Maximum Carnage
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Réédition de la saga Maximum Carnage chez Panini en ce début d'année.
Peut-on se passer de cet ancien crossover ou vaut-il le détour ? C'est ce que l'on voit tout de suite.

Tout commence lorsque Cletus Kasady, alias Carnage, s'échappe de l'institut Ravencroft, établissement de haute sécurité (enfin, sécurité finalement toute relative) pour criminels pathologiques. Vite rejoint par plusieurs super-vilains, Carnage fait honneur à son surnom en semant la terreur à New York.
Spider-Man va bien entendu tout faire pour le neutraliser, même s'il doit pour cela mettre en péril son mariage. Il est bientôt aidé lui aussi par quelques alliés, dont Venom en personne, bien décidé à employer des méthodes plus qu'expéditives pour se débarrasser de son terrible rejeton.

Voilà en gros le pitch de ce crossover à l'ancienne qui date de 1993. À cette époque, nous sommes éditorialement peu de temps avant la célèbre Saga du Clone. Peter Parker est marié, ses parents sont de retour et Harry Osborn est par contre très provisoirement décédé.
Toutes les séries arachnéennes vont être impactées par le récit qui va se suivre dans Spectacular Spider-Man, Spider-Man, Spider-Man Unlimited, Web of Spider-Man et la série historique, Amazing Spider-Man.
Au scénario, l'on retrouve Tom DeFalco, J.M. DeMatteis, David Michelinie et Terry Kavanagh. Pour ce qui est des dessins, l'on peut citer entre autres Sal Buscema ou Mark Bagley.


Tout tourne ici principalement autour des fameux symbiotes. Rappelons que le premier, qui donnera naissance à Venom, a été à l'origine récupéré par Spidey (qui l'avait pris pour un simple costume bien pratique) lors des Guerres Secrètes. C'est en s'échappant de prison qu'Eddie Brock (ex-journaliste et nouvel hôte du premier symbiote) laisse involontairement un morceau de symbiote derrière lui (ça se sème facilement apparemment ces trucs-là), résidu qui va finir par s'associer avec un serial-killer et donner Carnage (cf. également ce Minimum Carnage, datant de quelques années et revendiquant fièrement sa filiation). Ce n'est pas fini puisque bien plus tard, Carnage donnera naissance (de manière asexuée, on vous rassure) à Toxin, dont l'hôte sera un policier.
Mais ici, seuls Venom et Carnage nous intéressent.

Nous avons fait le point sur le pitch, les auteurs, la situation éditoriale et les symbiotes, il faut maintenant en venir à l'essentiel, le récit en lui-même.
Clairement, il ne restera pas dans le top des meilleures histoires du Monte-en-l'air. C'est de la baston de base, esthétique certes mais peu passionnante, avec un dilemme moral très naïf (les gens sont-ils naturellement bons ?) et une dimension psychologique très réduite. Pire, l'habituel humour de Spidey est totalement absent (ou presque). L'on est balloté d'une confrontation à une autre, sans énormément d'enjeux, de dramatisation ou d'originalité. Même les dialogues sont assez plats et redondants.
Niveau dessin c'est plutôt pas mal même si la colorisation sans nuances de l'époque rend le tout assez criard. Heureusement le papier mat utilisé n'amplifie pas ces défauts.


L'on est ici devant un crossover à taille humaine (14 épisodes, ça reste raisonnable) qui fait dans le classique peu inspiré, à base de castagne, poses étudiées et nanas sexy. L'on peut noter la présence de nombreux personnages secondaires (Doppelganger, Carrion, Black Cat, la Cape et l'Épée...), parfois intéressants mais relativement mal employés (ils sont là pour distribuer des coups ou en prendre et n'influent pas vraiment sur le déroulement des évènements). Même Carnage n'est guère effrayant et a un côté clownesque agaçant.
Du coup, cette lecture vaut-elle le coup ?

Eh bien, ça peut être sympa si l'on aime se replonger dans les comics un peu datés et que l'on n'a rien contre une écriture simpliste. Cela aurait même pu être à conseiller aux plus curieux si la totalité du crossover avait été regroupée dans un seul ouvrage. Là, se taper ce truc en deux parties pour 40 euros (alors que l'on trouve l'ensemble à moitié prix en VO), ça fait clairement mal au cul portefeuille. Surtout que niveau valeur ajoutée, ben c'est du Panini, donc il n'y a rien, aucun effort rédactionnel, aucun bonus, pas de présentation même succincte des personnages, nada. La traduction n'est pas mauvaise mais pas totalement exempte non plus de maladresses (en même temps, 24 ans, ça leur fait court pour se retourner) [1].

Bref, si vous voulez de l'historique, c'est plutôt vers la Saga du Clone qu'il faut se tourner (ou les Intégrales malgré leurs trads calamiteuses), et si vous voulez de la qualité, l'on ne peut que très vivement conseiller les Icons consacrés au run de Straczynski.
Ce Maximum Carnage, laborieux et sans panache, aurait dû rester dans les tiroirs ou bénéficier d'un prix bien plus avantageux.



[1] Je suis ironique mais il faut reconnaître, par souci d'honnêteté, qu'il n'y a rien de honteux non plus, surtout au regard des "normes" actuelles, ou de l'état actuel de l'édition disons. Une grosse coquille, des élisions hasardeuses, une expression fausse... pas parfait mais on a vu vraiment, vraiment pire.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Des dessins loin d'être désagréables.
  • Un grand nombre de personnages.
  • Une curiosité : les parents Parker.

  • Un récit monotone et répétitif.
  • Une thématique niaise.
  • Des dialogues ternes.
  • Une colorisation affreuse (mais en rapport avec les moyens techniques de l'époque).
  • Une édition trop chère et sans aucune valeur ajoutée.