Johnny Lawrence et la thématique du Père/Sensei
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Cobra Kai fait partie des séries actuelles les mieux écrites et les plus addictives. Nous l’avions déjà présentée dans cet article, mais l’on va revenir aujourd’hui plus particulièrement sur le personnage de Johnny Lawrence et la thématique Père/Sensei, très présente dans le récit.
Nous n’allons aborder ici que la saison 1, donc nul risque de spoiler les évènements contés dans la suite.


De l’habile retournement d’identification

Tout le principe de Cobra Kai, par rapport à la saga Karaté Kid (outre bien évidemment la modernisation de la narration), repose sur le fait que le spectateur est maintenant invité (forcé en réalité) à s’identifier non plus à Daniel LaRusso mais à Johnny Lawrence. Contrairement à ce que certains peuvent penser, il ne s’agit pas d’un choix, un habile conteur vous poussera toujours dans les bras du personnage qu’il a choisi. Nous avions abordé le sujet dans cet article, les sagas Karaté Kid/Cobra Kai nous permettent de constater à quel point la manière de procéder (les affects négatifs) fonctionne et permet de renverser une situation.
Dans Karaté Kid, Daniel LaRusso est un gamin seul, un peu paumé, sans père, harcelé dans son école par une bande de brutes. Il se fait menacer, malmener, forcément, l’on est amené à prendre parti pour lui. Et Johnny Lawrence n’est alors qu’un abruti violent que l’on est amené à détester (même si, en réalité, il reste bien plus humain que son sensei, John Kreese).

Dans Cobra Kai, c’est Johnny Lawrence le héros. Parce que c’est lui qui en chie. C’est lui qui est paumé, seul, qui s’en prend plein la gueule et souffre de plusieurs injustices, alors que LaRusso (qui n’est pas devenu un « méchant » pour autant) pérore, juge facilement et nage apparemment dans le bonheur et les dollars.
Ce retournement incroyable d’identification (le spectateur est amené à aimer celui qu’il détestait naguère) est d’une intelligence remarquable, car il permet de passer du manichéisme de Karaté Kid à quelque chose de bien plus subtil, profond et réaliste. En effet, même si l’on souhaite ardemment le croire, dans la vie, sauf cas psychopathologiques, rares sont les personnes qui ne sont déterminées que par leur plus sombre aspect ou leurs pires erreurs.

Quand le méchant de l'histoire devient un héros à part entière.


Du conte au drame

Quand un héros se bat contre des méchants absolus et parvient à vaincre à la fin, c’est un conte. L’approche est très efficace, possède sa raison d’être, mais reste simpliste. Quand au contraire un récit décrit l’affrontement entre deux personnages ayant chacun leur part d’humanité, leurs qualités, leurs sentiments, alors c’est un drame. Parce que dans cette optique, chaque coup porté fait mal.

Et en parlant de coups portés, il fallait évidemment trouver le bon lien entre le grand final (pour Johnny, pas pour Daniel) de Karaté Kid (lors du tournoi, à la fin du premier film) et le premier épisode de Cobra Kai.
La transition est habilement amenée dès le premier plan, alors que l’on retrouve un Johnny Lawrence allongé sur le ventre, dans la même position que sur le ring, lors d’un lent travelling arrière. En quelques secondes, sans même un seul mot, l’on a compris que l’homme est toujours à terre, qu’il ne s’est jamais réellement remis de sa défaite et de sa relation, plus que nocive, avec John Kreese. L’état de son appartement ne laisse d’ailleurs guère de doutes quant à son laisser-aller et les difficultés qu’il doit surmonter, que ce soit dans le domaine professionnel ou privé.


Humour et politiquement correct

L’un des aspects qui rend Johnny Lawrence profondément sympathique et attachant, c’est son côté badass (dans le sens réel du terme, cf. cet article). Dans un monde moderne aseptisé, où des extrémistes liberticides essaient, au nom de la bien-pensance, de régenter les actions, les paroles et les pensées de tous, Johnny, lui, ne prend pas de gants. Il faut dire qu’il ne s’embarrasse pas non plus avec le tact et la diplomatie. Il est direct, droit, appelle un chat un chat, et se trimballe une bonne dose de machisme à l’ancienne, de manière tellement décomplexée que ça en devient drôle (ah là, je préfère prévenir, les adeptes de l’écriture inclusive et des approches non genrées, qui ont en général autant d’humour qu’une méduse dépressive, vont se choper une turista nerveuse).

L’humour est particulièrement présent et efficace dans la série. À travers d’excellentes répliques, diverses références ou encore un décalage entre les méthodes bourrues du sensei Lawrence et le formatage de la plupart de ses élèves.
Lawrence (qui n’a pas que des qualités, attention, c’est un être humain normal, très loin du vieux sage Miyagi, parfaite incarnation, lui, du Père fantasmé) est à ce titre une pure bouffée d’air frais dans un monde vicié par la novlangue et les idéologies sectaires.


De l’utilisation des références

En ce qui concerne les références évoquées plus haut, il faut bien admettre qu’elles sont très souvent parfaitement employées (il est conseillé d’avoir vu au moins le premier Karaté Kid pour réellement savourer toutes les subtilités de Cobra Kai). Que ce soit l’évocation d’Ali (par le biais de son compte facebook, une scène très drôle et montrant bien le décalage entre Lawrence et l’époque actuelle), le frotter/lustrer, le costume d’halloween de Miguel ou même le capot d’un véhicule jaune bien connu, entraperçu un instant sous une bâche.
C’est toujours très bien amené et cela sert l’histoire présente (les différentes évocations en disent souvent long sur les personnalités de Johnny ou Daniel).

Mais, le moment le plus beau, le plus épique, reste l’utilisation de l’un des anciens thèmes musicaux composés par Bill Conti. Il ne s’agit pas cette fois d’une scène avec Lawrence (dommage, le contraste aurait pu être intéressant) mais bien de Daniel, s’entrainant avec Robby sur Training Hard, un morceau épique à la flute de pan qui file des frissons. Alors, OK, c’est très cliché, le kata, le coucher de soleil, la musique nippone, le cadre naturel magnifique… mais ça marche. Pas seulement parce que cela embarque les spectateurs (quarantenaires et plus) dans un joli voyage nostalgique, mais parce que cela évoque toute la puissance de la relation qui se noue alors entre Daniel et son élève, une relation aussi belle que tragique, car elle met également en relief l’échec de Johnny en tant que père.
Là encore, on monte d’un cran dans la subtilité. Si la relation Miyagi/LaRusso était entière, lumineuse, sans le moindre accroc (en tout cas, ne présentant pas d’accroc sur le long terme), celle entre LaRusso et Robby, dès le départ, est entachée par le mensonge et par la douleur, pour Johnny comme pour Robby lui-même, de ne pas pouvoir avoir ce type de rapports entre eux.


Une histoire de Pères

La plus grande faille de Johnny Lawrence (magnifiquement interprété par William Zabka), enfant ayant grandi sans père, c’est bien entendu l’échec, profondément douloureux, de sa propre relation avec son fils.
Il faut dire qu’entre un beau-père acariâtre et peu aimant et un père de substitution (son sensei de l’époque) lui proposant une voie violente et sans honneur, l’homme s’est construit sur une image paternelle qui ressemble à un champ de ruines.

S’il faut chercher un point commun entre LaRusso et Lawrence, outre la jolie Ali Mills, c’est bien d’ailleurs cette absence de géniteur et ce rapport filial entretenu avec leur sensei, celui qui est censé enseigner, tempérer, conseiller et montrer la Voie. Non celle qui fait d’un combattant un vainqueur, mais celle qui fait d’un adolescent un homme. À ce niveau-là, Daniel a eu bien plus de chance, bien entendu. Aussi, lorsque Johnny apprend de ses erreurs, lorsqu’il change, opte pour les bonnes décisions, il n’en apparaît que plus méritant.

La thématique du père, omniprésente dans la série, va se décliner de multiples façons, que ce soit au travers des rapports que vont entretenir Lawrence et son jeune élève Miguel Diaz (un ado harcelé qui n’a pas de… père) ou, encore plus astucieux (ou tordu, selon les points de vue), à travers la relation qui va se nouer entre Daniel et Robby, le propre fils de Johnny.

Contre toute attente, Johnny Lawrence devient le sensei des laissés-pour-compte.


Mais alors, ce n’est pas juste une bête histoire de karaté pour nostalgiques des années 80 ?

Pour être honnête, il y a sans doute un peu de ça quand même. Quand Karaté Kid 3 est sorti au cinéma, j’avais 16 ans. Je pratiquais déjà le karaté, et le film m’avait beaucoup touché, notamment à cause du rapport maître/élève que je ne retrouvais pas à l’époque, même de manière moins romancée. Et puis bon, les kata, les mawashi et compagnie, je connaissais, donc je me sentais un peu "de la partie". Alors, oui, quand je regarde Cobra Kai, le côté nostalgique fonctionne carrément.
Mais ça ne fonctionnerait pas sans cette immense qualité d’écriture qui en fait une série moderne, subtile, drôle et méchamment futée.

Johnny Lawrence sera toujours un personnage bien plus intéressant que Daniel LaRusso. Non parce qu’il n’est pas parfait (LaRusso ne l’est pas non plus) ou qu’il dit des gros mots, voire des énormités, mais parce qu’il n’est ni un monstre ni un modèle. Juste un homme, malmené par la vie, bardé de cicatrices, qui cède parfois à ses démons mais parvient aussi à les repousser et se relever dans les pires moments.
Un cauchemar pour tous les demeurés qui adorent étiqueter les gens sur des détails langagiers et n’adoubent que les grilles de lecture qui ne permettent qu’un jugement basique (noir ou blanc), sans aucune nuance.

Il existait une théorie, bien avant Cobra Kai, qui prétendait que Johnny Lawrence était le véritable héros de Karaté Kid (théorie que l’on a pu même voir exposée, en partie, dans la sitcom How I met your mother). Outre son côté comique et sa mauvaise foi évidente, cette théorie soulevait un aspect intéressant de toute fiction, aspect exploité dans Cobra Kai, à savoir le côté très efficace (et quelque peu retors) du mécanisme d’identification et des moyens techniques employés pour le mettre en place.
Créer un héros, c’est le créer aux dépens de quelqu’un. D’un ennemi. Et plus l’on souhaite humaniser le héros, plus l’ennemi, lui, va être dépouillé de ses attributs d’être humain. Ce n’est pas grave dans une fiction, c’est le jeu. C’est plus grave quand cette technique est utilisée dans la vraie vie, à des fins peu avouables.

Dans Cobra Kai, après une sorte de remise à niveau, permettant de réinsuffler de l’humain et de l’affect dans le personnage de Lawrence, les scénaristes vont, lors d’une discussion entre Lawrence et Miguel, délivrer le point de vue du sensei (la fameuse théorie) sur les évènements des années 80. Or, Lawrence ne ment pas. Il arrange un peu la réalité à une ou deux occasions, mais pour l’essentiel, tout ce qu’il raconte est parfaitement vrai. C’est ce qu’il a vécu, ressenti. C’est l’autre côté du miroir, le point de vue du "méchant", lorsque l’on se rend compte, avec horreur, que celui que l’on voulait détruire peut aussi souffrir et éprouver des sentiments.

C’est peut-être extrapoler énormément, mais ce qu’il y a d’appréciable au final dans Cobra Kai, c’est sans doute ce deuxième niveau de lecture, qui soutient (avec raison) que, quelle que soit la noblesse de la cause et l’absolue certitude de ceux qui la défendent, les méchants ne sont au final, dans l’Histoire comme dans les histoires, que les vaincus du récit, livrés aux railleries, au mépris ou à l’indifférence par le besoin, post-affrontement, de construire des mythes et légendes justifiant la violence et les moyens employés.

Johnny Lawrence et Cobra Kai sont tellement anti-système sur le fond qu’il est étonnant qu’une telle série puisse exister, surtout lorsque l’on sait qu’elle est écrite dans le pays qui a fait du politiquement correct et de la dictature molle une règle de vie absolue, qui tente de régenter jusqu’à la moindre ligne de fiction (cf. cet article).


Du mythe du Sensei

On l’a vu, dans Cobra Kai les termes "père" et "sensei" se confondent souvent tant ils recouvrent le même sens. Ce n’est pas si surprenant lorsque l’on se penche sur la signification première de sensei.
Étymologiquement, ce mot japonais signifie "celui qui est né avant". Il s’agirait donc à la base d’un titre honorifique, désignant un ancien, un aîné, sans que cela ne soit réservé au strict domaine martial ni même à la seule fonction d’enseignant.
L’on sait toute la subtilité des codes de la langue et de la culture nippone, aussi, il convient de préciser qu’il existe d’autres termes approchant, comme shihan (qui signifie instructeur) ou encore kyôshi (terme plus neutre, que l’enseignant japonais va privilégier par modestie lorsqu’il parle de lui-même).

Le terme sensei ne devient synonyme de "maître" au sens martial qu’à partir du début du XXe siècle. Après la Deuxième Guerre mondiale, il va être employé en Occident dans une optique très respectueuse et lourde de sens (un sens empreint d'une dimension spirituelle qui dépassera même la notion originelle nippone). Il ne s’agit pas de dire "monsieur" ou "professeur" en japonais, mais bien de signifier, plus que le respect dû à l’âge, l’adhésion à une vision. Le sensei est alors celui qui éduque, construit et guide. Il transmet des techniques et valeurs universelles censées permettre certes la victoire au combat mais aussi l’attitude digne et morale. Le poing doit alors n’être pas seulement vecteur d'une force, d'une technique, mais aussi d'une idéologie.
La lente transformation des arts martiaux en sports [1] va peu à peu, dans les faits, vider le terme de sa substance. Il n’en reste pas moins qu’il constitue encore (au moins dans cette fiction) une appellation qui est loin d’être banale et qui en dit long sur la valeur supposée du désigné et la confiance du désignant. S’adresser à un individu en l’appelant maître n’a rien de commun ou neutre, et il s’agit plus d’une forme de respect éclairé, voire d’amour filial, que d’une bête dévotion.

Le rapport maître/élève, au cœur de Cobra Kai


De la fonction éternelle du Père

Le rôle d’un père (ou d’une mère d’ailleurs, j’en entends déjà hurler au sexisme, simplement, là, dans cette série, c’est de pères qu’il est question) est essentiellement d’éduquer ses enfants, de leur transmettre des valeurs et des connaissances leur permettant de bien se comporter dans la vie, d’affronter les épreuves, de faire la différence entre le bien et le mal. Les aimer, c’est important aussi bien entendu, mais ce n’est pas un rôle, c’est un sentiment naturel, et c’est encore moins suffisant.
Un père, aussi doux, aimant et compréhensif qu’il soit, n’est pas un copain. C’est l’un des deux seuls êtres humains au monde qui vont vous engueuler pour votre bien, sans arrière-pensée. Dans l’idéal du moins.
Grandir à l’ombre d’un père aimant et assumant son rôle est une chance inouïe. Surtout quand ce père permet aussi à ses enfants, le moment venu, de faire leurs propres choix, de prendre leurs responsabilités, en leur disant « je suis là, tu peux toujours compter sur moi, mais tu es maintenant libre de toute influence, même de la mienne ».
Et, il faut bien l’avouer, on a tous voulu, à un moment donné, s’émanciper de l’influence réelle ou supposée de nos parents. Aussi, réintroduire volontairement une notion de filiation, même symbolique, est toujours un choix délicat et important.

Quand Robby se tourne vers Daniel LaRusso, ce n’est pas parce qu’il l’admire, mais parce qu’il est profondément blessé par son propre père (qu’il a vu proche d’un autre ado, en l’occurrence son élève, Miguel). Par contre, lorsqu’il décide de changer de vie (en refusant de participer à un vol) et qu’il prend la défense, même physique, de LaRusso, Robby fait alors un choix d’enfant ayant rencontré son "véritable" père. Non son géniteur, mais celui qu’il reconnaît comme éducateur, juste, efficace et digne de son admiration.

L’on assiste à un cheminement inverse avec Johnny Lawrence, qui, suite à une banale scène dans un restaurant, entre un père et son gamin, va tout tenter pour se rattraper en tant que père en retournant voir… Miguel. Les notions d’enseignant et père se confondent tellement dans Cobra Kai qu’il est impossible que ce soit un pur hasard, les auteurs veulent mettre ce sens profond (l’éducation) en avant, démontrant par la même occasion que le comportement (ce que l’on fait) vaut plus que les gènes (ce que l’on est).
Le message est subtilement délivré, mais il n’en demeure pas moins juste et important.

Daniel LaRusso et Johnny Lawrence sont tous les deux d’anciens gamins ayant souffert de l’absence de leur père. Ils ont tous les deux recherché une figure paternelle de substitution, avec une réussite exceptionnelle pour Daniel et un échec douloureux pour Johnny.
Ils sont donc devenus deux pères différents, incarnation d'une sorte de Yin et Yang humains, véritables fruits de leur éducation.
Mais, et c’est bien là que Cobra Kai prend tout son sens, ils sont aussi devenus de bons pères à leur manière, par leurs actes, leur réflexion, leur cheminement personnel. Daniel, rapidement, car aidé par un mentor inspiré. Johnny, plus lentement, car ralenti par de mauvais exemples, un côté impulsif qu’il peine à réfréner et des jugements hâtifs à son égard. Mais, c’est certain, l’on n’est jamais uniquement le seul produit de son éducation. L’individu est avant tout une somme de choix qu’il lui faudra assumer (un discours à des années-lumière des dérives sociétales actuelles où chacun est incité à se victimiser sans jamais assumer la responsabilité de ses actes).

Bien entendu, Daniel et Johnny semblent se détester (encore que, leur petite séance de rapprochement, au bar, laissait supposer une possible amitié naissante), mais ils sont identiques sur l’essentiel. Ce sont des gamins sans figure paternelle, qui ont tenté de se construire en trouvant, chez leur sensei, ce qu’ils n’avaient pas à la maison. Et ils sont devenus des hommes, tentant d’être les meilleurs pères possibles, ce qui est assurément plus facile lorsque l’on a tous les avantages conférés par l’argent et la reconnaissance sociale. Johnny, lui, se bat sans rien de tout ça.
Ce n’est pas un mauvais bougre au fond. Juste un brave type qui passe son temps à se sortir d’une tonne d’emmerdes. Et quand on a la rumeur, les faits apparents et le destin contre soi, parfois, on en vient à s’aigrir, se blinder, à devenir dur, agressif. Mais, c’est aussi le propre des anti-héros, ce sont les personnages qui ont souvent en eux ce qu’il y a de plus touchant et de plus admirable : la capacité, malgré leurs imperfections, à se transcender lorsque cela est nécessaire.

Daniel LaRusso était le héros idéal, dans les années 80, pour les adolescents naïfs et pleins d’espoir que nous étions. Il représentait le gamin s’en sortant malgré les difficultés.
Johnny Lawrence est, lui, l’anti-héros idéal pour les pères imparfaits que nous sommes devenus. Il ne gagne pas toujours. Il n’a pas toujours la meilleure approche. Mais… il s’accroche. Il tombe et se relève. Encore. Et encore. Et c’est bien là finalement ce qui génère la sympathie, si ce n’est plus, que l’on peut éprouver à son égard. Non ses victoires mais son refus de considérer l’échec comme la fin du parcours…


Sept fois à terre, huit fois debout.
Proverbe japonais






[1] Il existe néanmoins des contre-exemples, même en France, notamment avec l’approche Tengu de Maître Roland Habersetzer, qui allie tradition et modernité, efficacité et hautes valeurs morales.
Je tiens d’ailleurs à remercier Maître Habersetzer (pour le coup, un véritable sensei au sens noble du terme) d’avoir aimablement accepté de relire cet article avant publication, afin que je sois certain de ne pas dire trop de bêtises sur certains termes japonais et leur signification. C’est un honneur de pouvoir bénéficier d’un tel niveau d’expertise… et toujours un plaisir de deviser avec un homme aussi estimable, accessible et bienveillant.
Je tiens également à vivement vous conseiller la lecture de son dernier ouvrage, Fondamentalement Martial, aux éditions Budo. La réflexion qu'il y développe, riche d'un parcours exceptionnel et sans compromis, dépasse complètement le seul cadre martial et constitue, pour qui sait lire entre les lignes, une fantastique approche philosophique de ce qui fait non seulement un véritable budoka, mais surtout un homme (ou une femme) libre, responsable et juste.