« Solo », vaurien…
Publié le
15.11.18
Par
Thomas
En mettant de côté les attentes (qui peuvent générer des déceptions) et la production chaotique du film (changement de réalisateur en plein milieu du tournage, scènes ajoutées ou retournées, rumeurs diverses…), que vaut Solo ? Rien…
Critique à l'occasion de la sortie en DVD et Blu-Ray de ce second spin-off de la saga créée par Georges Lucas (pour rappel, nous avions beaucoup aimé le précédent Rogue One).
Critique à l'occasion de la sortie en DVD et Blu-Ray de ce second spin-off de la saga créée par Georges Lucas (pour rappel, nous avions beaucoup aimé le précédent Rogue One).
Il y a tant à dire sur Solo : A Star Wars Story (son vrai titre)… En tant que fan de Star Wars ou non, en tant que spectateur « lambda » ou cinéphile, en tant que connaisseur de l’univers étendu de Star Wars ou novice dans ce domaine, etc. Son histoire s’attarde bien évidemment sur une partie de la « jeunesse » de Han Solo (Alden Ehrenreich) - les guillemets sont de mise car son passé le montre déjà jeune adulte et non enfant ou adolescent - avec un scénario simpliste de prime abord : le pilote se voit séparé de Qi’Ra (Emilia Clarke), sa bien-aimée, et s’enrôle dans les rangs de l’Empire, jurant de la retrouver.
Trois ans plus tard, le soldat - guère émérite - est considéré comme déserteur. Il se lie d’amitié avec Chewbacca (qui était censé le… manger !) avant de rejoindre une bande de voleurs menée par Tobias Beckett (Woody Harrelson). Leur but ? Dérober du coaxium, précieux carburant pour vaisseau, et être payé par Dryden Vos (Paul Bettany), leader de l’Aube Écarlate, une puissante organisation criminelle.
#Gênant : Han s’appelle Solo parce qu’il est… « solo »
(solitaire et sans famille)
(solitaire et sans famille)
Parmi les inepties proposées dans le film de Ron Howard, on en retiendra deux en particulier. Chewbacca est considéré comme un monstre mangeur d’hommes ! Des prisonniers de l’Empire (déserteurs y compris) lui sont envoyés dans une fosse, où il est retenu captif. On ne voit pas le célèbre wookie bouffer de l’humain à l’écran mais c’est évoqué plusieurs fois. Quand on a croisé Chewie dans la prélogie, en plus de la trilogie originale, on a du mal à l’imaginer ainsi… Par ailleurs, entendre Han « parler » le langage du Wookie est là aussi totalement ridicule.
Le mythique nom de Han ? Il trouve un éclaircissement pitoyable. Au moment d'intégrer les rangs de l’Empire, le contrebandier, qui s’est toujours fait appeler « Han », explique qu’il n’a pas de nom de famille puisqu’il n’en a pas (de famille) et qu’il est seul. Le soldat de l’Empire propose donc « Solo ». Voilà. C’est donc « grâce » à cette trouvaille ingénieuse que le célèbre vaurien est officiellement devenu « Han Solo ». Quelle tristesse…
Le mythique nom de Han ? Il trouve un éclaircissement pitoyable. Au moment d'intégrer les rangs de l’Empire, le contrebandier, qui s’est toujours fait appeler « Han », explique qu’il n’a pas de nom de famille puisqu’il n’en a pas (de famille) et qu’il est seul. Le soldat de l’Empire propose donc « Solo ». Voilà. C’est donc « grâce » à cette trouvaille ingénieuse que le célèbre vaurien est officiellement devenu « Han Solo ». Quelle tristesse…
Sur le plan technique, nous sommes dans une production Disney/Lucasfilm à gros budget, en 2018. Donc, sans surprise, les effets spéciaux sont clairement réussis, apportant une certaine crédibilité à l'œuvre de Ron Howard, lors des courses-poursuites par exemple. On retient surtout un braquage à bord d’un train de folie, la scène la plus réussie, originale et intéressante de tout le film. Malgré tout, on ne peut s’empêcher de pester contre la photographie de Solo : celle-ci n’est pas soignée et assombrit le long-métrage de façon continue. La plupart des séquences sont en effet « illisibles », la faute à une image insuffisamment lumineuse, aussi bien dans l’espace (à bord du Faucon Millenium principalement) que sur des planètes paradoxalement chaudes, désertes et aux couleurs vives. Un comble ! Pire encore : le visionnage en 3D - qui n’apporte rien en plus - ajoute une couche obscure supplémentaire à l’écran.
La réalisation de Ron Howard (Apollo 13, Da Vinci Code…) ne sort jamais des sentiers battus. Aucune surprise en termes de mise en scène… C'est peut-être pour cela qu'on l'a pris ! Rien d'original, pas une once d'élégance et malheureusement, aucun moment réellement poignant ou épique. Le spectateur n’a guère d’empathie pour les personnages - il manque une écriture appliquée ou des ressorts dramatiques convaincants - et, du coup, n’a jamais peur pour eux. Pourtant la distribution est prestigieuse.
La réalisation de Ron Howard (Apollo 13, Da Vinci Code…) ne sort jamais des sentiers battus. Aucune surprise en termes de mise en scène… C'est peut-être pour cela qu'on l'a pris ! Rien d'original, pas une once d'élégance et malheureusement, aucun moment réellement poignant ou épique. Le spectateur n’a guère d’empathie pour les personnages - il manque une écriture appliquée ou des ressorts dramatiques convaincants - et, du coup, n’a jamais peur pour eux. Pourtant la distribution est prestigieuse.
Acteurs fades et caméo étrange
Côté casting, justement, c’est le vide intersidéral car aucun acteur ne sort vraiment du lot, à l’exception de Donald Glover qui interprète un Lando Carlissian fort charismatique (autant, voire plus que Billy Dee Williams qui le jouait dans la trilogie originale). Lando est accompagné de son amusante droïde L3-37, doublée par Phoebe Waller-Bridge (et à l’origine d’une théorie romantique inédite, voir encadré ci-après). En mettant de côté ces deux rôles sympathiques, tout le reste est limite à jeter. Alden Ehrenreich campe un Solo parfois crédible (on se plaît à retrouver quelques gimmicks d’Harrison Ford), parfois risible (difficile de retrouver un Solo plausible par rapport à celui que l’on connaît).
Emilia Clarke, connue pour être l'inoubliable Daenerys Targaryen dans Game of Thrones, ne parvient pas à être magnétique. Sa ressemblance avec Jyn Erso (jouée par Felicity Jones dans Rogue One) est assez troublante mais Clarke, elle, reste globalement mono-expressive. Dommage… Quant à Woody Harrelson, il se contente d’être la caricature de la plupart de ses rôles (Hunger Games, True Detective…), c’est-à-dire le « bon gars » attachant (son retournement de veste sur la fin, prévisible, laisse à désirer). Thandie Newton n’apparaît que trop brièvement pour être réellement jugée et le grand ennemi Dryden Vos, incarné par Paul Bettany (alias Vision dans les films Avengers), ne brille pas des masses. Ça reste un méchant plutôt convenu in fine.
Emilia Clarke, connue pour être l'inoubliable Daenerys Targaryen dans Game of Thrones, ne parvient pas à être magnétique. Sa ressemblance avec Jyn Erso (jouée par Felicity Jones dans Rogue One) est assez troublante mais Clarke, elle, reste globalement mono-expressive. Dommage… Quant à Woody Harrelson, il se contente d’être la caricature de la plupart de ses rôles (Hunger Games, True Detective…), c’est-à-dire le « bon gars » attachant (son retournement de veste sur la fin, prévisible, laisse à désirer). Thandie Newton n’apparaît que trop brièvement pour être réellement jugée et le grand ennemi Dryden Vos, incarné par Paul Bettany (alias Vision dans les films Avengers), ne brille pas des masses. Ça reste un méchant plutôt convenu in fine.
La sexualité de Lando
Lando Calrissian est
pansexuel, c’est-à-dire qu’il est attiré, sexuellement ou affectivement,
par un individu de n’importe quel sexe ou genre (femme, homme, trans
ou, comme dans Solo, droïde !). C’est ce qu’ont confirmé à demi-mot
les deux co-scénaristes Lawrence et Jonathan Kasdan en mai 2018. « Je
dirais que oui, il est pansexuel, a déclaré le second. Une
certaine fluidité ressort des interprétations de la sexualité de Lando
par Billy Dee Williams et Donald Glover. J'aurais adoré intégrer un
personnage plus explicitement LGBT dans le film. Je pense qu'il est
temps pour ça et j'aime le spectre de sexualité que Donald laisse entrevoir. Et j'aime que les droïdes en fassent partie. »
Il est vrai que l’étrange relation sentimentale - et a priori physique (!) - entre Lando et L3-37 fait partie des ressorts comiques et originaux de Solo. Après tout, on a toujours vu diverses créatures et races cohabiter, voire nouer une relation dans la saga Star Wars ou dans son univers étendu, alors pourquoi pas des droïdes ? « Lando maintient l'ambiguïté. Je trouve ça amusant ! » concluait l’auteur.
Il est vrai que l’étrange relation sentimentale - et a priori physique (!) - entre Lando et L3-37 fait partie des ressorts comiques et originaux de Solo. Après tout, on a toujours vu diverses créatures et races cohabiter, voire nouer une relation dans la saga Star Wars ou dans son univers étendu, alors pourquoi pas des droïdes ? « Lando maintient l'ambiguïté. Je trouve ça amusant ! » concluait l’auteur.
En plus de tous ces éléments « négatifs », qui n'empêchent pas de voir un spectacle de divertissement plus ou moins convaincant (selon son degré d'exigence et sa relation avec Star Wars), on est dubitatifs devant le retour d’un méchant iconique. Attention : si vous n’avez pas vu le film, on vous déconseille la lecture de ce paragraphe et du suivant, passez à celui d'après. La fin de Solo révèle en effet un échange entre Qi’Ra et le « vrai » chef de l’Aube Écarlate : Dark Maul ! Surprise totale pour les spectateurs puisque rien n’avait fuité de ce caméo.
L’ancien apprenti de Dark Sidious est donc vivant, même si son corps avait été coupé en deux avant sa chute mortelle dans La Menace Fantôme. L’explication de cette « résurrection » est à découvrir principalement dans la série The Clone Wars (cf. notre article sur Dark Maul). De quoi satisfaire les fans de l’univers étendu ? Oui et non car le film se doit d’être accessible au plus large public possible. Ce segment s’avère donc assez peu compréhensible pour le spectateur « lambda ». À moins que ce ne soit pour attirer ces derniers vers les extensions canoniques de la saga… Dans les deux cas, ça reste malhabile.
Solo n’apporte rien (d’intéressant) à l’univers Star Wars
Un scénario simpliste et prévisible (de Lawrence Kasdan, responsable de l’écriture des épisodes V - le meilleur pourtant ! -, VI et VII, accompagné de son fils Jonathan Kasdan), un casting majoritairement insipide, une photographie hideuse avec son ton lugubre et monotone, pas de réel moment épique, une musique guère entraînante ou mémorable (pourtant signée John Powell et, surtout, John Williams, compositeur historique de tous les épisodes de la saga à l’exception de Rogue One), des connexions maladroites avec l’univers étendu… Il ne reste pas grand-chose pour sauver le film sur le vaurien le plus célèbre de la saga.
On retiendra principalement Lando & L3-37, les effets spéciaux et la scène du train. Quelques « réponses » à des interrogations de fans (acquisition du Faucon Millenium, rencontres avec Chewbacca et Lando…) et des références aux autres épisodes peuvent être plaisantes, selon le degré d’exigence (à nouveau) du spectateur. Le plus attentif peut déceler les différences de « ton ». Celui-ci oscille parfois entre le très sérieux et l’humour en roue libre (sans doute les rares scènes restantes des deux réalisateurs Phil Lord et Chris Miller - responsables de Tempête de boulettes géantes, La Grande Aventure Lego, 21 Jump Street et sa suite -, qui devaient initialement mettre en scène Solo avant d’être remplacés par Ron Howard). Difficile d’être enthousiaste devant le deuxième spin-off de la saga étoilée car le film n’apporte rien à l’univers. Et en tant que long-métrage isolé, il est plus que moyen.
On retiendra principalement Lando & L3-37, les effets spéciaux et la scène du train. Quelques « réponses » à des interrogations de fans (acquisition du Faucon Millenium, rencontres avec Chewbacca et Lando…) et des références aux autres épisodes peuvent être plaisantes, selon le degré d’exigence (à nouveau) du spectateur. Le plus attentif peut déceler les différences de « ton ». Celui-ci oscille parfois entre le très sérieux et l’humour en roue libre (sans doute les rares scènes restantes des deux réalisateurs Phil Lord et Chris Miller - responsables de Tempête de boulettes géantes, La Grande Aventure Lego, 21 Jump Street et sa suite -, qui devaient initialement mettre en scène Solo avant d’être remplacés par Ron Howard). Difficile d’être enthousiaste devant le deuxième spin-off de la saga étoilée car le film n’apporte rien à l’univers. Et en tant que long-métrage isolé, il est plus que moyen.
Cet article a été publié dans le magazine Ciné Saga #25 en juillet 2018.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|