Le Frankenstein de Dean Koontz en comics
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Retour sur Frankenstein : Prodigal Son
L'univers de Koontz est-il aisément déclinable en BD ? La réponse, tout de suite.

New Orleans. Une série de meurtres horribles secoue la ville. Des cadavres sont retrouvés amputés de certains membres ou organes. Des pieds, des oreilles, un foie, des reins... l'assassin semble se livrer à un macabre jeu de puzzle humain.
Les inspecteurs Carson O'Connor et Michael Maddison sont sur la piste du serial killer maintenant surnommé le "chirurgien" dans les médias. Ils vont croiser la route d'un étrange type au corps bardé de cicatrices. Il dit s'appeler Deucalion. Il est le résultat d'une lointaine expérience. Le produit maudit d'une arrogante utopie qui a tourné au drame. D'autres sont comme lui en ville. Des êtres sans âme, créés par la science, sans l'accord de Dieu. Des monstres supposés parfaits qui attendent en souffrant l'heure de la délivrance.
L'un d'entre eux a décidé de se mettre en quête de ce qui lui manque le plus : une humanité qu'il cherche au plus profond des corps.

Commençons par dire un mot sur Dean Koontz. Pour ceux qui n'en auraient jamais entendu parler, il s'agit en fait d'une sorte de Stephen King en moins connu (chez nous en tout cas). Les deux écrivains partagent le même goût pour le surnaturel, le suspense et les personnages attachants. Pour en savoir plus sur le style particulier (et non dénué de défauts) de l'auteur, nous vous conseillons cet article. Et si vous souhaitez découvrir certains de ses romans, nous vous encourageons à vous précipiter sur Spectres (Phantoms), Le Rideau des Ténèbres (Darkfall), La Nuit des Cafards (Whispers) ou l'émouvant Chasse à Mort (Watchers).
Bref, il y a de quoi vous occuper et à bas prix vu que tout cela est disponible en poche.



Mais revenons à ce qui nous intéresse ici, le mythe de Frankenstein revisité par Koontz (et publié à l'époque en français chez Milady).
L'adaptation est signée Chuck Dixon (Freddy, les Griffes de la Nuit) pour ce qui est du scénario. N'ayant pas lu les romans originaux, je ne peux juger de la fidélité de la transposition. L'histoire est en tout cas ici parfois un peu confuse. Les scènes s'enchaînent sans grande logique et les personnages ne sont souvent que très peu développés. Du coup, l'on perd l'aspect viscéral de l'écriture de Koontz et cette proximité pourtant essentielle entre le lecteur et les protagonistes.
L'aspect artificiel et froid de l'ensemble empêche frissons et empathie, deux éléments pourtant indispensables dans ce genre d'histoires. Quant au côté "froid" justement, ce ne sont pas les dessins qui vont arranger ça...

D'un point de vue graphique, le style est très particulier. Les illustrations ont été confiées à Brett Booth, qui visiblement est un fan du regretté Michael Turner. Spécial, m'enfin, il faut reconnaître que ce n'est pas non plus hideux. Par contre, le côté lisse rajoute encore à l'involontaire effet glacial et impersonnel, d'autant que l'impression de déjà-vu n'aide pas beaucoup l'héroïne dans sa quête désespérée de charisme. Et ne parlons même pas de son collègue à la personnalité inexistante. La colorisation, très flashy (on n'a pas pris les pires exemples pour illustrer cet article), renforce encore l'aspect irréel et n'aide pas à l'immersion ni à l'ambiance glauque recherchée.

Tout cela donne un résultat franchement moyen. Le Koontz sur la cover est alléchant mais l'on est loin de retrouver la patte de l'auteur derrière ce comic fade et sans âme.
On peut néanmoins se consoler avec le prix, modique, et des bonus comprenant une galerie de crayonnés et un petit épisode supplémentaire de onze planches. Reste à savoir si des pages en plus sont un réel bonus lorsqu'elles sont aussi pauvres.

Du Koontz expurgé de ce qui fait l'essentiel de son intérêt. Un comic qui n'a de fantastique que le genre.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Du gore "soft", aseptisé par le style graphique (je ne suis même pas sûr que ce soit un point positif).
  • Un classique revisité par Koontz.


  • Une colorisation manquant de nuances et de subtilité.
  • Des personnages sans véritable épaisseur.
  • Un aspect global assez fade. 
Rewind : Joey
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Il y a deux façons d'aborder Joey, la chanson de Concrete Blonde.
Ne vous inquiétez pas, on va voir les deux.

En 1990, l'album Bloodletting (Saignée) de Concrete Blonde fait un carton partout sur la planète. Enfin, partout où les gens sont civilisés et occupés à se bourrer le bide de donuts et les oreilles de pop rock. Partout ? Non, il existe quelques contrées qui ne sont pas versées dans le rock alternatif et sombre de la formation de Johnette Napolitano. Mais quand même, c'est dur de ne pas connaître au moins Joey, le gros hit du groupe.

La première fois qu'on l'entend, impossible de ne pas être marqué par la voix de la frontwoman. Elle passe d'un truc hyper bas, où elle en est presque à susurrer, à une envolée plus musclée mais totalement maîtrisée et lyrique. C'est propre, mélodiquement parfait, ça tape droit dans le bide.
Les paroles ? 
Oh, rien d'extraordinaire, c'est une gonzesse qui écrit, donc c'est forcément nunuche. Elle a un chagrin d'amour, son mec lui manque, elle pleurniche pour qu'il revienne.
Ça, c'est la première façon d'aborder Joey. Et la plus superficielle.

Mais Johnette Napolitano, ce n'est pas la première pétasse venue, qui montre son cul sur TikTok ou devient chroniqueuse chez Hanouna. Elle est née en 1957, en Californie, dans une famille italo-américaine. Enfant, elle pouvait reproduire des mélodies au piano, comme ça, l'air de rien. Douée la gamine. Elle va faire partie de plusieurs groupes, elle va fonder Concrete Blonde, et elle va interpréter et écrire Joey, qui deviendra un tube mondial.
Ce titre est issu d'un album inspirée des écrits d'Anne Rice (beurk) mais que Nap's (je l'appelle comme ça, j'adore Johnette, mais ce prénom, c'est pas possible, donc à partir de maintenant, c'est Nap's) parvient à magnifier et s'approprier. 

Et, dans cet album, qui compte par exemple un excellent et envoûtant Darkening of the Light (si vous ne connaissez pas ce titre, accordez ce plaisir à vos oreilles, au moins une fois), il y a aussi… Joey. Une "love song" de plus, a priori sans âme. Sauf que…
Dans cette chanson, Nap's fait référence à son ex-petit ami. Un gazier du nom de Marc Moreland, guitariste de Wall of Voodoo. Et accessoirement alcoolique. 
Du coup, quand on relit les paroles de Joey, tout prend du sens et se pare de tragédie : 

I just stand by and let you
Fight your secret war
Elle évoque ici une guerre intérieure, secrète,  qui est en fait une guerre contre la bouteille.


But if it's love you're looking for
Then I can give a little more
And if you're somewhere drunk and
Passed out on the floor
Là, Nap's crie qu'elle peut lui donner encore plus d'amour, elle a compris qu'il était malade et que, même à terre, même ivre, elle voulait, elle pouvait l'aimer.

Oh Joey, I'm not angry anymore
C'est la phrase clé de la chanson. Le premier refrain se termine par "if you're hurting so am I" (si tu es blessé, je le suis aussi) et les derniers par "je ne suis plus en colère".
Là, on comprend qu'il ne s'agit pas d'une chanson d'amour comme les autres, que c'est bien plus que ça. Nap's avoue, crie même, à Joey/Marc qu'elle est là, qu'il peut compter sur elle, où qu'il soit, qu'elle ne veut pas fermer la porte, qu'elle peut donner un peu plus… parce qu'elle n'est plus en colère. Et donc, par une litote évidente, parce qu'elle l'aime. 

Marc Moreland a été rattrapé par ses démons en 2002.
Johnette Napolitano a, aujourd'hui, 65 ans.
Enfin, elle a 65 ans pour ses proches et les inconnus qui la croisent.
Les fans de Concrete Blonde et les amoureux de Nap's savent qu'elle aura à jamais la trentaine. Elle se trémousse dans une robe à fleurs, digne, vêtue d'un manteau noir, coiffée d'un chapeau de la même couleur. Et elle nous plante ses lyrics dans le cœur, de sa voix unique et magique. En essayant de sauver la vie de son ex… et, cerise sur la chanson, si l'on ne connaît pas l'histoire, impossible de se rendre compte qu'il s'agit d'une tragédie. Surtout avec le dernier "angry anymore", léger et serein, doux et rassurant. Ce faisant, en tant qu'auteur et interprète, Nap's s'inscrit au Panthéon des grands auteurs, en tout cas dans la lignée des auteurs respectables, qui savent exprimer beaucoup tout en ayant la décence de masquer et magnifier la réalité. 

Reste un truc à éclaircir... j'ai déjà vu Nap's chanter cette chanson, en live, avec le sourire aux lèvres. Au début, je me suis dit "merde", elle débloque, mais en fait... non. Une œuvre reste rarement statique. Et, quand Nap's interprète aujourd'hui ce titre, elle doit aussi faire avec les fans, l'engouement, l'incompréhension, la nostalgie, etc. Alors, oui, elle sourit, et ça me dérange, parce que je sais ce que les paroles cachent, mais en même temps, c'est son histoire, son parcours, sa manière de faire. 
Tout comme elle était la seule, à une époque, à comprendre le poids de certains mots, elle est la seule à juger de leur interprétation. Et quand bien même elle se tromperait, il reste tout de même ces notes, ce moment hors du temps, ce trouble, qui inscrit cette chanson dans notre mémoire, si ce n'est dans l'inconscient collectif. 



Femmes dans la fiction : propagande et réalité
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— Tiens, je me demandais, Druuna, c'est bon ou pas pour l'image de la femme, à ton avis ?
— Ben, je sais que, perso, cette BD a toujours contribué à attiser mon intérêt envers la gent féminine en tout cas.



Bon, OK c’est juste la page Panini, tenue par un demeuré, mais quand même, ce ne sont pas les seuls à sortir ce genre de… « pubs » ? Conneries ? Du coup, il ne me semble pas inutile de revenir sur le sujet.

Tout d’abord, comme c’est précisé dans le post, Marvel met en scène depuis très longtemps des héroïnes. Ça n’a rien d’extraordinaire. C’est normal en fait. Ce qui est anormal, c’est de se sentir obligé de le faire.

Quant à cette « journée internationale des droits de la femme », elle serait certainement très utile là où elle n’est pas célébrée, c’est-à-dire dans un paquet de pays arriérés, mais en Occident, l’égalité en droit entre hommes et femmes, c’est pareil, ça fait longtemps que c’est un fait. Faire croire le contraire, c’est une escroquerie intellectuelle.

Alors, il y a le fameux argument bateau « ouais mais les femmes sont moins payées à poste égal que les hommes ». Ça aussi, c’est une arnaque. Une preuve ? Ben, il y a des hommes moins payés que d’autres hommes, à poste égal. Oh, ben ça alors, comment ça se fait ? Ce n’est pas basé sur le sexisme alors ?
Ben non. Parce qu’en fait, ton salaire n’est pas uniquement lié à ton poste, mais à ton ancienneté, à l’endroit où tu vis (tu n’es pas payé pareil à Paris et à Épinal), à ton assiduité, au fait de simplement demander des augmentations, etc.

Vous croyez vraiment qu’en 2023, en France, quand une entreprise recrute deux nouveaux collaborateurs, elle accorde une prime au candidat masculin sous prétexte qu’il a une bite ? Allons… un peu de sérieux.

Ce qui me gêne le plus dans cette manière de mettre des livres en avant, c’est que l’on ne s’occupe plus de leur qualité, mais uniquement de ce qu’ils sont censés symboliser. 
Personnellement, quand je lis un roman, je me fous parfaitement que le personnage principal soit un homme, une femme, un extraterrestre, un vampire ou un animal. Ce qui m’importe, c’est la qualité de l’écriture. Je veux être touché, transporté, diverti, étonné, bousculé. 

Une œuvre littéraire, que ce soit un roman ou une BD, ce n’est pas un tract, une affiche ou un support à slogan creux. Si un auteur a un message à faire passer (autre chose qu’une simple évidence), libre à lui de le faire, mais encore faut-il avoir les capacités de le transmettre avec efficacité et élégance.

Dire « mon personnage est une femme », ça ne défend en rien l’image de la femme.
C’est un pis-aller de fainéant ou d’incapable. 
Pire, c’est dangereux.

Les gens comme les personnages ne doivent pas être jugés sur ce qu’ils sont, mais sur ce qu’ils font.
La respectabilité, ça s’acquiert par les actes.
Personne n’est responsable de son sexe, sa couleur de peau ou ses origines, mais tout le monde est responsable de ses agissements. C’est donc cela, et cela uniquement, qu’il convient de  juger.

Et si vous faites partie de ces gens qui pensent que les auteurs ont attendu les féministes pour créer des personnages féminins forts et charismatiques, alors vous êtes sans doute passé à côté de Buffy, Fantômette, Lisbeth Salander, Wonder Woman, Lara Croft, Mafalda, Jo March, Yoko Tsuno, Hermione Granger, Miss Marple, Arya Stark, Candy, Scarlett O’Hara, Bridget Jones, Clarice Starling, Kerry Chang, Claude du Club des Cinq, Harriet « Makepeace » Winfield, Ellen Ripley… et bien d’autres. Tant d’autres qu’au final, ce n’est peut-être pas un hasard si vous ne les avez pas vues. Mais peut-être juste une preuve d’une sélectivité coupable. 

Imposer des contraintes sociétales – fluctuantes et discutables par nature  aux auteurs, c’est se condamner à tyranniser le seul espace où l’on devrait être parfaitement libre. C’est aboutir à une littérature sous diktat. C’est valider les autodafés qui vident les rayons des bibliothèques en Amérique du Nord. C’est accepter l’écriture sous tutelle (cf. les « experts » littéraires improvisés qui distribuent des bons points ou « cancelent » les auteurs). C’est remplacer la souplesse de l’encre par la raideur des barreaux.

Nos livres ne sont pas le terrain de vos combats.
Une histoire, pour être génératrice d’émotion, pour qu’elle ait du sens, pour qu’elle puisse transcender son sujet, doit être impactée, signée, modelée par son auteur. Et son auteur seul.
Et si elle vous choque… tant mieux. Qui a dit que l’on devait vous protéger de l’imaginaire ?

Écho #2 : Dune
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Hey les matous ! Et si on se plongeait un peu dans le sable d'Arrakis ?

Dune
, l'exceptionnelle saga écrite par Frank Herbert, comporte six romans. Cinq d'entre eux ont été réédités chez Robert Laffont dans une édition collector comprenant une traduction révisée. Le sixième sera disponible au mois de juin !
En ce qui concerne l'aspect de ces livres... heu... bon déjà, quand un titre de seulement quatre lettres doit être mis sur deux lignes, c'est que tu n'as pas forcément fait les bons choix au niveau du graphiste. On n'a rien contre un style épuré, mais là, cette typo de merde avec des couleurs criardes dégueulasses... putain, ça ferait passer une devanture de bordel mexicain pour le summum de la classe et de la sobriété. Un texte un peu lisible, avec un truc stylisé (la planète Arrakis par exemple, ou un krys fremen, ou n'importe quoi) et des couvertures pastel, ça aurait quand même eu une autre gueule.
Quant aux annexes et autres cartes, ça a été bazardé n'importe comment, sans aucunement se soucier de la lisibilité de l'ensemble.
Bref, c'est moche et pas toujours pratique, mais le contenu est bien.

Évidemment, ces six romans ne forment que la saga originelle, de nombreuses suites (qui se déroulent avant, après ou pendant ces récits) ont été écrites par le fils de l'auteur, Brian Herbert, et Kevin J. Anderson (ils doivent en être à 17 romans et 3 recueils de nouvelles... ouais, il carbure un peu le fiston, mais tu sais, quand tu as le choix entre aller ranger les rayons au walmart ou reprendre l'histoire de SF du pôpa, le temps de réflexion est en général assez court). 
Autrement dit, si vous commencez à vous passionner pour ce si riche univers, vous avez un peu de lecture devant vous !

Miaw !

C'est bien de mettre une carte, mais dans une édition dite "collector", on serait en droit d'attendre qu'elle soit lisible.
Avec une grande page dépliable, par exemple. Et on ne parle même pas de la transparence du papier...


Saint Seiya - Dark Wing
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Début d'une nouvelle série dérivée de l'univers des Chevaliers du Zodiaque : Saint Seiya - Dark Wing !

Un spin-off Saint Seiya, c'est toujours un peu du quitte ou double. On a eu par le passé du très bon (Next Dimension - Le Mythe d'Hadès) mais aussi du franchement pas terrible (Episode G - Assassin). C'est donc avec une certaine prudence que l'on accueille ce nouveau titre dont le premier tome est sorti le mois dernier, chez Kurokawa.
Niveau dessin, on est sur quelque chose de très classique. Shinshu Ueda livre un travail correct, avec cependant des visages souvent trop semblables. Certaines scènes d'action sont parfois difficilement lisibles, mais dans l'ensemble, ça reste sympa, avec de jolis décors (quand il y en a, ça reste très épuré) et des armures dans le style kurumadien. Graphiquement donc, pas de faux pas rédhibitoire.

Intéressons-nous maintenant au cœur du projet, c'est-à-dire le scénario écrit par Kenji Saito
Ce premier tome ne livre pas encore tous les tenants et aboutissants de l'intrigue, évidemment, mais l'on peut déjà dire que l'on se situe apparemment... dans un univers parallèle. Il ne s'agit donc pas d'une suite à proprement parler, mais plutôt d'une réinterprétation, avec des personnages différents. Mais... on a tout de même des personnages classiques, et même des allusions à la saga originelle. Ouais, ça devient compliqué du coup. Par exemple, dans cette histoire, Aiolos existe bien. C'est un prof, en plus d'être un chevalier, et il connaît plus ou moins le même destin que dans la série mère. Et lors d'un combat, alors qu'il est en très mauvaise posture, des bribes de souvenirs lui reviennent en mémoire. Des souvenirs d'une vie qu'il n'est pas censé avoir vécue.
Donc, nouvel univers, certes, mais aussi d'importantes connexions (ou au moins références) à ce que les lecteurs connaissent déjà.

Tout débute par une longue présentation des nouveaux protagonistes, des élèves d'un lycée privé regroupant des surdoués. Chacun à sa spécialité, qui va de la boxe, au tir à l'arc, en passant par le piano, le karaté, le chant ou la peinture. C'est quand même bien éclectique hein, je ne me souviens pas qu'il y ait eu autant d'options cool lors de mes années lycée. Ceci dit, ça sert à quoi une spécialisation en "tir à l'arc" ? Pourquoi pas pétanque tant qu'on y est ? 
Bref, après ce tour obligé de la galerie de personnages, une catastrophe étrange entraîne la mort de presque tout le monde, ce qui est l'occasion pour le personnage principal de se réveiller à Elysion et de découvrir qu'il est l'un des Spectres d'Hadès, plus précisément Wyverne de l'étoile céleste de la férocité.

Le fait de suivre un personnage sympathique et attachant qui va très vite avoir pour but de tuer Athéna (et pour une excellente raison), est très habile sur le plan narratif. D'autant que le frère de ce dernier est, lui, l'un des chevaliers d'or censés la protéger. Un conflit fratricide, c'est classique mais ça fonctionne toujours bien.
D'ailleurs, le contraste entre l'innocence, le jeune âge des personnages, leur attitude parfois très enfantine et le poids de l'enjeu qui repose sur leurs épaules est également assez intéressant. Pour l'instant, ce n'est pas encore bien développé, mais ça peut donner quelques scènes intenses et tragiques.



C'est donc plutôt un bon début, même s'il est encore trop tôt pour savoir si la série sera ou non une réussite. Il n'y a toutefois pas que des bons points à décerner, certains éléments posent problème. Par exemple, au niveau du texte, les phrases peuvent se terminer par un point d'interrogation ou d'exclamation, ou par des points de suspension, mais quand il devrait y avoir un point, il n'y a... rien. Problème de lettrage ou d'impression, en tout cas, tous les points ont disparu. Autre souci, découlant cette fois d'un choix volontaire, l'une des polices choisies (heureusement pas la principale) a des "s" qui ressemblent à des "1" (cf. ces deux exemples). C'est un détail, ça n'empêche pas de lire, mais quel choix peu inspiré !

En ce qui concerne le récit en lui-même, toujours ce petit problème d'anachronisme qui fait cohabiter l'univers fantastique (et presque médiéval) des chevaliers et des dieux avec un monde moderne classique. L'on peut noter aussi le choix étrange des noms des personnages dans cette VF. Certains, comme Shoichiro, ont des noms imprononçables (et dont il est difficile de se souvenir) alors que d'autres sont affublés de prénoms occidentaux (Charlotte Kazahana par exemple). Question cohérence et logique, on repassera. 
Même chose pour les noms de techniques martiales, qui apparaissent en trois langues (japonais, anglais et français) ! À quoi ça sert ? Mystère... et pourquoi s'arrêter là ? Perso, je n'aurais pas été contre du russe et du celte.
Certaines scènes (heureusement peu nombreuses) sont également très bas de plafond et vulgaires, du style "c'est super gênant d'être attendu quand on finit son caca". Wow. J'ignore si c'est censé être drôle, mais on se demande vraiment ce que de telles réflexions viennent faire là-dedans. Soit il faut s'arranger pour que la situation ou la réplique devienne vraiment irrésistible, soit il vaut mieux éviter d'étaler ce genre de sentences désastreuses. C'est peut-être moi, mais je ne trouve pas que ça sonne très "Saint Seiya".

L'on peut aussi revenir (mais ce n'est pas lié à cette seule série) sur la connerie intersidérale qui consiste à imprimer un texte français dans un livre qui se lit de droite à gauche. Non, ça ne "respecte" pas l'œuvre, ça la dénature. Une œuvre, quand on la respecte, on la travaille en l'adaptant (cf. cet article). Toujours aussi ce noir & blanc tristouille et peu lisible, qui a un sens au Japon sur certains produits (ce n'est pas une volonté artistique, c'est une contrainte économique et surtout logistique vu le rythme ahurissant qui est imposé) mais qui n'en a plus sur des licences très connues, rentables, et qui pourraient du coup être totalement colorisées pour le marché international. 
Mais bon, il ne faut pas se faire d'illusions, les mauvaises habitudes sont trop implantées pour qu'il y ait une chance qu'elles changent, surtout vu l'apathie d'un lectorat qui se contente d'aussi peu (c'est une généralité, il y a donc des exceptions, mais comme toute généralité, elle reste massivement vraie). 

En conclusion, voilà une série dérivée qui ne manque pas d'intérêt et de bonnes idées. Il faudra néanmoins certainement quelques tomes supplémentaires pour se faire une opinion définitive sur ce contenu mélangeant nouveaux héros, réminiscences anciennes mais aussi petits défauts agaçants. 
Suite au mois de mai pour le tome 2 !




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • De nouveaux personnages, sympathiques pour la plupart mais encore peu développés.
  • Le "camp" Hadès, présenté d'une manière non manichéenne.
  • Les frères se retrouvant chacun dans une faction opposée.


  • Des scènes d'action parfois confuses.
  • Un Hadès qui ressemble à une gamine de 12 ans...
  • Le flou et l'incertitude quant aux connaissances des personnages sur les aspects martiaux et divins de leur propre monde.