Écho #52 : Watchmen Urban Limited
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Bon, on ne va pas en faire des caisses hein, c'est Watchmen, on commence à connaître. 
Cette version est très jolie et très (trop !) chère. Mais elle est impressionnante, c'est sûr.
Pas contre, quand tu achètes six fois la même histoire, il est possible que tu aies le cul qui commence à fumer un peu. Dans ces cas-là, on entonne la chanson du pigeon !
Et tout en alexandrins, s'il vous plaît. 
Histoire que les plumes servent à autre chose que se les faire arracher.

Sur mes belles étagères qui ploient sous les BD
Quelques Pop de travers jettent un regard glacé
À l’inconnu curieux laissant traîner sa main
Sur des bustes hors de prix ou le dos des bouquins
Merci encore messieurs pour mes 26 Matrix
Et toutes ces éditions de Tintin, d'Astérix
Je n'sais plus où les mettre mais je chéris ces doubles
Je suis prêt à payer en sesterces ou en roubles
Tout n’est qu’un long flashback des années 80,
Car c’est dans le passé que l’on est vraiment bien !
Tenez dame Amazon, prenez donc mon argent,
En échange de plastique et d’un peu de bon temps !
Je garde même la boîte car elle est collector,
C’est sûr c’est un peu cher mais il m’en faut encore !
Les produits dérivés sont nos meilleurs amis,
Figurines et répliques vont enchanter nos vies !
Bob Morane, Ric Hochet, Goldorak, Albator
Sont réellement pour moi le plus beau des trésors
J’entasse dans l’euphorie, frénétique, j’accumule 
Je suis un doux pigeon que l’on plume sans scrupule...






Lone Sloane - L'intégrale Stellaire
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Sortie aujourd'hui de Lone Sloane - l'Intégrale Stellaire de Philippe Druillet.

Attention, voici peut-être la plus importante sortie de cette année en matière de BD. Non seulement parce que l'ouvrage est en lui-même exceptionnel (24 x 32 x 5 cm, pas loin de 4 kilos, plus de 700 pages) mais aussi parce que la saga qu'il contient, et surtout le style de Druillet (cf. Druillet - Lovecraft), sont aussi fous qu'exceptionnels.
Gros plan sur une œuvre gigantesque mais difficile d'accès. 

L'énorme pavé publié par Glénat contient neuf parties comprenant : Lone Sloane, le mystère des abîmes ; Les 6 voyages de Lone Sloane ; Delirius I & II ; Gaïl ; Salammbô (et ses suites Carthage et Matho) ; Salammbô - Les NusChaos ; et enfin une neuvième partie regroupant cinq courts récits. 
L'élément central est donc Lone Sloane, un personnage qui en réalité hante ces planches plus qu'il ne les habite. En effet, la narration très particulière et le côté minimaliste des histoires font que l'intérêt de cette œuvre est ailleurs.

On est clairement ici dans les débuts de la BD destinée aux adultes (années 70/80). La science-fiction est alors teintée d'exotisme baroque, parfois d'érotisme. Mais Druillet va aller bien plus loin, offrant au lecteur une expérience visuelle hors du commun. Le dessinateur va en effet concevoir une suite de tableaux impressionnants, tout en s'affranchissant des codes narratifs habituels. Les illustrations s'étalent souvent sur deux pages et sont massives, détaillées, tourmentées. Le lecteur se perd ainsi dans les planches plus qu'il ne les lit. L'expérience est fascinante mais le choc graphique ne sert pas spécialement l'immersion dans le récit, très chaotique. Cependant, à la manière d'un trip psychédélique, l'on finit pas être emporté dans les visions démentes de l'auteur et s'y perdre, ébahi et quelque peu décontenancé. 




Lone Sloane (sauf la première partie, très embryonnaire encore) est donc à la fois une œuvre à la beauté baroque, brutale et enivrante mais aussi une plongée dans un style âpre et déstructuré, qui ne conviendra certainement pas à tout le monde. Il faut aborder ce recueil comme une recherche de sensations, voire une expérience métaphysique, et non une histoire construite et logique. Cette lecture demande un réel effort, une certaine maturité aussi sans doute, mais sort clairement des sentiers battus.

Sur le fond, la saga parle de dieux, de sorciers, d'âmes volées, de naufragés stellaires, de robots titanesques, elle contient également une relecture du célèbre Salammbô de Flaubert et même une référence poussée au monde d'Elric. Autant de prétextes pour bâtir un monde peuplé de vaisseaux organiques, de cités majestueuses et de personnages fantasques aux visages torturés. 
Druillet a d'ailleurs impressionné en son temps les plus grands. Goscinny a parlé de "maître" ayant explosé le cadre de la BD traditionnelle, et Hergé a notamment évoqué la création d'une dimension nouvelle pour la BD, "peut-être celle de l'onirisme", ce en quoi il n'avait pas tort. 

L'ouvrage contient également de-ci de-là quelques textes, de Druillet ou d'autres auteurs, à l'intérêt variable. L'on apprend en les lisant que Druillet voulait un personnage principal "humain" pour que les lecteurs puissent s'identifier à lui... ah là, ça sonne un peu comme une fausse note, car s'il y a un personnage qui ne donne lieu à aucune identification, c'est bien Lone Sloane (le ton du récit, la narration froide et elliptique, le côté irréel et peu développé du personnage, la priorité laissée au dessin gênent, sinon empêchent, une telle identification). Mais bon, dans le même texte, on apprend aussi que Druillet considérait Godart comme une "merde". Du coup on se dit que même s'il ne comprenait pas tout ce qu'il faisait, il avait quand même bon goût.

Une œuvre à part, d'une folle audace sur le plan graphique, mais qui se révèle être un voyage poétique et contemplatif plus qu'une histoire possédant une intrigue classique. Selon les goûts, ce sera donc proprement imbuvable ou clairement fantastique. 










                                                                                                           



La première partie, alors que Druillet se cherche encore et respecte une structure classique au niveau des cases.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Visuellement très impactant.
  • Le côté onirique et métaphysique.


  • Très déstructuré et donc difficile à suivre si l'on s'attend à une histoire traditionnelle.
  • Une intégrale qui aurait certainement gagné en praticité à être déclinée en deux tomes tant elle se manipule difficilement (ça reste un livre quand même, on devrait pouvoir le parcourir aisément). 
  • Le lettrage, minuscule sur certaines planches et nuisant au confort de lecture. 
Noctule. h Rétrospective
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On allie aujourd’hui les domaines littéraires et musicaux avec un ouvrage passionnant et hors du commun : Noctule. h - Rétrospective !
Et qui de mieux placé que son auteur pour nous en parler ?


Virgul : Manu, merci de venir nous parler de ton livre qui porte sur ton aventure musicale, au sein de différents groupes. Qu’est-ce qui t’a donné envie de raconter ton parcours ?
Emmanuel Bonnet : Merci à toi pour l’invitation, c’est très sympa, d’autant que j’adore UMAC.
Pour répondre à ta question, disons simplement qu’à la base c’est une démarche très égocentrée, voire même un peu égoïste, qui a donné naissance à ce livre. En 2022 après la crise Covid, je me suis plus ou moins retrouvé sans groupe. Les autres membres de Logical Tears n’avaient plus du tout d’intérêt ou d’envie pour cette formation et ils me l’ont bien fait comprendre. J’ai donc été plus ou moins forcé de mettre un frein à mes activités musicales. Mais étant un infatigable créatif, je me suis vite retrouvé en manque, si l’on peut dire ça comme ça. Alors je me suis demandé quel type de projet je pourrais réaliser seul sans devoir dépendre des autres. Et comme c’était aussi l’année de mes 50 ans, j’ai décidé de réaliser ce livre un peu comme un challenge. C’est une grande première pour moi, étant dyslexique, mon rapport à l’écriture a toujours été un peu compliqué. Et ça me donnait aussi une forme de réponse créative à une éventuelle crise de la cinquantaine. (rires)
Après pas mal de réflexions, d’encouragements et de conseils de mon ami Cyril Durr, que vous connaissez bien chez UMAC, je me suis finalement lancé et le résultat me plaît bien pour une première expérience littéraire.

- Le livre regorge d’illustrations et d’anecdotes, parfois drôles, parfois émouvantes, on a vraiment l’impression d’être immergé dans ce monde un peu "underground" qui est le tien. En fait, on se rend compte qu’il n’est pas nécessaire d’être spécialiste d’un style musical en particulier pour se passionner pour tes péripéties. Est-ce que tu souhaitais dès le départ, justement, que ce soit très accessible et pas seulement un ouvrage destiné aux musiciens et aux fans ?
- Oui totalement, je ne voulais pas que ça soit quelque chose de trop hermétique et barbant pour le profane. Je ne suis absolument pas connu comme musicien en dehors de quelques fans ou amis, alors il fallait vraiment élargir le propos. C’est certain que les gens qui ont suivi depuis longtemps Noctule Sorix et Logical Tears, mes deux groupes, auront certainement plaisir à découvrir leurs genèses, mais ce n’était pas mon but premier. Je voulais juste proposer une sorte de parcours de vie au travers d’anecdotes et de souvenirs vécus. Montrer qu’on peut toujours se dépasser et arriver à ses buts, aussi modestes soient-ils, malgré les embuches et les accidents de la vie. La musique c’est effectivement le fil rouge de cet ouvrage, mais je pense qu’il parle davantage de persévérance et de motivation personnelle. J’ai essayé de le rendre drôle et captivant, même si certains passages sont un peu plus personnels ou tragiques. Je pense sincèrement qu’on n’est pas obligé d’aimer la musique pour apprécier cet ouvrage, il se lit bien sans être un spécialiste de la Cold Wave. (rires) Un ami qui vit en Suisse et qui l’a déjà lu m’a dit récemment : "Ça se lit super facilement, c’est drôle, prenant et mine de rien, c’est aussi le reflet d’une certaine époque." Ce qui m’a beaucoup touché.

- La forme de ce livre est très soignée, avec un vrai travail sur les différentes typos, la mise en page, les illustrations, est-ce que ton expérience dans la BD t’a poussé à en faire aussi un "bel objet" ?
Oui probablement. J’ai un regard très graphique sur les choses de par ma formation artistique et mon travail de coloriste de bande dessinée. Je lis aussi beaucoup de biographies de musiciens, d’acteurs ou d’artistes et je trouve que les maisons d’édition, même si elles effectuent souvent un travail correct sur la couverture, se contentent d’avoir une approche très classique sur la mise en page. Un livre c’est avant tout un objet et c’est dommage quand le sujet du livre touche à un domaine artistique de se satisfaire d’une mise en page banale ou trop simple. Les deux ouvrages qui m’ont réellement inspiré pour la forme de mon livre sont la biographie de Marilyn Manson, Mémoires de l’enfer, et celle de Travis Barker, Can I Say. Ils ont tous les deux une mise en page très graphique qui retranscrit bien la personnalité de leurs auteurs. Je voulais retrouver ça dans mon ouvrage. Apporter une mise en page un peu graphique et rock’n roll qui retranscrive ce côté "underground" de ma vie. J’ai mis du temps à trouver quelque chose qui reflète ma personnalité, un style qui soit personnel mais quand même facilement lisible et vraiment pas indigeste.

- La couverture pourrait aussi bien être celle d’un comic en fait.
Oui c’est vrai. Je l’ai conçue avec le dessinateur Daniel Gattone, avec qui justement j’ai réalisé plusieurs comics. Je trouvais ça drôle d’avoir une couverture totalement dessinée pour une biographie, et puis ça montre également une autre facette de mon travail. J’en suis vraiment content, Daniel a fait un super travail sur l’illustration. Je l’en remercie grandement.

- Tu es donc compositeur, bassiste, on sait maintenant que tu es également coloriste, aujourd’hui écrivain, quel est finalement le domaine créatif qui te permet de t’épanouir le plus ?
- Je crois que j’ai besoin de tous ces domaines pour pouvoir m’épanouir pleinement. Je travaille par phases, parfois plus en musique, parfois plus en images. J’ai toujours été autant attiré par le son que par l’image, mais si je dois être complètement honnête, je pense que mon amour premier restera quand même la musique. C’est réellement dans la composition musicale que je suis le plus à l’aise. L’écriture c’est vraiment tout nouveau pour moi et comme je te l’ai dit, j’ai un rapport un peu particulier à l’écrit. Étant dyslexique, j’ai vraiment une confiance toute relative quand j’écris. Et comme on m’a pas mal brimé durant mes études, c’est difficile d'être à l'aise dans ce que je fais à l’écrit. Mais j’avoue que j’ai adoré écrire ce livre et j’y ai même trouvé du plaisir lors des séances d’écriture.

- Et justement, maintenant que ce premier pas dans l’écriture est franchi, est-ce que tu envisages d’autres projets, de fiction par exemple ?
- Eh bien figure-toi que oui ! J’ai un projet qui me tient à cœur sur l’écriture d’une grosse nouvelle dans un univers Heroic Fantasy que j’aimerais bien finaliser. Elle sera illustrée par Daniel Gattone comme il a pu le faire pour le recueil de nouvelles de Cyril Durr, Jour de Neige, paru chez 2T2N. Mais là, le procédé est inversé. Daniel a déjà réalisé les illustrations et c’est moi qui trouve un récit autour de ses dessins. J’ai déjà écrit la première partie, mais ça me demandera encore un peu de temps pour finaliser le texte. Et le temps c’est malheureusement ce qui me fait le plus défaut dans la finalisation de mes projets.

- Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Je tiens déjà à remercier toute l’équipe d’UMAC pour cet entretien bien sympathique.
Et souhaiter à vos lecteurs qu’ils restent passionnés aussi bien en musique, qu’en BD ou en littérature. C’est cette culture pop qui nous fait vibrer et change réellement le monde en quelque chose de positif.


 
Prix : 32 €
Éditeur : 2T2N 
Distributeur : BoD
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 480 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2322523658
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2322523658
Poids de l'article ‏ : ‎ 1 Kilogramme
Dimensions ‏ : ‎ 15,5 x 3,1 x 22 cm











La sélection d'Archibald !!
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Noël approche, du coup, Archibald et moi-même vous offrons une sélection de livres passionnants à lire au coin du feu avec votre animal de compagnie ! Plus d'infos en cliquant sur les liens ci-dessous.



Jour de Neige (recueil de nouvelles)


Ouvrages disponibles dans toutes les librairies !!
(la version collector de The Gutter est proposée uniquement sur le site de l'éditeur)




Bonus - Le Bêtisier !

Notre ami Archibald, dit "Pioupiou", a participé avec enthousiasme à cette petite séance photo, cependant, le staff UMAC tient à préciser que ledit Pioupiou :
- a rechigné à venir sur la table alors qu'il y est tout le temps fourré quand il ne faut pas
- a fait tomber les livres 2 fois
- a grignoté le présentoir en plastique
- a refusé de prendre la pose la plupart du temps afin de mieux être flou
- s'est intéressé pendant 20 minutes à tout ce qu'il y avait dans la pièce sauf les livres
- est parti précipitamment pour poursuivre un courant d’air







Écho #51 : Recueil Mac Danold en avril !
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Joie et bonheur dans ta chaumière, ô archifan de Donald Duck, car une sortie marquante se profile à l'horizon !

En effet, en avril 2025 sortira le Disney Masters volume 26, entièrement consacré à Marco Rota, dessinateur et principal scénariste de la version médiévale et écossaise de ce cher Donald.

L'ouvrage de 200 pages, intitulé Tales of Andold Wild Duck, sera publié par Fantagraphiks Books et coûtera 35 euros.

Cette version bien particulière de Donald Duck est apparue en France en 1976, dans le Picsou Magazine #50 (qui coûtait à l'époque 3,50 francs). L'on y découvrait ce personnage (Mac Paperin en version originale) qui sera appelé, selon les traductions, Mac Danold, Donald McAnar ou tout simplement surnommé "le commandant". Tout comme Fantomiald, cette déclinaison épique du célèbre canard de Walt Disney est une création italienne.

Dans le premier récit (45 planches), Mac Danold, quelque peu abandonné par son roi, doit défendre son château d'une invasion viking à l'aide de seulement... cinq hommes, dont Petit Krack, un sympathique colosse. C'est ce soldat qui inspirera le titre de la version française : Petit Krack en plein mic-mac.

Rendez-vous en avril donc, pour cette intégrale Mac Danold, pleine d'action et de nostalgie.


Un récit qui, près d'un demi-siècle plus tard, a conservé tout son charme.