Southern Comfort
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Direction les bayous de Louisiane pour un Walter Hill trop méconnu : Southern Comfort.

Sorti en France sous le titre peu inspiré Sans Retour, ce cinquième long-métrage de Walter Hill est un survival moite et tendu, au casting plutôt sympathique : en vrac, l'on peut citer Keith Carradine, Powers Boothe ou encore Fred Ward.
Dans un premier temps, voyons un peu de quoi il est question.

Neuf types, faisant partie de la Garde Nationale de Louisiane (en gros, des réservistes qui sont mobilisés en général lors d'événements graves tels que des catastrophes naturelles ou des émeutes de grande ampleur) participent à un exercice dans les bayous (les bayous, toujours en gros, c'est une sorte de forêt inondée, infestée de moustiques et de saloperies, perso, j'y enverrais même pas un animateur télé). Les gars en ont un peu marre et, pour rejoindre plus rapidement leur point de ralliement, ils "empruntent" des barques (une barque, en gros, c'est... ouais, mais merde, on va pas tout expliquer hein, si vous ne connaissez rien à rien, faites une télé-réalité ou devenez porte-parole du gouvernement !). 
Bref, c'est quand les mecs ont leurs culs dans leurs barques que les Cadiens (Cadien, c'est la manière non péjorative de désigner un Cajun, et si tu ne sais pas ce que "Cajun" veut dire, va écrire des chansons pour Patrick Bruel et fous-nous la paix !!) du coin rappliquent. 
Les Cadiens, forcément, ne sont pas jouasses de voir que des malpolis en treillis viennent de faire main basse sur leurs embarcations. Et là, le génie de la bande (des gardes nationaux) a une idée : il fait semblant de leur tirer dessus. Avec bien entendu des balles à blanc, sauf que, les Cadiens, eux, ils n'en savent foutrement rien que ce sont des balles à blanc. Et il n'y a rien qui ressemble plus à un type qui essaie de te descendre qu'un type qui fait semblant d'essayer de te descendre. Du coup, les Cadiens ripostent et là, tout se complique...


Alors, évacuons déjà un mythe : ce film n'est pas, contrairement à ce qu'on peut souvent lire, une allégorie sur la guerre du Vietnam. Hill lui-même a réfuté cette thèse idiote qui ne reposait d'ailleurs sur rien. Tout ne concerne pas le Vietnam dès que l'on met en scène trois ricains qui crapahutent dans un bourbier avec des M-16, bordel ! On dirait le personnage de Walter dans The Big Lebowski !
Je ne suis même pas certain que Southern Comfort véhicule un message quelconque. C'est juste un bon défouloir, plutôt efficace, qui oppose un groupe de connards (la plupart des gardes sont quand même de sacrés demeurés) à un groupe de pécores qui sentent bon la consanguinité. Et si on ajoute des flingues au milieu de tout ça, il y a de grandes chances pour que ça se passe plutôt mal.

On peut voir par contre un cousinage avec le mythique Deliverance de John Boorman, sorti pratiquement 10 ans plus tôt, même si Southern Comfort se déroule dans un cadre naturel bien plus inquiétant et désolé que les rapides de Caroline du Nord. Autre différence qui a son importance, les indigènes (ça ne désigne pas des sauvages, mais les habitants natifs du lieu dont il est question, par opposition à allogènes) ne sont pas ici responsables de la confrontation. 
Du coup, s'il n'y a pas de sous-texte et si les types pris en chasse sont en majorité des trous du cul antipathiques, c'est quoi l'intérêt alors ? Eh bien, tout repose en grande partie sur un personnage : Charles Hardin. Dès le départ, il dénote clairement dans la section d'excités et de mous du cervelet où il aboutit. C'est un élément extérieur, raisonnable, sensé, subissant les actions d'un groupe qu'il ne cautionne pas et tentant de ramener à la raison des hommes terrifiés et prenant mauvaise décision sur mauvaise décision. Seul Spencer, autre personnage raisonnable et doté de neurones en état de fonctionnement, fera office d'allié dans ces circonstances où Hardin doit se battre contre tout (son environnement, ses compagnons et les types à leurs trousses).

Il faut avouer que le côté "merdier épouvantable" est très bien rendu. La scène finale, d'ailleurs, dans le village cadien, est particulièrement bien réalisée et stressante. Le tout sur de la musique du cru, avec notamment le classique Parlez-nous à boire. Tiens, on va vous le mettre juste en-dessous, histoire de vous plonger dans l'ambiance. Bien que la chanson soit en français, les paroles ne sont pas évidentes à comprendre, aussi, bam, on vous les balance aussi. UMAC, premier sur les trads français/français !

Southern Comfort est un de ces films à l'ancienne, efficace et décomplexé, qui propose de l'action frénétique emballée dans un décor flippant, avec en prime quelques personnages certes caricaturaux mais au final bien caricaturés. 
Vivement conseillé.
Et arrête avec le Vietnam, Walter !!


 Refrain

Oh parlez-nous à boire,
Non pas du mariage !
Toujours en regrettant
Nos jolis temps passés !

Couplets

Si que tu te maries
Avec une jolie fille,
T'es dans les grands dangers
Ça va te la voler !

Si que tu te maries
Avec une vilaine fille,
T'es dans les grands dangers
Faudra tu fais ta vie avec !

Si que tu te maries
Avec une fille bien pauvre,
T'es dans les grands dangers
Faudra travailler toute la vie !

Si que tu te maries
Avec une fille qu'a d'quoi,
T'es dans les grands dangers
Tu vas attraper des grands reproches !

Fameux, toi grand vaurien,
Qu'a tout gaspillé mon bien !
Fameux, toi grand vaurien,
Qu'a tout gaspillé mon bien !



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Le cadre, exotique et flippant.
  • Un survival efficace, au final tendu.
  • Le casting.
  • Les demeurés, criants de vérité.


  • Désolé de décevoir, mais ça ne parle pas du tout du fucking Vietnam !
  • Avec un brin d'ambition au niveau de l'écriture et du sous-texte, Hill aurait pu signer un chef-d'œuvre (et une belle allégorie sur la guerre du V... argh).