The Irish Man
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Le nouveau Martin Scorsese est une gigantesque fresque mafieuse produite par Netflix.
Bilan d'un film "testament".

The Irish Man désigne en fait Frank Sheeran, syndicaliste mais aussi gangster notoire qui s'est éteint à l'âge vénérable (vu son job) de 83 ans. Avant de passer l'arme à gauche, l'homme confessa avoir tué Jimmy Hoffa et Joe Gallo, levant ainsi le mystère sur une disparition et un assassinat célèbres.
C'est peut-être d'ailleurs l'un des "défauts" (toute proportion gardée) de ce film : si l'on connaît bien l'Histoire du crime organisé américain, rien dans ce récit ne sera surprenant, puisqu'il fait défiler les grands noms (et les dates importantes) de la mafia. Mais The Irish Man est bien plus qu'une énième plongée dans le monde des gangsters...

Scorsese s'entoure de quelques-uns de ses acteurs fétiches, comme Robert de Niro ou Joe Pesci (déjà à l'affiche de Casino et des Affranchis). Il s'agit d'ailleurs d'un casting 5 étoiles, puisque l'on retrouve également Al Pacino ou encore Harvey Keitel. Et évidemment, tout ce beau monde a vieilli. Le réalisateur va d'ailleurs largement jouer sur cet aspect, mettant en avant les ravages du temps et le côté crépusculaire et mélancolique de la fin d'une époque.

Ici en effet, l'on ne va rien retrouver du côté "flamboyant" d'un Casino, ou de l'ascension pleine de promesses d'un Henry Hill dans Les Affranchis. Sheeran va au charbon comme il irait à l'usine, sans grand enthousiasme, conscient qu'il doit faire son job pour gagner une vie qu'il est pourtant en train de gâcher.
Bien que Scorsese soit relativement complaisant avec un Sheeran qui attire la sympathie malgré son extrême violence et sa morale inexistante, il ne l'épargne pas en le mettant face à des démons qui lui coûteront l'une de ses plus belles amitiés et l'amour de l'une de ses filles.


L'ambiance, on l'aura compris, est plutôt sinistre tant le prix à payer est énorme pour ces hommes qui ont forgé leur propre perdition en pensant s'affranchir des règles de la société. Impossible également de ne pas faire le parallèle entre cette fin de règne nostalgique et la carrière de certains géants du cinéma.
Les légendes italo-américaines sont ici fatiguées, en fin de course, délivrant une poignante et ultime prestation hallucinée dans une digne révérence, non dénuée de charme.
Niveau interprétation donc, pas de souci, quand on s'offre des Rolls, ça a forcément de la gueule. Par contre, autant l'on peut sans problème vieillir artificiellement un acteur, autant il est compliqué de le rajeunir (ce qui a été tenté ici dans certaines scènes). À ce niveau-là, c'est franchement raté, l'on frôle même parfois le ridicule quand Pesci présente De Niro comme un "petit jeune" alors qu'il a l'air d'un grand-père. D'autres acteurs incarnant les personnages quand ils sont jeunes auraient sans doute constitué un meilleur choix.

Si le film est long (3h30) et croise plusieurs lignes temporelles dans un complexe jeu de flashbacks, il n'est jamais ennuyeux et s'offre même quelques scènes à l'humour d'autant plus dévastateur qu'il est rare (cf. notamment l'une des rencontres entre Hoffa et Tony Pro). Mais même si The Irish Man affiche une ambition légitime, il n'arrive pas à se hisser au rang d'un chef-d'œuvre tel que Il était une fois en Amérique. Sans doute parce qu'il lui manque un brin de lyrisme et de flamboyance.
Reste à savoir si l'opération sera ou non rentable pour Netflix en termes d'abonnés supplémentaires. Le film a en tout cas engrangé 26 millions de vues dès la... première semaine.

Une œuvre qui marque la fin d'un cycle et prend le temps de rendre un dernier hommage à des acteurs qui en ont été ses piliers.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un casting de haut vol.
  • Le parallèle entre le crépuscule d'un certain règne mafieux et la fin de carrière d'acteurs légendaires.
  • Précis et factuel en ce qui concerne l'Histoire du crime organisé américain.
  • Quelques (trop rares) scènes à l'impact émotionnel ou humoristique énorme.

  • Un pathos trop appuyé, qui manque clairement de lyrisme.
  • Certains personnages à peine ébauchés.
  • La relation entre Sheeran et sa fille Peggy, émouvante mais basée sur un silence quelque peu aride, à l'image du film.
  • Peu de surprises, évidemment, puisqu'il s'agit de personnages réels, au destin connu.
Man Down
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Il y a de grosses chances pour que vous ne connaissiez pas Man Down vu que ce film, pourtant réussi, a abouti chez nous dans le cimetière des "direct to video" (un peu comme le magnifique Defendor). Du coup, on va terminer l'année sur une note positive, en évoquant non un chef-d'œuvre mais un film couillu, intelligent, émouvant et à la forme léchée. C'est quand même pas rien, merde !

Gabriel Drummer est un brave type. Il a une femme qu'il aime. Un enfant qu'il adore. Mais Gabriel est aussi un Marine. C'est un soldat qui a subi l'un des entraînements les plus durs au monde. Un jour, Gabriel doit partir pour l'Afghanistan. Là, il va connaître la guerre, la vraie, celle qui laisse des traces indélébiles dans l'esprit des vétérans.
Quand il revient chez lui, Gabriel retrouve une Amérique défigurée et en ruine. Quelque chose s'est passé, ici aussi, emportant les souvenirs, noircissant les immeubles, défigurant un monde autrefois sûr et aimé.
Dans cette apocalypse ultime, Gabriel est encore porté par un but : retrouver son fils.

Alors, ça va être très dur de parler de ce film sans spoiler un élément essentiel (pour le coup, ce serait un vrai spoiler, cf. l'échelle de Virgul), mais... on va faire gaffe.
Man Down est un film de Dito Montiel, un réalisateur et scénariste américain plutôt méconnu. Le film est cependant surtout porté par Shia Labeouf, qui livre ici une prestation honnête, dans la lignée des films indépendants qu'il semble aujourd'hui privilégier. Précisons tout de suite que cet acteur, même s'il a ses idées et ses excès, dénote tout de même dans le paysage hollywoodien, tant par ses choix artistiques que la manière dont il "communique". Rarement une "révolte" aura paru  aussi peu calculée et aussi sincère.
Mais revenons-en au film...

Bon, voyons tout de suite les critiques qui reviennent le plus souvent : il ne se passe "rien". Sous-entendu, il n'y a pas assez "d'action". Là, on va faire une grosse parenthèse. L'action, bien souvent, si elle n'est portée par rien, peut plomber un film (ou un roman d'ailleurs). L'action, dans un film, peut même être particulièrement chiante. Franchement, à part des attardés en train de sniffer de la colle et de patauger dans leur merde, qui peut encore vibrer avec la millionième pauvre scène de poursuite ou de fusillade ? Ce n'est pas ça qui fait qu'un film est bon ou nul.
Prenons par exemple Garde à vue, avec Lino Ventura et Michel Serrault. Pendant les 1h30 de ce fantastique film de Claude Miller, selon les critères de certains crétins actuels, il ne se passe "rien". Et c'est vrai, il n'y a pas d'action, de gun fight, d'effets spéciaux, de poursuites en bagnole. En fait, tout le film consiste en une longue conversation entre deux types autour d'une table. Mais en réalité, il se passe tellement de choses, c'est tellement bien foutu, que l'on peut revoir ce long métrage 5, 10, 15 fois, avec le même plaisir.
Si vous ne pouvez vous exciter que sur du Transformers, c'est clair, Man Down n'est pas le médoc qu'il vous faut. Mais si vous aimez les récits originaux, ayant du sens, portés par de vrais acteurs, là, vous allez peut-être passer un bon moment. Parce qu'il y a ici tout ce que l'on est en droit d'attendre d'un vrai bon film : des personnages crédibles et attachants, une véritable tension, attisée par l'entremêlement de plusieurs lignes temporelles, et une tragique poésie qui prend aux tripes.


On comprend très bien pourquoi le film a été mal (ou pas du tout) distribué. L'on est loin ici de l'image du héros guerrier combattant le mal, on est même loin du Chris Taylor de Platoon, jeune témoin de l'affrontement manichéen de deux sergents qui le fascinent, ou de l'engagé Guignol de Full Metal Jacket, faux anti-héros surfant sur les dysfonctionnements épars d'une Amérique encore placée sur un piédestal. Drummer est un type normal, qui souffre d'une manière anormale. Labeouf incarne ici un homme broyé de multiples manières. Un type dont le traumatisme est si grand qu'il va transformer le monde entier.
Il convient à ce stade de revenir sur le titre même du film et ses multiples significations. Man down (un homme à terre) désigne bien entendu un soldat touché par les balles ennemies, mais il revêt aussi d'autres sens au sein de cette histoire. "Man down" va ainsi être la phrase code, entre Drummer et son fils, pour dire "je t'aime" (le gamin étant harcelé à l'école parce que sa maman lui avait dit "je t'aime" devant tout le monde). Et "man down" peut aussi s'entendre au sens figuré, quand Drummer rentre chez lui en étant plus que l'ombre imparfaite de l'homme qu'il était. Un homme détruit, hagard, au fond du trou... à terre.

Est-ce que Man Down est un chef-d'œuvre ? Probablement pas. Il lui manque un petit quelque chose pour passer du film indé un peu détonnant à la borne mythique transcendant son sujet. Peut-être un traitement scénaristique moins égocentré, bien que ce parti pris soit particulièrement réussi au niveau émotionnel.
Est-ce que Man Down est une merde ? Ah, tellement pas ! C'est un beau et bon film, ambitieux et pas con. Le genre de truc qui fait du bien entre les conneries habituelles (Star Wars ou Avengers, ça a beau être joli, c'est souvent vain et mal écrit).
Est-ce que Man Down est un film à voir ? Ça dépend. De toi, ô lecteur. Si tu pries chaque matin pour un Fast & Furious 17 (je ne sais pas à combien ils en sont) tout en dévorant le dernier Tuning and Boobs, j'avoue, tu vas peut-être trouver ça chiant. Si t'as un peu l'esprit aventureux, que tu sais lire entre les lignes et que tu peux bander sans pornographie, alors, ça peut le faire.

Un bon film, poignant, poétique et à la portée universelle.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Shia Labeouf, parfait dans ce rôle.
  • Le travail sur la photographie.
  • La thématique du traumatisme de guerre, abordée d'une manière originale et "grand public".

  • Le va-et-vient entre les différentes lignes temporelles, le plus sûr moyen d'effrayer un producteur à la con et un spectateur ayant un QI inférieur à la pointure de ses godasses.
Chroniques des Classiques : Chroniques Martiennes
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Par petites touches délicieusement poétiques et empreintes d'une forme de nostalgie amère, Ray Bradbury, sous le prétexte de décrire un monde nouveau et ses habitants, dénonce les travers les plus tenaces d'une humanité avide, bornée et autodestructrice, incapable de voir les beautés offertes par la Nature (ou l'Univers) et se comportant inlassablement comme un gamin irresponsable.

Avec ses nouvelles au ton léger mais au sous-texte puissant, Ray Bradbury réussit vers la fin des années 40 à toucher une partie du public qui le fuyait jusque lors : s’il s’est lancé dans la science-fiction avec d’autres auteurs comme Robert Heinlein [cf. cet article] ou Henry Kuttner (ils publièrent des textes dans le même fanzine), il n’a pas eu au départ le succès escompté. Refusant de s’appuyer sur la science, son apparente naïveté et son ton mélancolique ne plaisaient guère aux éditeurs, plus friands de sensationnel et de spectaculaire. Quant aux lecteurs, ils étaient au départ assez réfractaires à cette forme de SF (en apparence) rétrograde et antiscientifique. C’est donc après la guerre qu’enfin il fut connu du grand public avec ces textes singuliers narrant la colonisation de la planète rouge, avant d'entrer définitivement dans le panthéon de la SF avec Farenheit 451, et en participant à l'écriture de projets comme la série The Twilight Zone [cf. cet article sur Rod Serling]. Rassemblées plus tard en recueil dans l'ordre chronologique des faits racontés (de janvier 1999 à octobre 2026), les nouvelles n’adoptent pas toujours le même point de vue : on commence sur la Terre avec L’Eté de la Fusée, on bascule ensuite dans l’intimité d’une famille martienne avec Ylla, dont l’incipit donnera une excellente idée des visions offertes par l’écriture aérienne de l’auteur :
Ils habitaient une maison en piliers de cristal sur la planète Mars, au bord d’une mer vide et, tous les matins, on pouvait voir Mrs K. manger les fruits d’or qui poussaient aux murs de cristal, ou nettoyer la maison avec des poignées de poudre magnétique qui, après avoir attiré toute la poussière, s’envolait dans le vent chaud.

Les textes suivants, dont la densité varie sensiblement (certaines nouvelles font deux paragraphes, d'autres pourraient occuper quelques chapitres d'un roman), décrivent les premières tentatives terriennes de s’installer sur Mars, qui furent des échecs cuisants sans pour autant que l’idée même d’une guerre ait pu germer. On est loin ici du Martien hideux et belliqueux des pulps d’antan, quelque part à mi-chemin du Cycle de Barsoom d’Edgar Rice Burroughs (rédigé au début des années 20, avec des héros musclés comme John Carter) et de la Trilogie de Mars de Kim Stanley Robinson (1994-1996).
Tout en décrivant patiemment, étape par étape, la façon dont les Terriens ambitieux et pragmatiques essaimèrent sur Mars à la manière des Conquistadors, réduisant à néant une civilisation ancestrale et pacifique, l'auteur de Farenheit 451 met parfois l’accent sur un individu qui saura se démarquer du troupeau aveugle et tenter de comprendre l'exquise philosophie d'un peuple presque totalement éradiqué sans que quiconque cherche à l'étudier, à part Spender, de la Quatrième Expédition (juin 2001), qui déclame à son capitaine, dans Et la lune toujours brillante…
Nous autres, gens de la Terre, avons un talent tout spécial pour abîmer les grandes et belles choses. Si nous n'avons pas installé de snack-bars au milieu du temple égyptien de Karnak, c'est uniquement parce qu'il se trouvait situé à l'écart et n'offrait pas de perspectives assez lucratives.
Dans cette fatalité qui voit des commerçants cherchant à installer des magasins de hot-dogs à deux
pas des ruines cristallines d’antiques cités martiennes, l’écrivain ne se prive pas d’une certaine ironie, quelquefois mordante, lorsqu'il décrit comment les premières expéditions échouèrent piteusement, ou comment les derniers colons essayèrent tant bien que mal de s'enrichir. Avec une réelle élégance, les dernières nouvelles bouclent la boucle et confirment qu'il s'agit bien d'un tout cohérent formé de récits épars, les ultimes textes n'hésitant pas à se référer aux premiers, reprenant parfois certains personnages ou s'y référant, ajoutant çà et là quelques notules explicatives. Sans exhaustivité ni recours systématique à un techno-verbiage dont ses contemporains étaient friands, Bradbury pose l'une des premières pierres du futur édifice d’une SF prospective orientée vers l’écologie et la préservation des espèces.

Édité en France en 1955 chez Denoël, Le recueil des Chroniques Martiennes reçut à juste titre le numéro 1 de la prestigieuse collection Présence du Futur. Un chef-d'œuvre lucide et subtil, à la douce nostalgie contemplative, qui révolutionnera définitivement la vision de l'étranger dans la science-fiction.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Des textes brillants par leur portée et leur douce ironie.
  • Une description progressive du programme de colonisation terrien choisissant le biais de l'anecdote.
  • Une vision mélancolique de cités de cristal et d'un peuple pacifique confrontée à celle, acide et prophétique, d'une humanité avide et brutale.
  • Une traduction réussie, malgré quelques hésitations sans conséquence. La quasi absence de techno-babble et de considérations stratégiques rendent ces nouvelles plutôt aisées à lire en anglais.

  • Rien.
Bonnes Fêtes à tous !
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L'ensemble du staff UMAC vous souhaite à tous un Joyeux Noël et, avec un peu d'avance, une excellente année 2020, pleine de réussite et de belles lectures !

2020 qui nous permettra d'ailleurs d'entamer notre 15ème saison, toujours composée de nombreuses chroniques, d'articles variés et de dossiers bien fournis consacrés à la Pop Culture.

En attendant, profitez bien du réveillon, soyez prudents si vous devez prendre la route, et faites un bisou au Père Noël de notre part si vous le croisez !


BONNES FÊTES !!

la Brigade chimérique : l'Intégrale
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Voilà une œuvre qui a su m’offrir bien plus que ce que j’en attendais. Car l’Intégrale de La Brigade chimérique n’est pas seulement une remarquable tentative de rivaliser avec les meilleures productions anglo-saxonnes sur le thème si peu français des super-héros, mais aussi et surtout une véritable déclaration d’amour pour un genre régulièrement dénigré dans l’Hexagone, ravalé au rang de sous-littérature par une intelligentsia rétrograde, qui a pourtant connu une brève mais réelle heure de gloire avec des auteurs visionnaires, brillants et prometteurs, sans pour autant que ce succès populaire et critique n’ait donné les suites attendues. Car oui mon bon monsieur, ma bonne dame, la science-fiction française d'avant-guerre ne se réduit pas au seul nom de Jules Verne !

Et du coup, dans cette histoire posée sur deux périodes temporelles, narrant le combat perdu d’avance d’une poignée d’individus supérieurs écrasés sous le poids des mythes et sous l’ombre de héros antérieurs, on a tout loisir de voir en filigrane la grandeur et la décadence (ou plutôt son annihilation) d’une littérature flamboyante, d’une culture hétérogène grandiose par sa vision et ses perspectives et qui ne subsiste que par fragments épars, visions éthérées, chez quelques téméraires artistes désirant sortir des sentiers battus.

Dix ans auparavant, les premiers tomes de cette mini-saga en bande dessinée m’avaient déjà totalement séduit avec leur couverture classieuse, une accroche fascinante et une présentation stimulante. Le nom de Fabrice Colin, en outre, avait alors de quoi me titiller l’esprit :  amateur de Tolkien et des grandes sagas de fantasy comme le Cycle des Epées (de Leiber), ce littérateur de l’Imaginaire, prolifique et multitâche, passant allègrement du roman horrifique à la pure SF tout en écrivant pour les plus jeunes, était avant tout pour moi l'un des contributeurs les plus appréciés de Casus Belli, le magazine que tous les anciens rôlistes aiment tendrement. Sa collaboration avec un Serge Lehman fervent défenseur de la cause science-fictionnesque et plus proche de la mouvance dickienne ne pouvait qu'accoucher d'un travail passionné, polymorphe et ultra-référentiel. Il me suffit de vous recopier sa dédicace pour que vous compreniez alors de quoi il retourne :

Pour J.-H. Rosny, H.-G. Wells, Jean de la Hire, Evegueni Zamiatine, Fritz Lang, Giovanni Papini, Jean Ray, Régis Messac et tous les anciens de l’Hypermonde.

Or, au départ, on s'interroge : l'illustration de couverture, somptueuse, laisse place à une histoire qui n’a rien, en soi, d’extraordinaire. On pourrait même gloser sur le fait qu’il ne s’agit que d’une resucée des tentatives de Marvel de se la jouer « historique », comme dans 1602 [cf. cet article], en lorgnant sur des initiatives plus rôlistiques (et jouissives) comme l’inénarrable Cthulhu by gaslight. Toutefois, c’est très vite une autre référence qui s'impose : La Ligue des Gentlemen extraordinaires de Moore et O’Neill [cf. cet article] semble planer par moments sur certains passages et certains enjeux. Comment par exemple intégrer plusieurs décennies de personnages légendaires et/ou historiques (et pas seulement de la vieille Europe) dans un contexte super-héroïque au sein d’un univers (a priori, mais ce sera une des surprises de l'histoire) uchronique ? Un peu à la manière des romans d’heroic fantasy, les pages 2 et 3 de couverture proposent une vision très particulière de notre continent, centrée sur des individus aux noms terriblement évocateurs : Marie Curie, Gog, le Golem, Raspoutine, les docteurs Moreau, Mabuse et Cornélius… Les lecteurs de la saga Hawkmoon de Michael Moorcock [cf. l'article sur son roman Voici l'homme], s’y retrouveront avec un intense plaisir.



Autant de références pour le lecteur et cinéphile passionné par l’Imaginaire. Dans le premier tome, Mécanoïde Curie, l'on découvre Irène Joliot-Curie au sein d’un groupe représentant les Nous Autres, communistes en armure, prendre part en septembre 1938 à une réunion secrète dans une cité mystérieuse surgie de nulle part et nommée Metropolis, où M, alias le Docteur Mabuse, annonce la chute d’un système, provoquant l’ire des super-héros « alliés » (l’Anglais et le Français), l’incompréhension des héros invités d’outre-Atlantique (dont un certain Steele qui ne trompera personne - il est des mèches de cheveux et des mâchoires carrées qu'on n'oublie pas - et une version intéressante de Doc Savage) ainsi qu'une réaction outrée des Russes.
L’épisode suivant révèle l’identité d’un nouveau héros issu des récrits de Marcel Aymé et le résultat de sa dernière mission pour l’Institut du Radium : on y découvre un Paris fantasmagorique en pleine exposition surréaliste (André Breton et Salvador Dali y font une apparition). Et petit à petit, alors que la capitale, envahie par une créature extraterrestre et terrorisée par des vampires, attend l'aide de son protecteur attitré, le Nyctalope, qui semble davantage préoccupé par d'éventuelles alliances avec une des puissances de l'Est, Irène et ses alliés, conscients qu'une sombre menace pèse sur le fragile équilibre d’un monde où se télescopent la montée des fascismes et du communisme et l’influence occulte de personnages tout-puissants, tentent de faire revenir ce qui n'était au départ qu'une légende, fondée sur des souvenirs diffus et sur les mystérieux travaux de Marie Curie : la Brigade chimérique, cette équipe de sur-êtres qu'on dit être née au sein des tranchées, et qui a su naguère sauver des centaines de vies avant de protéger le territoire puis de disparaître des faits et des mémoires. Mais oui, comme dans Watchmen, [cf. notre grand dossier sur cette œuvre] des héros font alliance face à un danger sournois, se souvenant qu'à une époque révolue, leurs prédécesseurs masqués avaient également fait régner l'ordre et la justice avant de disparaître.


Un mot sur les dessins de Gess : la simplification des postures, le dénuement des décors, les visages assez grossièrement dépeints génèrent difficilement l'enthousiasme. Néanmoins, la texture du récit, la richesse des sous-intrigues, les corrélations palpables avec la noirceur rongeant l’Europe dans cet entre-deux-guerres nonchalant et rêveur happe l'attention et dépasse les premières appréhensions. Car, à y regarder de plus près, on retrouve dans ce découpage, au morcellement très académique ainsi qu'aux jeux d’ombres prononcés, une volonté d’ambiance particulière, qui rappelle par instants Mike Mignola. Il est incontestable que c’est avant tout dans l’atmosphère (savamment entretenue par quelques graphismes rehaussés par ordinateur et une réelle qualité dans le référentiel) que l’artiste réussit à s’approprier l’histoire. 


Le récit, malicieusement allusif, se construit sur des mystères sur le point d'être révélés et des tragédies à venir qu'il faut absolument éviter. Les auteurs usent avec une audacieuse maestria de tournures élégantes et de dialogues équivoques pour planter un décor alléchant par sa richesse : l'aube cataclysmique des événements de la Seconde Guerre mondiale dans une France hésitante, se raccrochant encore à l'espoir d'une paix illusoire tandis que les puissances de l'Est s'arment lourdement et fomentent des alliances contre-nature. Mais une France qui refuse de perdre espoir : si les gouvernants choisissent la politique de l'autruche, la mémoire populaire se souvient de ceux qui ont su rallumer la flamme de l'espérance dans un contexte similaire. Car cette France est à la fois la nôtre et celle qui voit le Président du Conseil (Daladier) envoyer le super-agent Félifax en mission secrète. Oui, c'est une France merveilleuse mais naïve, qui préfère se reposer sur la toute-puissance de la nouvelle science, celle qui a engendré les chimères, autour de laquelle gravitent des personnages aux pouvoirs étranges (du Passe-Muraille cher à Marcel Aymé à l'Homme-Tigre de Paul Féval, de l'Accélérateur, protecteur du Royaume-Uni au Nyctalope) et des individus en marge de l'humanité, ayant développé des capacités extraordinaires (de Fantômas à Bob Morane en passant par Harry Dickson et Arsène Lupin).
Les Parisiens croient encore que le Comité d'Information et de Défense pourra les sauver grâce à la clairvoyance de leur super-héros, ce Nyctalope qui pourtant marque les esprits par son absence. Et s'il n'intervient point, alors peut-être que la fille de la grande Marie Curie ressuscitera les projets de l'Institut du Radium et rouvrira la Chambre Ardente...


Ces mondes inouïs, ces hyper-mondes, et leur flore et leur faune : les hyper-êtres... 
Régis MESSAC, exergue du premier tome

C'est dans les annexes de l'Intégrale que se trouve la plus grande valeur ajoutée du projet : avec "Souvenirs d'un monde perdu", les auteurs détaillent non seulement page par page, case par case, les références et origines de chacun des intervenants de l'histoire, mais ils laissent surtout transparaître, au-delà d'une indécrottable nostalgie, leur amour fervent pour un genre qui s'est auto-censuré à l'intérieur de nos frontières une fois le second conflit mondial achevé. Et de voir non seulement la manière dont le projet s'est monté, raccrochant de véritables anecdotes à un fil directeur créé de toutes pièces, associant des personnages issus de la culture populaire dans un même univers prêt à les accueillir, fusionnant légendes, mythes et récits avec un savoir-faire évident (comme quand ils font du Docteur Mabuse de Norbert Jacques l'alter-ego de M du film de Fritz Lang - qui avait lui-même réalisé deux longs-métrages sur Mabuse - tout en lui associant le concept de la cité pandimensionnelle de Metropolis) mais également l'incroyable densité de la science-fiction occidentale dans la littérature du début du siècle.
À l'image de Serge Lehman, qui s'est maintes fois élevé contre cette aberration, on peut légitimement s'offusquer devant cette oblitération massive d'un genre pourtant populaire et rayonnant. Un peu comme pour le cinéma, les Français ont lancé un concept novateur et plein de potentiel mais n'ont su l'exploiter, laissant progressivement les cousins d'outre-Atlantique s'en emparer et le faire leur. Car outre Jules Verne, l'un des rares auteurs à avoir survécu à cette annihilation culturelle, qui connaît Jean de la Hire, Paul Féval fils, René Daumal, Jean Ray, Jacques Spitz ou le grand Régis Messac ? Pas grand monde, à vrai dire. À la rigueur, on en trouvera davantage qui citeront J.H. Rosny aîné, mais sans doute plus pour sa Guerre du feu plutôt que pour sa Mort de la Terre. Et sans doute Barjavel, qui n'était à cette époque qu'à l'aube de sa carrière. Or, ces auteurs, comme le souligne fort justement l'annexe qui les mentionne, ont connu leur heure de gloire au début du XXème siècle, ils ont créé des phénomènes, engendré des relations fructueuses avec des écrivains anglo-saxons et écrit quelques-unes des plus belles pages de la SF. Mais étrangement, lorsque le genre connaîtra chez nous un nouvel essor dans les années 70, les jeunes auteurs comme Jeury, Andrevon, Curval ou Ligny s’appuieront avant tout sur l'œuvre de Philip K. Dick [cf. Le Maître du Haut-château] plutôt que sur celle de leurs aînés, déjà poussiéreux et errant dans les limbes des mémoires. Pourtant, c'est tout un univers de possibilités qui mérite d'être redécouvert, ré-exploité, tout un patrimoine vibrant, fulminant, bouillonnant que Lehman et Colin ont eu tellement raison d'exhumer, le brandissant tel l'étendard illuminé d'une révolte des consciences.
À l'heure où, ne sachant plus quoi inventer, le cinéma populaire passe son temps à réadapter des franchises comme Sherlock Holmes, pourquoi ne pas en faire autant ? Sachant que les droits des Sentinelles de Xavier Dorrison et de La Brigade chimérique ont été vendus dans le but d'une adaptation cinéma, on est en droit d'espérer un avenir un peu plus souriant.


L'Intégrale est parue pour la première fois en octobre 2012 aux éditions l'Atalante, deux ans après son adaptation en jeu de rôles (aux éditions Sans-Détour).
La Brigade chimérique est une réussite tant artistique que conceptuelle, capable de se transcender dans sa seconde partie en devenant à la fois plus lyrique et psychologique, confrontant légendes vivantes et illusions perdues. C'est le témoignage de ce qui aurait pu être et qui pourrait à nouveau le devenir.
À lire absolument.


                                


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un projet ambitieux, d'une densité inouïe.
  • La résurgence de héros oubliés dans un récit mêlant avec talent stratégies politiques et personnages fantasmagoriques.
  • Un ouvrage riche, élégant, doté de magnifiques planches en pleine page et d'annexes indispensables par leurs références et témoignages.
  • En bonus : un très bel ex-libris représentant le quatuor de la Brigade.

  • Des dessins parfois un peu trop confinés dans un découpage classique, avec des visages manquant de définition.
Kit d'Initiation au Jeu de Rôles
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On passe en revue aujourd'hui le kit Larousse d'initiation au Jeu de Rôles.

Voilà de quoi initier facilement vos amis ou votre famille aux fameux JdR, parfois encore considérés comme difficiles d'accès. Larousse a plutôt bien fait les choses avec cette boîte très complète, contenant un matériel de qualité.
Ce "kit" contient le guide du maître de jeu, deux livrets correspondant aux deux scénarios jouables, 20 cartes de personnages prétirés, 20 cartes spéciales (comportant des portraits, indices, plans ou documents), plusieurs cartes (format A4) en version joueurs et MdJ, un écran avec aides de jeu (rappelant certains points de règles) pour le MdJ, et enfin un dé à 10 faces.

Premier point positif, les deux aventures jouables sont très différentes et se déroulent dans des univers bien distincts. L'on aura ainsi le choix entre une ambiance fantasy ou gothique. Le scénario gothique, La Nuit des Archéologues, met en scène un séjour chez un riche collectionneur qui vient d'acquérir un objet étrange. Une plongée dans l'étrange et le surnaturel donc. Le second scénario, plus classique, s'intitule La Quête du Dragon d'Or et est centré sur un groupe de héros engagés par la tenancière d'une taverne pour découvrir le secret de la chance insolente de l'un de ses clients.
Évidemment, l'on retrouve une forte influence des deux jeux majeurs et bien connus que sont L'Appel de Cthulhu et Donjons et Dragons.




Les scénarios sont plutôt bien fichus (même si très dirigistes), avec une description succincte du cadre général de l'histoire, quelques conseils génériques, et même les sources d'inspiration ou encore des suggestions de musiques pour rendre l'atmosphère des différentes scènes.
Le guide du maître de jeu est bien conçu et très abordable, même par de parfaits novices. Les règles sont elles aussi très simples. En ce qui concerne les combats ou la résolution des diverses actions, en gros, si vous faites un jet entre 1 et 5, c'est manqué, entre 6 et 10, c'est réussi. Bien évidemment, des modificateurs peuvent vous donner des bonus et malus, suivant la difficulté de l'action ou les compétences ou objets des personnages.

Voyons un peu ces fameux personnages justement. Chaque fiche comporte la photo et le nom du protagoniste à incarner, ainsi que son âge et sa profession. Les compétences sont au nombre de sept : Esprit, Connaissances, Discrétion, Observation, Corps, Combat et Charisme. L'on trouve aussi des jauges d'état (par exemple reposé/fatigué/épuisé) qui permettront de modifier la difficulté d'une action. Enfin, les fiches comportent également la description du matériel possédé par le personnage, ainsi que quelques lignes sur son passé. Et si vraiment les personnages prétirés ne vous conviennent pas, il est possible bien entendu d'en créer de nouveaux.

Alors, tout cela est très simpliste, mais c'est un peu le but puisqu'il s'agit d'initiation. Ne vous attendez donc pas à trouver la description complète d'un vaste univers, il s'agit plutôt de mini-environnements destinés à un one-shot en famille ou avec des joueurs découvrant le roleplay.
Tout est prêt pour démarrer immédiatement une partie, même si forcément le maître de jeu aura pas mal de lecture et un peu de préparation à faire (mais il est vraiment guidé et "pris par la main" à chaque étape). Tout cela est complété par un petit lexique.
Pour moins de 15 euros, ça vaut largement le coup. Si vous n'aviez jamais osé franchir le pas, ce kit devrait vous faire entrevoir les possibilités infinies de ce genre de jeux et vous permettre, qui sait, de découvrir ensuite des univers et systèmes plus élaborés.

À découvrir.





+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La possibilité de choisir entre deux univers très différents.
  • La simplicité du système de jeu.
  • De nombreux conseils, souvent pertinents.
  • Un matériel de qualité et très complet.
  • Petit prix.

  • Forcément tout cela est limité à deux scénarios, mais c'est le concept de kit d'initiation qui veut ça.
Virgul d'Or : Tops et Flops 2019
Par


Troisième "cérémonie" des Virgul d'Or avec cette année encore de bien jolis tops et flops (cf. les résultats des éditions 2017 et 2018). Au menu, du karaté, des nichons et de la SF. Ah on s'est pas foutus de vous !



-- TOPS --


Brink
Dans la catégorie "comic de SF bien écrit et disposant d'une ambiance flippante", le Virgul d'Or est attribué à Brink, une excellente série publiée chez Akileos (cf. cet article pour la critique complète).
En gros, après avoir bousillé sa planète d'origine, le restant de l'humanité vit maintenant dans des structures spatiales appelées "Habitats". Avec une jolie consommation d'anti-dépresseurs en prime pour supporter la délocalisation définitive. C'est dans ce milieu oppressant que Bridget Kurtis et Carl Brinkmann, agents de la Division de la Sécurité de l'Habitat, vont devoir enquêter sur une sombre affaire de secte...
Un excellent Dan Abnett parvient ici à mélanger mythes, science, SF et personnages atypiques tout au long d'une intrigue passionnante et réservant son lot de surprises.
Excellent !





The Babe
Grosse réussite pour cette production française indépendante issue du circuit alternatif mais rivalisant sans peine qualitativement avec les titres des maisons d'édition traditionnelles et qui s'impose (et de loin !) dans la catégorie "BD française qu'on n'attendait pas vraiment mais qui défonce tout !".
The Babe, héroïne au caractère bien trempé et aux "boobs" dévastateurs, s'attaque à la corruption de Skin City (cf. l'article complet) ! Le tout scénarisé par Mobias et dessiné par Atlante.
Second degré assumé et action trépidante pour cette première aventure saupoudrée de critique sociale et bénéficiant de magnifiques planches. Soulignons la réalisation de l'album, particulièrement soignée. Et en plus, il y a des ninjas !
Original et fun !





The Art of Self-Defense
Dans la catégorie "je me moque des films d'arts martiaux mais je parviens tout de même à bâtir une intrigue solide et à m'offrir le luxe d'une morale pas dégueu", on retrouve The Art of Self-Defense, un long métrage de Riley Sterns.
Casey, un type banal et souffrant d'une timidité maladive, subit un soir une terrible agression en rentrant chez lui. Il en retire un arrêt de travail et une phobie naissante. Pour lutter contre ses démons, il va avoir l'idée de s'inscrire à un cours de karaté. Le voilà au début d'une quête personnelle dont il n'imaginait pas les implications... (cf. cet article pour lire la critique complète)
Pour le coup, voilà un film original, drôle et inspiré, qui s'amuse de certains classiques (et de leur morale parfois étrange) tout en se moquant de dérives bien actuelles.
Brillant.





-- FLOPS --


Nicky Larson et le Parfum de Cupidon
Ouch !
Dans la catégorie "il n'est pas suffisant d'être fan d'un manga ou d'un dessin animé pour pouvoir en faire un bon film", voilà une adaptation totalement ratée malgré la passion et les efforts d'un Philippe Lacheau qui n'aura pas su réellement s'approprier l'esprit de la série. Entre le jeu misérable de la plupart des acteurs, les beauferies bien lourdingues et les références multiples mais hors-sujet et plombantes, pas grand-chose à retenir, si ce n'est la prestation de Fontan et un gun fight final plutôt bien chorégraphié et mis en scène.
Par contre, si vous aimez l'humour baignant dans la graisse, qui ferait passer Bigard pour le summum du raffinement, là vous risquez de vous éclater. Vous pouvez basculer sur cet article complet si vous tenez vraiment à en savoir plus...
Heurk.





Anthologie de Stephen King à l'écran
Dans la catégorie "blindé de conneries et fait à la va-vite, mais c'est pas grave parce que le gars a des fans donc on va se goinfrer", voilà un machin très joli d'aspect mais au contenu ô combien vérolé.
Erreurs factuelles, coquilles, opinions personnelles non argumentées mais assénées comme des coups de massue, photos de merde récupérées sur internet dans une définition crasseuse, style étrange alliant anglicisme et insultes, bref, vous l'aurez compris, trop de défauts importants pour que l'on puisse se réjouir d'un tel achat.
Bon, il y a bien quelques points positifs, comme les fresques chronologiques et quelques anecdotes sympas, mais même en étant fan de l'auteur, ça reste bien léger. Le détail du désastre est exposé dans cet article.
Dispensable.





Simetierre (version 2019)
Décidément, autant le vieux briscard du Maine accumule les réussites avec ses romans, autant ce qui tourne autour de son œuvre s'avère souvent décevant. Dans la catégorie "on sait que rien ne battra jamais le désastre de l'adaptation de La Tour Sombre mais on essaie quand même", cette nouvelle version de Pet Sematary passe de nouveau complètement à côté de la profondeur et de l'aspect émotionnel du roman.
Certains ont pu reprocher un changement majeur lors d'une scène importante (qui ne concerne plus le même personnage), pourtant cela faisait partie des rares bonnes idées des réalisateurs. On se fiche bien de qui est concerné (cela permettait en plus de surprendre un peu les lecteurs du roman) tant que la thématique et l'esprit de l'intrigue sont conservés. Or, ce n'est pas le cas ici, le scénariste s'éloignant du drame familial originel pour ne garder que les aspects fantastiques et horrifiques qui, loin d'être le cœur de ce récit poignant, étaient présents uniquement pour mettre en relief les relations dysfonctionnelles entre les personnages. La critique complète dans cet article.
Un film correct mais qui demeure une adaptation médiocre.