A House of Shit
Publié le
28.10.25
Par
Nolt
C'est le mois où décidément les réalisateurs repoussent les limites de la médiocrité. Un bel exemple avec A House of Dynamite.
Bon, on va dévoiler l'entièreté du film, mais au bout de 10 minutes, vous avez de toute façon l'intégralité de l'histoire. Ce n'est pas une blague ou une exagération, c'est vrai. Et au bout de 30 minutes, vous avez même la totalité des dialogues. Comment est-ce possible dans un film de 1h52, vous demandez-vous ? Ben on va voir ça, agrippez-vous bien à votre chaise, ça peut surprendre.
Alors, voilà le pitch : un missile nucléaire visant leur territoire est détecté par les forces militaires des États-Unis. Que ce soit dans la salle de crise de la Maison Blanche ou au QG du commandement stratégique de la défense, la tension s'installe.
Voilà, vous avez toute l'histoire, à 100 %. Le pitch, c'est la totalité du récit. Première fois qu'on voit un truc pareil...
Ce "film" est réalisé par Kathryn Bigelow, qui tout de même n'a pas fait que de la merde jusqu'ici. On lui doit notamment Point Break, Strange Days, Démineurs, Le Poids de l'Eau, Zero Dark Thirty ou encore Aux Frontières de l'Aube. Des œuvres qui pour certaines avaient des défauts mais qui avaient pour point commun de toutes tenir la route.
Ici, ce n'est pas la même compote.
Pourtant, la première demi-heure est vraiment bien fichue. C'est tendu, efficace, on ressent le stress des personnages, le côté terrifiant de la situation, bref, ça part très bien. Et tout s'arrête sur un fondu au noir qui marque la fin de la première partie (et en réalité du film), alors que le président américain va prendre une décision cruciale (riposter ou non). Et là, on repart sur la même histoire, d'un point de vue légèrement différent. Bien entendu, rien de bien nouveau, ça s'est déjà vu, dans Jackie Brown par exemple. Sauf que, dans ce Tarantino, la scène qui est reprise trois fois dure 4 ou 5 minutes, pas 30. Et le spectateur n'est pas suspendu à un énorme cliffhanger. Toute la tension retombe donc peu à peu, puisque l'on a déjà assisté à tous les événements (les missiles anti-missiles qui ne fonctionnent pas, l'annonce de la ville qui est visée, etc.). Puis nouveau fondu au noir et troisième partie, qui raconte encore une fois strictement la même chose (sauf que là, on a une conversation en plus, dont on se fout totalement, entre le président et sa femme).
Bigelow a réussi l'exploit de faire un film de près de deux heures avec un court-métrage mal écrit de 30 minutes. Et on n'est pas au bout de nos peines. Car non seulement, l'on n'aura jamais la décision du président, on ne sait pas qui est l'ennemi qui a tiré ce missile, mais on n'assiste pas non plus à la scène spectaculaire que tout le monde attend (la destruction de Chicago). Le film n'a pas de fin. D'ailleurs, quand arrive le générique (un abominable tunnel de plus de 11 minutes), l'on est tellement décontenancé qu'on se dit qu'il doit y avoir une scène finale à venir, de quelques minutes, histoire d'avoir une quelconque conclusion. Bah non. C'est fini, il n'y avait rien à voir, vous avez perdu deux heures de votre temps.
Les critiques presse concernant cette arnaque cinématographique sont incompréhensibles (ou alors, les mecs étaient allés voir Kaamelott 2, et ils étaient tellement soulagés de voir un début réellement bien monté qu'ils ont abandonné tout sens critique). On nous dit que c'est "rusé" et "maîtrisé", mais c'est quoi la "ruse" ? Raconter trois fois la putain de même chose ? Certains sortent que c'est "palpitant", oui, les 30 premières minutes, mais ensuite ? En quoi ce serait "palpitant" de voir trois fois de suite la même chose, alors que la réalisatrice laisse l'essentiel en suspension ?
Et le pire, c'est que ces escrocs de journaleux s'extasient comme les blaireaux qu'ils sont sur le "message politique" du bazar. Ah, il y avait un "message" ? Lequel ? "Les missiles, ça fait peur" ? "C'est complexe de prendre une décision dans ces cas-là" ? Non mais, on s'adresse vraiment à des demeurés là.
Il y avait matière, bien entendu, à un discours politique, mais encore faut-il avoir l'intelligence d'en pondre un. Peut-être est-ce dû à l'âge, mais Bigelow n'affiche ici qu'un encéphalogramme désespérément plat.
Au final, voilà un court-métrage banal, sans aucun conclusion ni aucun message sous-jacent, qui est présenté avec un sérieux et une prétention insupportables. Une absurdité parfaitement calibrée pour tous les ahuris qui pensent voir de l'intelligence dès qu'ils ont affaire à quelque chose d'incompréhensible et de plus con qu'eux.
Si vous voulez voir un truc dans le genre, en mille fois mieux écrit et réalisé, il existe un téléfilm américain en deux parties (2 x 100 minutes), sorti en 1982 et intitulé La Troisième Guerre Mondiale (avec, entre autres, David Soul et Rock Hudson). Non seulement le récit est mieux structuré, la tension bien plus intense, mais il contient un vrai message politique et un final bien pensé et particulièrement impactant.
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