Clone tome 3 : troisième génération
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Depuis le tome 2 manquant de surprises mais efficacement construit, la saga du clone (évidemment, pas celle qui a ruiné la vie de Peter Parker) créée par David Schulner s'est posée sur des bases solides, avec une structure proche du feuilleton, des rebondissements réguliers, une dramatisation savamment orchestrée et l'introduction de nouveaux personnages susceptibles de réorienter la série dans chaque tome.

Pour un transfuge de la télévision (rappelons que Schulner a été scénariste pour the Event et Desperate Housewives), l'élaboration de Clone 3 semble correspondre à des schémas évidents. Le troisième volume n'est pas destiné à convaincre les nouveaux venus, mais dispose de davantage d'arguments que le premier, avec notamment une implication totale de son dessinateur star (il n'est pas rare que Juan José Ryp entame une série avant que son travail soit repris par des dessinateurs moins percutants ou visuellement impressionnants). Ici, il apparaît patent que les scénaristes lui ont laissé de quoi s'exprimer un peu plus librement et donner cours à sa propension à parsemer les planches de détails accrocheurs en faisant la part belle aux éclaboussures de sang, aux explosions et autres manifestations de violence. Quand on sait que les deux autres acolytes de Schulner sont Aaron Ginsburg et Wade McIntyre, également artisans télévisuels mais aussi à l'aise avec des franchises comme Call of Duty (ils sont au générique de Big Red One, les amateurs comprendront), on n'est pas étonné de la tournure prise par les événements.

Dans ce tome 3, tout se radicalise, bien que les mystères restent entiers. Si Luke Taylor, le jeune médecin qui a découvert que son père avait engendré à partir de lui des dizaines de clones dans le cadre d'un programme secret, a pu trouver un refuge (forcément précaire) pour sa petite famille et une grande partie des clones survivants (pour la présentation des deux premiers volumes, lire cet article et le suivant sur UMAC ancienne formule), il est confronté à une menace implacable depuis que le projet dont ses doubles sont issus a été rendu public : désormais, tout bon clone est un clone mort pour une grande partie de la population. Coincés entre des mouvements de fanatiques et les forces gouvernementales, Taylor, sa femme, son bébé et les siens vivent terrés et cherchent encore l'espoir de s'en sortir, d'autant qu'il faut également veiller à la stabilité métabolique des clones qui ont besoin de leur alpha afin de trouver une solution au caractère éphémère de leur existence.

La chasse à l'homme bat donc son plein dans Clone 3, avant qu'une quatrième force se manifeste. Amis, ennemis ? Ce sera l'heure des choix pour beaucoup : Amélia (la femme de Luke) doit choisir entre garder son enfant malgré une vie d'errance emplie de dangers ou la mettre en sécurité loin d'elle et de Luke ; Eric, le clone tatoué devra choisir entre continuer à protéger Amélia, son ancienne prisonnière pour laquelle il a beaucoup plus qu'un penchant, malgré la haine qu'il ressent envers son géniteur ou quitter le groupe ; l'ensemble des fugitifs devront choisir entre accepter l'offre d'un abri sûr mais sans leurs alliés ou rester avec eux au mépris du danger. Et Luke, animé de son esprit de bon samaritain, préfère encore parcourir les Etats-Unis à la recherche de ses copies conformes plutôt que de profiter de sa vie de couple.

Un peu moins violent et sanglant que le précédent, mais un peu plus orienté sexe (davantage dans les propos que dans les dessins), l’histoire se suit sans déplaisir et on finit très vite par comprendre que la série ne s'arrêtera pas de sitôt. La galerie d'illustrations et surtout le carnet de croquis commenté constituent un plus produit toujours intéressant, qui permet de mieux se rendre compte des orientations des épisodes.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une suite parfaitement calibrée.
  • Les dessins de Juan José Ryp.
  • Une tension savamment entretenue.
  • Des dialogues plus percutants et plus adultes.
  • Des nouveaux personnages intéressants.

  • Pas vraiment d'originalité dans la construction.
  • Le mystère ne tend pas à se résoudre.
  • Un peu trop formaté pour l'adaptation TV.
  • Toujours ces visages peu avenants, alors que Ryp est beaucoup plus à l'aise avec les corps.