Agent Carter : Beware the English Woman !
Publié le
28.5.15
Par
jiji83
[Par contre, je n'y vais pas y aller de main morte sur les spoilers. Libre à vous de continuer votre route.]
2013 : Marvel One Shot #4
Voici un court métrage (que je n'ai découvert qu'une fois la saison 1 de Agent Carter visionnée, mais qui figurait dans
les bonus de Iron Man 3) bien sympathique ! Le scénario n'a rien de foufou mais a au moins l'intérêt de nous présenter le cadre dans lequel Peggy
Carter retrouve amèrement la place
qui lui revient dans un environnement misogyne en étant relégué à la liaison
endeuillée de Captain America. Même après
avoir vaillamment réussi seule une mission nécessitant cinq agents, la
reconnaissance de son patron est aux abonnés absents.
Mais dans un retournement de situation assez comique, ce One Shot nous ouvre la voie vers la création
du SHIELD où Peggy occupera le poste de
codirigeante au côté d'Howard Stark.
Cette scène sera peut-être réutilisée plus tard dans la série puisqu'elle nous
montre le dénouement de la carrière de Peggy à la SSR (Strategic Scientific Reserve) et annonce l'avènement du
SHIELD.
2015 : série Agent Carter
La
série Agent Carter, créée par Christopher Markus et Stephen McFeely (scénaristes notamment de Captain America :
The First Avenger et The Winter Soldier, des habitués donc du personnage), a été diffusée lors de la pause hivernale de Agent of SHIELD, sur ABC à partir du 6 janvier 2015. La série comporte
actuellement une unique saison de 8 épisodes, mais une suite est déjà sur les rails.
Et le public francophone se délectera prochainement des aventures de Peggy Carter, puisque j'ai oui dire que TF1 et Canal+ venaient
d'acquérir les droits de diffusion de la série.
Personnages et acteurs
:
Hayley Atwell
as Agent Peggy Carter
|
James D'Arcy
as Edwin Jarvis
|
Chad Michael Murray
as Agent Jack Thompson
|
Enver Gjokaj
as Agent Daniel Sousa
|
Shea Whigham
as Chef Roger Dooley
|
Dominic Cooper
as Howard Stark
|
Lyndsy Fonseca
as Angie Martinelli
(amie de Peggy, serveuse)
|
Ralph Brown
as Dr Ivchenko
(Doctor Faustus, Johann Fennhoff)
|
Bridget Reagan
as Dorothy "Dottie" Underwood
(espionne russe) |
Le synopsis
1946. NY. Après la
victoire des Alliés grâce à Captain America, l'agent Peggy Carter retourne dans
les bureaux de la SRR. Femme de terrain durant la guerre, ses tâches dans
l'organisation sont résolument "féminines" (papier, café). Mais la
SRR ne devrait pas sous-estimer l'agent Carter. Alors que Howard Stark est
considéré comme fugitif aux yeux de la justice américaine pour motif de vente
d'armes illicite, il s'en retourne vers Peggy pour l'innocenter. Celle-ci
accepte pour laver le nom de son ami et pour échapper à la monotonie de son
travail. Sa mission d'agent double devient alors une course contre la montre pour
devancer ses collègues de la SSR dans la traque aux Bad Babies de Stark.
La critique
La série nous offre
une vision plus nette des incidences de la mort de Captain America dans The First
Avenger sur nombre de personnages : Howard Stark, les membres du 107ème
régiment (les Commandos Hurlants qui
font une brève apparition au détour de l'épisode 5 : "Junior" Juniper, "Pinky" Pinkerton, "Happy
Sam" Sawyer, Dum-Dum Dugan) et, évidemment, Peggy Carter qui a perdu l'amour de sa vie.
Le scénario est sympathique dans la mesure où il tisse des parcelles entre The First Avenger et les films plus récents dans la chronologie du MCU. Le panel d'acteurs collent très bien au ton de la série, bien que souvent trop stéréotypés à mon sens. Concernant l'action, certaines scènes de combat sont peu crédibles et nous laissent dubitatif face à la victoire de Peggy : en effet, même si elle est dépeinte comme étant particulièrement solide, il est nécessaire de tenir compte du rapport de force. En étant normalement constitués et à niveau d'entrainement égal, une femme peut certainement rivaliser avec un homme mais pas avec une équipe entière de la SSR. Ni même contre Dottie qui est supposée être une arme humaine.
De plus, en lisant d'autres sites, j'ai remarqué qu'un certain nombre de personnes critiquaient la façon de Marvel de filmer ses séries mais je trouve, a contrario, qu'Agent Carter bénéficie d'un traitement graphique de qualité, avec des décors riches en détails, nuancés et mis en valeur par des jeux de lumières réussis, nous projetant instantanément dans l'après-guerre, comme si on y était.
Le scénario est sympathique dans la mesure où il tisse des parcelles entre The First Avenger et les films plus récents dans la chronologie du MCU. Le panel d'acteurs collent très bien au ton de la série, bien que souvent trop stéréotypés à mon sens. Concernant l'action, certaines scènes de combat sont peu crédibles et nous laissent dubitatif face à la victoire de Peggy : en effet, même si elle est dépeinte comme étant particulièrement solide, il est nécessaire de tenir compte du rapport de force. En étant normalement constitués et à niveau d'entrainement égal, une femme peut certainement rivaliser avec un homme mais pas avec une équipe entière de la SSR. Ni même contre Dottie qui est supposée être une arme humaine.
De plus, en lisant d'autres sites, j'ai remarqué qu'un certain nombre de personnes critiquaient la façon de Marvel de filmer ses séries mais je trouve, a contrario, qu'Agent Carter bénéficie d'un traitement graphique de qualité, avec des décors riches en détails, nuancés et mis en valeur par des jeux de lumières réussis, nous projetant instantanément dans l'après-guerre, comme si on y était.
Hayley Atwell incarne à la perfection Peggy Carter qui se veut être une femme forte,
intelligente, indépendante mais n'est en rien une caricature du féminisme qui
n'aurait besoin d'aucun allié et qui mépriserait éperdument les hommes (même si
elle pourrait s'en donner le droit par moment). Elle ne se gêne pas cependant de se moquer de cette misogynie ambiante par sa répartie et son humour, détendant un tantinet l'atmosphère. Le personnage de Carter est donc
présenté comme profondément humain et sa personnalité est exploitée avec brio,
alternant entre vulnérabilité et force de caractère.
D'ailleurs, le
décalage existant entre sa personnalité de combattante (pour la parité
notamment) et celle de l'infirmière mièvre présentée dans le feuilleton
radiophonique contant les exploits de Captain
America en fera sourire plus d'un !
Elle tente donc de se faire une place dans le microcosme sexiste qu'est
la SRR, ce qui s'avère être une bien plus rude
tâche que de partir au front. En effet, elle se retrouve marginalisée dans un
milieu entièrement masculin (les seules femmes de l'organisation occupent le
poste de standardistes et ne sont qu'une façade) où elle est reléguée à la
liaison de Captain
America, n'ayant réussi dans
l'armée que par ses connections avec les hommes. Mais elle finit par
tirer avantage de la situation : servir le café et s'occuper de la paperasse
lui permettent d'accéder à des informations sans éveiller les soupçons . Elle
joue également de son charme (elle n'est pas sans me rappeler les pin-ups de l'époque, physiquement parlant du moins, les hommes devaient les préférer muettes, comme celles peintes sur leurs bombardiers) et use de son statut de femme (sérieusement, qui n'a jamais
utilisé les menstrues comme excuse ?) pour mener à bien sa mission.
En effet, comme le
souligne le Dr Ivchenko, les femmes sont
souvent sous-estimées et c'est pour cela même que la Chambre Rouge les utilise
en tant qu'arme, tant leurs capacités se trouvent alors multipliées. Toujours
vues comme étant le sexe faible et jamais comme un potentiel adversaire (si ce n'est
pour laver son linge sale en public), elles peuvent facilement user de leur
apparence pour s'infiltrer incognito et faire des ravages.
Petite démonstration :
Je vais à présent m'attarder sur deux personnages que j'affectionne particulièrement dans la série. Le personnage d'Howard Stark, campé par Dominic Cooper qui récupère son rôle de The first Avenger, est fort plaisant et ne manque pas de nous faire sourire (notamment lors de son passage à la maison pour dames de Griffith). Hormis son égo surdimensionné et sa débauche sexuelle qu'il a légués à son fils, il se révèle être un personnage plus touchant et profond que ce dernier, notamment lorsqu'il est sous contrôle mental du Dr Ivchenko, où il se confie à Peggy sur sa tendance avérée (mais involontaire) à la destruction (cf le tragique incident de Finow), et pensant ramener Cap' à la maison de par ses hallucinations, il lui avoue que le projet Renaissance a été pour lui la seule occasion de faire du bien, de créer un idéal qui permettra d'amener paix et stabilité dans le monde. Steve Rogers a décidément chamboulé les esprits !
Malheureusement, Howard Stark n'effectue que de brèves
apparitions (après tout, il est en cavale), mais ne laisse pas Peggy sans
ressource : il lui confie son majordome Edwin
Jarvis (joué par James D'Arcy) qui
a sans doute inspiré son homonyme robotisée J.A.R.V.I.S de Tony Stark. Après tout Jarvis est dépeint comme
étant un serviteur loyal, intelligent mais qui se permet tout de même des
écarts vis-à-vis des volontés d'Howard s'il les juge pernicieuses (comme la
fiole de sang de Steve Rogers qu'il lui a
dérobée)... Quoi de mieux comme conseiller ? De plus, ce dernier s'avère être
assez cocasse et l'antonyme de Peggy en
terme d'actions, voire d'initiatives tout court (ses démarches sont souvent peu
concluantes comme lorsqu'il passe à la SSR pour innocenter Peggy durant l'épisode 7, en affirmant avoir
une déposition signée par Stark qui
devrait comparaître dans l'heure, alors que ce dernier n'est au courant de
rien), ce qui rend le personnage d'autant plus drôle et attachant. Espérons que
Jarvis sera toujours de la partie pour la
saison 2.
Les références
La chambre rouge :
Dorothy "Dottie"
Underwood apparaît pour la première fois dans l'épisode 3 et est
présentée par la doyenne à ses voisines de pallier comme suivant une formation
de ballerine. Or, cela a pu mettre la puce à l'oreille aux plus érudits du Marvelverse, puisqu'il s'agit précisément d'une étape de l'éducation des filles de la
Chambre rouge en vue de leur laver le cerveau. Dottie
nous semble rapidement être un personnage assez étrange qui s'attache à son lit
(des fantasmes BDSM ?), fait des abdos de bonne heure et vole les clés de Peggy. Jusqu'à ce qu'elle le devienne carrément, lorsqu'en l'espace de quelques secondes, elle effectue une acrobatie (cf plus
haut) et tue l'un des détracteurs de Peggy. Sans nul doute l'une des meilleures révélations de la série !
Ainsi, dans un souvenir de Dottie, on aperçoit la Chambre rouge dans laquelle Natasha Romanoff
(alias Black
Widow) a été entraînée (certaines séquences apparaissent d'ailleurs dans
Age of Ultron lorsque Wanda Maximoff
joue avec le cerveau des Vengeurs). Cette organisation secrète soviétique nous
apparaît totalement déshumanisée : les filles sont entraînées à devenir des
assassins dès leur plus jeune âge et à ne ressentir aucun sentiment. Elles
suivent un régime drastique et sont menottées à leur lit. Vilaine habitude que
répète Dottie, même adulte. Et c'est
justement la marque que laisse les menottes sur le poignet qui amènera Peggy à trouver son ravisseur.
Docteur Ivchenko et Arnim
Zola :
La
réunion de deux grands fous dans la scène post-générique nous donne un avant-goût d'un futur plus sombre pour l'Agent Carter. En effet, on y voit le Docteur Ivchenko, plus connu sous le nom de Doctor Faustus (Johann Fennhoff) par les lecteurs de comics, rencontrer son
partenaire de cellule qui n'est autre que le célèbre Arnim Zola, capturé durant The First Avenger. A
priori ces deux-là n'ont rien en commun (hormis leur volonté de détruire le
monde occidental, me semble-t-il), mais on peut aisément envisager un
syncrétisme de leurs méthodes.
En effet, dans les
flashbacks de James Barnes dans The Winter Soldier, on apprend qu'il a été
sauvé par des russes (d'où l'étoile communiste sur son bras, son aisance à
parler russe et les armes soviétiques qu'il utilise). Puis, on y aperçoit
brièvement Arnim Zola, avant sa
congélation. L'Hydra et le Léviathan semblent donc bien liés.
Dans un futur proche, on devrait assister à la création du SHIELD, comme exposée dans le One Shot #4, et, surtout, au processus
d'infiltration de l'Hydra dans l'organisation gouvernementale.
En bref
Agent Carter est une véritable réussite en étant une série d'époque, différant donc des séries Marvel actuelles, et en abordant le thème féministe dans un après-guerre où la femme n'est décidément pas l'égale de l'homme. L'intérêt de la série réside également dans les connexions avec le MCU : Agent Carter offre un passif à l'univers Marvel contemporain en nous présentant ces premiers héros de l'ombre (pauvre Peggy qui ne tire jamais profit de ses exploits !) qui ont posé les bases du SHIELD.
Agent Carter est une véritable réussite en étant une série d'époque, différant donc des séries Marvel actuelles, et en abordant le thème féministe dans un après-guerre où la femme n'est décidément pas l'égale de l'homme. L'intérêt de la série réside également dans les connexions avec le MCU : Agent Carter offre un passif à l'univers Marvel contemporain en nous présentant ces premiers héros de l'ombre (pauvre Peggy qui ne tire jamais profit de ses exploits !) qui ont posé les bases du SHIELD.
Et puis, à défaut
d'avoir une héroïne dans le rôle titre sur grand écran (les femmes seraient moins
vendeuses d'après le PDG de Marvel), on peut néanmoins se réjouir d'avoir une
série nous tenant en haleine pendant de longues heures. Et, qui sait, peut être que cela aboutira à la réalisation d'un film de super-héroïne (Black Widow ou Spider-Gwen -parait qu'Emma Stone serait intéressée- qu'importe !).
Bonus
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