Publié le
29.1.22
Par
GriZZly
Quand la monte-en-l'air de classe internationale la plus populaire de chez DC
met toutes ses économies pour voler une babiole en toc, il lui faut se refaire.
Retour à Gotham à contrecœur pour Sélina Kyle.
Dans la même logique que la sortie de Batman Ego au sein d'un recueil éponyme, Urban nous livre avec Catwoman - Le dernier braquage une des aventures ayant officiellement inspiré Matt Reeves pour son film à venir sur l'homme-pipistrelle. Et cette fois encore, il s'agit d'enrichir cette création de Darwyn Cooke d'autres histoires signées de sa main et mettant en scène l'insaisissable Selina Kyle.
Darwyn Cooke, co-responsable de la vie de Catwoman durant un temps avec Ed Brubaker et Doc Allred, est ici soucieux de nous offrir quelques pièces manquantes au puzzle de la vie de notre cambrioleuse de haut vol. En effet, avec ses complices, il l'a souvent mise en scène dans des actes de bravoure purement altruistes qui jurent un peu avec son image initiale de diamond girl. Pour ce faire, il va s'agir de faire reparaître une Selina Kyle et son alter ego dans le collimateur de la faune de Gotham. C'est ce que va entamer l'enquête de Slam Bradley dans Sur la piste de Catwoman (Detective Comics back-up #759 à 762).Cette histoire met en scène ledit Slam à qui le maire de Gotham charge de retrouver une Catwoman... pourtant déclarée morte. Il découvrira bien vite un lien entre elle et Selina Kyle, candidate à la mairie de New York récemment décédée.
Avec ce premier récit, on est de tout évidence plongé dans un polar classique où un détective hard boiled distribue autant de patates qu'il en reçoit et élucide une enquête davantage parce qu'il remue la merde que parce qu'il est un fin limier. Une lecture agréable si on aime le roman noir qui bénéficie d'un trait qui lui va étonnamment bien ; l'épaisseur des traits de Cooke s'adapte ici parfaitement à la noirceur du récit en assombrissant les cases.
Le dernier braquage, quant à lui, est une fiction dans laquelle Selina refait surface à Gotham à la suite de l'échec d'un vol de grande envergure à l'étranger. Pour se remettre le pied à l'étrier, elle va monter une équipe de casseurs qui aura pour objectif de dévaliser un train affrété par la mafia pour transporter 24 millions de dollars vers Montréal. Son indic' est une jeune femme sexuellement exploitée par le parrain de l'organisation, ses alliés viennent de son passé lointain ou de rencontres plus récentes et le plan est on ne peut plus audacieux. C'est ici une aventure de Selina mettant son identité nocturne de côté et dévoilant quelques zones d'ombre de son passé, une aventure rythmée par la conception de ce casse mêlant de la technologie, du culot, des capacités physiques hors normes et une forme de courage confinant à la déraison. Selina y prouvera une fois de plus certains aspects de sa personnalité, comme le fait qu'elle n'appartiendra jamais à personne et que, tel le chat noir, elle porte poisse à qui l'entoure, qu'on la caresse dans le sens du poil ou non. Mais elle, forte de ses neuf vies, s'en sortira-t-elle indemne ?
Une très plaisante lecture offrant plusieurs rythmes et plusieurs atmosphères et qui a le bon goût de changer un peu des sempiternels combats de super-héros. C'est plutôt habilement écrit et, comme pour Sur la piste de Catwoman, le trait de Cooke s'avère très approprié mais, cette fois, parce que son aspect cartoon permet d'atténuer un brin la perception du côté dramatique de certains événements, rendant le tout accessible à de jeunes adolescents. En effet, comme dit dans la chronique sur Batman Ego, même si le dessin de Darwyn Cooke peut sembler désuet ou inapproprié aux comics en raison de ce à quoi la majorité d'entre eux ressemblent de nos jours, il faut lui reconnaître la vertu de jeter des passerelles entre les âges et les genres ; il faut être vraiment allergique à cette patte graphique particulière pour que la magie n'opère pas. Même lorsque l'on y est de prime abord réticent, l'on parvient assez aisément à en comprendre la pertinence. Au moins, sous sa main, les comic books n'ont-ils pas cette gravité et cette maturité excessives dont se plaignent certains détracteurs au regard des productions actuelles de DC...
Le recueil se termine par une confrontation acrobatico-romantique entre la chatte et la chauve-souris s'étalant sur 11 planches : Chevalier servant (Solo #1). Dessinée par Tim Sale, cette historiette écrite par Darwyn Cooke est fraîche et amusante. Mieux dans sa peau et dans son latex, Selina se permet de faire tourner Batman en bourrique dans une course-poursuite où elle se montre aguicheuse et émancipée de la plupart de ses doutes.
Oui, on se refera des Catwoman écrits de cette façon bien volontiers. Voilà un album qui se lit avec plus d'enthousiasme encore que Batman Ego. Dans celui-ci, la progression de la personnalité du personnage principal n'est pas due à une sorte d'improbable hallucination l'exposant à son double mais tout simplement à une introspection résultant d'événements que l'on a suivis. Elle en est d'autant plus crédible. Rarement l'on avait aussi bien compris les motivations de Selina et l'on finit par être heureux de ce nouveau tour qu'elle donne à son existence, le sourire aux lèvres. Elle sera la justicière qui s'occupe de ceux qui restent à l'ombre du radar de Batman, celle qui sauvera ceux que personne ne voit et dont personne ne se soucie. Elle sera l'héroïne du quartier... ce qui justifie peut-être les dernières cases de ce recueil qui offrent un clin d'œil évident à un certain Peter Parker.
Slam Bradley avait vu un lien entre Selina et Catwoman... il a fallu un long moment à Selina avant de le retrouver en elle. Mais maintenant qu'elle est en paix avec elle-même, on se délectera de ses aventures nocturnes de justicière à taille humaine.
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Publié le
26.1.22
Par
GriZZly
Deux albums signés par le regretté Darwyn Cooke estampillés "Les albums du film The Batman" viennent de sortir en l'honneur du futur long métrage de Matt Reeves avec Robert Pattinson dans le rôle du Chevalier Noir.
Valent-ils l'investissement ?
Urban Comics nous présente en janvier et en février, des jalons importants de la vie de leur justicier nocturne fétiche. Leur point commun est d'avoir été présentés par Matt Reeves lui-même comme les sources d'inspiration majeures de son film à venir. On parle bien sûr de quelques comics « cultes », certains déjà publiés depuis de longue date, d'autres réédités (dans la collection Black Label notamment) et d'un inédit. Il s'agit de Batman Année Un de Frank Miller et David Mazzucchelli, Batman Un Long Halloween et Batman Amère Victoire de Jeff Loeb et Tim Sale, de Batman Imposter (en vente fin février [1]) par Andrea Sorrentino et Mattson Tomlin (co-auteur du script de The Batman avec Matt Reeves et Peter Craig), Catwoman à Rome par Jeff Loeb et Tim Sale et enfin, les deux albums nous concernant : Batman Ego (dans cet article) et Catwoman Le Dernier Braquage (dans un article à venir) par Darwyn Cooke.
Avant de commencer, informons tous les amateurs de polémique imbécile que l'on ne se prononcera jamais, ici, sur un film que nous n'avons pas pu voir : laissons les spéculations aux traders et aux amoureux de prose vaine. Au lieu de chercher à deviner le futur, jetons un œil sur le passé. La technique est on ne peut plus simple : vous voulez savoir si Pattinson est un bon choix ? Référez-vous à sa carrière sans vous limiter à Twilight et vous tomberez sur l'incroyable The Rover de David Michod ou The Lighthouse de Robert Eggers, parmi bien d'autres œuvres prouvant le talent du gaillard... ce qui vous amènera naturellement à comprendre que c'est un acteur fasciné par l'incarnation des troubles psychologiques et qui s'est forgé une filmographie extrêmement variée et personnelle. Mine de rien, cette seule démarche très simple permet d'éviter de paraphraser les milliers de Jean-Kévin qui se sont révoltés sur la toile à l'annonce de son nom au titre que : "Eh, mais... c'est le minet de Twilight... il n'est même pas musclé". Un retour de Pattinson aux blockbusters, par le truchement du héros le plus torturé qui soit ? Moi, ça titille ma curiosité !
Le procédé consistant à regarder le passé pour imaginer ce que sera l'avenir semblant concluant, jetons un regard dans le rétro de la Batmobile pour voir (en l'espace de deux articles) ce que valent deux de ces œuvres qui nous sont présentées comme des inspirations de la prochaine incarnation cinématographique de Batou : les comics Batman Ego et Catwoman Le Dernier Braquage. Chacun de ces deux volumes se voit augmenté, dans cette édition, d'autres récits gothamiens ayant bénéficié de la plume ou du marqueur de Cooke et c'est donc dans sa vision de l'univers de Bruce Wayne que se déroulent toutes ces aventures.
Batman Ego, outre son histoire éponyme, renferme Au pays des monstres (issu de Gotham Knights #23), Le monument (Gotham Knights #33), Déjà vu (Solo #5) et Batman/Spirit La convention du crime (Batman/The Spirit #1). Catwoman Le Dernier Braquage, quant à lui, est complété de Sur la piste de Catwoman (Detective comics #759-#762), Anonyme (Catwoman #1 à #4) et Chevalier servant (Solo #1). Les deux albums sont souvent présentées comme étant une sorte de diptyque qui ne dit pas son nom et l'effet est ici encore amplifié par leurs sorties simultanées et la présence de certains personnages dans les deux livres (Jeff et Stark, les deux voyous de Déjà vu étant ici également associés à Selina Kyle dans Le Dernier Braquage – un temps nommé Le Grand Braquage (cf. image de couverture ci-dessus dévoilée par Urban il y a quelques temps) comme dans sa première édition chez Semic en France qu'Urban adopte définitivement Le Dernier Braquage).
Bien entendu, la jolie composition que nous offrent leurs couvertures lorsqu'on les met côte à côte comme ci-dessus joue elle aussi un rôle sur l'impression sans doute légitime qu'il s'agit là d'un tout totalement cohérent... Panini, par le passé, avait opté pour une politique de rapprochement plus évidente encore entre ces deux titres en les unissant dans un seul album. Mais on sait à quel point Urban se plaît à classer ses récits selon leur personnage principal, permettant aux fans de tel ou tel héros de "tout avoir" concernant leur idole. Vous me direz : "C'est bien joli de regarder l'emballage et détailler la composition du produit mais que goûte la cuisine que nous avait préparée Darwyn Cooke avec tous ces ingrédients ?". Eh bien, voyons cela ensemble ! Et penchons-nous aujourd'hui sur le cas du capé.
Batman Ego : le témoignage d'une époque
Rares sont les amateurs de la chauve-souris de DC à n'avoir pas entendu parler de ce titre. Voyez-le comme une des charnières possibles permettant d'articuler le Batman léger et rigolo façon Silver Age et celui plus mature, sombre et torturé de notre époque. Cela lui est permis, entre autres choses, par le dessin de Cooke qui tient davantage de celui que l'on attend d'un film ou d'une série d'animation que d'un comic, comme le fait d'ailleurs remarquer non sans une certaine jalousie son amie Amanda Conner (Harley Quinn, Before Watchmen, Power Girl) dans une introduction en forme d'hommage à un ami et collègue parti trop tôt (Darwyn Cooke est décédé en mai 2016 âgé de 53 ans).
Avec un trait rappelant l'insouciance des comics des années 50, voire même certaines manifestations de la ligne claire européenne, Cooke jette sur papier en l'an 2000, entre le Batman marrant et le Batman sinistre, un pont semblable à celui bâti à la télévision par Batman the animated serie en 1992. Ici, nous avons un Batman blessé et pissant le sang œuvrant à rattraper Buster Snibbs, un des hommes du Joker lui ayant récemment livré des informations concernant son employeur. Snibbs est désormais en fuite avec le butin d'un massacre ayant eu lieu dans un bal de charité et ayant occasionné la mort violente de 27 personnes. Toutefois, le malfrat n'est pas réellement en train de s'enfuir : il compte en réalité se suicider en sautant du haut d'un pont pour échapper à la menace que le Joker fait peser sur lui. Batman le sauve de la mort au prix de maints efforts et de bien des souffrances pour que, peu après, Snibbs lui confie avoir déjà tué sa femme et ses enfants pour leur épargner la vengeance du sinistre clown de Gotham. Une fois cet aveu fait, le bandit se fait tout bonnement sauter le caisson sous les yeux de Batman. Ça va, niveau noirceur ?
Batman Ego commence donc, malgré ce dessin quasiment enfantin et terriblement épuré, par un des événements les plus crument réalistes que l'on puisse imaginer à Gotham ; sans doute comprenez-vous mieux ce que je disais : le dessin façon "Batman grand public accessible" et l'histoire à l'encre noire des pires tragédies. Assommé tant par les événements que par la douleur engendrée par ses blessures, ce jeune Batman qui dit en être à sa troisième année d'activités héroïques, file au volant de sa Batmobile à l'ancienne en direction de la Batcave. Durant tout le trajet, il ressasse les événements ayant mené à ce drame et se souvient de diverses conversations entendues dans le tout Gotham affirmant que l'homme sous le masque de chauve-souris ne peut être qu'un fou souffrant de graves troubles schizoïdes. Une fois à son repaire, il s'avoue ne pas se sentir à la hauteur de la mission qu'il s'est choisie et décide de tout arrêter lorsque, soudain, un être grimaçant parodiant son costume nocturne s'adresse à lui avec véhémence : le Batman lui parle, débarrassé de Bruce Wayne ! La fatigue, l'hémorragie, la schizophrénie... peu importe ce qui engendre ce dialogue mais c'est enfin l'heure de la mise au point entre l'homme et son alter ego nocturne.
Pour tout fan de Batman, le moment est bien entendu précieux : l'on sait à quel point Bruce peine à faire la part des choses entre lui et sa créature, au point de souvent lui laisser prendre le dessus. Cette fois, alors qu'il veut renoncer à elle, elle s'impose à lui, comme incontournable, inévitable.
Très rapidement, Batman fustige la faiblesse de Bruce et s'impose à lui dans une grandeur démesurée au point de sous-entendre que Bruce lui voue une sorte de culte personnel, déifiant la figure de Batman dans une planche à l'écriture habile (dont le dessin ci-contre est issu). En cela, Cooke fait subtilement le lien avec le caractère quasi sacré que Frank Miller avait donné peu de temps avant à la mission de Batman.
Batman démonte, dans une explication séduisante, l'idée selon laquelle il serait né du traumatisme consécutif à la mort brutale des parents de Bruce. Il existait, selon lui, bien avant ça dans le cœur du garçonnet, tapi au cœur de sa passion pour le personnage de Zorro, tel un compagnon de route fait de noirceur permettant de mieux endurer les événements les plus sombres... Tout d'abord passager, il prit un jour les commandes lorsque, fou de douleur, l'enfant dut trouver une raison de survivre au deuil de ses parents. Batman se voit comme la pulsion qui mena Bruce à se construire et devenir ce qu'il est, à faire ce qu'il fait. Ils sont pour lui indissociables car son véritable nom n'est pas celui d'un héros. Son véritable nom est "Peur". Une peur qui jamais ne quitte Bruce. Dès lors, le seul moyen de la contrôler est de la partager avec tout qui le mérite !
La comparaison peut sembler audacieuse mais ce Bruce Wayne peut faire penser à une sorte de psychopathe de fiction à la Dexter, obsédé par la mort, traumatisé par le deuil parental, possédé par un passager sombre qu'il canalise en orientant sa violence vers ceux qui lui semblent la mériter, suivant un code d'honneur impliquant pour Batman de ne pas tuer et pour Dexter Morgan de ne tuer que les gens mauvais... Le nombre de points commun est assez saisissant. Cela expliquerait bien des choses allant de ses difficultés de sociabilisation sincère à ses multiples facettes, en passant par son incapacité à raccrocher la cape. Faut-il voir en le Bruce Wayne de Cooke une sorte de justicier psychopathe en costume de chauve-souris flirtant avec la schizophrénie ? C'est une explication qui a du charme et qui, comme pour Dexter, ne souffre que d'un seul défaut : ni l'un ni l'autre ne sont suffisamment dénués d'empathie pour que l'on soient sûrs de ce diagnostic.
Quoiqu'il en soit, surmonter la peur en l'incarnant, en en devenant le plus implacable des avatars... voilà une origin story de Batman qui colle avec quasiment toutes les itérations du héros, jusqu'à la plus abâtardie que l'on peut trouver, par exemple dans la troisième saison de la série télévisée Titans. Autre point commun avec le Batman du Titans télévisuel, ce Batman-ci a une solution pour endiguer une bonne partie des crimes endeuillant Gotham : transgresser une et une seule fois le code d'honneur de Bruce et éliminer définitivement le Joker. Dans Ego, Bruce s'y refuse, pour ne pas se perdre. Dans Titans, Bruce se perd...
A trop vouloir ne pas avoir de sang sur les mains, Bruce n'a-t-il pas celui de toutes les victimes que le Joker a faites depuis la première occasion où Batman aurait pu le tuer ? Ces vies ne sont-elles pas "le prix à payer pour cette lâche moralité" ? Il faut dire qu'une fois encore, dans Ego, comme dans bien d'autres titres relatifs à Batman, on souligne le parallèle entre le héros et le Joker. Sans Batman, il n'y aurait pas eu de Joker mais si le Joker meurt... plus de Batman ? La synergie entre les deux personnages a déjà amené maints auteurs à s'interroger sur la possibilité du héros à surmonter la disparition de sa némésis.
De temps en temps, les échanges entre ces deux personnalités sont presque de l'ordre du commentaire méta comme, par exemple, quand Batman affirme, sentencieux : "Il ne fallut pas longtemps avant que ta vanité et ton besoin d'approbation cède à l'appel de la célébrité. J'ai enduré cela, ainsi que ton besoin pitoyable de compagnie.". Cette critique directe de cette survivance de la Silver Age que sont les batgadgets clinquants et les différents sidekicks dans un univers s'assombrissant de plus en plus est on ne peut plus légitime. Le batsignal est devenu inutile dans une ville où Batman a la main sur toutes les informations numériques et toutes les images des caméras de surveillance mais il reste un gimmick des comics malgré tout. Les compagnons adolescents, c'était compréhensible tant que le plus grand risque qu'encourait Robin était de se prendre un coup de poing souligné d'un grand "zbim !" aux côtés d'Adam West... Mais à l'heure actuelle, alors que le Batman moderne combat des monstres de la taille d'immeubles, des tueurs aux victimes se comptant par dizaines, des menaces mystiques venant du fond des âges, il semble nettement plus irresponsable de sa part (ou moins empathique, ce qui va encore dans le sens de notre théorie Dexter) de se la jouer Pascal le grand-frère avec un ado à problèmes à ses côtés ! Et c'est d'ailleurs un autre travers dénoncé dans la série Titans dans laquelle Dick Grayson et Jason Todd lui reprochent de s'être servi d'eux et d'avoir fait d'eux des êtres instables et potentiellement dangereux.
En tout cela, Ego est annonciateur de ce qu'il adviendra ensuite à Batman... On en fera un être double qui tente de concilier la soif de justice expéditive de la créature et l'envie d'incarner un espoir que porte Bruce Wayne. Un être plus sombre, plus secret, plus complexe et plus radical que dans ses premières années... mais un être moins contestable que ce qu'il fut sous la plume de Miller. La dichotomie intrinsèque du personnage fait de Bruce et Batman des fardeaux respectifs l'un pour l'autre. Mais Ego se conclut (un peu facilement) sur une sorte de compromis, de pacte d'alliance entre ces deux extrêmes et a, de ce fait, un final étrangement pacifié, voire presqu'optimiste...
Cela fait d'Ego une transition satisfaisante entre avant et maintenant et, surtout, un témoignage parfois maladroit mais sincère de ce moment où la licence s'est autorisée à raison à se prendre au sérieux, ouvrant la porte à quelques uns de ses albums les plus matures et intéressants aux yeux des fans du Batman hard boiled à tendance réaliste.
Au pays des monstres, un tout petit pays
Sur huit malheureuses planches, nous suivons la version Black & White de Batman dessinée par Cooke dans une histoire signée Paul Grist. N'ayant que peu d'intérêt sur le fond, elle narre l'arrestation de Madame X menant à l'absorption par Batou d'un produit hallucinogène et à son combat mental contre les visions... rien qui n'avait déjà et sera encore maintes fois fait face, par exemple, à l'Epouvantail (un autre taré obsédé par la peur et voulant l'incarner à sa façon). Un récit dans la continuité du Batman d'Ego qui vaut surtout pour la répétition du vœu de Bruce en ces mots : "Je ne permettrai pas que cette ville fasse de moi un monstre". Dont acte, Cooke avait choisi sa vision du personnage !
Le dessin est ici dans un noir et blanc renforçant encore la parenté graphique avec la série animée bien connue. On pourrait croire à des dessins enfantins tant tout se limite parfois à quelques traits rondouillards.
Contrairement à Ego, c'est un récit parfaitement dispensable qui annonce un peu ce qui suivra dans ce recueil : des planches de Batman signées Cooke au scénario, au dessin ou aux deux et qui sont certes divertissantes mais moins emblématiques que les 80 planches donnant leur titre à l'ensemble.
Le monument, ou la déification de Batou remise en question
Deuxième apparition Black & White sans doute plus intéressante mais dessinée par un Bill Wray au trait à mon sens indigne de cet album, cette historiette née de l'imagination de Cooke envisage l'édification d'une statue représentant Batman au centre de Gotham. On y analyse la réaction de la population (le très classique "on lèche, on lâche, on lynche") et celle de Batman face à cette étrange idée. Evidemment, on peut y voir une réflexion sur l'iconisation des héros de la pop culture et, plus pragmatiquement, sur l'érection de monuments à la gloire de quoi que ce soit.
C'est carrément cousu de fil blanc scénaristiquement et relativement moche graphiquement mais la réflexion sous-jacente n'est pas dénuée d'intérêt et l'admiration des super héros par les autorités générant autant d'admiration que d'animosité envers eux au sein de la foule est un thème qui a depuis été repris dans bien des comics...
Toujours huit planches en noir et blanc, donc, et un thème plutôt accrocheur mais au traitement décevant.
Déjà vu, faute avouée à moitié pardonnée
Oui, en effet, cette histoire est bel et bien inspirée d'une autre œuvre : Night of the stalker, le classique de Steve Engleheart paru dans Detective Comics #439 en 1973. Pour faire simple, imaginez Batman assister à un double meurtre sur une scène de crime lui rappelant le traumatisme de la mort de ses parents ("déjà vu" ayant donc ici un double sens).
On assistera alors à un récit aux portes de l'horrifique où les meurtriers deviennent les proies d'un Batman mutique incarnant plus la peur que dans n'importe quel autre récit de Cooke, au point de presque en devenir une sorte d'antagoniste de film d'horreur. Ce n'est qu'au bout d'une dizaine de planches d'une traque implacable qu'il ôtera le masque et offrira au lecteur l'homme caché derrière la créature et les souffrances qui l'habitent dans une planche touchante et à laquelle le trait de Cooke convient mieux qu'aux précédentes.
Batman/Spirit La convention du crime, le crossover
Arrêtée en 1952, la série Spirit est relancée par DC en 2006, après ce crossover avec Batman, signé Darwyn Cooke au dessin et Jeph Loeb au scénario.
Denny Colt, alias Spirit, est un justicier masqué créé par Will Eisner en 1940. En ne revêtant qu'un léger masque et un chapeau, ce détective privé se distingue de ses collègues super héros de l'époque en ce qu'il ne possède au final pas d'autres pouvoirs que ce qui fait déjà de lui un bon détective... outre un sens de l'humour bien à lui. Batman/Spirit fut l'un des événements comics de l'année 2006, un livre qui réunit deux personnages fort similaires, au final, de par leur lutte et leur absence de capacités surhumaines.
Cette première aventure marquant le retour de Spirit et propice à cette rencontre improbable a lieu à Hawaï où les commissaires Gordon (allié de Batman) et Dolan (allié de Spirit) se rencontrent pour la réunion annuelle de la police. Une convention qui intéresse également de très près les criminels de Gotham et de Central City : de Joker et Harley Quinn, à P'Gell, Catwoman et Mr. Carogna, tout le gotha du crime est présent pour faire leur fête aux plus fins limiers de la planète dans un grand boum !
C'est frais, rythmé, rigolo et agréable à l'œil mais si l'histoire est mémorable, c'est surtout en raison du nombre de personnages rassemblés et du fait que cela marque la renaissance d'un héros mis depuis longtemps aux oubliettes. À noter que l'on y apprend que Batman est une sorte de croque-mitaine pour les gens de Central City... Mais au final, Batman n'est-il pas ça pour absolument tout le monde depuis bien des années déjà ?
[1] Batman - Imposter sera en vente le 25 février 2022, découvrez la critique de Thomas en avant-première sur son site www.comicsbatman.fr.
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Publié le
24.1.22
Par
Vance
Dans un monde où l'Humanité approche un peu plus de la folie, où la Terre devient chaque jour moins habitable, où la vie des colons sur les autres planètes s'avère misérable, il n'y a d'autres échappatoires que le rêve et l'illusion du bonheur. C'est ce que promet le D-Liss, la drogue dispensée par un Léo Bulero tout-puissant, qui permet de vivre des plaisirs factices avec des simulacres d'êtres humains. Mais voilà que survient Palmer Eldritch. Exilé pendant une décennie sur Proxima, il arrive sur Terre porteur d'une nouvelle qui va déstabiliser la société : sa drogue à lui, le K-Priss, est mille fois plus puissante que l'autre, et les illusions qu'elle procure sont mille fois plus réalistes. La seule différence c'est que Palmer se retrouve dans chacun des mirages créés par la psyché des drogués, dans chacun de leur délire halluciné. Mais qui est ce Palmer Eldritch susceptible de renverser l'ordre établi ? Un fou ? Un sorcier ? Un simulacre ? Ou un dieu tombé du ciel ?
Mayerson, chef du département précog de Léo Bulero, chargé de déterminer à l'avance l'évolution des marchés, les tendances, mais aussi les conséquences de certains actes décisifs, est cet homme-là. Ses interrogations, ses hésitations, ses pensées intimes rythment le récit de la confrontation attendue entre son chef, sorte de mafieux de la drogue aussi fascinant qu'horripilant, et ce Palmer Eldritch qui, au départ du moins, semble protégé par les Nations-Unies. L'enjeu ? La mainmise sur un marché unique, celui du commerce d'une drogue vaguement tolérée (mais officiellement, bien entendue, interdite) qui permet aux fermiers martiens, travaillant dans des conditions misérables, d'oublier leur ordinaire en s'évadant artificiellement par le biais d'un hallucinogène combiné à… une poupée Barbie. Bulero commercialise les « poupées Pat », modèles en miniature de ce que désirent les clients (splendide appartement, voiture et corps de rêve, vacances dépaysantes, etc.) et vend sous le manteau le D-Liss, grâce auquel chacun peut s'incarner dans un avatar de la poupée, mais un avatar réaliste. La rumeur de l'arrivée de cet Eldritch que personne n'a vu mais que tout le monde connaît bouleverse ce petit monde : Bulero devra le rencontrer pour tirer les choses au clair, c'est inévitable. Mais Eldritch a tout prévu…
C'est ensuite que ça se gâte. On quitte assez abruptement une progression classique pour une séquence en apnée dans une série de va-et-vient entre les réalités. Car la nouvelle drogue, le K-Priss, n'a plus besoin qu'on se focalise sur un objet et brise toutes les barrières, tant sociales que physiques, permettant à chacun de revivre, à l'envi, des scènes de son passé – ou de se projeter dans l'avenir. Toutefois, un détail a son importance : Eldritch est présent dans tous ces fantasmes, présent dans tous ces rêves, ces réalités illusoires. Omni-présent. Tout-puissant, capable de recréer ces univers oniriques et de les plier à sa volonté. Un tel pouvoir est celui d'un dieu, ni plus ni moins. Dès lors qu'ils s'en rendront compte, Bulero et Mayerson s'en mordront les doigts. Comment échapper à un dieu ? Comment le vaincre ?
Dans cette seconde moitié, on va naviguer dans un futur où la grande confrontation a eu lieu, et dans le passé honteux de Mayerson, désireux de reconquérir sa femme (l'artiste citée plus haut). On va glisser, parfois sans le savoir, dans des mondes éthérés, quelquefois réalistes, quelquefois vides. Eldritch se joue des sens et de la raison de ceux qu'il entraîne dans ses délires, au moins autant que Dick se joue de notre certitude. Au point qu'on ne sache plus ce que l'auteur désire raconter – ou si, véritablement, il cherchait à raconter, voire à finir son récit. Tout au plus observera-t-on qu'il insère dans cet ouvrage des préoccupations plus religieuses, allant jusqu'à questionner la notion d'incarnation, le concept christique de base : si Palmer est présent dans chaque séquence illusoire, la réciproque est vraie et chacun de se targuer de s'incarner en Palmer Eldritch. Comment refuser à quelqu'un la possibilité de toucher la divinité du doigt ?
Le contexte est tout aussi saisissant, mais traité presque par dessus la jambe : une Terre presqu'inhabitable furieusement proche de celle de Blade Runner, des opérations chirurgicales capables d'accélérer l'évolution, des extraterrestres aux motifs obscurs… Ce qui aurait pu donner une aventure rocambolesque, ou un véritable space-opéra métaphysique se trouve réduit à une œuvre difficile à jauger, redondante, bavarde et parfois lourde – mais ô combien fascinante. On peut comprendre qu'à sa lecture, John Lennon manifesta son envie de l'adapter – projet qui demeure à l'état de chimère audiovisuelle mort-née.
Pas aussi ardu ni prenant que le Maître du Haut-Château, pas aussi séduisant ni dense qu'Ubik, ni simplement (avouons-le) agréable à lire, mais incontestablement intéressant. Un bon Philip K. Dick.
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Publié le
22.1.22
Par
Vance
Chez UMAC, nous gardons toujours un œil sur les productions de Mark Millar, un œil à la fois fasciné et critique [cf. ce dossier]. Le gars est productif et, même s'il ne fait pas toujours l'unanimité par la manière dont il clôt ses intrigues, il a au moins le mérite de proposer systématiquement quelque chose de pertinent, incisif, dynamique et parfois un brin iconoclaste. Il sait soigner ses entames, souvent brutales et a réussi à booster certaines des séries classiques dont il a eu la charge : son Wolverine : Ennemi d'État est une vraie réussite et son travail sur Ultimates et Ultimate X-Men a rallié tous les suffrages. En revanche, ses créations originales n'ont pas toutes convaincu, quelquefois plombées par une morale douteuse ou un traitement outrageux.
Tout auréolé de ses réussites tant populaires que critiques au sein des deux principaux éditeurs de comic books, le scénariste écossais a fondé Millarworld destinée à appuyer l'adaptation (souvent rentable) de ses titres sur petit ou grand écran : Wanted, Kick-Ass ou Kingsman ont eu l'honneur de sorties en salles, ce qui a poussé le géant Netflix, en 2017, à racheter sa société. Ainsi donc, les créations de Millar auront pour vocation d'être converties à plus ou moins long terme en séries ou téléfilm. Thomas mentionnait déjà Reborn dans cet article et Huck dans un Digest ; nous avions également évoqué Prodigy conçu sur le même modèle et il semble bien que The Magic Order suive le même chemin. Sortie en 2018, la mini-série a été publiée par Panini dans la collection "100% Fusion Comics" l'année suivante : l'élégante quoique discrète couverture cartonnée mentionne la présence d'Olivier Coipel au dessin, et comporte la rouge icône caractéristique "Pour lecteurs avertis" – deux arguments supplémentaires pour aller y voir de plus près.
Après son excellent run sur Thor et l'event House of M, Coipel se voyait proposer un travail légèrement différent des précédents, en ce sens que les limites imposées par les séries grand public de Marvel s'avéraient un tantinet repoussées. En d'autres termes, notre artiste national pouvait se lâcher sur la représentation de la violence et de la nudité – et même si on est très loin des excès gore d'un Crossed (cf. cet article), il faut avouer qu'on peut se trouver un peu perturbé par quelques cases inhabituellement chargées de tripes ou d'hémoglobine.
Et comme toujours avec Millar, ça démarre fort : deux individus, dont l'un semblant échappé du Carnaval de Venise, surveillent d'un toit l'immeuble voisin, où un couple s'est endormi. L'un d'eux dispose d'une baguette avec laquelle il va manipuler l'enfant de ce couple : après avoir récupéré un couteau dans la cuisine, le gamin va tranquillement assassiner son père sous les yeux horrifiés de sa mère. "Premier sorcier éliminé." affirme placidement le Vénitien avant de disparaître avec son acolyte. Ailleurs, Cordelia Moonstone se retrouve à nouveau aux mains de la police : sa vie faite d'excès en tous genres la conduit régulièrement à être arrêtée - mais qui peut réellement mettre une spécialiste de "l'escapologie" sous les barreaux ? Se volatilisant littéralement de la voiture où elle était menottée, elle arrivera comme à son habitude en retard à la cérémonie de la Baguette brisée organisée pour l'enterrement d'Eddie Lisowski, membre du Cercle Intérieur (le "sorcier" assassiné dans les premières pages). Ce meurtre abject a choqué toute la famille qui ne tarde pas à soupçonner Madame Albany, laquelle semble avoir recruté des alliés assez puissants pour pouvoir aussi aisément se débarrasser de l'un d'entre eux. Dans cette guerre entre clans œuvrant dans l'ombre de la réalité, les Moonstone se décident alors à faire appel à Gabriel, le fils prodigue : encore faudra-t-il le convaincre de revenir parmi eux, lui qui avait décidé de couper les ponts afin de mener une vie de famille tranquille (comme un moldu donc).
Le récit avance vite. Les six épisodes de la mini-série s'enchaînent sur un tempo élevé et nous permettent de découvrir les à-côtés de cet univers ressemblant à un Harry Potter pour adultes, avec cette confrérie de sorciers protégeant anonymement la population humaine des forces du Mal. Les personnages singuliers côtoient les artefacts les plus étranges et tandis que les victimes commencent à s'accumuler, les Moonstone préparent leur contre-offensive. Il leur faudra requérir toutes les forces vives de leur clan car le mystérieux allié de leur ennemie, ce Vénitien, dispose d'un talent inouï pour manipuler les forces occultes et ils ne savent pas s'ils seront de taille contre lui. À moins d'user d'un sortilège interdit...
Coipel fait des merveilles dans cette course contre-la-montre spectrale et on le sent parfaitement à l'aise dans les séquences les plus violentes – qui ne s'éternisent jamais mais proposent force éventrations et explosion de corps. Ses personnages sont bien définis et on prendra plaisir à admirer ses gros plans avec des visages remarquablement détaillés. L'histoire se double d'une quête effrénée des sorciers en place dans le but de mettre à l'abri des objets de pouvoirs tout en enquêtant sur leur adversaire qui paraît chaque fois posséder un coup d'avance sur eux et ne reculent devant aucune cruauté. Évidemment, nos héros ne sont pas à l'abri d'une traîtrise de dernière minute, un retournement de veste, un acte de lâcheté inopportun - ou simplement d'une subtile et perverse stratégie de longue haleine. Les Moonstone devront ainsi faire face à leurs propres erreurs de jugement : bien que garants de la sécurité des hommes (un peu comme Doctor Strange, en somme), ils ne sont pas tout blancs dans cette affaire, et traînent quelques dossiers un peu douteux. Et si l'entreprise d'Albany était légitime, après tout ?
Pas grand chose à redire sur cette mini-série, dense et mouvementée à souhait. On retrouvera quelques points communs avec des productions précédentes, notamment sur la gestion de ses héros pas si honnêtes que cela et des moments spectaculaires semblant calculés pour frapper les esprits à l'écran ; d'ailleurs, le découpage et la mise en page de Coipel s'avèrent très posés, d'une sobriété exemplaire, multipliant les pleines pages iconisantes et privilégiant les grandes cases. Dans cette affaire, c'est du coup Cordelia qui s'en sort le mieux, montrée à son avantage : le mouton noir de la famille a ce charme des parias, sourire enjôleur et mèche rebelle. Millar se montre toujours aussi efficace et peu volubile, ce qui donne des pages entières où les dialogues disparaissent et les phylactères se font rares. Une aventure extrêmement graphique en somme, qui évite le piège de la morale trop docte pour être honnête ou de la provocation à deux balles. Son ambiance réussit à créer un ton original à mi-chemin de la dark fantasy lovecraftienne avec un background qui ne demande qu'à s'étoffer, plus séduisant que Gravel de Warren Ellis et moins éthéré que Lady Kildare de Brian Haberlin.
On prie sincèrement pour qu'un réalisateur du calibre de Guillermo Del Toro hérite de cette possible future franchise, si tant est qu'elle se fasse.
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Publié le
19.1.22
Par
Vance
Tout a commencé par une disparition.
La fête battait son plein, pourtant Douglas Hall, dont la récente promotion à la tête du service de recherches en simulectronique était la raison d’être des festivités, n’avait pas vraiment la tête à ça : il ruminait encore les circonstances tragiques de la mort de Fuller, son collègue inventeur du système promis désormais à un grand avenir. Mais Fuller se faisait vieux, était devenu imprudent, et il avait suffi d’un câble à haute tension traînant malencontreusement sur son chemin… Quoi qu’il en fût, Douglas faisait grise mine pendant que les convives profitaient des largesses de Siskin, le PDG de la REACO et l’hôte de la soirée, qui se frottait les mains grâce aux perspectives gigantesques promises par les futures applications du système mis au point par Hall et Fuller. Ne fut-ce que dans les projections socio-politiques : plus besoin de sondages d’opinion, ils ont désormais la possibilité de
…simuler électroniquement un milieu social et le peupler de simulacres subjectifs, dits unités de réaction. En manipulant l’environnement, en stimulant les unités, [il est possible d’] estimer leur comportement dans des situations hypothétiques.
Pour le coup, toute une profession serait rendue obsolète et des milliers d’employés des instituts de sondages seraient licenciés – des éléments qui n’inquiétaient aucunement le patron, dont les tentatives pour redonner le sourire à Hall se heurtaient à une morosité inaltérable. Même la sémillante Dorothy ne parvint pas à éclairer l’œil éteint de l’ingénieur, jusqu’à ce qu’un certain Lynch fasse subrepticement son apparition à la party. Responsable de la Sécurité, il avait besoin de parler et Hall était l’homme qu’il lui fallait : il lui avoua qu’il ne croyait pas le moins du monde à la mort accidentelle de Fuller, ce dernier ayant prédit sa fin funeste à cause d’une découverte qui bouleversait son schéma de pensée. Fuller, assassiné ? Voilà qui changeait tout. Cela confirmait même certains vagues pressentiments de Douglas Hall sur le projet en cours. Il devait en avoir le cœur net. Seulement, le temps de jeter un coup d’œil à la voluptueuse silhouette de Dorothy dont il avait réussi à se débarrasser, Lynch avait disparu.
Purement et simplement. En un clin d’œil.
Dès lors, pour Hall, tout se compliqua. Sa plainte déposée auprès des forces de l’ordre se retourna étrangement contre lui : rien n’indiquait que quelqu’un avait disparu, il était le seul témoin de son apparition - et de sa disparition. Illusion ? Paranoïa ? À moins qu'il y ait là-dessous un complot visant à déstabiliser ? Cela n’empêcha pas notre héros, perturbé par l’affaire mais arc-bouté sur ses convictions, de mener son enquête sur ce qui avait motivé son défunt collègue – et sur ce qu’il aurait trouvé dans Simulacron 3, le projet d’univers virtuel sur lequel ils travaillaient de concert. Dans ses notes de travail, il y avait bien un dessin intriguant, mais ce dernier disparut également. La situation se compliqua quand on lui fit part de l’inexistence de ce Lynch : nulle part dans les registres il n’était fait mention de lui, alors qu’il était - dans le souvenir de Douglas - le Directeur de la Sécurité ! Non seulement il s’était évaporé, mais toute trace de son existence semblaient s’être volatilisées ! En revanche, Jinx, la fille de Fuller, fit son apparition et se déclara prête à lui prêter main forte. Il aurait bien besoin d’elle pour se sortir de ce cauchemar et parvenir à déterminer si Fuller avait bien été assassiné et sur ce qu'il avait découvert avant sa mort.
C’est là que les problèmes se multiplièrent : la police se mit à le soupçonner, Jinx changea radicalement de comportement et il réchappa de justesse à plusieurs « accidents » qui auraient pu être mortels. Il ne lui restait qu’une piste possible : utiliser à son tour Simulacron 3, explorer le monde virtuel et interroger les « unités sensibles », ces simulacres d’êtres humains qu'ils avaient programmés. La quête désespérée de Hall pour la vérité allait ainsi remettre en cause toutes les certitudes sur lesquelles il avait construit sa destinée.
Publié en 1964, ce petit roman de Daniel F. Galouye, ancien pilote d’essai reconverti dans la littérature de SF, fut favorablement accueilli par des lecteurs avides d’explorer le concept de réalité. Il est sans conteste le livre pour lequel Galouye recueillit le plus de succès, bien qu’il demeurât à un niveau assez confidentiel, car il faisait écho aux préoccupations parallèles d’un auteur qui passa sa vie à questionner le réel et dont les romans et nouvelles inspirèrent durablement l'un des artistes du dernier quart du XXe siècle : Philip K. Dick. Si l’écriture abrupte, grêlée de répétitions malaisantes, n’a pas la portée et l’élégance de celle de Dick, le sous-texte de Simulacron 3 renvoie à nombre de récits de l’auteur d’Ubik [cf. cet article], du Dieu venu du Centaure ou du Maître du Haut-Château [cf. cet article]. Ainsi, en le lisant à notre époque post-Matrix [cf. cet article], et malgré les capacités d’anticipation qui en découlent, on se surprend à suivre avec attention l’histoire échevelée de ce programmeur qui découvre que le réel se déconstruit et s’en va trouver dans le virtuel des explications qui donneront enfin un sens à tout cela – quitte à faire voler en éclats ses principes et certitudes. À ce propos, il est sans doute utile de préciser que : 1) il ne s'agit pas du troisième volet d'une série ("Simulacron 3" est le nom du programme qui est au cœur de l'intrigue) ; 2) il ne s'agit pas non plus du livre qu'on aperçoit entre les mains de Néo dans le film Matrix précité, qui s'intitule Simulacres & Simulation, et qui s'avère être un essai de Jean Baudrillard [je dois avouer que j'y ai cru, un moment].
Lorsqu’il arpente les rues de cet univers de poche qu’il a contribué à créer, alors qu’il n’est que la projection virtuelle de son être conscient, Hall se demande (le roman, écrit à la première personne, permet de suivre l’évolution des réflexions du héros) comment certaines de ces « unités sensibles », sortes de Personnages Non Joueurs dotés d’une certaine autonomie, ont réagi en apprenant qu’elles étaient la création d’êtres pensants. Il va même plus loin : s’il est possible de se projeter dans la simulation, un simulacre pourrait-il se projeter dans le réel ? Mieux : et s’ils n’étaient, lui, Jinx, Siskin et les autres, que des simulacres pour des êtres évoluant dans une dimension encore supérieure ? Bien qu’étourdissante, cette révélation aurait le mérite d’expliquer bon nombre de choses…
Roman stimulant, parfois haletant, riche en péripéties et en découvertes donnant le tournis, il souffre de quelques petits faiblesses qui l'empêchent d'accéder à un rang supérieur : l'aridité de son écriture, déjà évoquée, mais aussi - défaut qui est également notable chez Philip K. Dick - un personnage principal pour lequel on ne se passionne guère, qui peine à créer de l'empathie, sorte de détective-aventurier informatique un peu hautain, dont les tergiversations et certaines réactions finissent par agacer.
L'ouvrage fut adapté deux fois, dont une production de Roland Emmerich, Passé virtuel (1999), beaucoup trop policée pour procurer cette même sensation de vertige existentiel, mais ayant le mérite d’avoir tenté l’expérience cinéma – et d’illustrer en partie cet article. Au moment de la sortie de Matrix 4 : Résurrections, voici un livre qui mérite d'être redécouvert.
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Publié le
17.1.22
Par
Metal Heavydence
Le Heavy Metal est loin d'avoir rendu son dernier souffle. En effet, un nombre impressionnant d'albums ont vu le jour tout au long de l'année. Comme tout le monde, j'ai fait ce que j'ai pu pour suivre au mieux l'actualité musicale, que ce soit au niveau des groupes émergeants, des retours ou des grosses pointures. Bien conscient que certaines réalisations m'ont échappé (Morgul Blade, Titan ou Blazon Rite), je vais vous présenter les disques les plus remarquables de 2021, avant de dévoiler mes 10 préférés de l'année (spoiler alert : vous les avez juste sous les yeux).
Tout d'abord, petit point sur les sorties notables de l'année, classées par catégories.
Cliquer sur le nom du groupe pour accéder à une vidéo issu de l'album dont il est question.
Groupes internationaux :
Une grosse pointure pour commencer : Helloween a accouché en juin d'un album très attendu, puisque marquant le retour de Kai Hansen (chant et guitare) et Michael Kiske (chant) deux icônes de l'âge d'or du groupe [1] qui se sont ajoutés au reste du line-up. Au final, cet album mêle l'excellence et le pas trop mal. Certains titres sont sans doute de trop, comme souvent quand il y a plus de 10 pistes (12 dans ce cas).
Powerwolf quant à eux ont sorti un Call of the wild assez banal, ce qui le rend décevant tant ils avaient su hisser leur niveau sur leur précédente réalisation. Le résultat sonne comme un vague copier/coller de ce qu'on a déjà entendu, dommage car il y a aussi de bons morceaux.
Accept a sorti un Too mean to die convaincant. À noter que c'est le premier album sans le bassiste Peter Baltes, laissant le guitariste Wolf Hoffman seul membre d'origine du groupe. Celui-ci pose des lignes mélodiques et de très bons soli qui font la plus-value du groupe.
Là aussi les mélodies à la guitare sont un gros atout, Fireforce et leur Rage of War est une réussite. Un Heavy brut avec un chant puissant bien maîtrisé par le nouveau chanteur guitariste français Matt Asselberghs.
Les premiers albums de Cirith Ungol sont jugés inaudibles par bon nombre de personnes (dont moi). Mais après un Forever black largement supérieur et même très bon, le groupe remet le couvert cette année avec un EP de 4 titres issus d'anciennes compos jamais terminées. On a bien la preuve que c'était le chant qui posait souci à l'époque car Half past human est une pure tuerie. Riffs entraînants, limite groovy, sans aucun doute une des sorties majeures de l'année, mais surtout pleine de promesse quant à l'avenir.
Et enfin Eulogy for the Gods par les serbes de Claymorean est un super disque de Heavy épique. Les fans du genre se régaleront à l'écoute de ces morceaux.
Groupes français :
Vous allez vite voir que bon nombre des groupes de notre pays ne figureront pas ici, car vous les retrouverez un peu plus bas dans mes albums favoris. [2]
Étranges visions est le réenregistrement en français de Weird visions sorti en 1990. En plus des paroles adaptées dans notre langue, ADX a rejoué tous les instruments et le résultat est tout simplement super. Les compos sont de très bon calibre et font facilement souffrir nos cervicales. Le nouveau line-up fait décidément des merveilles.
The Losts est un groupe assez atypique, leur Mystery of depths en est la preuve. Difficile de ranger leur musique dans une case toute simple, le global ressemble à du Heavy mais il y a aussi quelques inspirations Black, Doom ou un peu orientales. Cela peut dérouter certains mais rend l'écoute moins redondante et plus variée. En effet, selon nos humeurs, goûts ou envies du moment on prendra plus ou moins de plaisir selon les compositions et ça rend l'album bien plus intéressant.
Les petits nouveaux :
Un petit tour chez nos voisins italiens pour commencer avec Konquest et The night goes on, complètement orienté Heavy old school que ce soit au niveau des sonorités ou des compos. Il manque peut-être un brin de folie sur certains refrains mais cette formation est à suivre de près. À noter qu'Alex Rossi a commencé à enregistrer la batterie pour le prochain disque dont on ne sait rien d'autre pour le moment.
On finit avec Prince of the tribes par Reinforcer, un super album à mi-chemin entre l'épique et le mélodique. Les guitares sont très entraînantes et le chant prenant, vous ne ressortirez pas sans avoir un ou deux morceaux (au minimum) dans la tête.
Mes 10 albums favoris :
➓ The cult - Crystal Viper
Ils étaient bien égarés les polonais de Crystal Viper sur leur septième disque Tales of fire and ice (2019). L'album n'était pas mauvais mais loin d'être inoubliable et pas très inspiré Heavy. Cela a eu le mérite de doubler le plaisir à l'écoute de The Cult, sorti en début d'année. Largement inspiré par l'œuvre de Lovecraft, comme en témoigne la pochette, le groupe renoue avec un "true" Heavy Metal. De bons riffs bien mis en avant, des mélodies entraînantes et un chant de haut calibre remettent les pendules à l'heure et replace la bande de Marta Gabriel en haut du panier de la mouvance New Wave of Traditionnal Heavy Metal (NWOTHM, en français nouvelle vague de Heavy Metal traditionnel).
➒ War within me - Blaze Bayley
Après une très ambitieuse trilogie narrant une histoire SF, Blaze Bayley était libéré des compositions plus ou moins calibrées qui devaient coller avec le thème abordé. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il s'est lâché le Blaze ! Aucun temps mort dans ce disque où les soli de guitare sont très bons et les refrains entêtant. Les riffs sont aussi plus agressifs que sur les précédentes sorties. Un gros plus dans le livret où, en plus des paroles, le chanteur s'explique sur les textes qu'il a écrits. Très bonne initiative pour un très bon album.
➑ Crystal throne - Crystal Throne
Premier album pour cette formation, et quelle première ! Les compos sont un savant mélange entre Heavy "classique", quelques passages plus speed et d'autres plus progressifs. Le résultat est largement à la hauteur ! La vraie plus-value du disque est indéniablement la guitare, autant rythmique que soliste, qui est maîtrisée à la perfection en plus d'être très inspirée et peu redondante. Le reste n'a pas à rougir car autant la batterie que la basse sont très bien jouées. Le chant est parfaitement maîtrisé, j'ose même la comparaison avec le Metal God sur certains passages (écoutez donc Valkyrie Ride). Un groupe français à suivre de très près.
➐ Metal in my head - Wizard
Pour leur douzième album, les allemands ont frappé fort. Le chant est comme toujours réalisé avec brio (il ne faut pas craindre les aigus cependant, ce qui ne devrait pas poser de problèmes à tout fan de Heavy Metal). Mais ce qui démarque cet album des autres c'est sa partie rythmique rapide. On a affaire à un vrai rouleau compresseur aux titres mémorables.
➏ Entering the abyss - Paladine
Qu'est-ce que je l'ai attendu cet album ! Après Finding Solace qui m'avait simplement coupé le souffle, les grecs se devaient de confirmer tout leur talent avec leur Heavy mélodique inspiré de la saga Lancedragon. Le résultat est très bon. Même si les compos ont un peu moins de punch, elles restent très bonnes, avec des riffs efficaces et des soli bien sentis. Le chant quant à lui est ce qu'il y a de plus mis en avant et cela rend plutôt bien tant Nick "The Metalizer" joue avec talent de sa voix derrière le micro.
➎ This is Metal - Hellrock
Vous les connaissez déjà les frenchies de Hellrock puisque j'ai déjà chroniqué This is Metal. Avec le recul mon ressenti n'a pas changé, je l'écoute encore avec autant de plaisir. Espérons que le groupe nous rassasie vite avec de nouveaux morceaux car ce n'est que du plaisir. Croisons aussi les doigts pour avoir quelques concerts.
➍ Le berceau des Dieux - Tentation
Encore un premier album, encore un groupe français, la France a indéniablement plus d'un incroyable talent ! Les membres de Tentation n'en sont pas à leur coup d'essai puisqu'ils avaient déjà sorti un EP et un split (avec Iron Slaught), soit déjà 10 compos originales. Pas vraiment des petits nouveaux donc. En tout cas ce disque est une réussite totale, un Heavy aux sonorités old school et un chant en français qui marche vraiment bien. Les riffs sont rentre-dedans et si vous n'avez pas au moins deux ou trois lignes de chant en tête à la fin c'est que vous avez manqué d'attention.
➌ Wolf attack - Existance
➋ The mad king - Warrior Path
Voilà un disque que j'ai eu bien du mal à jauger, j'ai accroché dès la première écoute mais la prod est tellement puissante que je me demandais s'il n'y avait pas une exagération sur la marchandise. Passé cette interrogation, The mad king est un album de haute volée, les riffs sont percutants, la lead guitare joue des mélodies superbes et le chant haut perché de Daniel Heiman est parfaitement maîtrisé. Surtout, les parties acoustiques sont bien plus pertinentes que sur leur première sortie et ça rend l'ensemble beaucoup plus cohérent. Un vrai bijou.
➊ Le dernier rempart - Herzel
Celui-ci aussi je l'ai déjà chroniqué ici mais je ne vous apprends rien n'est-ce pas ? Mon avis reste le même, l'album est riche de différentes mélodies et laisse des surprises à chaque écoute tant il y a de la diversité. Et même un piètre chanteur de mon calibre a envie de reprendre toutes les paroles en chœur. La vérité est qu'il m'est difficile de trouver des mots précis pour expliquer à quel point cet album est parfait, maîtrisé et surprenant malgré les nombreuses écoutes. Mais je saurais vous dire que s'il ne devait en rester qu'un, ça serait Le dernier rempart de Herzel.
Place à l'avenir :
Plusieurs sorties ont déjà été révélées pour le début de l'année, comme Le bal des ombres par les excellents Manigance, qui verra le jour le 18 mars 2022. Premier album avec leur nouveau guitariste et nouvelle chanteuse, les Français auront l'occasion de prouver que l'on peut toujours compter sur eux pour faire une musique à la fois moderne et mélodique.
Le 17 mars ce sont les grecs d'Achelous qui dévoileront leur deuxième album baptisé The icewind chronicles.
Dans le genre groupe très prometteur, il ne faudra pas passer à côté de Maule et de son tout premier disque éponyme. Un Heavy thrashisé, de gros riffs et une voix éraillée seront de la partie.
Finissons (pour de bon cette fois) avec une nouveauté qui fera forcément couler beaucoup d'encre pour plusieurs raisons : déjà parce qu'ils sont archis connus, donc on entendra forcément de tout et à toutes les sauces sur ce skeud, ensuite parce que leur dernière sortie Return to forever mêlait le très bon et le moyen, et enfin parce que leur nouveau batteur n'est nul autre que Mikkey Dee (ex King Diamond et ex Motorhead). Vous l'avez deviné c'est des légendaires Scorpions que je parle. Rock believer sortira le 25 février. Le morceau Peacemaker, même si frustrant par sa courte durée, a de quoi rassurer les fans. L'attente va être longue, mais l'année commence bien.
[1] Si vous cherchez l'âge d'or de n'importe quel groupe ne vous cassez pas la tête, ça se situe quelque part dans les années 80. Après ça, peu importe que les sorties soient bonnes, vous trouverez toujours des simples d'esprit pour dire "après [album culte] ils ont plus rien fait". Dans le cas d'Helloween, le benêt se fiche que Better than raw ou Gambling with the Devil soient des réussites totales car on lui a enlevé ses membres fétiches ou l'effet de surprise et ce n'est plus le groupe tel qu'il l'a connu. Cela marche aussi avec Accept ou Maiden (on pourrait faire un article complet sur eux, tant ce groupe divise mine de rien) ou encore Scorpions.
[2] On pourrait croire que c'est du chauvinisme, et je le comprendrai, mais ça n'a rien à voir. La curiosité me fait chercher des groupes se produisant en concert près de chez moi ou dans les festivals Heavy de France. Il est donc logique que les groupes français soient très présent sur des dates françaises. La chose est sans aucun doute la même partout et pour tout le monde.
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