Marvel Knights Spider-Man : 99 Problèmes
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Une mini-série Marvel Knights Spider-Man dont le titre est un peu exagéré. Ce comic n'a en fait qu'un seul problème, mais il est de taille.

Le label Marvel Knights nous a pourtant habitués à des titres de qualité par le passé. Citons, parmi ceux-ci, Inhumans, Angel ou encore Fantastic Four : 4
Le point commun de ces séries tenait dans un ton adulte, voire sombre, et un style graphique léché, s'écartant parfois des sentiers battus. C'est un peu ce que l'on retrouve avec 99 problems, sorti aux États-Unis en 2013/2014 puis publié en France par Panini. Malheureusement, un gros souci condamne cette publication au domaine de l'anecdotique.
Voyons cela en détail.

Le scénario est écrit par Matt Kindt (co-auteur de BRZRKR), les dessins sont de Marco Rudy.
Le point de départ du récit est plutôt alléchant : Parker répond à une annonce pour une séance photo. Se faisant, il tombe dans un piège. Le Tisseur va en effet devoir affronter un nombre hallucinant d'ennemis, tous rassemblés pour enfin précipiter sa perte.
Pourquoi pas ?
Sauf qu'en réalité, l'intrigue se résume au même schéma répétitif et ennuyeux : Spidey affronte un ennemi puis passe au suivant. Et encore, en fait d'affrontement, il s'agit surtout à chaque fois d'une rencontre rapide et brumeuse.


La performance de Rudy sauve un peu les meubles mais tombe souvent à plat. Les techniques employées et l'ambiance générale font immédiatement penser à David Mack, et notamment à son chef-d'œuvre, Echo. La mise en scène audacieuse, le travail sur certains éléments textuels ou l'utilisation de certains symboles sont autant de points communs. Pourtant, un monde sépare les deux comics. 
Mack se servait de cette forme expérimentale et ingénieuse pour appuyer son propos et notamment nous faire ressentir la gêne et le handicap de Maya, en utilisant le plein potentiel du medium BD. Rudy, lui, multiplie les expériences dans le vide, sans réel scénario pour les soutenir. 
Là où Mack bouleversait nos repères et nous forçait à rompre avec l'habitude pour rentrer en empathie avec son personnage principal, Rudy ne parvient qu'à rendre les péripéties du Tisseur brouillonnes et nauséeuses. L'on peut même s'interroger sur la pertinence de certains "gadgets", comme le texte inversé qu'il faut lire dans un miroir.

Si l'on ressortait du formidable Echo heureux et fébrile (et en ayant tout compris, car si Mack innovait, il n'en devenait pas pour autant abscons), ce n'est pas vraiment le cas ici.
Les cinq épisodes, incroyablement répétitifs, se limitent à des changements de lieux (une maison hantée, un avion, une île...) et à quelques monologues intérieurs. Entre deux apparitions de vilains (Arcade, Venom, Carnage, le Hibou, le Rhino, Electro, l'Homme-Sable, Kraven, Mysterio, Nitro...), Peter se remémore quelques souvenirs sans intérêt et cherche à savoir s'il rêve ou s'il est sous l'effet d'une drogue. 
Ce qui aurait pu convenir pour un épisode devient rapidement problématique lorsque la même recette bancale est longuement appliquée à toute la mini-série. Quant à la conclusion, elle n'est guère plus convaincante : révélation plate et morale minable viennent terminer de plomber le tout. 

Au final, difficile de ne pas être déçu. Le potentiel technique était là mais l'ambition de l'aspect graphique aurait mérité une histoire solide pour éviter de tourner à la démonstration vaine et vide de sens. 




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un dessinateur qui pourrait certainement faire des merveilles s'il était associé à un bon scénariste.


  • Un défilé de personnages, sans but véritable.
  • Absence totale d'intrigue construite.
  • Des planches parfois difficilement lisible à cause d'une démonstration technique au final bien vaine.