qu'ont les évènements sur les membres de la brigade.

La troisième affaire est plus intimiste puisqu'elle met en cause la révélation, contre son gré, de l'homosexualité de l'inspecteur Montoya. Il faut noter que, loin de verser dans le voyeurisme, les auteurs abordent ici le sujet avec une retenue de bon aloi (pas de scènes "chaudes" entre lesbiennes) et une intelligence certaine (réactions familiales épidermiques, outing forcé, sarcasmes des collègues, tout y passe sans verser dans la caricature).
Rucka s'exprime dans une postface sur cet épisode. Il évoque notamment les réactions colériques de lecteurs suite à cette "orientation" du personnage, ce qui semble assez fou tout de même. Ainsi, certains peuvent encore s'offusquer de la sexualité (soft, puisque l'on n'en voit rien !) d'un... personnage imaginaire...
Monde de tarés.
Une manière aussi de mettre en avant l'inacceptable pression que subissent parfois les auteurs pour verser dans le niais, le politiquement correct et le fade. Il arrive même que des auteurs soient accusés de promouvoir les troubles ou crimes qui viennent enrichir leurs "méchants". De moins en moins de gens lisent parait-il, mais parfois on se dit que ceux qui restent ne sont pas les meilleurs.

Gotham Central est une bonne série, sans esbroufe, sans racolage facile, qui installe ses personnages sur le long terme et dévoile ses qualités d'épisode en épisode. Plus qu'un titre indépendant, il convient de considérer la série comme un complément venant enrichir, de belle manière, l'univers du Dark Knight.
Semic avait commencé à publier le début de cette série, l'intégralité (40 épisodes) est de nos jours disponible en 4 tomes chez Urban Comics.

Un très bon titre pour les fans de Batman mais sans Batman.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Des personnages crédibles et fouillés.
  • Des thèmes délicats intelligemment traités.
  • Une ambiance graphique au charme certain.

  • Un comic qui a le "cul entre deux chaises" et peine à cibler son public.