Green Lantern Saga : Godhead
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Le Green Lantern Saga #33 est sorti il y a quelques jours en kiosque et contient la suite de Godhead.

Toutes les séries estampillées "Lantern" sont actuellement touchées par un évènement majeur qui connaîtra son dénouement dans le prochain numéro de GLS.
En effet, les différents Corps sont menacés par le Haut-Père, dirigeant des New Gods (ou Néo-Dieux, une race créée par Jack Kirby dans les années 70), basés sur Néo-Génésis. Cet être surpuissant, en conflit depuis fort longtemps avec Darkseid, est en quête de l'équation de vie qui lui confèrerait un pouvoir quasiment sans limites. Pour cela, les Néo-Dieux ont décidé de mettre la main sur les anneaux des différents Corps...

Si vous ne connaissez pas les Lantern Corps, la lecture de notre dossier spécial est recommandée pour en apprendre un peu plus sur le Spectre Émotionnel et les anneaux en question.

Les séries concernées ici sont Green Lantern New Guardians, Red Lantern, Sinestro, Green Lantern et Green Lantern Corps.
Au scénario, l'on retrouve Justin Jordan, Charles Soule, Cullen Bunn, Robert Venditti et Van Jensen. Les dessins sont l'œuvre de Diogenes Neves, Jim Calafiore, Ethan van Sciver, Francis Portella, Bernard Chang et Martin Coccolo.


Tout commence par l'arrivée de Carol Ferris et Kyle Rayner sur Néo-Génésis. Kyle, premier White Lantern de l'univers, pensait en réalité que le Haut-Père pouvait représenter une opportunité de mieux contrôler son pouvoir. Manque de bol, ce dernier se contente de rafler le précieux anneau blanc avant de le congédier brutalement.
De leur côté, le Red Lantern Guy Gardner et Simon Baz, dernier terrien à avoir été recruté pour porter un anneau vert, viennent d'essuyer une bonne raclée de la part des Néo-Dieux. Malgré cela, ils décident de les poursuivre.

Pour Sinestro, allié pour la circonstance aux autres Corps, les choses sont un peu différentes. Il s'intéresse notamment de près à la jolie mais dangereuse Bekka dont il a contrecarré les plans mais chez qui il décèle également une certaine capacité à... inspirer la peur.
Quant à Hal Jordan, actuellement à Coast City, il a l'idée de faire appel à Black Hand, dont l'anneau noir lui permet de ranimer les morts. Décidément, dans ce conflit, les alliances les plus étonnantes semblent de mise.

Toutes les séries étant impactées par Godhead, c'est donc une histoire complète, en plusieurs actes (ce numéro rassemble les scènes III, IV et V de l'Acte II, ainsi que les scènes I, II, III, IV et V de l'Acte III), que l'on est amené à suivre ici. Il s'agit d'un vrai crossover à l'ancienne (cf. cet article sur le sujet) qui oblige les lecteurs américains à acheter un tas de séries qu'ils n'ont peut-être pas l'habitude de lire mais qui n'a pas de conséquences réelles en France puisque toutes sont rassemblées au sein de la même revue.


Toutes les grandes figures de l'univers des Lantern Corps sont présentes, à commencer par Sinestro, Hal Jordan, Kyle Rayner ou Guy Gardner.
Gardner, en anti-héros désespéré, voire suicidaire, s'avère encore plus intéressant depuis qu'il est passé au rouge. Sinestro reste, lui, toujours aussi classe et délicieusement haïssable dans sa mégalomanie pleine de suffisance et de froide cruauté.

L'ensemble se lit très bien mais reste extrêmement classique, presque trop prévisible. En gros, on découvre des adversaires surpuissants, on morfle, l'univers est menacé, mais on va trouver le moyen de leur botter le cul, parce que bon, on est des Lantern quand même ! L'on pourra m'objecter avec raison que le principe du "on a des problèmes/on les résout" est à la base de tout récit, mais tout de même, rien n'interdit de faire preuve d'inspiration ou d'audace en agrémentant la recette.
Le Haut-Père est finalement assez insipide, les combats ne sont guère impressionnants (même les pourtant habituellement très esthétiques créations lumineuses ne sont pas toujours exploitées au mieux graphiquement), et le seul concept un peu exotique et intéressant qui sort du lot reste le Mur-Source, dont on découvre un peu plus la nature (l'équation de vie n'étant finalement, elle, qu'une grosse baguette magique).


L'on peut noter par contre que, contrairement à Blackest Night, qui laissait une impression de confusion, ce récit se suit sans difficulté et ne devrait donc pas trop égarer les lecteurs novices, d'autant que, comme toujours, Urban a pris la peine d'introduire chaque chapitre par un fort utile résumé des évènements passés.

Sympathique mais laissant un net sentiment de déjà-vu, voire de routine.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Sinestro.
  • Guy Gardner.
  • Récit accessible.
  • Très bon travail éditorial.

  • Des combats étonnamment ternes.
  • Du cosmique manquant d'un réel souffle épique.
  • Des rebondissements sans surprises.
Résolution #04 : Guitar Hero
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— Alors, tu as reconnu ?
— Hmm… La Croisière s’amuse ?
La Croisière s’amuse ? Mais t’es complètement malade ! C’est le générique de Game of Thrones !
— Ce que tu viens de jouer, là ?
— Bien sûr ! Bon, elle n’est pas tout à fait accordée, et il manque une corde… mais dans les grandes lignes, c’était ça.
— A la limite, certaines notes pouvaient faire penser aux derniers râles de Joffrey en train d’agoniser.
— Non mais je n'étais pas chaud. Attends, je te fais un ou deux classiques de Van Halen pour me mettre en train et je reprends tout ça. Ah merde, j'ai pété une deuxième corde dis donc ! Bon, on s'en fout, je vais m'arranger...

Résolution #004 – me mettre sérieusement à la gratte : failed



Dans la prochaine résolution, Emma Frost et She-Hulk en guests !!
On a de plus en plus de moyens, c'est dingue !!

Fear the Walking Dead
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Après quatre épisodes du spin-off Fear the Walking Dead, l'on se demande si ce sont les zombies qu'il faut craindre ou les scénaristes. Retour sur un très mauvais début de série.

Voilà une licence qui aura été exploitée jusqu'au bout, c'est le moins que l'on puisse dire (cf. la rubrique "produits dérivés" de cet UMAC's Digest). Et pas toujours avec une grande considération pour la qualité de ce qui est proposé. Le début lamentable de Fear The Walking Dead en est un parfait exemple.
Pourtant la série offrait une piste intéressante en évoquant le début de l'épidémie, ce qui était absent de The Walking Dead (puisque, lorsque Rick se réveille d'un long coma, la civilisation s'est déjà effondrée). C'était donc l'occasion de voir les premiers cas, la panique se répandre, la réaction de l'armée, etc. Malheureusement, ce n'est pas franchement bien fait.

Mais commençons par le début, à savoir le casting. La scène d'ouverture montre une espèce de loquedu qui s'enfuit d'une manière ridicule. Eh bien ce n'est pas un figurant mais l'un des personnages principaux, à savoir le gentil fiston camé.
Le reste de la famille recomposée qui est au centre de l'intrigue est à l'avenant, le père en tête. Ce dernier, un prof particulièrement mollasson, va se révéler horripilant tout au long du récit. En réalité, les scénaristes vont accumuler un si grand nombre de maladresses que l'on est souvent complètement stupéfait devant la bêtise crasse des personnages.

Le loquedu en question.

On téléphone en prévenant d'un danger mais on se garde bien de dire ce qu'il en est. On dit à la jeune fille de rester sagement à la maison mais sans lui dire pourquoi (et d'ailleurs, on la laisse faire des câlins à un type contaminé, pourquoi pas aussi lui lécher l'intérieur du nez). On ne prévient pas les voisins (qui pourraient être des alliés si on ne les laissait pas se faire tuer).
Le plus invraisemblable reste la réaction de la population. Alors que les médias, internet en première ligne, diffusent des images de types mal en point, insensibles aux balles et en train de bouffer les gens qu'ils croisent, personne ne pense à un possible cas de zombies. Au contraire, ils font une manif parce que les flics les butent ! Ahurissant.

Cette série est une véritable ode à la connerie, ça en devient même comique. Le père ne veut pas buter leur voisine, zombifiée et qui est en train de grogner, coincée dans une palissade, parce que "l'on pourra peut-être la soigner". Et, alors que la situation est déjà hors de contrôle, il empêche le seul type sensé du groupe d'apprendre à son fils à se servir d'une arme !
Et toujours personne pour mettre un nom sur ce qu'ils voient. Pourtant la famille était aux premières loges puisqu'elle a eu un mal fou à se débarrasser du dealer du fiston, qu'il a fallu abattre, écraser, réécraser, etc.
Mais bordel, si ça fait coin-coin, que ça a un bec et des plumes, alors c'est un putain de canard !!  Et si quelqu'un qui devrait être clamsé depuis un bail se relève obstinément pour tenter de te gnaquer le cuissot, c'est un zombie ! Ben non, les personnages doivent vivre dans une réalité ou Romero n'existe pas. On dirait des Incas découvrant une discothèque...

À gauche le pôpa, surnommé Einstein, dont on remarquera le regard pétillant d'intelligence.

Au final, c'est l'intervention de l'armée (même si elle arrive comme un très maladroit deus ex machina) qui s'avère la piste la plus intéressante. Bien qu'ils mettent en place une zone sécurisée, on sent que les militaires peuvent vite devenir une véritable menace à part entière. Là encore le père n'en a rien à battre et fait son footing du matin comme si de rien n'était. On a envie de lui tirer une balle dans le genou juste pour l'inciter à réfléchir une fois dans sa vie, mais arrangé comme il l'est, il serait encore capable de penser que c'est une grosse guêpe qui l'a piqué.
Dans la série mère, ce mec serait mort en sept secondes. Là, on va se le taper un moment.

Bref, entre les incohérences, l'écriture pour le moins médiocre et le casting désespérant, on est loin d'une série culte. Il manque cruellement un ou deux personnages emblématiques (de la trempe d'un Rick ou d'un Daryl) et, surtout, un minimum de bon sens au niveau du scénario.
À voir une fois au second degré et en laissant son cerveau sur la table de nuit.
 


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • On apprend que chez un coiffeur, il n'y a pas que des peignes.

  • Niais au possible.
  • Des acteurs dignes d'un soap.
  • Comportements ridicules.
  • Dénouements téléphonés.
Batgirl : Bienvenue à Burnside
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Nouveau départ pour la jeune Barbara Gordon avec ce premier tome de Batgirl, intitulé Bienvenue à Burnside.

Si la vigilante Batgirl, apparue dans les années 60, a été incarnée par plusieurs personnages, c'est sans doute Barbara, fille du commissaire Gordon, qui a le plus marqué les esprits (au point d'être encore dernièrement au centre d'une polémique, cf. cet article). Après avoir été écartée de l'action par le Joker qui, lui tirant dessus, la prive de l'usage de ses jambes, elle devient Oracle et se spécialise dans le renseignement pour encapés.
Avec la relance des titres DC Comics et la large modification de la continuité qui s'ensuivit, Babs revient sur le devant de la scène, rajeunie et de nouveau apte à gambader et mettre des mawashi dans la trogne des truands qui croisent sa route !

L'album, qui contient les épisodes Batgirl #35 à #40 plus l'épisode Secret Origins #10, débute par le déménagement de Barbara, cette dernière ayant trouvé une colocation dans le quartier branché de Burnside.


Tout ne commence pas pour le mieux pour la jolie rousse puisque, à peine arrivée, elle se fait dérober son ordinateur portable après une soirée bien arrosée. Problème : l'engin contenait ses recherches sur un algorithme au centre de la thèse qu'elle prépare.
Rapidement, les ennuis s'accumulent. Dinah Lance, alias Black Canary, annonce à Barbara que son appartement a été ravagé par un incendie, or il se trouve que c'est justement là-bas que la jeune fille entreposait son matériel de Batgirl.
Enfin, une usurpatrice semble avoir pris sa place dans Gotham. Une Batgirl très "bling-bling" profite en effet de la notoriété de la super-héroïne pour s'immiscer peu à peu dans sa vie...

Le scénario est de Cameron Stewart et Brenden Fletcher (l'un des auteurs du récent Gotham Academy), les dessins sont l'œuvre de Babs Tarr (pour l'anecdote, une très jolie dessinatrice) et, dans une moindre mesure, Irene Koh.
Graphiquement, c'est un peu inégal. Cela va du plutôt mignon au franchement moche. Certaines cases, notamment au niveau du visage des personnages, font très "amateur".
Au niveau du récit, après le run de Gail Simone, c'est donc une nouvelle page qui se tourne, avec un changement de décor très symbolique et un ton en apparence plus jeune, qui semble cibler un lectorat féminin.


Pourtant, rapidement, l'on se rend compte que les auteurs n'emploient pas ce ton innocemment et que cet arc, bien que présentant son lot d'affrontements et de poursuites, va se révéler une critique féroce de certaines pratiques actuelles.
La télé-réalité, les réseaux sociaux, les sites de rencontre et même certains artistes superficiels et faussement "décadents" constituent le centre de cette thématique moderne et axé sur l'apparence. Visuellement aussi, l'on peut constater un fort contraste entre une Batgirl "classique" et une version clinquante à base de strass et de paillettes.

Stars éphémères, ivres de leur petit pouvoir précaire, apprenti maîtres-chanteurs du net ou effets de meute liés aux réseaux sociaux et à l'apparente impunité qu'ils réservent à ses utilisateurs, tout cela est brocardé avec justesse et un recul nécessaire.
Outre le commentaire sur les comportements sociaux liés à l'influence de la technologie sur la masse, les scénaristes développent efficacement un background crédible. Les relations amicales, la vie amoureuse ou encore les problèmes liés à la thèse de Barbara viennent entrecouper les scènes d'action. Ces dernières ne sont pas forcément des démonstrations de force, avec poses musculeuses et postures improbables, mais peuvent aussi faire écho à un certain questionnement moral. Dans le genre, la scène de poursuite entre une Batgirl en moto et un crétin alcoolisé en bagnole est un modèle du genre. L'on se surprend à frissonner pour les piétons, rasés par une Batgirl lancée à pleine vitesse.


Niveau éditorial, en plus d'une version française sans défauts, l'on peut noter l'introduction très complète d'Urban sur le passé de Barbara Gordon.
D'apparence très "girly", ce tome de Batgirl s'offre une intrigue bien conçue, des personnages attachants et une réflexion intelligente en prime.
Très bon.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une Barbara crédible et attachante.
  • Une intrigue bien menée.
  • Une critique de certaines habitudes technologiques et médiatiques plutôt bien vue.
  • Un style narratif dynamique et parfois impressionnant malgré le grand nombre de cases par planche.

  • Certaines cases dont les dessins ne sont pas toujours d'une qualité extraordinaire.
COMETA : de l'ironie à la recherche de la vérité
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En 1999, l'association COMETA, ayant pour but de sensibiliser les pouvoirs publics aux phénomènes aérospatiaux non-identifiés (PAN), remet aux plus hautes autorités françaises un rapport au titre surprenant : Les OVNI et la Défense - à quoi doit-on se préparer ?

Une quinzaine d'années plus tard, ce rapport, pourtant de qualité mais souvent moqué, est plus connu à l'étranger, notamment aux États-Unis, qu'en France.
Ce qu'il contient pose des questions scientifiques et philosophiques qui sont autant de défis intellectuels. Les concepts qu'il aborde, entre autres l'existence possible d'une vie intelligente extraterrestre, sont depuis longtemps au cœur de nombreux romans, films ou jeux vidéo. Si le principe d'une intelligence extérieure à notre planète n'a rien de nouveau dans la fiction et la culture populaire, il est encore difficile de s'intéresser sérieusement au sujet de nos jours. La frilosité de certains scientifiques, l'ironie mordante de la presse, le désintérêt des politiques ont permis de faire passer un sujet passionnant pour, au mieux, une perte de temps.
Pourtant, comme nous allons le voir au travers de ce rapport, il existe de nombreuses raisons de s'intéresser à ce domaine encore tabou et porteur de fantasmes, de craintes et de fols espoirs.

Les membres de l'association
Il n'est pas inutile, lorsque l'on veut s'assurer de l'intérêt d'un écrit, de se renseigner un peu sur ses auteurs. Le rapport COMETA est le fait de scientifiques et militaires de haut rang. L'association, aujourd'hui en sommeil, est présidée par le général Denis Letty. Ont travaillé avec lui, pendant près de trois ans, un amiral, un autre général, un commissaire principal de la DST, un avocat docteur en sciences politiques, un docteur en physique ou encore plusieurs ingénieurs spécialisés dans différents domaines. En outre, le responsable du SEPRA au sein du CNES a lui-même contribué à ce travail.
On le voit, il ne s'agit pas vraiment des farfelus du village qui souhaitent jouer les intéressants. Au contraire, tous ces gens ont énormément à perdre socialement.
Ce qui les pousse à agir tout de même tient sans doute dans les témoignages et faits concrets qu'ils savent nombreux et résistants à toute explication scientifique humaine.


OVNI et PAND
Le rapport, disponible sur le site du GEIPAN, se base sur des exemples français et étrangers de PAND, ou phénomènes aérospatiaux non-identifiés de catégorie D [1].
Bien entendu, il s'agit d'un document technique, pas d'un roman ni même d'un ouvrage de vulgarisation, donc n'attendez pas d'effets de mise en scène ou un quelconque travail de la forme. Les faits sont présentés de manière brute et claire. L'on retrouve des témoignages de pilotes français, des observations aéronautiques au niveau mondial, des cas d'observations au niveau du sol et même des contacts rapprochés.
La réalité des observations ne fait très souvent aucun doute (témoignages multiples de personnel hautement qualifié, confirmation radar, traces au sol...). Bien entendu, s'il n'existait que quelques cas d'observation de PAND, il serait permis de traiter le sujet avec désinvolture. Or, il existe des centaines de cas sérieux et documentés qui prouvent la réalité du phénomène, quel que soit son origine.

Les différentes hypothèses 
Différentes hypothèses sont citées dans le rapport, souvent pour être rapidement réfutées. Trop rapidement peut-être parfois. En effet, si les phénomènes naturels, les armes secrètes [2] ou les images holographiques ne semblent pas tenir la route, l'hypothèse des voyageurs temporels est trop vite écartée, et ce sous prétexte qu'il est "impossible qu'une telle observation puisse influer sur un passé révolu, même en étant détectable".
L'on comprend bien ce que les rédacteurs du rapport veulent dire ici. En gros, le passé (notre présent) étant un passé révolu et sans voyageurs temporels pour les voyageurs du futur, il est impossible que l'on remarque leur présence, car cela causerait un paradoxe. C'est toutefois aller un peu vite en besogne. Il existe au moins deux solutions temporelles permettant d'admettre l'hypothèse. La première est celle des lignes temporelles : le passé des voyageurs n'est pas modifié, c'est une autre ligne qui se crée. La seconde est celle du système en boucle atemporel : le voyage existe de tout temps (hors du temps en réalité), l'on en voit donc les effets (OVNI) avant qu'il ne se produise dans le futur.
Ceci dit, l'hypothèse extraterrestre n'en demeure pas moins une piste intéressante, que le rapport consolide de manière habile.


L'hypothèse extraterrestre
La première objection à la visite d'extraterrestres reste, on le sait bien, les distances considérables qui séparent les différents systèmes solaires (cf. cet article). Aussi, le rapport offre plusieurs pistes permettant de résoudre cet épineux problème.
La MHD (ou propulsion magnétohydrodynamique) est ainsi évoquée. Tout comme la piste de l'antimatière. La solution la plus élégante et fascinante, qui reste dans le domaine de nos connaissances actuelles et qui est exposée par deux astronomes, est celle des "îles de l'espace". Il s'agit en fait d'immenses constructions artificielles, en orbite autour de la Terre, ou de grands astéroïdes "aménagés". Ces "îles" sont ensuite propulsées vers des destinations lointaines, sur plusieurs générations. Les explorateurs s'installent ensuite dans une ceinture d'astéroïdes et visitent les alentours, à l'abri des regards, des radiations cosmiques, et en ayant résolu en plus le problème des distances interstellaires. Pas mal.
Tout cela est très important car, en réalité, il ne manque rien pour que l'hypothèse extraterrestre puisse, au minimum, être étudiée (ce qui ne veut pas dire qu'elle est réelle). On admet depuis un bon moment que la vie n'est pas limitée à la Terre, qu'elle est statistiquement probable au regard du grand nombre de galaxies et étoiles, il faut donc trouver des moyens logiques de contrer l'apparente inaccessibilité des astres lointains.

Un peu d'humilité
Le rapport évoque un élément finalement important à prendre en compte : notre manque d'humilité.
L'on a souvent l'impression que ce que l'on ne sait pas faire sur le moment restera impossible.
Pourtant, certains, parfois même des scientifiques, ont affirmé par le passé que ce qui était plus lourd que l'air ne pourrait jamais voler. Ou même qu'il serait impossible de respirer dans des tunnels. Même le fameux Big Bang doit son nom à une raillerie d'un sceptique incapable de concevoir une théorie nouvelle.
Surtout, il est permis de penser qu'une civilisation extraterrestre pourrait avoir des millions d'années d'avance sur nous. Là encore, le rapport l'explique de manière simple. Si l'on prend en compte notre propre évolution, par rapport à l'âge de la Terre, il suffit qu'il y ait une différence de 0,1% au niveau des données initiales pour qu'une civilisation extraterrestre, ayant évolué également, soit très largement en avance [3].


La désinformation
On le voit, si la vie extraterrestre est reconnue comme probable et si le voyage interstellaire est envisageable, il n'y a donc pas de raisons de ne pas étudier la piste extraterrestre en matière de PAND. Pourtant, le sujet reste sulfureux. Au point que de nombreux pilotes attendent d'être à la retraite avant d'évoquer des faits dont ils ont été témoins. Car les conséquences sociales et professionnelles sont parfois terribles.
La manipulation médiatique est constante sur le sujet. Elle est évoquée dans le rapport, notamment dans l'étude, en annexe, du cas de Roswell, qui emploie les deux techniques de désinformation : réductrice et amplifiante.
En 1947, l'armée américaine emploie d'abord une technique de désinformation réductrice. Menaces, substitution de preuves, explications officielles rassurantes, tout est fait pour détourner l'attention de ce qui doit passer pour un simple fait divers. L'opération est si bien menée qu'elle sera efficace pendant 30 ans (date à laquelle de nombreuses langues se délient).
En 1995, une autre opération est menée, cette fois amplifiante, avec la fameuse et ridicule affaire de l'autopsie du "Petit Gris" de Roswell. Les médias tombent dedans d'un même mouvement. La supercherie est ensuite révélée et empêche quiconque de s'intéresser sérieusement à l'affaire, par crainte du ridicule. Les manipulations amplifiantes restent les plus efficaces, puisque le culte du secret n'est plus nécessaire, il n'est même plus utile de cacher certaines preuves, qui participent à l'élaboration de ce qui est présenté comme une légende urbaine.

Qui a peur du Grand Méchant Loup ?
C'est pas nous, mais c'est sans doute l'armée US. En effet, deux directives très importantes, JANAP 146 et AF 200-2 [4], interdisent très officiellement la divulgation de tout témoignage relatif à une observation d'OVNI. Les contrevenants s'exposent même à 10 000 dollars d'amende et... dix ans de prison. Une note un peu élevée pour quelque chose de risible qui n'existe pas.
Le pire se situe au niveau médiatique. En effet, il est tellement passé dans les mœurs que l'hypothèse extraterrestre est absurde que les journalistes, dans un parfait réflexe pavlovien, ridiculisent souvent d'eux-mêmes ceux qui osent s'intéresser au domaine.
La peur du ridicule et des railleries de la masse reste bien plus efficace pour protéger un secret qu'un lourd coffre-fort.
Prenons le cas français. Quand le rapport COMETA sort, alors qu'il est rédigé par des gens compétents et contient une analyse tout à fait sensée et non sensationnaliste, il est ou passé sous silence ou raillé par les grands quotidiens. Or, combien de journalistes auront fait l'effort de le lire ? Puis de se documenter sur ce qu'il évoque ? Évidemment, la moquerie demande moins de travail qu'une enquête.


Les recommandations et prospectives stratégiques
Le rapport ne se contente pas d'accumuler des témoignages, fournir des pistes scientifiques ou recenser ce qu'il se passe dans d'autres pays. Il fournit également des recommandations mais aussi une très intéressante étude sur les conséquences d'un contact extraterrestre, tant au niveau politique, militaire que religieux.
Pour cela, les rédacteurs ont utilisé un moyen aussi ingénieux qu'efficace : ils nous placent dans le rôle de l'explorateur spatial. Comment nous comporterions-nous avec une civilisation extraterrestre pré-industrielle ou post-industrielle ? Comment établirions-nous les premiers contacts ? Combien de temps dureraient nos observations avant ce contact ? Les auteurs vont même jusqu'à prendre en compte une sédition d'une partie des explorateurs ou le transfert de technologie par le biais d'un faux "incident". Ils évoquent même des possibles conséquences de contact, qui pourraient être à l'origine de religions, légendes ou fictions, le tout en prenant des exemples édifiants dans la culture humaine mondiale.
D'une manière très sensée, le rapport apporte des pistes stratégiques pour faire face à l'hypothèse extraterrestre.

Les conclusions
Les conclusions sont nettes et sans appel. Certains PAND sont bien le fait de machines volantes inconnues, aux performances exceptionnelles et guidées par une intelligence (naturelle ou artificielle).
Le rapport appelle tout simplement à une forme de vigilance cosmique, tant sur le plan de notre propre exploration future que celui des réactions à un possible contact provoqué par des visiteurs plus évolués.
Il n'affirme en rien l'existence de vaisseaux spatiaux extraterrestres. Il en évoque la possibilité, totalement admissible sur le plan technique, et affirme avec raison qu'il vaut mieux s'y préparer pour rien plutôt que de réagir dans l'urgence et la panique.
Quant à ceux qui veulent interdire la simple réflexion par la raillerie, ils sont nombreux, protégés par l'effet de meute et le confort de l'habitude. L'on ne voit pourtant pas bien ce qui suscite ces rires. Tenter de comprendre, d'aller de l'avant, de percer les mystères auxquels nous sommes confrontés, a toujours fait partie du quotidien des grands scientifiques, explorateurs ou penseurs. C'est le propre de l'Homme (du moins, de l'Homme courageux) d'élargir ses frontières, sa conscience, d'aller toujours plus loin, juste parce qu'il le peut.
Écarter des hypothèses farfelues et des élucubrations est une attitude saine. Interdire par principe l'exploration sereine d'une piste logique l'est beaucoup moins.
Les auteurs du rapport COMETA peuvent se tromper, mais ils appuient leurs hypothèses par une approche documentée et argumentée. Surtout, ils ont fait preuve d'un courage certain pour oser, alors que leur situation ne le justifiait pas, aller à contre-courant et risquer l'opprobre.
Jusqu'à ce jour, leur travail est resté sans suite et a été parfaitement ignoré par les autorités françaises.



Lorsque l'on a éliminé l'impossible, ce qui reste, aussi improbable soit-il, est nécessairement la vérité.
Sir Arthur Conan Doyle



[1] Les PAN se classent en quatre catégories. A pour les phénomènes expliqués. B pour les phénomènes probablement expliqués. C pour les phénomènes manquant de documentation et témoignages pour être correctement étudiés. Et enfin D pour les phénomènes inexpliqués malgré le nombre et la qualité des éléments recueillis.
[2] Les armes secrètes ne le restent jamais bien longtemps. Il est dit dans le rapport que l'existence des avions furtifs a été divulguée en 1988 alors que le premier vol de prototype a eu lieu en 1977. Le secret a même tenu en réalité beaucoup moins longtemps. Si l'on parle bien du F-117 Nighthawk, son existence officielle a certes été reconnue en 1988, mais de nombreux pays connaissaient son existence bien avant, alors que sa mise en service ne datait que de 1983. L'on voit qu'un secret important, impliquant de nombreux ingénieurs, pilotes, responsables politiques, officiers, ne peut guère tenir plus de quelques années. Par comparaison, les premières observations crédibles d'OVNI remontent à 1944. S'il s'agit d'un secret technologique, son exceptionnel longévité constitue un record dans l'Histoire de l'humanité.
[3] À ce sujet, bien que cela ne soit pas évoqué dans le rapport, il peut être intéressant de mentionner l'échelle de Kardashev, qui classe les civilisations en trois types. Le type I, que nous n'avons pas encore atteint, est capable d'utiliser l'ensemble de la puissance énergétique disponible sur sa planète d'origine. Le type II est capable d'exploiter la totalité de l'énergie de son étoile (par exemple grâce à une sphère de Dyson, cf. cet article). Enfin, le type III peut employer toute la puissance de... sa galaxie ! C'est simplement effarant, surtout si l'on sait que le type II surpasse déjà la civilisation de type I par un facteur de 10 milliards. Les avancées technologiques et les réalisations de telles civilisations sont pratiquement hors de portée de notre imagination.
[4] JANAP pour Joint Army Navy Air Force Publication, AF pour Air Force. Ces ordonnances concernent le personnel militaire mais aussi les pilotes de l'aviation civile ainsi que les capitaines de la marine marchande.

UMAC's Digest #2
Par
Les sélections UMAC dans l'actu de la pop culture



-- BD --

Septembre semble être le mois des passionnés d'aviation. En effet, Dupuis vient tout juste de sortir la réédition du tome #11 de l'Intégrale Buck Danny tandis que Dargaud sort le troisième volume de l'Intégrale Tanguy et Laverdure. Les albums contiennent bien entendu divers bonus (histoires courtes, interviews, croquis...).
Pour ceux qui opteraient pour Buck Danny et les Crusader américains, cet arc complet contient les albums La Vallée de la Mort Verte, Requins en Mer de Chine et Ghost Queen (les derniers albums dessinés par Hubinon).
Pour ceux qui souhaitent voler sur de bons vieux Mirages français (et même de plus vieux coucous), ce tome contient Canon Bleu ne répond plus, Cap Zéro et Pirates du Ciel (cette fois les trois derniers tomes dessinés par Uderzo) et nous entraîne du Groenland à l'Afrique.
#IbelieveIcanfly




-- COMICS JEUNESSE --

Pour les plus jeunes lecteurs, une série (maintenant complète et toujours disponible en kiosque) de Mickey Parade Géant hors-série spécial Fantastique. Le premier tome comprend un coffret de rangement (en carton, mais bon, c'est toujours ça).
De quoi frissonner gentiment en découvrant la Dimension M.
Le tout est agrémenté de quizz et divers jeux.
Quatre albums à 5,95 euros.
#petitavecdegrandesoreilles




-- LIBRAIRIES --

Nos amis de Hisler BD Bis, à Thionville, organisent vendredi prochain (le 25, à 16h00) une distribution de figurines gratuites ! Oui, vous avez bien entendu (ou lu, pour être exact).
Il s'agit de produits endommagés (petits ou gros défauts, parfois une partie cassée) mais rien n'interdit de les recoller ou repeindre. Les produits concernent les univers de Star Wars, Tintin, Final Fantasy, Marvel, DC Comics, Disney, Dragon Ball... bref, largement de quoi trouver un petit (ou grand) truc sympa.
Une belle initiative de nos libraires mosellans préférés ! ;o)
#cadeaux



-- OVNI --

Pas une nouveauté dans ce cas précis, puisque ça date de 2012, mais nous tenions absolument à évoquer Pedro & Co, un album humoristique publié par Monsieur Pop Corn Editions.
Il s'agit de l'histoire de deux potes souhaitant se rendre au "Cominerd", LA grosse convention des fans de comics, manga et jeux vidéo. Premier problème, les précieuses places sont détenues par un certain Murphy que les deux compères ne connaissent pas vraiment et qu'ils vont devoir supporter.
Et ce n'est là que le premier des obstacles, contretemps et délires qui jalonneront la route de Pedro et Douglas.
Un road trip en noir & blanc, fun et délirant. Avec en prime une cover en forme de jaquette Megadrive.
En savoir plus : Monsieur Pop Corn / aperçu de Pedro & Co
#déjanté




-- TÉLÉVISON/FILMS --

Le mardi 29 septembre, NT1 diffusera en prime time le sympathique nanar d'inspiration vaguement vernienne : Voyage au Centre de la Terre 2 : L'Ile Mystérieuse. A prendre au deuxième degré minimum !
L'histoire, abracadabrante, part d'un mystérieux message codé et aboutit sur une île peuplée de saloperies diverses.
Humour à efficacité variable pour un divertissement qui se veut franchement familial et repose sur Dwayne "The Rock" Johnson et le charme de la jolie Vanessa Hudgens.
Prévoir quelques bières, si vous avez l'âge, pour se mettre dans l'ambiance.
#méchantlézard



-- SÉRIES TV --

La saison 6 de The Walking Dead débute le 11 octobre aux États-Unis, sur AMC.
Sur nos écrans (la série est diffusée notamment sur OCS en ce qui concerne les plus récents épisodes), Rick en était à la prise de contrôle d'Alexandria après avoir fait, une fois de plus, le sale boulot d'une personne pleine de grands principes mais complètement déconnectée de la réalité. On attend avec impatience la suite, d'autant que le comic n'est plus vraiment aussi bon que par le passé.
En savoir plus : site AMC / trailer sur youtube
#I'mwithDaryl



-- INTERNET/TEST IDIOT --

Le net regorge d'outils intéressants et de conneries pour perdre son temps. Pour cette fois, on bascule dans le côté crétin de la toile avec un test idiot : à quel point êtes-vous un putain de badass ? Par contre, c'est en anglais. Ah ben, fallait pas glander au bahut. Pendant que vous jetiez des boulettes en papier sur madame Gruppenslagt, ou que vous draguiez la jeune Virginie Vergan (que l'on aurait dit inventée par Stan Lee) une table plus loin, eh bien d'autres ont pris de l'avance et sont dorénavant aptes à s'auto-évaluer dans la langue de Straczynski.
#jesuisunmauvaiscul #traductionparpanini




-- L'ACCESSOIRE NAZE DE LA SEMAINE --

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, notamment dans les Bad Fucking Resolutions, je ne suis pas très cosplay. Pas du tout même. Par contre, j'ai un petit penchant pour les lunettes de soleil rondes, style soudeur. J'ignore d'où ça vient, peut-être d'une fascination inconsciente pour Guido Carosella ou RanXerox... allez savoir.
Toujours est-il que je tombe récemment sur des lunettes décrites comme "steampunk", "rétro", voire "vintage". Des trucs ronds, pas trop chers (une quinzaine d'euros, port compris), avec rebords et même des verres argentés, style miroirs. Cool, me dis-je, j'achète !
Quelques jours plus tard, je reçois le bordel en question. Et là je me rends compte que j'ai négligé un élément important : la taille des verres !!
Ces derniers font 5 centimètres de diamètre. On a l'impression que c'est une taille relativement correcte, eh bien non, même quand on a une grosse trogne, c'est carrément anormalement grand. En fait, c'est immettable. Tout l'intérêt des lunettes rondes, c'est le petit côté sadique et cruel qu'elles vous donnent. Mais ce petit côté frappadingue assumé n'est obtenu que si la taille des verres est raisonnable, car sinon, ça vous fait juste une... ben... une tête de con.
#lataillec'estimportant



Gotham Academy
Par
Urban Comics nous fait plonger ce mois dans une vieille institution gorgée de mystères : la Gotham Academy.

C'est la rentrée pour les élèves de la plus prestigieuse école de Gotham. Olive Silverlock, qui a passé un été houleux, débute sa deuxième année de manière quelque peu chaotique. Outre le fait qu'elle doit servir de chaperon à Maps, la petite sœur de son ex, elle doit également faire face à l'hostilité manifeste de Pomeline Fritch, une autre élève de son âge qui ne la porte pas vraiment dans son cœur.
Et comme si les problèmes liés au milieu scolaire ne suffisaient pas, voilà qu'une rumeur prétend que l'école serait hantée. Un bâtiment est même interdit aux élèves. Il n'en fallait pas plus pour aiguiser la curiosité de Maps et Olive qui vont tenter de percer ce mystère...

Développer l'univers de Gotham par un autre biais que les affaires criminelles semble a priori une bonne idée, d'autant que l'on sait que les séries secondaires, employant des personnages nouveaux (et souvent jeunes, cf. Runaways, Young Avengers, Avengers Academy...), se révèlent fréquemment d'excellente qualité, les auteurs bénéficiant alors d'une plus grande marge de manœuvre.
Le scénario a été confié ici à Becky Cloonan et Brenden Fletcher. Les dessins sont de Karl Kerschl et Mingjue Helen Chen.


C'est l'aspect visuel qui frappe en premier lieu. Un élégant style cartoony, rehaussé par une magnifique colorisation, apporte l'ambiance nécessaire aux bâtiments gothiques et inquiétants de cette étrange institution. Le cadrage est intelligemment choisi et certaines astuces graphiques viennent enrichir les planches et délivrer des informations d'une manière originale (effets de loupe permettant de grossir des détails d'un plan large, reflets...).
Les décors sont travaillés jusque dans les moindres détails, faisant de l'académie un personnage à part entière. L'architecture des bâtiments est soignée, bien sûr, mais même de simples chaises semblent parfois écraser les personnages de tout leur poids.

Le récit commence également plutôt bien, même s'il reste classique. On sent qu'Enyd Blyton et son célèbre Club des Cinq ne sont pas loin. Ou Kathy Reichs pour prendre un exemple plus récent. L'aventure semble donc au rendez-vous, d'autant que les personnages, Olive en tête, sont plutôt sympathiques.
Malheureusement, certains raccourcis ou maladresses viennent un peu diminuer l'intérêt de l'histoire. En effet, dans un tel cadre, l'institution est très importante, tout comme l'autorité des adultes, censée être un frein, ou du moins un obstacle supplémentaire sur la route des protagonistes. Or ici, les jeunes gens se déplacent comme ils le veulent, de jour comme de nuit. On les voit d'ailleurs rarement en cours, à croire qu'ils bénéficient d'une sorte de quartier libre perpétuel. Les gamins partent en exploration en pleine nuit ou se déguisent pour participer à des cérémonies occultes sans que rien ne vienne déranger leurs plans. Ils peuvent même péter des vitres sans avoir apparemment à rendre de comptes.


Autre élément quelque peu étonnant, l'académie en elle-même. Qu'elle soit ancienne et dans un style gothamien, certes, mais là ça dépasse le côté gentiment folklorique. L'école est percée de passages secrets, de salles cachées, l'ensemble constituant un labyrinthe immense.
D'autres détails viennent encore, sur le long terme, amoindrir le plaisir de lecture. La jeune Maps Mizoguchi s'avère extrêmement caricaturale dans son rôle de fan absolu de jeux de... rôles justement. Et le rapprochement des deux meilleures ennemies est un peu rapide, sans parler du côté téléphoné.

Est-ce pour autant une mauvaise BD ? Non, ces six épisodes sont globalement plutôt agréables à lire, mais il leur manque un petit quelque chose, une véritable tension, un côté vraiment dramatique, pour être pleinement réussis. Les auteurs passent à côté de quelque chose, un peu comme un grand chef qui a les meilleurs ingrédients sous la main mais rate sa cuisson.
Niveau guest, on peut signaler la présence de Batman en personne.


L'album contient quelques bonus, dont des visuels promotionnels faisant office de fiches de personnages (malheureusement de taille réduite : trois par page). L'on a droit également à quelques croquis, une carte de l'académie par Maps (il se trouve qu'elle raffole des cartes, un hobby lié à sa passion), et des variant covers, elles aussi de petite taille.

A suivre de près. Pas totalement abouti, mais conseillé tout de même.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Le cadre.
  • L'ambiance graphique.
  • L'habile construction de certaines planches.

  • Un récit un peu brouillon et précipité parfois.
  • Quelques incohérences.
  • Peu d'exploitation de la vie scolaire censée pourtant rythmer celles des personnages.
Stephen King : maître de l'horreur ou fin connaisseur de la nature humaine ?
Par

La sortie ce mois du nouveau roman de Stephen King nous donne l’occasion de faire le point sur un auteur dont l’œuvre est encore méconnue en France et surtout très mal présentée par les médias.

King « maître de l’horreur », « roi de l’épouvante », voilà en gros les clichés habituels que l’on peut lire dans la presse ou entendre à la radio. Outre le fait que les récits de King n’appartiennent pas tous au genre horrifique (certains s’approchent plus de la science-fiction, du polar ou du fantastique en général), la « peur » n’est nullement l’élément principal qui fait le succès des romans ou nouvelles de l’écrivain.
Il utilise bien sûr souvent des éléments fantastiques (encore que ce ne soit pas systématiquement le cas, notamment pour les romans publiés à l’origine sous le pseudonyme de Richard Bachman) mais le paranormal, les vampires ou les simples chiens méchants sont loin d’expliquer l’engouement des lecteurs pour le plus célèbre résident du Maine.

Ce qui fait la particularité et la force des récits de King, c’est l’émotion qui s’en dégage, une émotion permise et nourrie par la construction minutieuse des personnages.
Il existe en effet bien des romans plus « gore » ou horrifiques que ceux de King (ceux de Graham Masterton, bien que souvent complètement ratés et mal écrits, contiennent bien plus d’éléments d’épouvante). Ce qui fait que l’on frissonne réellement en tournant les pages écrites par King, c’est que le processus d’identification (cf. cet article) fonctionne à plein régime.
Dans Charlie, les personnages principaux luttent principalement contre une agence gouvernementale. Dans Cujo, le « monstre » n’est qu’un simple chien enragé. Dans Les Tommyknockers, la menace est personnifiée par un vieux vaisseau enfoui sous la terre. Le monstre classique (comme dans Salem ou Ça) est loin d’être employé systématiquement.
Par contre, l’on éprouve une vraie affection pour le poète James Gardener, pour Andrew McGee et sa fille ou encore pour la pauvre Donna Trenton.


Si King est le maître d'un domaine, c’est bien celui de la construction des personnages. Il ne s’agit pas de corps sans âme, non habités, mais de personnages « épais », vraisemblables, dont les petites manies ou les failles sont peu à peu dévoilées et permettent de rendre tragiques des faits qui pourraient n’être qu’anecdotiques s’ils n’impactaient pas de « vraies » personnes [1].
L’auteur est en plus aidé dans sa tâche par des fins souvent tragiques ou disons au moins pas complètement heureuses. Les conclusions de Dreamcatcher, 22/11/63 ou Désolation laissent par exemple un goût bien amer. Plus que nous terrifier, King nous plonge dans des drames déchirant dont peu de personnages s’échappent.
Malgré tout, l’on continue de le caricaturer comme le « roi de l’épouvante » (cf. cet article). Certains, faisant peu de cas de son travail (ou plus probablement ne le connaissant pas), ont même été jusqu’à prétendre qu’il avait commencé à rentrer dans la « véritable littérature » avec 22/11/63.

Comme l’écrivain fait vendre et attire le chaland, les médias généralistes y vont de leur petits classements de temps en temps. Que dire de celui du Monde, sur les adaptations cinématographiques tirées des livres de King ? Les gens qui ont pondu ça vont jusqu’à mettre La Ligne Verte dans les pires nanars… (c’est au contraire, avec Les Evadés, l’une des meilleures adaptations de King, justement parce qu’elle joue sur l’émotion et la richesse des personnages).
Télérama n'échappe pas à l'exercice et livre, avec ce classement, une liste cette fois des romans supposément incontournables de King. Or l’on a la surprise de voir, dans ce classement de « romans », un recueil de nouvelles (de novella disons) et un essai sur l’écriture. Ça part mal. L’on retrouve également Salem ou Carrie, qui ne sont clairement pas les plus grandes réussites du maître, et l’on déplore l’absence de Simetierre par exemple. Assez étrange d’ailleurs pour une publication qui se veut « intellectuelle », Simetierre étant sans doute le plus sombre roman de King et, surtout, celui qui amène les pistes de réflexion philosophiques les plus sérieuses (le roman pose en fait la question de la nécessité de la mort et de sa fonction naturelle, lui opposant des actes « contre-nature » aux conséquences terribles). Pas non plus trace d’Insomnie, qui avait pourtant le courage d’aborder, même maladroitement, la question de l’avortement. Et pas un mot sur la saga majeure de l’auteur, La Tour Sombre [2].
Les commentaires sur les romans sélectionnés sont en plus totalement superficiels voire carrément faux. Ainsi, dans 22/11/63, King est loin de « jouer brillamment avec l’idée du voyage dans le temps » (pas en tout cas dans le sens d’un Universal War One ou d’un Looper, qui sont des récits dans lesquels le voyage dans le temps tient un rôle majeur). En réalité, King utilise ce procédé (complètement anecdotique) pour évoquer (de nouveau) la fin des années 50, autrement dit le monde de son enfance.
Le site Allociné, dans son classement des meilleures adaptations, balance aussi un peu n’importe quoi. La présence de Simetierre (roman magistral mais film pathétique) en dit long sur la méconnaissance crasse du récit originel et de sa thématique poignante, passée totalement à la trappe dans ce navet de série Z.


Bref, on le voit bien, Stephen King (un peu comme les super-héros en ce moment [3]), est à la mode et attire à la fois ceux qui ont toujours apprécié sa prose (ou au moins sa traduction française) et ceux qui n’en ont jamais lu une ligne.
Je peux comprendre l’opportunisme, j’ai plus de mal avec le manque de travail qui consiste à sélectionner des œuvres au hasard, sans les connaître ni s’y intéresser vraiment. Cela me fait penser au Club Dorothée. À l’époque, qu’est-ce que les bien-pensants déversaient comme saloperies sur cette émission ! À les en croire, c’était presque une émanation des enfers. Bien sûr, ils ne s’étaient jamais intéressés à Saint Seiya ou à un autre dessin animé diffusé dans l’émission, mais ils avaient un avis parfaitement arrêté sur la question. Aujourd’hui, les mêmes n’en finissent plus d’éloges sur la si sympathique Dorothée et évoquent, la gueule enfarinée et le zgueg à la main, le « bon vieux temps » et l’innocence de ces programmes fédérateurs… ont-ils pour autant ouvert un Kurumada ? Pas plus aujourd’hui qu’hier. Mais les girouettes n’ont pas besoin de lire, elles sont bien trop occupées à tourner.




[1] Vance évoquait avec humour il y a peu, sur notre page facebook, la distinction qu’a reçu King dernièrement (National Medal of the Arts). Les quelques mots de présentation dans cette courte vidéo en disent finalement plus sur l’auteur que la plupart des médias français, notamment la partie où il est dit que « monsieur King combine à la fois un remarquable sens de la narration et une analyse pointue de la nature humaine ». Même par la suite, quand l’aspect « effrayant » est évoqué, l’on n’oublie pas de rappeler ses travaux dans d’autres genres, comme la science-fiction, le fantastique et le suspense.
[2] Sur ce sujet, vous pouvez consulter les articles de Vance, parti pour une longue exploration de cet univers, mais aussi cette liste d’ouvrages conseillés avant la lecture de la saga, qui contient aussi un petit point sur le moment, douloureux, où l’on tourne la dernière page.
[3] Même France Inter se fend d’une émission sur le sujet. Oh, bien entendu, à travers le prisme réducteur des adaptations hollywoodiennes, faut pas déconner non plus, ils ne vont pas commencer à lire.