Publié le
23.3.23
Par
Nolt
L'univers de Koontz est-il aisément déclinable en BD ? La réponse, tout de suite.
New Orleans. Une série de meurtres horribles secoue la ville. Des cadavres sont retrouvés amputés de certains membres ou organes. Des pieds, des oreilles, un foie, des reins... l'assassin semble se livrer à un macabre jeu de puzzle humain.
Les inspecteurs Carson O'Connor et Michael Maddison sont sur la piste du serial killer maintenant surnommé le "chirurgien" dans les médias. Ils vont croiser la route d'un étrange type au corps bardé de cicatrices. Il dit s'appeler Deucalion. Il est le résultat d'une lointaine expérience. Le produit maudit d'une arrogante utopie qui a tourné au drame. D'autres sont comme lui en ville. Des êtres sans âme, créés par la science, sans l'accord de Dieu. Des monstres supposés parfaits qui attendent en souffrant l'heure de la délivrance.
L'un d'entre eux a décidé de se mettre en quête de ce qui lui manque le plus : une humanité qu'il cherche au plus profond des corps.
Commençons par dire un mot sur Dean Koontz. Pour ceux qui n'en auraient jamais entendu parler, il s'agit en fait d'une sorte de Stephen King en moins connu (chez nous en tout cas). Les deux écrivains partagent le même goût pour le surnaturel, le suspense et les personnages attachants. Pour en savoir plus sur le style particulier (et non dénué de défauts) de l'auteur, nous vous conseillons cet article. Et si vous souhaitez découvrir certains de ses romans, nous vous encourageons à vous précipiter sur Spectres (Phantoms), Le Rideau des Ténèbres (Darkfall), La Nuit des Cafards (Whispers) ou l'émouvant Chasse à Mort (Watchers).
Bref, il y a de quoi vous occuper et à bas prix vu que tout cela est disponible en poche.
Mais revenons à ce qui nous intéresse ici, le mythe de Frankenstein revisité par Koontz (et publié à l'époque en français chez Milady).
L'adaptation est signée Chuck Dixon (Freddy, les Griffes de la Nuit) pour ce qui est du scénario. N'ayant pas lu les romans originaux, je ne peux juger de la fidélité de la transposition. L'histoire est en tout cas ici parfois un peu confuse. Les scènes s'enchaînent sans grande logique et les personnages ne sont souvent que très peu développés. Du coup, l'on perd l'aspect viscéral de l'écriture de Koontz et cette proximité pourtant essentielle entre le lecteur et les protagonistes.
L'aspect artificiel et froid de l'ensemble empêche frissons et empathie, deux éléments pourtant indispensables dans ce genre d'histoires. Quant au côté "froid" justement, ce ne sont pas les dessins qui vont arranger ça...
D'un point de vue graphique, le style est très particulier. Les illustrations ont été confiées à Brett Booth, qui visiblement est un fan du regretté Michael Turner. Spécial, m'enfin, il faut reconnaître que ce n'est pas non plus hideux. Par contre, le côté lisse rajoute encore à l'involontaire effet glacial et impersonnel, d'autant que l'impression de déjà-vu n'aide pas beaucoup l'héroïne dans sa quête désespérée de charisme. Et ne parlons même pas de son collègue à la personnalité inexistante. La colorisation, très flashy (on n'a pas pris les pires exemples pour illustrer cet article), renforce encore l'aspect irréel et n'aide pas à l'immersion ni à l'ambiance glauque recherchée.
Tout cela donne un résultat franchement moyen. Le Koontz sur la cover est alléchant mais l'on est loin de retrouver la patte de l'auteur derrière ce comic fade et sans âme.
On peut néanmoins se consoler avec le prix, modique, et des bonus comprenant une galerie de crayonnés et un petit épisode supplémentaire de onze planches. Reste à savoir si des pages en plus sont un réel bonus lorsqu'elles sont aussi pauvres.
Du Koontz expurgé de ce qui fait l'essentiel de son intérêt. Un comic qui n'a de fantastique que le genre.
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Publié le
22.3.23
Par
Nolt
Il y a deux façons d'aborder Joey, la chanson de Concrete Blonde.
Ne vous inquiétez pas, on va voir les deux.
En 1990, l'album Bloodletting (Saignée) de Concrete Blonde fait un carton partout sur la planète. Enfin, partout où les gens sont civilisés et occupés à se bourrer le bide de donuts et les oreilles de pop rock. Partout ? Non, il existe quelques contrées qui ne sont pas versées dans le rock alternatif et sombre de la formation de Johnette Napolitano. Mais quand même, c'est dur de ne pas connaître au moins Joey, le gros hit du groupe.
La première fois qu'on l'entend, impossible de ne pas être marqué par la voix de la frontwoman. Elle passe d'un truc hyper bas, où elle en est presque à susurrer, à une envolée plus musclée mais totalement maîtrisée et lyrique. C'est propre, mélodiquement parfait, ça tape droit dans le bide.
Les paroles ?
Oh, rien d'extraordinaire, c'est une gonzesse qui écrit, donc c'est forcément nunuche. Elle a un chagrin d'amour, son mec lui manque, elle pleurniche pour qu'il revienne.
Ça, c'est la première façon d'aborder Joey. Et la plus superficielle.
Mais Johnette Napolitano, ce n'est pas la première pétasse venue, qui montre son cul sur TikTok ou devient chroniqueuse chez Hanouna. Elle est née en 1957, en Californie, dans une famille italo-américaine. Enfant, elle pouvait reproduire des mélodies au piano, comme ça, l'air de rien. Douée la gamine. Elle va faire partie de plusieurs groupes, elle va fonder Concrete Blonde, et elle va interpréter et écrire Joey, qui deviendra un tube mondial.
Ce titre est issu d'un album inspirée des écrits d'Anne Rice (beurk) mais que Nap's (je l'appelle comme ça, j'adore Johnette, mais ce prénom, c'est pas possible, donc à partir de maintenant, c'est Nap's) parvient à magnifier et s'approprier.
Et, dans cet album, qui compte par exemple un excellent et envoûtant Darkening of the Light (si vous ne connaissez pas ce titre, accordez ce plaisir à vos oreilles, au moins une fois), il y a aussi… Joey. Une "love song" de plus, a priori sans âme. Sauf que…
Dans cette chanson, Nap's fait référence à son ex-petit ami. Un gazier du nom de Marc Moreland, guitariste de Wall of Voodoo. Et accessoirement alcoolique.
Du coup, quand on relit les paroles de Joey, tout prend du sens et se pare de tragédie :
I just stand by and let you
Fight your secret war
Elle évoque ici une guerre intérieure, secrète, qui est en fait une guerre contre la bouteille.
Then I can give a little more
And if you're somewhere drunk and
Passed out on the floor
Là, Nap's crie qu'elle peut lui donner encore plus d'amour, elle a compris qu'il était malade et que, même à terre, même ivre, elle voulait, elle pouvait l'aimer.
Oh Joey, I'm not angry anymore
C'est la phrase clé de la chanson. Le premier refrain se termine par "if you're hurting so am I" (si tu es blessé, je le suis aussi) et les derniers par "je ne suis plus en colère".
Là, on comprend qu'il ne s'agit pas d'une chanson d'amour comme les autres, que c'est bien plus que ça. Nap's avoue, crie même, à Joey/Marc qu'elle est là, qu'il peut compter sur elle, où qu'il soit, qu'elle ne veut pas fermer la porte, qu'elle peut donner un peu plus… parce qu'elle n'est plus en colère. Et donc, par une litote évidente, parce qu'elle l'aime.
Marc Moreland a été rattrapé par ses démons en 2002.
Johnette Napolitano a, aujourd'hui, 65 ans.
Enfin, elle a 65 ans pour ses proches et les inconnus qui la croisent.
Les fans de Concrete Blonde et les amoureux de Nap's savent qu'elle aura à jamais la trentaine. Elle se trémousse dans une robe à fleurs, digne, vêtue d'un manteau noir, coiffée d'un chapeau de la même couleur. Et elle nous plante ses lyrics dans le cœur, de sa voix unique et magique. En essayant de sauver la vie de son ex… et, cerise sur la chanson, si l'on ne connaît pas l'histoire, impossible de se rendre compte qu'il s'agit d'une tragédie. Surtout avec le dernier "angry anymore", léger et serein, doux et rassurant. Ce faisant, en tant qu'auteur et interprète, Nap's s'inscrit au Panthéon des grands auteurs, en tout cas dans la lignée des auteurs respectables, qui savent exprimer beaucoup tout en ayant la décence de masquer et magnifier la réalité.
Reste un truc à éclaircir... j'ai déjà vu Nap's chanter cette chanson, en live, avec le sourire aux lèvres. Au début, je me suis dit "merde", elle débloque, mais en fait... non. Une œuvre reste rarement statique. Et, quand Nap's interprète aujourd'hui ce titre, elle doit aussi faire avec les fans, l'engouement, l'incompréhension, la nostalgie, etc. Alors, oui, elle sourit, et ça me dérange, parce que je sais ce que les paroles cachent, mais en même temps, c'est son histoire, son parcours, sa manière de faire.
Tout comme elle était la seule, à une époque, à comprendre le poids de certains mots, elle est la seule à juger de leur interprétation. Et quand bien même elle se tromperait, il reste tout de même ces notes, ce moment hors du temps, ce trouble, qui inscrit cette chanson dans notre mémoire, si ce n'est dans l'inconscient collectif.
Publié le
21.3.23
Par
Nolt
Bon, OK c’est juste la page Panini, tenue par un demeuré, mais quand même, ce ne sont pas les seuls à sortir ce genre de… « pubs » ? Conneries ? Du coup, il ne me semble pas inutile de revenir sur le sujet.
Tout d’abord, comme c’est précisé dans le post, Marvel met en scène depuis très longtemps des héroïnes. Ça n’a rien d’extraordinaire. C’est normal en fait. Ce qui est anormal, c’est de se sentir obligé de le faire.
Quant à cette « journée internationale des droits de la femme », elle serait certainement très utile là où elle n’est pas célébrée, c’est-à-dire dans un paquet de pays arriérés, mais en Occident, l’égalité en droit entre hommes et femmes, c’est pareil, ça fait longtemps que c’est un fait. Faire croire le contraire, c’est une escroquerie intellectuelle.
Alors, il y a le fameux argument bateau « ouais mais les femmes sont moins payées à poste égal que les hommes ». Ça aussi, c’est une arnaque. Une preuve ? Ben, il y a des hommes moins payés que d’autres hommes, à poste égal. Oh, ben ça alors, comment ça se fait ? Ce n’est pas basé sur le sexisme alors ?
Ben non. Parce qu’en fait, ton salaire n’est pas uniquement lié à ton poste, mais à ton ancienneté, à l’endroit où tu vis (tu n’es pas payé pareil à Paris et à Épinal), à ton assiduité, au fait de simplement demander des augmentations, etc.
Vous croyez vraiment qu’en 2023, en France, quand une entreprise recrute deux nouveaux collaborateurs, elle accorde une prime au candidat masculin sous prétexte qu’il a une bite ? Allons… un peu de sérieux.
Ce qui me gêne le plus dans cette manière de mettre des livres en avant, c’est que l’on ne s’occupe plus de leur qualité, mais uniquement de ce qu’ils sont censés symboliser.
Personnellement, quand je lis un roman, je me fous parfaitement que le personnage principal soit un homme, une femme, un extraterrestre, un vampire ou un animal. Ce qui m’importe, c’est la qualité de l’écriture. Je veux être touché, transporté, diverti, étonné, bousculé.
Une œuvre littéraire, que ce soit un roman ou une BD, ce n’est pas un tract, une affiche ou un support à slogan creux. Si un auteur a un message à faire passer (autre chose qu’une simple évidence), libre à lui de le faire, mais encore faut-il avoir les capacités de le transmettre avec efficacité et élégance.
Dire « mon personnage est une femme », ça ne défend en rien l’image de la femme.
C’est un pis-aller de fainéant ou d’incapable.
Pire, c’est dangereux.
Les gens comme les personnages ne doivent pas être jugés sur ce qu’ils sont, mais sur ce qu’ils font.
La respectabilité, ça s’acquiert par les actes.
Personne n’est responsable de son sexe, sa couleur de peau ou ses origines, mais tout le monde est responsable de ses agissements. C’est donc cela, et cela uniquement, qu’il convient de juger.
Et si vous faites partie de ces gens qui pensent que les auteurs ont attendu les féministes pour créer des personnages féminins forts et charismatiques, alors vous êtes sans doute passé à côté de Buffy, Fantômette, Lisbeth Salander, Wonder Woman, Lara Croft, Mafalda, Jo March, Yoko Tsuno, Hermione Granger, Miss Marple, Arya Stark, Candy, Scarlett O’Hara, Bridget Jones, Clarice Starling, Kerry Chang, Claude du Club des Cinq, Harriet « Makepeace » Winfield, Ellen Ripley… et bien d’autres. Tant d’autres qu’au final, ce n’est peut-être pas un hasard si vous ne les avez pas vues. Mais peut-être juste une preuve d’une sélectivité coupable.
Imposer des contraintes sociétales – fluctuantes et discutables par nature – aux auteurs, c’est se condamner à tyranniser le seul espace où l’on devrait être parfaitement libre. C’est aboutir à une littérature sous diktat. C’est valider les autodafés qui vident les rayons des bibliothèques en Amérique du Nord. C’est accepter l’écriture sous tutelle (cf. les « experts » littéraires improvisés qui distribuent des bons points ou « cancelent » les auteurs). C’est remplacer la souplesse de l’encre par la raideur des barreaux.
Nos livres ne sont pas le terrain de vos combats.
Une histoire, pour être génératrice d’émotion, pour qu’elle ait du sens, pour qu’elle puisse transcender son sujet, doit être impactée, signée, modelée par son auteur. Et son auteur seul.
Et si elle vous choque… tant mieux. Qui a dit que l’on devait vous protéger de l’imaginaire ?
Publié le
21.3.23
Par
Virgul
Hey les matous ! Et si on se plongeait un peu dans le sable d'Arrakis ?
Dune, l'exceptionnelle saga écrite par Frank Herbert, comporte six romans. Cinq d'entre eux ont été réédités chez Robert Laffont dans une édition collector comprenant une traduction révisée. Le sixième sera disponible au mois de juin !
Dune, l'exceptionnelle saga écrite par Frank Herbert, comporte six romans. Cinq d'entre eux ont été réédités chez Robert Laffont dans une édition collector comprenant une traduction révisée. Le sixième sera disponible au mois de juin !
En ce qui concerne l'aspect de ces livres... heu... bon déjà, quand un titre de seulement quatre lettres doit être mis sur deux lignes, c'est que tu n'as pas forcément fait les bons choix au niveau du graphiste. On n'a rien contre un style épuré, mais là, cette typo de merde avec des couleurs criardes dégueulasses... putain, ça ferait passer une devanture de bordel mexicain pour le summum de la classe et de la sobriété. Un texte un peu lisible, avec un truc stylisé (la planète Arrakis par exemple, ou un krys fremen, ou n'importe quoi) et des couvertures pastel, ça aurait quand même eu une autre gueule.
Quant aux annexes et autres cartes, ça a été bazardé n'importe comment, sans aucunement se soucier de la lisibilité de l'ensemble.
Bref, c'est moche et pas toujours pratique, mais le contenu est bien.
Évidemment, ces six romans ne forment que la saga originelle, de nombreuses suites (qui se déroulent avant, après ou pendant ces récits) ont été écrites par le fils de l'auteur, Brian Herbert, et Kevin J. Anderson (ils doivent en être à 17 romans et 3 recueils de nouvelles... ouais, il carbure un peu le fiston, mais tu sais, quand tu as le choix entre aller ranger les rayons au walmart ou reprendre l'histoire de SF du pôpa, le temps de réflexion est en général assez court).
Autrement dit, si vous commencez à vous passionner pour ce si riche univers, vous avez un peu de lecture devant vous !
Miaw !
Publié le
11.3.23
Par
Nolt
Début d'une nouvelle série dérivée de l'univers des Chevaliers du Zodiaque : Saint Seiya - Dark Wing !
Un spin-off Saint Seiya, c'est toujours un peu du quitte ou double. On a eu par le passé du très bon (Next Dimension - Le Mythe d'Hadès) mais aussi du franchement pas terrible (Episode G - Assassin). C'est donc avec une certaine prudence que l'on accueille ce nouveau titre dont le premier tome est sorti le mois dernier, chez Kurokawa.
Niveau dessin, on est sur quelque chose de très classique. Shinshu Ueda livre un travail correct, avec cependant des visages souvent trop semblables. Certaines scènes d'action sont parfois difficilement lisibles, mais dans l'ensemble, ça reste sympa, avec de jolis décors (quand il y en a, ça reste très épuré) et des armures dans le style kurumadien. Graphiquement donc, pas de faux pas rédhibitoire.
Intéressons-nous maintenant au cœur du projet, c'est-à-dire le scénario écrit par Kenji Saito.
Ce premier tome ne livre pas encore tous les tenants et aboutissants de l'intrigue, évidemment, mais l'on peut déjà dire que l'on se situe apparemment... dans un univers parallèle. Il ne s'agit donc pas d'une suite à proprement parler, mais plutôt d'une réinterprétation, avec des personnages différents. Mais... on a tout de même des personnages classiques, et même des allusions à la saga originelle. Ouais, ça devient compliqué du coup. Par exemple, dans cette histoire, Aiolos existe bien. C'est un prof, en plus d'être un chevalier, et il connaît plus ou moins le même destin que dans la série mère. Et lors d'un combat, alors qu'il est en très mauvaise posture, des bribes de souvenirs lui reviennent en mémoire. Des souvenirs d'une vie qu'il n'est pas censé avoir vécue.
Donc, nouvel univers, certes, mais aussi d'importantes connexions (ou au moins références) à ce que les lecteurs connaissent déjà.
Tout débute par une longue présentation des nouveaux protagonistes, des élèves d'un lycée privé regroupant des surdoués. Chacun à sa spécialité, qui va de la boxe, au tir à l'arc, en passant par le piano, le karaté, le chant ou la peinture. C'est quand même bien éclectique hein, je ne me souviens pas qu'il y ait eu autant d'options cool lors de mes années lycée. Ceci dit, ça sert à quoi une spécialisation en "tir à l'arc" ? Pourquoi pas pétanque tant qu'on y est ?
Bref, après ce tour obligé de la galerie de personnages, une catastrophe étrange entraîne la mort de presque tout le monde, ce qui est l'occasion pour le personnage principal de se réveiller à Elysion et de découvrir qu'il est l'un des Spectres d'Hadès, plus précisément Wyverne de l'étoile céleste de la férocité.
Le fait de suivre un personnage sympathique et attachant qui va très vite avoir pour but de tuer Athéna (et pour une excellente raison), est très habile sur le plan narratif. D'autant que le frère de ce dernier est, lui, l'un des chevaliers d'or censés la protéger. Un conflit fratricide, c'est classique mais ça fonctionne toujours bien.
D'ailleurs, le contraste entre l'innocence, le jeune âge des personnages, leur attitude parfois très enfantine et le poids de l'enjeu qui repose sur leurs épaules est également assez intéressant. Pour l'instant, ce n'est pas encore bien développé, mais ça peut donner quelques scènes intenses et tragiques.
C'est donc plutôt un bon début, même s'il est encore trop tôt pour savoir si la série sera ou non une réussite. Il n'y a toutefois pas que des bons points à décerner, certains éléments posent problème. Par exemple, au niveau du texte, les phrases peuvent se terminer par un point d'interrogation ou d'exclamation, ou par des points de suspension, mais quand il devrait y avoir un point, il n'y a... rien. Problème de lettrage ou d'impression, en tout cas, tous les points ont disparu. Autre souci, découlant cette fois d'un choix volontaire, l'une des polices choisies (heureusement pas la principale) a des "s" qui ressemblent à des "1" (cf. ces deux exemples). C'est un détail, ça n'empêche pas de lire, mais quel choix peu inspiré !
En ce qui concerne le récit en lui-même, toujours ce petit problème d'anachronisme qui fait cohabiter l'univers fantastique (et presque médiéval) des chevaliers et des dieux avec un monde moderne classique. L'on peut noter aussi le choix étrange des noms des personnages dans cette VF. Certains, comme Shoichiro, ont des noms imprononçables (et dont il est difficile de se souvenir) alors que d'autres sont affublés de prénoms occidentaux (Charlotte Kazahana par exemple). Question cohérence et logique, on repassera.
Même chose pour les noms de techniques martiales, qui apparaissent en trois langues (japonais, anglais et français) ! À quoi ça sert ? Mystère... et pourquoi s'arrêter là ? Perso, je n'aurais pas été contre du russe et du celte.
Certaines scènes (heureusement peu nombreuses) sont également très bas de plafond et vulgaires, du style "c'est super gênant d'être attendu quand on finit son caca". Wow. J'ignore si c'est censé être drôle, mais on se demande vraiment ce que de telles réflexions viennent faire là-dedans. Soit il faut s'arranger pour que la situation ou la réplique devienne vraiment irrésistible, soit il vaut mieux éviter d'étaler ce genre de sentences désastreuses. C'est peut-être moi, mais je ne trouve pas que ça sonne très "Saint Seiya".
L'on peut aussi revenir (mais ce n'est pas lié à cette seule série) sur la connerie intersidérale qui consiste à imprimer un texte français dans un livre qui se lit de droite à gauche. Non, ça ne "respecte" pas l'œuvre, ça la dénature. Une œuvre, quand on la respecte, on la travaille en l'adaptant (cf. cet article). Toujours aussi ce noir & blanc tristouille et peu lisible, qui a un sens au Japon sur certains produits (ce n'est pas une volonté artistique, c'est une contrainte économique et surtout logistique vu le rythme ahurissant qui est imposé) mais qui n'en a plus sur des licences très connues, rentables, et qui pourraient du coup être totalement colorisées pour le marché international.
Mais bon, il ne faut pas se faire d'illusions, les mauvaises habitudes sont trop implantées pour qu'il y ait une chance qu'elles changent, surtout vu l'apathie d'un lectorat qui se contente d'aussi peu (c'est une généralité, il y a donc des exceptions, mais comme toute généralité, elle reste massivement vraie).
En conclusion, voilà une série dérivée qui ne manque pas d'intérêt et de bonnes idées. Il faudra néanmoins certainement quelques tomes supplémentaires pour se faire une opinion définitive sur ce contenu mélangeant nouveaux héros, réminiscences anciennes mais aussi petits défauts agaçants.
Suite au mois de mai pour le tome 2 !
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Publié le
6.3.23
Par
Virgul
Petite sélection de comics très recommandés et signés Garth Ennis !
Si vous êtes déjà allé farfouiller dans la partie Dossiers du site, vous savez que nous revenons régulièrement sur les œuvres majeures de nombre d'auteurs (cf. ces dossiers consacrés à Bendis, Straczynski, Kirkman ou encore Miller).
Garth Ennis, auteur à la fois étonnant et plus subtil qu'on pourrait le croire, mériterait bien un "Sur les traces de..." consacré à ses récits. Mais, en fait, nous avons déjà abordé l'essentiel dans de nombreux et très complets articles. Du coup, pour éviter une redite, nous vous proposons non pas un dossier mais une rétrospective regroupant quelques incontournables.
Bonne lecture !
Peut-être la série la plus célèbre de l'auteur. Une déclinaison très pragmatique et osée du super-héroïsme, avec du sexe, de l'humour et de la violence à la clé !
Mais derrière les provocations, comme souvent avec Ennis, l'on peut aussi percevoir un vrai fond, sans parler de moments touchants.
À ne pas mettre entre toutes les mains, mais vivement conseillé si vous en avez assez de la vision trop proprette des super-slips !
Article complet : The Boys ou le trash intelligent
Là encore, on est sur quelque chose de violent mais particulièrement bien pensé également.
Exit les super-héros, l'auteur évoque ici un prêtre très rock n'roll, un vampire plutôt badass, Dieu lui-même et une galerie de personnages assez déjantés (des anges pas si angéliques que ça en passant par des rednecks bien dégénérés).
Atroce par moments, dérangeant, drôle, futé voire sublime, bref, un putain de bon comic !
Article complet : Preacher
Le Punisher fait déjà partie des personnages Marvel plutôt violents, mais sous la plume d'Ennis, il atteint des sommets inégalés !
Ici, on fait dans le gore, le non politiquement correct et l'humour noir. Très noir.
Le monde d'Ennis est sale, il transpire la douleur, la corruption, la haine... mais bien entendu, il ne s'agit pas de s'en délecter mais bien de condamner certaines dérives et, au milieu du cloaque, trouver parfois une flaque de beau, de bon... même si ce n'est que pour un temps.
Article complet : Le Punisher de Garth Ennis
Peut-être l'œuvre la moins connue de l'auteur, mais certainement pas la moins intéressante. Ni la moins sulfureuse.
Ennis aborde ici le complexe sujet de la prostitution avec toute la violence mais aussi la subtilité dont il sait faire preuve. Même si l'on est dans la parodie et l'outrance, des scènes plus touchantes viennent encadrer un propos pas si dénué de sens qu'on pourrait le penser au premier abord.
Et vous avez en prime quelques références qui devraient amuser les amateurs de comics mainstream.
Article complet : La Pro - Du Trottoir au Super-Héroïsme
Voilà, dans la longue liste des œuvres ultra-violentes écrites par Ennis, ce qui se fait sans doute de plus gore et transgressif. Le scénariste va ici très loin, s'autorisant à aborder toutes les perversions, ou presque.
Moins de fond dans cette histoire que d'habitude cependant, même si ce traitement très instinctif et animal de la survie et du post-ap ne manque pas d'intérêt et d'éléments qui interrogent notre conscience (et il n'est pas inintéressant de signaler qu'Alan Moore lui-même s'est cassé les dents sur le sujet, en prenant la suite, quelques années après).
Un bon gros défouloir, glaçant, mais drôle parfois malgré tout.
Article complet : Crossed
Nouveau virage radical de l'auteur qui plonge ici dans une SF horrifique aux relents lovecraftiens.
On lorgne ici clairement du côté d'Alien ou Event Horizon, avec des situations certes déjà vues mais un véritable savoir-faire narratif et, notamment, des personnages féminins bien mis en valeur.
Ajoutez à ça des dialogues percutants et une vision assez sombre d'un futur possible, et voilà encore une histoire bigrement conseillée !
Article complet : Caliban - Alien façon Garth Ennis
Deuxième titre Marvel de cette collection, ce Fury inaugura à l'époque le label Max de l'éditeur, c'est-à-dire une gamme de comics hors continuité et clairement orientée vers un lectorat adulte.
L'on retrouve ici les gimmicks de l'auteur, que ce soit le loser décalé, le monstre de foire ou les allusions sexuelles quelque peu acides.
De l'action, de l'humour, du cynisme... bref, une mini-série efficace et musclée.
Article complet : Aux origines du label Marvel Max : Fury
Ce qu'il y a de bien avec Ennis, c'est qu'il n'a pas peur de voir grand et d'aller tâter des grands espaces à l'occasion. Ici, l'on est en plein western mâtiné de post-ap, avec toujours les mêmes ingrédients (violence, transgressions et cynisme) mais aussi une grande intelligence dans l'écriture et la thématique abordée, sans parler d'une originalité certaine (en termes de bestioles autant que de comportements).
Un pèlerin bousculé par la vie, brut et sans concession, mais que l'on prend plaisir à suivre.
Article complet : Just a Pilgrim
Ici, Ennis s'en prend à une icone de la pop culture et nous livre une vision très... personnelle du mythe de l'agent secret, séducteur et quasiment invincible.
On lorgne bien entendu du côté de James Bond, mais toujours accommodé à la sauce Ennis, à savoir en y insufflant beaucoup de second degré, de vannes osées mais aussi quelques réflexions pertinentes et bien placées, et toujours un brin d'amertume. Et beaucoup d'hémoglobine et de tripes, bien sûr.
Article complet : Jimmy's Bastards
Un petit Ennis ici, ça peut arriver même si c'est rare.
L'intrigue se résume à un polar très classique, presque convenu, ce qui surprend de la part de l'auteur.
Outre le manque d'ambition du propos, l'on retiendra surtout des personnages caricaturaux, pas mal d'invraisemblances et une narration presque engoncée dans un conformisme qui ne sied guère à l'auteur.
Pas forcément nul, mais très fade en comparaison des autres travaux d'Ennis.
Article complet : Red Team
Bon, soyons honnête, ce n'est pas ce comic que l'on vous conseille absolument. C'est même sans doute le plus faible de la liste. L'on est ici en face d'un récit cartoonesque et très régressif, à base de gros mots, de vomi, de pets, de caca et de sperme... et ce n'est pas un cocktail très digeste, avouons-le. Après, il s'agit de second degré totalement assumé et certaines blagues font sourire, mais ce n'est certainement pas par ça qu'il faut commencer pour découvrir Ennis, vous n'en auriez qu'une image imparfaite et très limitée.
Ceci dit, il nous semblait important d'évoquer aussi cette facette de l'auteur pour que ce tour d'horizon soit le plus complet possible.
Article complet : Dicks - À ne pas mettre entre toutes les mains
À noter : ce qui précède constitue une sélection, nous sommes très loin d'avoir fait le tour de tous les travaux de l'auteur. Il a écrit notamment de nombreux autres récits indépendants mais aussi du Batman, du Judge Dredd ou encore des mini-séries liées à The Authority (cf. la Parenthèse de Virgul #26).
Publié le
5.3.23
Par
Virgul
Hello les Matous !
Il s'agit ici de passer rapidement sur un sujet qui ne méritait pas un article complet.
En général, on aura surtout un visuel (soit une image publique/éditeur, soit un truc à nous, comme ici, pas un truc que l'on pique je ne sais où), quelques mots pour expliquer un peu de quoi il retourne, et des liens vers des articles complémentaires si le sujet s'y prête.
Aujourd'hui, l'on reparle de figurines, et notamment de la gamme Marvel Legends, avec un superbe Iron Spider. Le costume (cf. ce dossier) date de la grande époque de Civil War et s'avère toujours aussi esthétique.
Petit bémol, Hasbro a totalement changé le packaging de ses figurines. Exit la partie transparente en plastique qui permettait d'exposer les figurines sans les déballer, on a maintenant un "tout carton" affreux et très difficile à ouvrir sans l'abîmer. Encore une idée de génie.
Bon, reste que la figurine est plutôt classe. Attention cependant, l'équilibre est toujours instable avec ce genre de modèle ultra-articulé, d'autant que le contre-poids généré par les pattes mécaniques n'est pas évident à gérer.
Allez, pour rester dans le thème et vous marrer un peu, on vous propose ce Top 3 des pires figurines Marvel. Accrochez-vous, ça pique les yeux !
Miaw !
Publié le
4.3.23
Par
Nolt
Revoir Paris est un film écrit et réalisé par Alice Winocour.
Après les attentats ayant frappé Paris, Mia, jeune femme ayant échappé au pire alors qu'elle se trouvait dans une brasserie, se remet difficilement et cherche à retrouver un inconnu à qui elle a tenu la main pendant que l'horreur se produisait.
Tout le film est résumé dans cette phrase.
Quant à l'écriture et la mise en scène, c'est une catastrophe. C'est lent, insipide, vain, sans intérêt... c'est ahurissant de prendre un sujet aussi fort et de parvenir à le vider ainsi de toute substance. Une critique de je ne sais plus quel magazine disait "le film évite tout sensationnalisme". Ah ben oui, c'est clair, il n'évite d'ailleurs pas que ça, il évite aussi toute réflexion, toute émotion et tout parti pris intéressant. La réalisatrice parvient à rester à la surface du sujet en étant d'une prétention insupportable.
Tout tape systématiquement à côté. Virginie Efira en premier lieu. Impossible que le César qu'elle a remporté sanctionne son jeu d'actrice, ce qui a fait basculer les votes, c'est la charge émotionnelle du sujet, certainement pas la performance pathétique d'une Efira mono-expressive. Ceci dit, elle est effectivement parfaite dans le rôle tant le film pue le boboïsme parisien (je sais qu'Efira est belge à l'origine, mais visiblement, le parisianisme, ça peut s'attraper si on ne respecte pas certains gestes barrière, comme avoir un cerveau en état de fonctionnement), avec obligation de caser du bon sentiment partout et ne surtout pas haïr ou condamner qui que ce soit, mais délivrer un message aussi stupide qu'évident : c'est traumatisant d'être traumatisé.
Magnifique de crétinerie.
Même la phrase d'accroche de l'affiche est scandaleuse : un film d'espoir et d'émotion... avec l'autre qui fait un câlin. Des barbares viennent assassiner des innocents en plein Paris, des familles entières sont détruites, les rescapés vivent dans l'angoisse, les autorités sont totalement incompétentes, les secouristes découvrent des scènes d'horreur et enjambent des monceaux de cadavres, et tout ce que ce film propose, c'est "on peut quand même se faire des câlins" ?!
Pourtant, entre la souffrance des rescapés (autrement représentée qu'avec une Efira qui dégouline de mièvrerie et de guimauve), les causes de cette violence, le légitime sentiment de révolte des gens ou n'importe quoi qui aurait un minimum de sens et d'intérêt, les pistes de développement ne manquaient pas.
On atteint vraiment des sommets dans l'indigence et la pauvreté tant intellectuelles qu'artistiques. Voilà longtemps que je n'avais pas été aussi révolté par le néant complet proposé par un auteur. Même Mektoub my Love avait finalement plus de contenu, c'est dire ! D'ailleurs, arrivé à 1h15 de film, j'avais l'impression d'être devant depuis 6 heures. C'est un exploit d'arriver au bout. Et même le dénouement du léger élément qui fait office d'intrigue étriquée (le coup du "vous vous êtes enfermée dans les toilettes") est totalement prévisible. Les deux personnages sont tellement proches physiquement que, dès le premier échange, on sait en réalité qui a fait quoi.
Et quel intérêt d'ailleurs ? Mettre en cause des gens qui ont paniqué parce qu'ils avaient peur de mourir sous les balles ? C'est ça ton propos, Alice ? Pas une ligne sur les terroristes (ah si, on dit de l'un d'eux qu'il avait un "visage d'ange"...) mais une mise en cause de certains survivants ? Le tout emballé dans des câlins et des bougies ? Quand on a à ce point-là rien à dire sur un sujet aussi important, on devrait avoir la dignité de ne pas l'aborder.
La réalisatrice fait preuve d'une telle lâcheté intellectuelle, d'une telle capacité à surfer sur l'écume de son sujet, qu'il est difficile de ne pas être pris de nausées devant cette ode à la passivité et au renoncement. Bref, ce n'est pas seulement un très mauvais film, c'est un film pénible à voir lorsque l'on est doté d'un minimum de sensibilité (mais l'on peut comprendre, bien entendu, les gens qui ont été touchés par les attentats et que ce film parvient à émouvoir, parce qu'il les renvoie à de douloureux souvenirs, pas parce qu'il est bon).
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Même regard vide pendant tout le film. Tu le sens, là, le César arriver ? |
Mais ce film m'a tellement marqué que j'en ai rêvé la nuit suivante. Petit conseil si vous voulez vous souvenir de vos rêves au réveil : soit vous vous levez pour écrire ce qui s'est passé (un peu chiant), soit vous vous répéter deux ou trois fois les événements dont vous vous rappelez avant de vous rendormir.
Et donc, dans ce rêve, je suis dans une rue et je croise Jean Dujardin (que je n'aime pas du tout) et un autre gars, inconnu, mais censé être acteur lui aussi. Et dans mon rêve, les deux ont joué dans Revoir Paris. Ils me demandent ce que j'en ai pensé, et je leur réponds, avec beaucoup de tact : "Mais c'est la pire merde que j'ai pu voir ! C'est honteux de faire des films pareils !"
Là, ils me regardent vraiment méchamment, comme s'ils allaient me sauter dessus, mais au final je passe mon chemin et je vais dans un restaurant, en terrasse.
Là, ils me regardent vraiment méchamment, comme s'ils allaient me sauter dessus, mais au final je passe mon chemin et je vais dans un restaurant, en terrasse.
Je me rends compte au bout d'un moment que Dujardin et son pote sont eux aussi dans le resto. Et qu'ils viennent à la table à côté de la mienne ! La situation est tendue.
Ensuite, il y a une distorsion logique, comme souvent dans les rêves, et je me retrouve chez moi, avec Dujardin et Efira sur mon canapé.
On parle toujours du film, Dujardin me chuchote que je devrais changer de sujet parce que Virginie a honte et qu'elle est gênée. Et je lui sors, pour clore le débat : "Ce qu'il y a de positif pour toi, c'est que tu ne risques pas de jouer dans un truc pire que ça... au moins dans les deux prochaines années".
Sous-entendu, "tu es capable quand même de faire pire".
Là, on commence à rire tous les trois. Dans mon rêve, la vanne est totalement irrésistible, on en pleure de rire, on se tombe dans les bras tous les trois. C'est un beau moment. Je leur explique que je ne veux pas les blesser, que je suis juste outré par tous ces conteurs qui n'ont rien à raconter.
Puis, je crois qu'on passe la nuit en boîte (allons bon, nous voilà super potes !), je ne me souviens pas bien de cette partie. Et au matin, on est de retour, Dujardin, des potes à lui, et moi, au fameux restaurant. On y prend un super petit déjeuner. Je déguste de succulents gâteaux, certains meringués, d'autres à la chantilly, ils sont légers, super bons, là-dessus, rien à dire, c'était délicieux. Bravo Alice !
C'est à peu près là que je me réveille.
Du coup, si je devais noter ce film je lui mettrais quand même 5 étoiles. Et en commentaire : "J'ai surtout aimé la complicité avec Dujardin et les gâteaux meringués. Par contre le reste, c'est de la merde."
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Les câlins c'est important. Les bougies aussi. C'est ça notre vraie force. Ah, c'est beau la capacité de résilience d'un peuple... |
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Publié le
2.3.23
Par
Nolt
Après un premier tome (cf. cet article) dans lequel Astérix et Obélix s'embarquaient pour la lointaine Égypte, c'est cette fois un périple certes agité mais purement gaulois qui attend les deux compères.
L'histoire débute, au camp retranché de Petibonum, par l'arrivée d'un préfet envoyé par César, excédé, afin de régler le problème des dissidents qui narguent la puissance de Rome. L'auguste personnage fait dresser une palissade autour du village gaulois, bien décidé, puisqu'il ne peut les vaincre, à enfermer les farouches résistants à l'envahisseur romain et à prouver ainsi son efficacité. Évidemment, cela ne plaît guère à Astérix qui fait le pari que lui et ses amis pourront aller où ils veulent sur le territoire gaulois, et qu'ils en rapporteront la preuve.
Ainsi débute cette grande aventure qui emmènera Astérix et Obélix sur la promenade des Bretons, à Nicae (Nice), dans les rues de Lugdunum (Lyon) ou encore à Durocortorum (Reims).
L'album fait partie des classiques de la série, avec là encore un aspect épique, une intrigue bien ficelée dont l'enjeu est posé dès le départ, et de nombreux gags et références qui se moquent gentiment de la France des années 60.
Les bonus de l'album reviennent sur le contexte de l'époque, ainsi que les sources d'inspiration, et présentent des documents ou des planches originales. Le tout permet de renforcer l'immersion dans l'univers d'Astérix et d'avoir l'impression, à chaque aventure, de vraiment faire le tour de la question.
L'album grand format est toujours accompagné d'une figurine (c'est cette fois Astérix en personne !) et du petit livre consacré à la galerie de personnages. Ce tome se penche sur l'évolution graphique d'Astérix, son caractère, ses liens familiaux ou encore ses ennemis. Outre quelques morceaux choisis et diverses reproductions de dessins originaux publiés à l'époque dans le journal Pilote, l'on trouvera également, entre autres, un comparatif entre des planches françaises et anglaises de la BD (une bonne idée qui permet notamment de découvrir de quelle manière les noms de certains personnages ont pu être adaptés), ainsi qu'une partie consacrée à la rencontre entre Goscinny et Uderzo.
Bref, tout cela est très complet et permet de se replonger avec délectation dans ces aventures qui ont le bon goût de se révéler aussi intemporelles que tout public.
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Publié le
26.2.23
Par
GriZZly
Qui de l'homme ou de la chauve-souris importe le plus dans une histoire de Batman ?
Eh bien, les récentes sorties Urban répondent à cette interrogation de la plus belle façon qui soit : les deux, tant que c'est bien fait.
Oui, les deux peuvent passionner le lecteur.
Oui, les deux peuvent passionner le lecteur.
Chroniques croisées, pour le prouver, de Batman : The Knight (BTK) et Batman : Dark City (BDC).
BTK narre (enfin) cette période de la vie de Bruce Wayne mille fois évoquée mais jamais illustrée in extenso : son parcours initiatique ayant fait d'un jeune orphelin traumatisé et révolté contre les injustices le fameux Chevalier Noir s'étant fixé l'inflexible mission de purifier Gotham de son vice endémique.
Le jeune Bruce veut se donner les moyens de mener à bien cette tâche qu'il s'est choisie et cherche pour cela à devenir le meilleur dans tous les domaines qui lui seront utiles pour exercer son activité nocturne à venir de justicier masqué.
Il va donc abandonner un temps la protection de son fidèle Alfred et parcourir le Monde pour s'initier à moult disciplines auprès des maîtres de chacune d'elles.
À Paris, il apprendra le vol de haut vol (la formule est moche mais on assume) avec Lucie, l'Ombre Grise. Il y rencontrera aussi un autre mentor, Henri Ducard, un chasseur d'hommes expérimenté que l'on a vu il y a peu bien plus âgé dans Batman : La dernière sentinelle.
En Corée du Nord, sur le Mont Paektu, il suivra les enseignements de Maître Kirigi qui lui enseignera les arcanes des arts martiaux les plus efficaces et létaux (aspect que refusera de mettre en pratique Bruce, pour ne pas franchir la ligne qu'il s'est fixée). Il y rencontrera aussi un jeune homme se faisant appeler Anton qui veut lui aussi combattre le crime, faire de son corps tout à la fois une arme et une forteresse.
En Russie, l'ex-agent du KGB Avery Oblonsky va apprendre aux deux jeunes hommes les arts de l'espionnage, du déguisement autres faux-semblants.
En Russie, l'ex-agent du KGB Avery Oblonsky va apprendre aux deux jeunes hommes les arts de l'espionnage, du déguisement autres faux-semblants.
Au Canada, ils vont ensemble se former à la chasse et au tir auprès de Luka Jungo, La Marque Suisse. C'est lors de cet épisode qu'Anton dévoilera sa véritable nature de tueur de sang froid, entrant pour la première fois en opposition brutale avec Bruce.
De retour seul en Amérique, Bruce va être formé à la prestidigitation et à l'escapologie par Giovanni Zatara. C'est aussi là qu'il apprendra auprès de la fille de celui-ci (la fameuse Zatanna) que la magie existe bel et bien mais exige des sacrifices qui sont les seuls que le jeune Wayne ne peut se permettre ; telle sera donc l'unique faille dans son armure : un domaine entier qu'il doit choisir de ne pas maîtriser (et qui expliquera son alliance maintes fois renouvelée avec Zatanna dans d'autres aventures à suivre) !
À Shangaï, Skyspider lui apprend la voltige et le parkour.
Pour terminer sa formation, Bruce subit l'entraînement mental du docteur Daniel Captio, l'homme le plus intelligent du Monde, afin d'apprendre à maîtriser la peur pour l'infliger et ne plus la ressentir. C'est là qu'il sera provoqué en duel par La Main du Démon, Harris Zuma, le bras droit du terrible Ras' Al Ghul.
Invités à rencontrer Al Ghul, les deux jeunes aspirants justiciers se retrouvent enfin dans les Collines de Cristal d'Abu Dhabi pour y découvrir le maître de la Ligue des Assassins et sa fille Talia... et comprendre que derrière Anton se cache Minkhoa Kahn, le futur Ghost-Maker, ce que les fans savaient depuis longtemps bien entendu.
Invités à rencontrer Al Ghul, les deux jeunes aspirants justiciers se retrouvent enfin dans les Collines de Cristal d'Abu Dhabi pour y découvrir le maître de la Ligue des Assassins et sa fille Talia... et comprendre que derrière Anton se cache Minkhoa Kahn, le futur Ghost-Maker, ce que les fans savaient depuis longtemps bien entendu.
Nous voyons déjà d'ici les Jean-Kévin de base hurler à qui voudrait l'entendre que UMAC vient de spoiler les 302 pages de ce comic écrit par Chip Zdarsky et dessiné par Carmine Di Giandomenico. Mais c'est parce que Jean-Kévin n'a pas encore compris que ce très bel album n'invente quasiment rien : il met juste en scène des épisodes souvent survolés mais jamais compilés de la genèse du héros né de l'imagination de Bob Kane et Bill Finger (oui, on parle tout le temps de Stan Lee mais les autres créateurs de héros ont bien le droit d'être parfois cités eux aussi, mince !).
Alors, faut-il lire cet album ?
C'est parfois évidemment très prévisible (puisque l'on connaissait pas mal ce passé de Bruce ici illustré) et un peu trop vite emballé ; on a souvent trop l'impression de lire une répétition d'apprentissages comme assemblés dans un recueil de nouvelles...
Et si le dessin est consensuel et devrait plaire à la plupart, la mise en page est d'un classicisme assez affligeant par moments, pour un comic mettant en images l'apprentissage au combat d'un des super-héros majeurs de l'industrie.
C'est parfois évidemment très prévisible (puisque l'on connaissait pas mal ce passé de Bruce ici illustré) et un peu trop vite emballé ; on a souvent trop l'impression de lire une répétition d'apprentissages comme assemblés dans un recueil de nouvelles...
Et si le dessin est consensuel et devrait plaire à la plupart, la mise en page est d'un classicisme assez affligeant par moments, pour un comic mettant en images l'apprentissage au combat d'un des super-héros majeurs de l'industrie.
Là où bien trop de Masques héritent de pouvoirs dont ils doivent se montrer dignes, Bruce n'hérite que d'une fortune mais bâtit de lui même à force de persévérance une supériorité légitime qu'il deviendra ensuite impossible de remettre en question lorsqu'il enfilera la tenue de chauve-souris.
Réflexion personnelle de GriZZly : c'est précisément pour ça que je soutiendrai toujours que la réplique de Justice League où Bruce affirme que son super-pouvoir est d'être riche est une des innombrables preuves de l'incompréhension de ce personnage par Snyder (ce qui n'est pas le pire défaut de ce réalisateur). La fortune de Bruce n'est qu'un adjuvant mineur. Toute la période actuelle montrant un Batman ruiné par le Joker prouve d'ailleurs que même sans une fortune colossale, Wayne ne cesse pas d'être Batman. Les super-pouvoirs de Bruce Wayne ne sont ni ses véhicules ni ses gadgets et croire cela comme le fait Joss (mais bon, le gars a le cerveau aussi ralenti que ses séquences préférées) est d'une imbécilité crasse ! Les vraies capacités surhumaines de Bruce Wayne résident en une volonté inébranlable, une endurance phénoménale, un sens du sacrifice inégalable, une abnégation à toute épreuve, un stoïcisme inédit, un sens du devoir et du dévouement à nul autre pareil et une intelligence tactique forgée au feu des épreuves. Il est l'homme lambda qui a ambitionné de combattre les monstres. Il est le faible qui se fait fort et terrifiant pour faire taire la terreur imposée par la force. Il est le rempart humain contre toutes les calamités existantes ou possibles... et même contre lui-même, comme nous le confirme le second comic dont nous allons traiter de ce pas !
Car Batman est le meilleur en bien des disciplines et est devenu, de fait, l'homme le plus dangereux du Monde ! Batman doit donc impérativement, puisqu'il anticipe tout, avoir prévu des contre-mesures pour s'arrêter lui-même s'il en venait un jour à dépasser les bornes. Et c'est précisément ce protocole qui va s'enclencher dans le tome 1 de Batman : Dark City... un robot-tueur créé expressément par Bruce lui-même pour éliminer Batman s'il venait à vriller... un robot connaissant tout de Batman et de tous ses alliés, apte à mener sa mission à bien en faisant fi de toutes les dispositions auxquelles son créateur pourrait bien penser puisqu'il les aura toutes anticipées. La Némésis ultime de Batman : une mécanique de combat infaillible !
Pas besoin de chinoiser : on sait que ce tome 1 est juste le nouveau tome de Batman Rebirth (dont il rassemble les épisodes 125 à 130) dessiné par le phénoménal Jorge Jiménez et toujours scénarisé par... Chip Zdarsky ! D'où l'interrogation de notre chapeau : est-il plus intéressant de traiter l'avant-Batman ou l'après-ruine de Bruce Wayne ?
Dans ce tome 1, Urban nous offre comme toujours un résumé vous permettant de raccrocher les wagons si vous n'aviez pas accroché à l'arc Joker War. Alfred est mort, Bruce est dans la dèche... vous savez tout ça ! Comme tout cela est contemporain aux Robin Infinite, le Robin faisant fonction n'est pas Damian Wayne, bien occupé à botter des culs dans un tournoi d'arts martiaux, mais notre très cher Tim Drake, le Robin le plus stable et le plus rangé de tous. Et c'est intéressant, parce que Zdarsky fait s'exprimer Bruce sur ce brave Tim, et le vieux mentor se dit fier de l'homme que ce petit moineau est devenu ; ce qui en dit long sur le ton de ce nouvel arc où Bruce Wayne se reproche pas mal d'avoir fait des émules !
Accusé à tort du meurtre du Pingouin, Batman va donc se voir pourchassé par Failsafe, la fameuse machine programmée pour le tuer. Une machine conçue après les épisodes de la Tour de Babel, dans Justice League, où il fut reproché à l'Homme-Pipistrelle (toutes les anaphores ne se valent pas, en terme de charisme) d'avoir mis au point des stratégies pour mettre hors d'état de nuire chaque membre de la JL, sauf lui. La paranoïa n'est que de la prudence poussée à l'extrême mais les potes de Batou n'avaient pas très bien pris, à l'époque, ce stock de kryptonite dans la Batcave ! Les fans remarqueront même le retour d'un aspect de la personnalité de Batman très intéressant et déjà abordé dans Le Dossier Noir, dans le run de Grant Morrison, une sorte de Batman 100% pur, soulagé des failles de Bruce Wayne.
Si les cinq premiers épisodes (125 à 129) sont relativement crédibles (en tenant compte que Bruce Wayne est un humain au-delà de toutes les normes), autant vous prévenir : le sixième épisode est tellement over the top que ça prête à sourire. Que le batsuit soit capable de permettre à son porteur de rejoindre la Terre depuis la stratosphère semble quand même pas mal audacieux. Mais alors qu'il se prend déjà 9 G dans la tronche, il survit entre autre grâce à... son slip posé sur la bouche en lieu et place de son masque respiratoire qui n'a pas résisté à l'entrée dans l'atmosphère. Autant dire qu'on en est vite à se demander si Zdarsky n'est pas carrément dans le second degré. Il voudrait se moquer de ce qu'est devenu le personnage ces dernières années qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Ce phénomène de Jorge Jiménez arrive avec talent à faire passer ça comme s'il s'agissait d'une énième péripétie sur laquelle il n'est pas loisible de se pencher bien longtemps mais... quand même ! C'est culotté, si je puis me permettre !
Quelques flashbacks ponctuent le récit, dessinés et scénarisés par d'autres artistes. Ces passages sont pour le moins dispensables et coupent même le rythme du récit principal à des moments inopportuns ; sans doute pas l'idée du siècle, donc !
Pour le reste, disons que le scénario nous amène avec efficacité à enfin nous faire douter de la capacité de Batman à surmonter un ennemi. Ce Failsafe semble avoir réponse à tout... et le final est tendu comme un string de Wonder Woman... oui, elle porte des strings, si si ; nous avons nos sources, que croyez-vous ? Au niveau graphique, le dessin de ce beau gosse de Jiménez (non mais sans déconner, faites une recherche sur ce gars, il pourrait incarner Batou aussi bien qu'il le dessine) continue de l'installer comme une future légende incontournable de la profession !
Durant ce mois consacré à Chip Zdarsky, Urban nous gratifie donc à la fois des origines de Batman et des dernières nouvelles que nous avons de lui sous la plume de ce seul auteur. Autant dire que chacun de ces tomes a son intérêt particulier et légitime et ses défauts bien à lui.
BTK a pour lui d'enfin compiler les années d'apprentissage de Bruce mais c'est attendu et au final trop peu imaginatif.
BDC est un nouveau cycle facile à aborder pour les novices mais qui a le bon goût de s'appuyer sur des événements passés bien connus des fans de longue date. Toutefois, en dehors de sa seule trame narrative, il n'apporte pas grand-chose.
BTK a pour lui d'enfin compiler les années d'apprentissage de Bruce mais c'est attendu et au final trop peu imaginatif.
BDC est un nouveau cycle facile à aborder pour les novices mais qui a le bon goût de s'appuyer sur des événements passés bien connus des fans de longue date. Toutefois, en dehors de sa seule trame narrative, il n'apporte pas grand-chose.
Au final, voilà peut-être leur point commun : la naissance d'une interrogation.
"Que peut-on bien encore apporter d'autre à la mythologie de Batman, en dehors de la redite ? Explorer son passé comme son futur a déjà été fait... que reste-t-il ?"
"Que peut-on bien encore apporter d'autre à la mythologie de Batman, en dehors de la redite ? Explorer son passé comme son futur a déjà été fait... que reste-t-il ?"
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