Écho #19 : Saint Seiya Time Odyssey 2
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Sortie ce mois du deuxième tome de la série française se déroulant dans l'univers de Saint Seiya, Time Odyssey.

On vous en avait déjà parlé longuement dans cet article. La suite de cette saga en 5 tomes, par Jérôme Alquié et Arnaud Dollen est donc disponible.
Niveau texte, les problèmes ont été réglés. Le premier tome contenait de nombreuses coquilles, cette fois, c'est bien plus propre et agréable à lire. Ouf ! Par contre, quelques soucis de lettrage (avec des I avec empattements qui apparaissent un peu aléatoirement dans les noms de techniques). D'ailleurs, à ce propos, toujours le même mélange bizarre entre noms français et anglais, sans que l'on comprenne bien pourquoi.

Le gros point fort reste bien sûr l'aspect visuel. C'est tout simplement somptueux. À ce niveau-là, c'est très clairement une réussite. Pour ce qui est du scénario, qui se précise maintenant, là, c'est autre chose...
L'ambiance de la série est respectée, mais justement, tout cela ressemble à une accumulation de clichés et de passages obligés. Le récit se résume à de longues tirades que l'on a l'impression d'avoir entendues mille fois (en tout cas, si vous êtes un lecteur assidu de Saint Seiya) entrecoupées par des combats insipides et sans aucune dramatisation réelle. Même chose pour la caractérisation des personnages, calquée sur ce que l'on connaît déjà (la sœur d'Aphrodite, par exemple, dont le destin fait beaucoup penser à celui d'un personnage bien connu dans la partie Asgard). 
Chronos et ses Heures ne sont finalement qu'une déclinaison de plus d'une recette déjà trop employée et qui n'est ici même pas revisitée. Tout cela manque autant d'ambition et d'originalité que de savoir-faire.

Joli mais plombé par un scénario terne et sans intérêt. 







Doomsday Clock
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Une suite au célèbre Watchmen, forcément, ça ne laisse pas indifférent. Tout de suite, on se penche sur Doomsday Clock.

Il y a 30 ans, le justicier, génie et homme d'affaires Ozymandias a mis au point une terrible machination pour sauver l'humanité d'elle-même. Aujourd'hui, ses manigances ont été révélées au grand jour et son monde court à sa perte. Bien décidé à trouver une solution, Ozymandias va tout tenter pour retrouver le Docteur Manhattan, seul être capable de stopper la catastrophe.

Il y a cependant un problème, Jon Osterman a quitté cet univers pour celui de la Ligue de Justice. C'est donc là qu'il faudra aller le chercher. Dans un monde lui aussi au bord de la guerre totale à cause d'une crise mondiale causée par ces armes nouvelles que sont les surhumains...

Voilà le pitch, alléchant il faut le reconnaître, proposé par Geoff Johns. Le scénariste va développer, sur environ 400 pages, un récit qui se veut être à la fois une suite et un hommage à Watchmen. Premier problème qui se pose : c'est compliqué d'allier les deux. Pour faire une bonne suite, il faut plutôt s'éloigner du récit originel, en innovant, donc en "oubliant" un peu ce qui a été fait, alors que pour réaliser un hommage, il faut sans cesse se référer à l'œuvre de base. Ce qui donne un jeu d'équilibriste très casse-gueule.

Heureusement, Johns a suffisamment d'expérience pour éviter un naufrage complet, il apporte même une thématique intéressante et de bonnes idées. Notamment tout ce qui concerne l'aspect métaphysique, plus que politique. La crise politique qu'il expose a quelque peu une saveur de déjà-vu (la gestion géopolitique des surhumains a été abordée dans de nombreuses séries, que ce soit Supreme Power (cf. ce dossier), Stormwatch/The Authority et bien d'autres titres), alors que le thème de l'affrontement sans fin, d'une opposition se déclinant dans de multiples versions, fait écho aussi bien au concept de multivers qu'à la continuité des comics. Il s'agit également, à travers Superman et le Docteur Manhattan, d'opposer deux visions des comics super-héroïques mais aussi du monde : l'une est positive mais manichéenne, l'autre plus réaliste mais désenchantée. 



Bien entendu, ce que l'on attendait surtout, c'était la confrontation entre deux mondes légendaires. Or, et c'est sans doute le principal problème de l'histoire livrée par Johns, tout cela manque de lyrisme et de moments épiques. C'est intelligemment fait la plupart du temps, mais cela reste très (trop !) froid. Difficile de vibrer vraiment, même le grand final échouant à générer un véritable moment d'intense émotion.
La représentation des personnages est également loin d'être parfaite. Si le Docteur Manhattan est très bien mis en scène (tout comme Ozymandias, dans une moindre mesure), on ne peut pas en dire autant d'un Rorschach aseptisé et bien moins charismatique que son modèle. Grosse déception aussi pour le Comédien, que l'on tire d'entre les morts pour faire de la figuration.

Du côté de DC Comics, ce n'est guère mieux. En fait, c'est surtout Superman (et Batman, bien qu'ayant un rôle moins central) qui vont être mis à contribution. Le reste est un défilé d'apparitions très souvent anecdotiques. Ce qui peut se comprendre aussi, dans un tel récit, tous les personnages ne peuvent pas être développés, mais là, c'est quand même très peu en comparaison du nombre de planches. 
Au niveau graphique, c'est le bien connu Gary Frank qui officie. Alors, visiblement, le parti pris, c'est de coller au style de Gibbons. Pourquoi pas en ce qui concerne la mise en scène (les gaufriers, les cases symétriques, qui se "répondent", etc.), mais le dessin a un côté très terne. On a déjà vu Frank faire bien mieux, que ce soit sur Shazam ou Batman par exemple. Du coup, les confrontations, déjà peu efficaces d'un point de vue narratif, sont également plombées par un style qui convient parfaitement aux petites cases mais pas du tout aux rares plans plus larges.

Maintenant, est-ce qu'il faut lire quelque chose avant ce Doomsday Clock ? Alors, oui, le plus évident, c'est Watchmen, histoire de comprendre tout de même de quoi il retourne. Par contre, c'est plus ou moins le seul passage obligé, même si l'album Le Badge (également publié par Urban Comics) peut être utile, non seulement parce qu'il fait office d'intéressante introduction (en compagnie de Batman et Flash), mais aussi parce qu'il contient un résumé succinct de points importants (surtout centrés sur Flashpoint en réalité). 
Niveau traduction, le texte a été confié à Edmond Tourriol, une valeur sûre donc.

Au final, voilà une saga qui est quelque peu décevante, même s'il faut dire que l'on en attendait peut-être trop. Elle n'a en tout cas rien de honteux, malgré les pleurnicheries des habituels ronchons qui n'aiment pas qu'on touche à "leur" jouet. On se demande bien pourquoi... même si demain DC sortait Les Watchmen font du ski, cela n'enlèverait rien à l'œuvre de Moore (et je serais prêt à payer pour voir sa tête à ce moment-là !).
À conseiller donc, si vous aimez les personnages cités plus haut, même si clairement on ne peut s'empêcher de ressentir une pointe de déception à la lecture de planches certes honnêtes mais qui ne parviennent pas à créer le maelstrom d'émotions et les confrontations épiques que le lecteur était en droit d'attendre, surtout avec un tel sujet. 




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une thématique intéressante.
  • La rencontre de personnages mythiques.
  • La construction de certaines planches.
  • Les éléments hors BD qui parsèment le récit (articles, lettres, etc.).


  • Un manque de lyrisme et d'audace lors des scènes clés.
  • Un style graphique parfois bien terne.
  • Un Rorschach expurgé de pratiquement tout ce qui le rendait fascinant.
Intégrale Don Rosa : La Jeunesse de Picsou
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L'on plonge aujourd'hui dans le passé de la plus célèbre famille de canards, avec l'intégrale Don Rosa consacrée à La grande épopée de Picsou.

Après l'intégrale Carl Barks, Glénat a publié une nouvelle série de recueils dédiée à un autre grand nom des comics Disney : Keno Don Rosa.
L'on retrouve notamment dans le premier tome la maxi-série The Life and Times of Scrooge McDuck qui, en douze chapitres, revient sur les jeunes années de Picsou.

Contrairement à ce que le commun des mortels pourrait penser, Balthazar Picsou n'est pas né dans l'aisance, en héritant d'une grande fortune. Au contraire, alors qu'il n'est qu'un enfant, il apprend que le clan McPicsou est ruiné. Son propre père peine à nourrir ses deux sœurs, et Balthazar est obligé de commencer à travailler... comme cireur de chaussures. Son premier client lui refile une pièce américaine, qui n'a évidemment pas cours en Écosse. C'est néanmoins son premier sou, celui qui sera la source d'une motivation sans faille. À 13 ans, le petit garçon, courageux et futé, s'embarque pour l'Amérique et ses promesses de richesse. Pendant des années, il va parcourir le monde, affronter des bandits, apprendre la vie à la dure, avant, enfin, de faire fortune dans le Klondike. Mais peu à peu, le jeune homme est devenu un être aigri, cynique, radin... et même sa famille se détourne de lui. 




Bien avant Spider-Man ou la Justice League, Donald, Picsou et leur famille sont sans doute les premiers ambassadeurs des comics dans le monde. Quel enfant n'a en effet jamais lu une de leurs nombreuses aventures ? Celle qui nous intéresse aujourd'hui constitue un fondement de cet univers. Ce récit est d'ailleurs très différent de ceux que l'on pourra découvrir dans l'intégrale Barks, puisque plus récent (il date du début des années 90) et constitué d'une trame générale et non de courtes histoires indépendantes.
Don Rosa fait montre ici d'un grand talent mais aussi d'une incroyable passion pour l'œuvre de Barks, son maître, à qui il n'oublie jamais de rendre hommage grâce à un D.U.C.K. (Dedicated to Unca Carl from Keno) caché au milieu d'une case. Patiemment, Rosa a recueilli toutes les références au passé qui étaient disséminées dans les écrits de Barks, pour bâtir une saga aussi riche que respectueuse de la continuité (du moins, sauf cas de force majeure).

Chaque chapitre se termine sur un texte explicatif de Rosa, qui parle de ses références, ses recherches ou ses choix. L'on mesure alors, malgré l'apparente simplicité du trait, la somme de travail et de recherches que chaque épisode a nécessité. 
Mais plus qu'un exploit technique, Rosa parvient ici à toucher le lecteur en donnant une profondeur inégalée à Picsou. Sa lente transformation est magistrale et, bien que de nombreux gags parsèment la saga, l'émotion est bien présente. La scène où un Picsou adulte se recueille sur la tombe de sa mère, ou encore celle montrant son départ définitif pour les États-Unis, sont des moments d'une rare intensité et d'une grande subtilité. Bien que la mélancolie soit présente, tout passe en finesse, sans effets larmoyants et même avec une rare poésie. La seule case, sans aucun texte, où l'on entraperçoit la dépouille de Fergus, dans un lit éclairé par le clair de Lune, alors que son fantôme disparaît à travers un mur du château, est une pure merveille de maîtrise et de retenue. 


Bon, heureusement, l'on n'est pas tout le temps sur ce registre et l'on va assister à de nombreux évènements importants. Entre les personnages historiques qu'il croise, sa première rencontre avec les Rapetou ou son propre neveu Donald, la construction de sa tour/coffre-fort, dominant un Donaldville encore à l'état de petit village, ou l'achat de la célèbre redingote, tout ou presque ce qui constitue le personnage et sa légende est exposé et détaillé.
Le travail éditorial est à souligner, puisque, en plus des textes de Don Rosa, une page assez complète permet de donner diverses informations sur chaque chapitre, notamment les dates des différentes publications et les titres des revues, américaines ou françaises, les ayant accueillies. Pour ceux qui ne voudraient pas les chercher, la solution des D.U.C.K. est fournie, avec illustrations à la clé. Et enfin, l'arbre généalogique des Duck (cf. cette Parenthèse de Virgul pour la version française ou ce petit bonus pour la VO) est présent deux fois, dont une sous forme d'un grand poster.
La traduction est également plutôt propre, autrement dit, pour 29,50 € et près de 300 pages par tome, l'on n'a pas l'impression d'être volé.

Peut-être que les histoires de canards n'intéresseront pas tous les lecteurs, mais il semble difficile de ne pas reconnaître la qualité de celle-ci.
Une "grande" épopée qui mérite bien son nom.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La minutie de Don Rosa.
  • La profondeur prise par Picsou.
  • Les rares mais fantastiques moments d'émotion.
  • Les explications et bonus.


  • L'aspect enfantin de l'ensemble au premier abord, qui pourrait masquer les grandes qualités de l'œuvre si l'on ne fait pas l'effort de passer outre.

Quand Byrne prenait en main les Vengeurs de la Côte Ouest
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Là, ce sont les Vengeurs des Grands Lacs. Mais ne vous inquiétez pas, c'est normal.


Retour sur le début du run de Byrne sur Avengers West Coast

Tout commence alors que les Vengeurs sont attaqués - ô surprise ! - par Ultron. Hawkeye et la Sorcière Rouge, bientôt rejoints par Wonder Man, Hank Pym et la Guêpe, se lancent dans la bataille avant de se rendre compte qu'il s'agit d'une diversion. En effet, un mystérieux ennemi a mis ce temps à profit pour enlever la Vision.
Wanda, qui s'inquiète pour son époux, fait tout évidemment pour le retrouver et apprend, après quelques péripéties, que les services secrets du monde entier se sont alliés pour "démonter" son mari, jugé trop dangereux et prié de ne plus fourrer son nez dans les systèmes informatiques qui ne le regardent pas.
Les Vengeurs parviennent à récupérer Vision en pièces détachées, mais une fois remonté, celui-ci ne possède plus son ancienne personnalité, à la grande déception de Wanda.
Pour tout arranger, le gouvernement des États-Unis envoie d'office un nouveau membre chez les Vengeurs. Il s'agit de U.S. Agent, une version "musclée" de Captain America, qui va être accueilli avec une certaine réserve.

Ce début de run a été réédité il y a quelques années par Panini dans un Marvel Best Of, volume qui contenait neuf épisodes (West Coast Avengers #42 à #50), tous écrits et dessinés par John Byrne. Et il est difficile de soutenir que l'on est devant un chef-d'œuvre. Entre les postures rigides et les décors simplistes voire absents, la partie graphique ne soulève déjà pas l'enthousiasme (sans parler de la colorisation criarde d'époque), or il se trouve que Byrne est pourtant bien meilleur dessinateur que scénariste !
Les intrigues sont aussi ennuyeuses que bâclées, et le côté inutilement verbeux de certains passages alourdit encore l'ensemble.



Bon, il y a tout de même quelques points positifs à retirer de l'ouvrage. Tout d'abord, soulignons la volonté, louable, de creuser les relations entre les personnages et de s'étendre (de manière certes parfois appuyée) sur leurs états d'âme. L'on n'est heureusement pas uniquement dans la baston, ce qui est une chance étant donné la nullité des phases d'action justement.
Ces épisodes permettent également d'assister aux premiers chocs psychologiques qui auront raison de l'équilibre mental de Wanda Maximoff (un fait qui donnera naissance bien des années plus tard à l'event House of M). Il faut dire que la miss, à la base, est tout de même spéciale... rappelons qu'elle est mariée à un synthézoïde basé sur le corps de la première Torche et sur les schémas mentaux de Wonder Man, un collègue à elle. Une love story qui part sur de telles bases, on sent bien que ça pue un peu quand même (certains auteurs s'en moqueront d'ailleurs par la suite, cf. la scène #1 de notre Bêtisier Marvel).

Toujours dans les points positifs (en faisant un très grand effort cette fois) : les Great Lakes Avengers (cf. cette très bonne saga de 2005, les mettant en scène). L'équipe, composée de Mr Immortal, Flatman, Big Bertha ou encore Dinah Soar, fait ici sa première apparition, plutôt remarquée. Des personnalités assez décalées, des pouvoirs parfois étranges et une petite charge contre la multiplication des franchises, voilà plutôt une bonne idée qui permet d'apporter un peu de vent frais. Malheureusement, Byrne a autant d'humour qu'Anne Roumanoff, et une fois les personnages mis en place, il ne sait visiblement pas vraiment quoi en faire.

Le bilan n'est pas glorieux et, pourtant, quelques éléments, comme la lente transformation de Tigra ou le mystère entourant les enfants de Wanda, sont plutôt bien pensés et permettent d'installer un début de tension dramatique et une intrigue sur le long terme. Trop long terme cependant pour que l'on en profite pleinement avec ce seul recueil paninien. Quand ça veut pas...
Il reste les Intégrales en VF, mais... avec Panini, peut-on encore parler de "version française" ? (cf. cet article)

Bref, des épisodes ayant leur charme mais les points forts du scénario sont bien trop peu mis en avant et développés par Byrne pour compenser la narration désuète et des scènes d'action parfois bien poussives.


Mieux que la balle magique de Kennedy, la trajectoire de la baffe dite "en extension", par Byrne.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Les débuts des GLA.
  • Une sorte de prélude à HoM.
  • Le développement de certaines intrigues internes, notamment concernant Wanda, Tigra et Wonder Man.


  • Une narration datée et peu inspirée.
  • Des scènes d'action manquant de panache et même parfois maladroites.
Sentinelle
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Le dernier projet porté par Jonathan Cohen s'intitule Sentinelle et est disponible sur Prime. 
Alors, désastre ou honnête comédie ?

François Sentinelle est un flic, parfaitement incompétent et imbu de lui-même, œuvrant sur l'île de la Réunion. Le gars a une passion également : la chanson. La chanson bien ringarde et fleur bleue. Mais lui, évidemment, se trouve irrésistible. C'est alors qu'il prépare la sortie de son nouvel album qu'une affaire touche l'une des notables de l'île. Menaces, enlèvement, magouilles politiques, Sentinelle, chargé d'une enquête qu'il est loin de considérer comme sa priorité, va devoir faire face à un complot qui le dépasse.
Heureusement, son adjoint, Morisset, bien plus efficace, va l'aider à sauver les apparences.

Niveau scénario, ça reste assez simple, tout cela étant prétexte à une suite de gags. Et... ça fonctionne plutôt bien. C'est même carrément au-dessus de la plupart des comédies françaises actuelles. Évidemment, il vaut mieux apprécier Jonathan Cohen, l'essentiel du film reposant sur lui. Il s'en sort d'ailleurs bien, même s'il reste éternellement coincé dans son personnage habituel de crétin prétentieux. Mais le film ne repose pas entièrement sur l'acteur et possède quelques atouts.

Le cadre plutôt original tout d'abord. Voilà qui change de Paris ou Marseille. Ensuite, une armée de second rôles fort bien campés. De Raphaël Quenard (Morisset) à Emmanuelle Bercot (Florence Cazeaux-Rocher) au très bon Laurent Evuort Orlandi (qui incarne le Sorcier, le grand méchant de l'histoire). Bon, il y a aussi Ramzy, on ne peut pas tout réussir...
L'écriture n'est pas aussi simpliste qu'on pourrait le penser. Les gags sont notamment de diverses natures, avec aussi bien des scènes très "physiques" que des dialogues parfois savoureux. Ce n'est pas du Audiard, mais ça fait souvent mouche. 

Ce long-métrage a toutefois subi des critiques parfois très sévères, et souvent hors de propos. Certains lui reprochent par exemple la chanson de Sentinelle, très "premier degré". Mais, tout comme la chanson interprétée dans La personne aux deux personnes par Chabat, il est impératif qu'elle soit crédible. Et encore, elle est même un poil trop débile, mais ça doit rester quelque chose de plausible. Nul mais plausible. Sans cela, ce n'est pas drôle. On n'est pas du tout dans un film absurde, comme certains ont pu l'affirmer. Les situations doivent être crédibles, seul le personnage principal est idiot, c'est cela qui amène le décalage.
Même chose par exemple pour la scène où le Sorcier et Florence essaient de se parler alors qu'ils sont en voiture. Ils jouent très sérieusement, et c'est justement ce sérieux qui rend la scène comique (ils ne peuvent absolument pas faire les débiles, à la Éric et Ramzy). Bref, il semble que ceux qui n'ont pas aimé cette comédie l'aient avant tout mal comprise. On a pu lire également, ici ou là, des comparaisons avec les films des frères Zucker... mais quel rapport ? Ce n'est pas du tout le même genre d'humour. Dans Y a-t-il un pilote dans l'avion, par exemple, tout est absurde. Le médecin fait n'importe quoi, les pilotes également, les hôtesses, les contrôleurs aériens, rien n'est réaliste. Dans Sentinelle, on est bien plus proche d'un film comme La Chèvre (au niveau du registre, pas forcément de la qualité) que des productions des Zucker. C'est le décalage du personnage principal (malchanceux et naïf dans La Chèvre, incompétent et stupide dans Sentinelle) qui génère les gags. 

Encore une fois, si vous êtes allergique au personnage et à l'humour de Jonathan Cohen, vous allez passer un moment un peu compliqué, mais si vous êtes sensible au charisme du comédien, l'ensemble se regarde vraiment avec plaisir. 




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Jonathan Cohen.
  • De fort bons seconds rôles.
  • Une flopée de gags en tout genre.
  • Le cadre.


  • Jonathan Cohen si on est allergique au personnage.
  • Certains gags inégaux, mais vu le rythme, on ne s'attarde pas vraiment sur ce qui est raté. 
Bande Originale de L'Ombre de Doreckam
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Alors que j'avais terminé le premier jet de L'ombre de Doreckam, courant 2019, j'ai proposé à Manu Bonnet, un ami qui est bassiste, compositeur, coloriste et à l'époque leader du groupe Logical Tears, de s'embarquer avec moi sur un projet musical assez atypique : la bande originale de mon nouveau roman.

Je lui ai filé le manuscrit (dans une version 0 très embryonnaire), il l'a lu et il a accepté. Nous avons donc commencé à travailler sur le projet, lui au niveau des compos, moi au niveau de certains textes. Malheureusement, alors que nous avions déjà des morceaux franchement cool (mais non mixés), le groupe a splitté. En langage courant, il s'est séparé. Pour avoir les détails du comment et du pourquoi, je vous invite à lire le prochain livre de Manu, un énorme ouvrage, émouvant et drôle, revenant sur tout son parcours musical (on vous en reparlera en temps et en heure). 

Le projet de Bande Originale est donc tombé à l'eau, mais il en reste tout de même quelque chose. D'une part, des morceaux alternatifs et remaniés, qui sortiront sur un album produit entièrement par Manu (là encore, on vous tiendra au courant de cette sortie). D'autre part, quelques textes que j'ai écrits, et qui vous rappelleront certainement quelque chose si vous avez lu L'Ombre de Doreckam.

J'ai décidé de publier ici ces textes, pour prolonger l'histoire et cheminer, un peu encore, aux côtés de Vik, Nolan, Mel, Inès et tous ces personnages qui m'ont hanté si longtemps. 

Sans la musique, sans l'interprétation, évidemment, tout cela reste aride et terne. Mais ça a le mérite d'exister.

À voir également si vous avez lu le roman : 


Les Eaux Mortes

Le lent baiser des horloges est cruel…
Nos pages ont jauni, se sont écornées.
Hier encore nous étions éternels,
Pourtant la vie n’a duré qu’un été.

L’eau a coulé le long de notre enfance,
Les rats ont fini par quitter Doreckam.
Les pâles regards qui naguère faisaient sens,
Peinent à raviver l’onirique flamme…

L’esprit et ses eaux mortes
Cachent bien trop de tabous
Le Temps et ses cohortes
Ont eu raison de nous

Les minutes et leurs faux
Bâtissent des nécropoles
Les secrets des Échaux
Perdus dans les rigoles

Quelles sont ces plaintes s’élevant des remparts ?
Cris mélodieux gorgés d’une encre bleue…
Le soleil s’effondre, il est déjà tard,
Au loin l’horizon prend subitement feu.

L’esprit et ses eaux mortes
Cachent bien trop de tabous
Le Temps et ses cohortes
Ont eu raison de nous
 
C’est une lente guerre
Qui se déroule dans l’ombre
Les secrets des Archères
Personne ne s’en encombre

L’esprit et ses eaux mortes
Cachent bien trop de tabous
Le Temps et ses cohortes
Ont eu raison de nous


Mécanique

Un crépuscule martial
Anoblit même la rouille
Les mains sont glaciales
Les images se brouillent

Munitions bricolées
Pour enfin en découdre
Le vacarme du passé
Fera parler la poudre

Je suis devenu mécanique
Au son du brouhaha

Le passé dans les veines
Souvenirs teinte sépia 
Du whisky sur nos peines
Quand fondent les soldats

Je suis devenu mécanique
Au sein du magma

Une féline escorte 
Accompagne mon assaut
Seul le devoir me porte
Je n’ai rien d’un héros

Je suis devenu mécanique
Au son du brouhaha
Je suis devenu mécanique
Au sein du magma…


Le Temps vaincra

Au pied des murs d’école, on nous voyait à peine.
Après les heures de colle, venait la liberté.
Avec nos cœurs d’enfant, on se sentait en veine,
L’éternel poids du temps semblait nous oublier.

Que reste-t-il ce jour, des élans de nos cœurs
Mangés par les vautours d’un avenir avide ?
Où restent enfin nos liesses, jeunes amours, nobles ardeurs,
Détruites d’une seule caresse par le pire des acides ?

Les muettes horloges font s’effondrer les murs,
Rien jamais ne déroge à cette loi inique.
Le Temps vaincra je crois, peu importe nos armures,
Tout s’écroule, des vieux bois aux empires galactiques.

On cherche dans le papier, une trace nostalgique,
Dans l’encre délavée, quelques fragments d’hier.
Au sein de la fiction, un passé chimérique,
Une forme d’abolition d’un présent délétère. 

Mais le Temps est bourreau, son appétit funeste,
Il n’épargne ni salauds ni héros admirables.
Quand la Trotteuse approche, tout s’enfuit rien ne reste,
Nos belles vies s’effilochent, redeviennent négligeables.


Ouate Sombre

Ouate sombre
Plus de flash, de souvenirs
Dans une flaque de vide s’assoupir
Oublier le torrent du passé
Mettre sur toutes ces années
Un peu de…
Ouate sombre

Ouate sombre
Plus de bouches qui articulent
Ou de silhouettes qui déambulent
Tout s’arrête, tout se fige
Sur les coups et les vertiges
Un peu de…
Ouate sombre

Ouate sombre
Ni Cupidon ni Jupiter
Pas de paradis, plus d’enfer
S’extraire enfin des barbares
Recouvrir même la mémoire
D’un peu de…
Ouate sombre

Ouate sombre
Effacer le citron et le miel
Délaver jusqu’aux arcs-en-ciel
Se complaire dans un doux néant
N’être ni petit ni géant
Juste un peu de…
Ouate sombre


Une Ombre en nous

Ce soir le danger plane
Nos cœurs ne sont plus sûrs,
Renferment un mal obscur ;
Un peu de Klaalntehtlann… 

Nolan ou Bartosz
Êtres en devenir
Le meilleur ou le pire
Choisis si tu l’oses

Des sommets aux égouts
Du panthéon au caniveau ;
Des scélérats, des héros
Un peu étrangers, un peu nous

Cette nuit les remparts pleurent,
Une chute tragique et involontaire.
Dans l’Olsberg et son enfer,
C’est l’innocence qui meurt.

Dans le regard de Mel
Le futur, des promesses,
La beauté et la liesse
Chemineras-tu avec elle ?

Demain, beaucoup seront tombés,
Nous délaisserons même leurs tombeaux.
Érodés par les trotteuses et du ciel les eaux,
Les plus grands sacrifices se feront oublier.

Ce soir le danger plane
Nos cœurs ne sont plus sûrs,
Renferment un mal obscur ;
Un peu de Klaalntehtlann… 

Des sommets aux égouts
Du panthéon au caniveau ;
Des scélérats, des héros
Un peu étrangers, un peu nous

Ce soir le danger plane
Nos cœurs ne sont plus sûrs,
Renferment un mal obscur ;
Un peu de Klaalntehtlann… 


À l’abri (Le rêve d'Inès) 

Baisers anciens, goût années 80
Jeux de gamins, demain est encore loin

Entourée de tes bras, tiens-moi à l’abri
Pour juste une minute ou toute une vie
Deviens forteresse… mon rempart
Protège-moi du vent qui souffle tard

Rivages adultes, goût de l’occulte
Étrange culte, dérive vers le tumulte

À mon tour, je serai bouclier
Un mur contre les dangers
L’amour bien souvent sert à ça
Éviter les bleus, éloigner les scélérats

Parchemins et ridules, goût crépuscule
Nous sommes molécules, les horloges sans scrupules

Protège-moi du temps et du chaos
Éloigne les juges, les bandits, les fléaux
Rien que nous et l’infini des cieux
Enveloppée de ton aura, je tuerai les adieux

Entourée de tes bras, tiens-moi à l’abri
Pour juste une minute ou toute une vie
Deviens forteresse… mon rempart
Protège-moi du vent qui souffle tard

Tords la réalité, sois mon Homme
Dis-moi doucement que nous sommes
À l’abri…
À l’abri…


Crédit photo : Tiffany Durr


Tapie
Par


On se penche aujourd'hui sur une excellente série Netflix : Tapie.

Bien souvent, l'on a tendance à uniquement s'intéresser aux biopics des personnages que l'on apprécie. C'est un tort car non seulement une vie suffisamment riche et mouvementée peut aussi être en résonnance avec une certaine époque et, surtout, une série, même basée sur des faits réels, reste en grande part une fiction, c'est donc de sa qualité d'écriture que va dépendre son intérêt. Et là, niveau qualité, c'est un sans-faute.
Bien évidemment, pour ce qui est du parcours professionnel, médiatique et politique de Bernard Tapie, Tristan Séguéla et Olivier Demangel, à l'origine du projet, se basent sur les grandes étapes du mec "qui marche à la Wonder". Mais pour ce qui est de sa vie privée, celle-ci est en grande partie romancée. 

Le casting est très bon, avec en tête bien sûr un Laurent Lafitte magistral. L'acteur parvient à incarner l'ancien ministre de Mitterrand à la perfection. Démarche, mimiques, phrasé, c'est assez impressionnant. Joséphine Japy, qui incarne sa compagne, apporte une touche de charme et d'élégance intemporelle. 
La mini-série, en 7 épisodes d'une cinquantaine de minutes, est parfaitement rythmée et sans aucun temps mort. Tout s'enchaîne parfaitement, avec moments de tension, humour subtil mais présent, et dialogues parfois épiques.



Tout commence alors que Bernard Tapy (avec un "y") s'essaie à la chanson. Cela donnera lieu à un leitmotiv à base de Polnareff qui durera jusqu'à la fin et son émouvant générique. Brillant. 
Rapidement, Tapie se lance dans le dur monde des affaires. Qui le mènera dans celui, encore plus glauque et cynique, de la politique. Adidas, l'OM, les affaires, la prison... la série brosse un portrait assez honnête de Bernard Tapie, sans verser dans la critique acerbe mais sans l'encenser non plus. Bien évidemment, le personnage principal va forcément générer de la sympathie (ne serait-ce que parce que l'on perçoit parfaitement ses souffrances), mais l'ensemble reste mesuré.

L'on passe ainsi des années 70 et 80 à la décennie 90 et l'incarcération de Tapie. Les différentes époques sont fort bien retranscrites à l'écran, avec parfois l'utilisation habile d'images d'archive. Le sujet est en soi passionnant, le type parti de rien qui devient millionnaire, star de la télé, puis ministre et député, ou patron d'un des plus grands clubs de football de France, on pourrait croire que c'est là de la pure invention si l'on ne l'avait pas vécu. 
Futé, parfois vicieux mais très humain, à la fois implacable et peut-être trop naïf pour la racaille politicienne et le nid à vipères de la mitterrandie, le Tapie incarné par Lafitte s'avère être un héros tragique et vibrant, que l'on a presque envie d'admirer. Tout est dans le "presque".

Probablement la meilleure série française depuis (dans un tout autre genre évidemment) Cœurs Noirs.
Si vous n'avez pas connu cette époque, cette série vous en offrira un aperçu assez fascinant. Et si vous l'avez connue, cette représentation ne trahira en rien vos souvenirs. Tout juste les embellira-t-elle un peu. Mais n'est-ce pas le lot de la fiction de transformer en douce mélancolie la brutalité du passé ?




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La performance de l'ensemble des acteurs, Lafitte en premier lieu.
  • Une narration exemplaire.
  • Une certaine objectivité dans la représentation de Tapie.
  • Certaines scènes, épiques (la confrontation avec le procureur !) ou émouvantes.


  • La série utilise des ellipses parfois un peu violentes, notamment pour l'acquisition d'Adidas ou de l'OM, mais il faut avouer que c'est plus surprenant que gênant.
Le Livre des Morts
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Pour un premier roman (paru en France aux éditions Le Cherche Midi en 2009), Glenn Cooper a quasiment réalisé un coup de maître, transcendant le genre pour s'essayer au polar trans-temporel, sans pour autant sombrer dans les délires pseudo-occultistes d'un Dan Brown. Il conserve cependant les ingrédients susceptibles de captiver, tout en demeurant ancré dans le temps présent : ce n'est donc pas un polar historique, mais bien un thriller contemporain dont les racines plongent au début du Moyen Âge.

En choisissant de naviguer entre les contextes spatiaux et temporels différents (de l'île de Wight du VIIIe siècle au Las Vegas actuel, en passant par la salle de guerre de Churchill au lendemain de la victoire sur Hitler, puis par le passé récent de deux des protagonistes), Cooper propose une mise en page aérée proche du rythme propre aux productions audio-visuelles : les chapitres sont courts, les dialogues incisifs, les meurtres souvent violents et les cliffhangers se multiplient. Impossible de s'arrêter sur une fin de chapitre tant la promesse qu'elle recèle est tentante.

D'un côté, on a Will Piper, un vieux briscard du FBI, ancienne gloire du profilage, aujourd'hui au seuil de la retraite, qui se voit confier une affaire tordue : des morts suspectes survenues le même jour et annoncées par une carte postale. L'affaire fait déjà tache d'huile et la presse s'en est emparée, titrant déjà sur "le Tueur de l'Apocalypse", capable d'exécuter sa victime après l'avoir prévenue. Aucun lien n'a été décelé entre les personnes assassinées, outre le fait qu'elles résident à New York, ni entre les différents modus operandi puisqu'on va du crime crapuleux par arme blanche à la défenestration. Ça sent mauvais pour Will qui comprend que cette enquête pourrie pourrait compromettre ce qui reste de sa carrière.

De l'autre, on a un informaticien taiseux, complexé, ancien camarade de chambrée de Will, travaillant désormais dans ce complexe mystérieux que le grand public connaît sous le nom de zone 51. Son seul loisir : la fréquentation des salles de black jack dans son casino préféré de Las Vegas.
Évidemment, les deux sont liés, tout comme ce qui préoccupe le prieur de l'abbaye de Wight à la veille du 7e jour du 7e mois de l'an 777 : la naissance d'un septième fils au village, annonciateur de catastrophes d'ampleur biblique...


Comment ce qui a été mis au jour par une équipe d'archéologues britanniques en 1947 pourrait engendrer une vague de crimes inexorables un demi-siècle plus tard ? Par quel biais ? Pour le compte de qui ? C'est ce que va tenter de comprendre Will qui, s'il n'est pas aussi subtil que ses équivalents littéraires, a conservé un flair hors du commun et une volonté d'acier. N'acceptant plus d'être le jouet d'une hiérarchie qui lui fait peut-être payer ses récents écarts, refusant d'être la risée d'un public se gaussant déjà des vains efforts de la police, Will investit tout son savoir et son expérience dans l'investigation, remontant la plus infime des pistes. Il a de plus en plus de mal à croire en l'action d'un tueur isolé, d'autant qu'une des victimes est carrément décédée sous ses yeux le jour annoncé par la carte postale mortelle !

Un suspense habile, une écriture efficace, des personnages peut-être un peu caricaturaux (l'agent blasé, l'adjointe zélée, la chef autoritaire, le scientifique complexé) pour une lecture enrichissante à la construction implacable, toute en accélération jusqu'à une résolution plutôt satisfaisante. 
Bref : une bonne lecture pour l'été. 
S'il vous a plu, sachez que Cooper vous propose deux autres aventures policières autour de son héros Will Piper.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une écriture incisive.
  • Un découpage adroit qui ne nous noie pas à travers les époques.
  • De nombreuses références historiques utilisées avec parcimonie et efficacité.
  • Un suspense redoutable.
  • Un personnage attachant dans ses travers.


  • Des personnages secondaires un peu caricaturaux.

Écho #18 : Le journal de Tintin fête ses 77 ans !
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C'est l'un des gros événements de l'année pour les amateurs de BD franco-belge et d'ouvrages un peu collector : le numéro spécial 77 ans du Journal de Tintin !

Nous voilà donc devant un bon gros pavé, avec couverture souple et un papier mat élégant, qui regroupe environ 400 pages au total. Pour marquer le coup et célébrer dignement cet anniversaire, Le Lombard a convié de nombreux auteurs actuels (cf. la liste sur la photo ci-dessus) a venir rendre un hommage aux personnages qui ont marqué l'histoire du journal.

Au sommaire, des histoires courtes donc, la plupart du temps sérieuses, parfois parodiques, mettant en scène Ric Hochet, Les Casseurs, Bob Morane, Dan Cooper, Michel Vaillant, Alix, Thorgal, Cubitus, Blake & Mortimer, Clifton, Luc Orient et pas mal d'autres héros (voire légendes) de la bande dessinée. Le tout dans des styles fort différents, parfois très proches des planches originelles, parfois plus modernes. Le récit de Bob Morane, par exemple, allie graphisme léché et action fort bien mise en scène. Mention spéciale également pour Guérilla pour un Héros, de Zidrou et Falzar au scénario (hé les gars, gardez vos noms plutôt que ces pseudos idiots, par pitié), Hamo et Benoît Dellac au dessin. 18 planches subtiles, pleines d'amour pour la BD, de nostalgie et d'humour doux-amer. Un petit chef-d'œuvre revenant habilement sur un parcours d'auteur.

Ces histoires sont complétées par divers articles, un petit récapitulatif des autres héros ayant été publiés dans le journal et un fort joli tiré à part représentant la couverture du premier numéro de Tintin, en 1946. Tout cela est donc très bien réalisé et très complet. Pour 30 euros, on en a largement pour son argent. Seul petit regret : pas de BD de Tintin dans le journal de Tintin (si ce n'est une planche parodique ayant pour protagoniste Séraphin Lampion, un peu léger pour les fans nostalgiques).

Un achat très vivement conseillé. 
Pour vous faire une idée plus précise du contenu, nous vous offrons un petit coup d'œil sur les pages intérieures avec la galerie ci-dessous. 



Bob Morane

Michel Vaillant

Comanche

Blake & Mortimer

Buddy Longway

Les Casseurs

Yakari

Cubitus

Pom et Teddy

Ric Hochet

Bernard Prince

Dan Cooper

Nanouche

Ringo

Nahomi

Le Chevalier Blanc

Aria

Thorgal