Bull Mountain : polar redneck
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Un polar violent, futé et redneck, voilà ce qui vous attend à la lecture de Bull Mountain.

Le clan Burroughs fait la loi depuis des générations sur Bull Mountain, dans le nord de la Géorgie. La famille s'est adaptée aux époques en écoulant d'abord de l'alcool de contrebande puis du cannabis avant de passer à la méthamphétamine. Le territoire est protégé grâce aux armes vendues par un gang de motards.
Si en haut, dans la montagne, c'est Halford Burroughs qui fait la loi, dans la vallée, c'est son frère, Clayton, qui porte l'étoile de shérif. Il est le seul à avoir tenté de vaincre la malédiction familiale, commencée avec son grand-père Cooper et poursuivie par son propre père puis ses frères. Une malédiction faite d'assassinats, de coups, de cadavres enterrés dans la forêt...
Quand l'agent Holly, de l'ATF, débarque dans le bureau de Clayton pour lui proposer un marché, ce dernier entrevoit une porte de sortie pour son frère. Un moyen de lui éviter la prison ou le sort funeste de Buckley, abattu par les fédéraux.
Mais à Bull Mountain, les choses ne sont pas si simples. Peu importe l'argent, la loi et le pouvoir, au bout du compte, seule la famille importe vraiment. La famille et cette terre maudite qui la fait vivre.

Avec ce roman publié en France le mois dernier par Actes Sud, Brian Panowich signe un polar noueux, terreux, dont l'ambiance se situe à mi-chemin entre Justified pour le background et Sons of Anarchy pour la fresque familiale tragique.
La scène d'introduction donne immédiatement le ton avec un meurtre perpétré par Cooper Burroughs devant son propre fils alors qu'il n'est qu'un gamin. Non par hasard mais pour lui donner une leçon de vie. On comprend vite comment Gareth, enfant innocent et sensible, devient inexorablement un homme violent et dur, qui va élever ses fils en suivant la voie tracée par son père. Dans un tel contexte, l'effort de Clayton pour s'extirper de ce sombre destin n'en est que plus admirable.

De courts chapitres alternent les points de vue entre les différents narrateurs. Le style est fluide et agréable, la traduction de qualité. L'on découvre peu à peu le lourd passif familial grâce à des analepses qui dévoilent l'historique du clan. Le milieu dépeint - la campagne sudiste, non loin d'Atlanta - est étouffant, bestial, explosif. L'auteur construit une machination quelque peu scabreuse sur la fin (beaucoup d'éléments semblent se dérouler "par hasard" et ne sont pas si bien planifiés que ça) mais efficace et maintenant un suspense constant.
Le retournement de situation final est un poil too much, mais l'on ressort satisfait d'avoir passé un aussi savoureux moment au milieu des paysans caractériels et des trafiquants (que l'on devrait retrouver d'ailleurs, puisque l'auteur a annoncé une suite).

Un univers âpre et moite, parfaitement servi par une intrigue prenante et un style élégant.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La campagne sudiste profonde.
  • Des personnages bien campés.
  • Un suspense bien construit.
  • Une traduction de qualité.

  • Une certaine invraisemblance concernant certains éléments secondaires de l'intrigue.