Cruel Summer
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Sortie ce mois d'une bonne surprise sur Prime Video : Cruel Summer.

Le début du premier épisode installe tout de suite l'ambiance et la mécanique de cette série, écrite par Bert V. Royal. On retrouve une jeune fille, dans sa chambre, le matin de son anniversaire, trois ans d'affilée. 
En 1993, Jeanette Turner fait partie de ces filles qui ne sont pas très populaires au lycée. Elle a des lunettes, un appareil dentaire, un style vestimentaire encore approximatif. Pourtant, elle est souriante, heureuse d'être réveillée par ses parents et son frère lors de ce jour si spécial.
En 1994, Jeanette a bien changé. L'action se déroule toujours dans sa chambre, le matin de son anniversaire. La jeune fille est transformée physiquement, plus jolie, plus sûre d'elle, et c'est cette fois son petit ami qui vient la sortir du lit.
En 1995, nouvelle transformation. Jeanette a les cheveux courts. Elle ne sourit plus. Pour cet anniversaire, son père vient de nouveau la réveiller. Mais il est seul, froid, cassant, et surtout il lui annonce que son avocate est là.
Qu'a-t-il bien pu se passer pour qu'en à peine deux ans, la vie de cette adolescente soit à ce point bouleversée ?

Cette introduction, brillante, fonctionne parfaitement et intrigue suffisamment pour que l'on ait envie d'en savoir plus. Elle permet aussi de présenter le fonctionnement narratif très particulier de la série. Chaque épisode retrace les événements de trois époques distinctes (le personnage, voire même la photographie de la série, sont suffisamment modifiés pour que l'on n'ait aucun problème pour se situer chronologiquement à chaque changement). De plus, à chaque épisode, le point de vue change également. L'on va ainsi alterner entre Jeanette et Kate Wallis, une jeune fille très populaire (mais pas du tout pimbêche), qui va mystérieusement disparaître, permettant indirectement à Jeanette de "prendre sa place" auprès de son petit ami et de ses amies.
Ce sont donc en tout six fils narratifs qui s'entrecroisent, ce qui pourrait sembler pénible, mais c'est orchestré avec suffisamment d'habileté pour demeurer parfaitement compréhensible.



Difficile d'en dire plus sans dévoiler des éléments qui valent la peine d'être découverts à chaque épisode. D'autant que les fausses pistes et les certitudes s'enchaînent, se défont, s'effondrent, reviennent encore plus solides, le tout modifiant sans cesse la vision que l'on peut avoir de l'intrigue et des personnages.
Le coup de maître de cette écriture efficace réside sans doute dans le fait de faire ressentir une forme de gravité et de drame dès les premières minutes, alors que l'on ignore parfaitement ce qui a pu se passer. Chaque révélation, chaque nouveau détail dévoilé, permet d'éclaircir un peu un mystère fait de mensonges, de secrets, de non-dits, tout en dévoilant une nouvelle face de deux personnages riches, complexes, et tour à tour sympathiques ou détestables. 

Mention particulière pour les deux jeunes actrices principales, Olivia Holt et Chiara Aurelia, qui rendent à la perfection la candeur puis la noirceur ou le désespoir de leur personnage. Les seconds rôles sont plutôt bons également (avec par exemple une Joy Wallis délicieusement détestable).
Le jeune âge des personnages principaux pourrait faire penser à une série pour ados, mais à partir du moment où c'est bien réalisé et intéressant, difficile de restreindre le public à une seule tranche d'âge. D'autant que les thématiques (le changement, l'apparence, la rumeur, le mensonge...) sont suffisamment universelles pour concerner tout le monde.
La première saison comprend 10 épisodes, une deuxième fournée a d'ores et déjà été commandée. 

Divertissant et tendu jusqu'au dénouement, même si certaines scènes demeurent un peu téléphonées.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Le casting.
  • La construction narrative, complexe mais claire et efficace.
  • Un équilibre parfait entre deux personnages principaux attachants.
  • L'atmosphère tendue et dramatique, malgré un contexte parfois très "girly".
  • Les rebondissements entraînant un changement de perception total des événements.


  • Quelques scènes parfois prévisibles.
  • Une profusion ridicule d'avertissements à chaque début d'épisode, alors que l'ensemble n'a absolument rien de choquant, même pour un jeune public.