Publié le
20.12.25
Par
Nolt
Les Trois Mousquetaires (et ses suites, Vingt Ans Après et Le Vicomte de Bragelonne) : une saga mêlant aventure, intrigues politiques, Histoire, comédie, drame et romance. Des romans épiques, au style ciselé, sur l’amitié, le devoir et le courage.
Plus qu’une fiction empreinte de réalité, il s’agit d’une brique fondamentale du mythe de la France éternelle, celle qui brillait encore de ses hautes qualités et n’avait pas trop à rougir de ses quelques faiblesses. Un récit que l’on peut lire enfant, pour s’enivrer des exploits des héros, et relire adulte, pour comprendre leurs failles et goûter à la subtilité d'Alexandre Dumas. Summum de la « pop culture » de qualité – celle qui a la politesse de divertir et le bon goût d’éveiller les sens et forger l’esprit – la trilogie des Mousquetaires demeure, près de deux siècles après sa publication, un pilier de la littérature française et l’un de ces livres que l’on repose tardivement sur la table de nuit, le cœur battant et l’âme en feu.
Attention : le texte étant libre de droits, il existe bien des versions de piètre qualité, imprimées sans souci de la qualité par des opportunistes sans talent. Veillez donc à vous procurer des exemplaires issus de véritables maisons d’édition (ici, il s’agit de la collection Bouquins de Robert Laffont).
Publié le
18.12.25
Par
Nolt
Une adaptation BD d'un classique de la littérature : D'Artagnan, journal d'un cadet.
Attention, chef-d'œuvre.
France, 1625. Le roi Louis XIII règne sur le pays, gouverné en réalité par son premier ministre, le cardinal de Richelieu.
Un jeune gascon, plein d'audace et de fougue, débarque à Paris dans l'espoir de pouvoir intégrer le corps d'élite des mousquetaires. Malheureusement, sa maladresse et son emportement lui valent, dès son arrivée, trois duels, pratique interdite mais pourtant courante chez les gentilshommes. Par un heureux concours de circonstances, les adversaires du jeune d'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis, vont devenir ses meilleurs amis.
Ensemble, ils vont déjouer un complot, partir à la guerre, venger un amour perdu... ces hommes sont turbulents, gouailleurs, profiteurs, un peu menteurs, mais ils possèdent une qualité précieuse : ils se battent les uns pour les autres et n'abandonnent jamais un frère d'armes à son sort.
L'adaptation d'une œuvre, d'un medium à un autre, est un art difficile que peu d'auteurs maîtrisent. Et concernant Les Trois Mousquetaires, les tentatives sont légion (ne parlons même pas de la merde wokiste qui a récemment fait un flop mérité au cinéma). Pourtant, l'auteur, Nicolas Juncker, livre ici une version d'une maîtrise et d'une force exceptionnelles en parvenant à s'approprier et revisiter le classique d'Alexandre Dumas.
C'est bien simple, la BD vous "explose à la gueule" dès les premières pages. Le style graphique tout d'abord, faussement simpliste, est à la fois beau, efficace et chargé d'émotion. Le récit suit évidemment la trame du roman originel, mais toute la trame, c'est à dire jusqu'à la mort de Milady, en passant par le siège de La Rochelle, alors que, dans d'autres adaptations - et dans l'inconscient populaire - c'est surtout l'affaire des ferrets de la reine que l'on a retenu. Ce choix judicieux permet de commencer de manière légère (les extraits du journal de d'Artagnan, qui contrastent très fortement avec la réalité dessinée des planches, sont fort drôles) et de terminer sur un véritable drame (le siège de La Rochelle n'a rien d'une partie de plaisir et la fin de Milady laisse un goût amer et désespéré).
Il ne s'agit donc pas seulement d'un récit historique, ou d'aventure, mais du destin de quatre amis, au parcours parfois tragique, ayant une haute vision de l'honneur et du devoir. L'époque est évidemment en plus propice aux intrigues en tout genre, domaine dans lequel excelle un cardinal aussi glaçant qu'effrayant.
Et puis, au-delà des péripéties, des bons mots et de la politique, il y a ce petit côté vain et absurde, mais étrangement admirable, de deux personnes qui se haïssent, se battent régulièrement en duel, et finissent par nourrir l'une pour l'autre une forme de respect, voire des sentiments amicaux. Allez savoir ce qui se cache dans l'esprit d'un homme...
L'ouvrage, paru initialement en 2008 aux éditions Milan, a été réédité en 2011, chez [treize étrange], devenu un label des éditions Glénat, au prix de 25 euros. Pour les 265 pages et la qualité de l'ensemble, notamment du texte, c'est tout à fait convenable. Un petit carnet d'esquisses complète l'ensemble.
Une adaptation magistrale d'un très grand classique qui n'a rien perdu de sa force et de sa profondeur.
Le genre de BD qui rappelle, si besoin est, que le neuvième art n'a pas à rougir devant ses cousins, parfois quelque peu condescendants, que sont le roman et le cinéma.
D'Artagnan père, sous la plume d'Alexandre Dumas.
— Ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures. Battez-vous à tout propos. D'autant plus que les duels dont défendus et que, par conséquent, il y a deux fois du courage à se battre.
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16.12.25
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Nolt
Retour sur un roman issu de l'univers de Fables et intitulé Peter & Max.
Les Piper sont une famille de musiciens itinérants. Ils passent leur temps sur les routes du royaume de la Hesse, passant de villages en hameaux à l'aide de leur roulotte branlante, tirée par leur fidèle mule. Johannes, le père, est le leader de la petite troupe. Il est accompagné par sa femme, qui joue du tambourin, et ses deux fils, Max et Peter. Max, l'ainé, est un bon musicien, mais son petit frère, bien que plus jeune, le dépasse déjà dans l'art subtil d'enchanter les foules par les mélodies qu'il tire de sa flûte à bec.
Lorsque Johannes fait don de la précieuse Givre - une flûte enchantée - à Peter, Max en est affreusement peiné. Quelque chose se brise en lui. Alors qu'il pensait que l'instrument lui revenait de droit, voilà qu'on lui vole ce qu'il considérait comme son bien !
Mais l'incident est vite relégué au second plan. En effet, des troupes étrangères viennent d'envahir le royaume. Pour les Piper et leurs amis, les Peep, c'est maintenant le temps de l'exil. À travers la Forêt Noire, les fuyards tentent d'échapper à la tyrannie. Ils ignorent, bien évidemment, que le plus grand danger viendra de leurs propres rangs. Dans les profondeurs des bois, Max rumine et imagine sa vengeance. L'adolescent blessé se transforme peu à peu en un monstre que plus rien n'arrêtera.
Pour Peter et la jolie Bo Peep, c'est le début d'un périple qui les conduira à devenir des criminels et à affronter un Max à la puissance démesurée...
Fables est une série Vertigo écrite avec talent par Bill Willingham. L'auteur y réinvente les contes de notre enfance avec un ton et une approche résolument modernes. Cette fois, il ajoute une pierre de taille à son univers sous la forme d'un roman. Dès les premières pages, les éventuelles craintes sont immédiatement levées ; l'homme possède une plume habile et parvient sans peine à retranscrire l'essentiel de ce qui a fait le succès du titre. Les personnages sont magnifiquement campés et possèdent des personnalités attachantes, un humour subtil et un fort potentiel dramatique. L'on navigue entre tendresse et cruauté, sans jamais verser dans la niaiserie ou l'horreur pure.
L'ouvrage alterne en fait intrigue actuelle et événements anciens, peu à peu révélés. La partie située dans les Royaumes constitue tout de même l'essentiel du récit et devrait sembler familière aux habitués de certains jeux de rôle, avec Gobelins, sorcières et autres guildes. Willingham cuisine des ingrédients connus mais (et c'est bien là l'essentiel) parvient à en tirer une recette unique, pleine de sensibilité et agréablement épicée.
Bien entendu, puisque l'on parle de flûte, vous aurez compris que l'histoire est inspirée de la légende allemande du joueur de flûte de Hamelin. Sa réinterprétation est suffisamment bien fichue pour que l'on oublie rapidement les vagues réminiscences de l'enfance pour se plonger dans de bien actuelles émotions. Seul léger bémol : la conclusion (dans le monde moderne), un peu trop rapide et manquant de panache. Rien toutefois qui puisse se révéler insurmontable tant l'ensemble est agréable et bien construit.
Alors, pour ceux qui ne connaitraient pas les comics Fables, pas d'inquiétude, ce roman peut se lire et s'apprécier de manière totalement autonome. Par contre, si vous avez comme projet de lire les BD, mieux vaut le faire avant puisque ce livre dévoile tout de même quelques événements importants (pour éclairer un peu les habitués sans trop en dire, il se situe après le changement de maire et après un certain mariage retentissant).
Peter & Max est sorti en 2010 chez Bragelonne. L'ouvrage contient quelques illustrations de Steve Leialoha ainsi qu'une petite BD inédite de huit planches.
Un beau conte vivement conseillé, que l'on soit ou non lecteur de la série.
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15.12.25
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Nolt
Gros plan sur Cerebus. Ou introduction à l'Oryctérope et ses mouvements d'humeur.
Cerebus, un oryctérope bagarreur, roublard et quelque peu misanthrope, arrive dans la cité de Iest où sa réputation l'a précédée. Il est accueilli comme un prince au Régence, un hôtel de luxe dans lequel il prend ses quartiers.
Représentant de Lord Julius, Cerebus est bientôt assailli par divers marchands souhaitant se faire remarquer afin de bénéficier de futurs juteux contrats. Lassé par tant de flagornerie, Cerebus décide alors de participer à son propre enlèvement pour pouvoir empocher la rançon. Quelques péripéties plus tard, le voilà non seulement guère plus riche mais même endetté... usant de son habileté politique, l'oryctérope est sur le point de mettre la main sur l'argent dont il a besoin lorsque le Cafard de Lune, en assassinant un homme d'affaire, met un terme à ses plans.
Et ce n'est pas tout, des élections se profilent à l'horizon. L'occasion pour Cerebus de prendre le pouvoir en plus de quelques piécettes. Pour cela, il faudra toutefois battre l'adversaire désigné par Lord Julius, adversaire qui se trouve être... une chèvre !
Si ce résumé du tome High Society vous paraît dingue, c'est parce que l'œuvre l'est et l'auteur, Dave Sim, aussi un peu. Il faut dire que le type a cherché l'inspiration à la dure, en ne consommant pas que du jus de tomate. Difficile de dire si le cannabis et le LSD y sont vraiment pour quelque chose, mais toujours est-il que le résultat est une énorme saga, de 300 épisodes et plus de 6000 planches, écrites et dessinées entre 1977 et 2004. C'est seulement en 2010 qu'une version étrangère (française en l'occurrence) sera autorisée. Essentiellement parce que Dave Sim, en plus d'être un original, est un intégriste de l'auto-publication. À tel point que son personnage est libre de droit pour qui souhaite l'utiliser dans ses propres créations et que Cerebus, après la mort de son auteur, tombera dans le domaine public.
Voyons un peu en détail ce premier tome (qui est en fait le deuxième de la série mais qui avait également été le premier à paraître en VO) édité à l'époque par Vertige Graphic.
Pour commencer, juste pour ceux qui l'ignoreraient, un oryctérope est un animal qui existe réellement et qui peut probablement se vanter de faire partie des résultats les plus ridicules de l'évolution. Ou alors Wotan a vraiment le sens de l'humour. Si Cerebus a donc un physique particulier, les personnages qui l'entourent sont eux tout à fait normaux. Enfin, ils sont humains disons.
Le récit se déroule dans une société assez réaliste et complexe où la corruption règne en maître. Le héros manœuvre au milieu des requins et des margoulins avec une aisance certaine, ce qui lui permet de lancer régulièrement quelques vannes assassines avec un cynisme des plus jouissifs. L'humour est donc présent et la critique sociale se révèle acerbe. En plus du monde économique et politique, Sim va également mettre en scène des personnages réels ou encore parodier des héros bien connus. Le fameux Cafard du résumé par exemple est franchement inspiré du Moon Knight de Marvel.
Graphiquement, le tout est plutôt agréable malgré le côté toujours austère du noir & blanc. Il faut dire que le style de Sim est parfois très minimaliste. D'un autre côté, l'homme est habile et va se lancer dans toute une série d'expérimentations, parfois assez novatrices. Il va jouer sur le lettrage (avec une manière très réussie de représenter un écho par exemple), s'amuse à faire basculer le sens de lecture, alterne de simples dialogues illustrés avec ensuite, entre autres, des transcriptions de discours, bref, la volonté de faire exploser les conventions est là. Et même si tout le monde n'est pas apte à dynamiter ce qui en général sert de base à une narration, il faut avouer que Sim s'en sort souvent haut la main. Notons que certains dessins sont parfois incroyablement puissants et émouvants, ne serait-ce que par la force d'expression des visages et les regards véhiculant une émotion brute et terriblement "vraie".
L'auteur décrit également un univers riche et personnel où il va pousser assez loin le sens du détail. Ainsi, lorsque les protagonistes se lancent dans une partie de cartes, il ne se contente pas de les faire jouer à la belote ou au rami mais invente et présente son propre jeu. Bon, ce n'est qu'un poker simplifié, tendance heroic-fantasy, mais l'effort se doit d'être souligné.
Du coup, ça serait-y pas génial tout ça ? Ben... pas tout à fait.
Certaines parties notamment traînent pas mal en longueur. Et là on en revient à la difficulté de l'auto-publication. Car un éditeur - enfin, un "bon" éditeur - n'est pas juste un imprimeur ou un méchant arriviste qui veut piquer le pognon des gentils auteurs. Un éditeur, c'est un professionnel qui apporte un regard extérieur, aide à corriger certaines erreurs, amène un échange, bref, un acteur essentiel du processus créatif qui permet d'affiner le résultat final. Bien sûr, parfois, un éditeur, ça peut être chiant aussi. Il peut vous demander de changer un titre, ou d'être plus ceci ou cela, simplement parce que c'est la mode et que ce sera plus vendeur. Donc, s'en priver permet de s'affranchir de certains inconvénients. Mais cela a pour conséquence de ne pas pouvoir bénéficier des avantages.
Il ne s'agit pas de savoir si l'on pouvait ramener ce pavé de 500 pages à 300, 400 ou 450. Simplement, il est indéniable que certaines parties manquent singulièrement d'intérêt voire de clarté. Le travail est donc intéressant, conséquent, mais loin de la perfection.
L'histoire, même si elle est souvent drôle et incisive, souffre de temps morts et peut même sembler répétitive. L'on pourrait même reprocher un manque d'émotion à ce premier tome s'il n'y avait pas un final aussi émouvant qu'inattendu. En une seule planche, Sim parvient à tout faire basculer et même à retranscrire d'une manière assez ahurissante une voix qui se brise et une gorge serrée par l'émotion. Pas de quoi faire oublier les petits défauts évoqués plus haut, mais cela permet au minimum de les relativiser.
Un roman graphique (une BD quoi, faut pas déconner, "roman graphique", ça ne veut rien dire en fait) étonnant, sincère, acide, mais qui manque un peu de maîtrise pour accéder au rang de véritable chef-d'œuvre. Si vous accrochez, il faudra toutefois vous tourner vers la VO, seuls deux tomes étant disponibles en français. Sachez que la suite de la saga est pleine de moments subtils, épiques, émouvants mais aussi parfois de scènes un peu lourdes ou trop longues. Les références au monde des comics mainstream sont très nombreuses (de la Chose à Spawn), les pavés de texte sont omniprésents, et certains arcs s'étirent sur des dizaines d'épisodes. Clairement, vous n'avez jamais lu un truc pareil auparavant.
Une saga fleuve, totalement à part dans la galaxie comics.
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14.12.25
Par
Nolt
Retour sur la série Freshmen, publiée par Delcourt en 2007.
De jeunes gens débarquent sur le campus pour leur première année de fac. Tout n'est pas forcément évident pour les nouveaux venus, entre le bizutage, les complexes de certains ou tout simplement le stress d'une nouvelle vie qui débute, pas besoin de super-vilains pour crouler sous les emmerdes !
Et un jour, tout change. Il suffit d'une étrange impulsion, issue de l'explosion d'une machine expérimentale, pour que certains étudiants soient dotés de pouvoirs...
Voilà qui sent le déjà vu. Sauf qu'en fait, les pouvoirs en question vont découler des pensées des étudiants au moment de ladite "impulsion". Pour Annalee, qui étudie la psychologie et souhaite "rentrer dans la tête des gens", le pouvoir est tout trouvé et plutôt intéressant : la voilà télépathe. Seulement, tous n'ont pas cette chance. Charles entend les plantes lui parler ; Jimmy (qui faisait un concours débile avec des post-it au moment des faits) se retrouve "collant" ; Ray, qui était pourvu d'un... pénis de petite taille, a été grandement amélioré à ce niveau ; Elwood, ivre pendant le moment crucial, a le pouvoir de rendre les gens totalement saouls en leur rotant dessus, etc. Le pire, Norrin, seul fan de super-héros du groupe, se retrouve sans aucun pouvoir car il était allé se chercher une pizza lorsque les événements ont eu lieu.
Plutôt loufoque donc comme début mais pas spécialement parodique pour autant. Le scénario de Hugh Sterbakov (sur un concept de Seth Green (vous savez, le gars là, dans Buffy, qui joue Oz)), s'il se veut souvent drôle (avec notamment d'excellents dialogues), flirte également sans complexe avec l'émotion et le sérieux. Le mélange donne du coup un aspect équilibré et très intéressant à la série, tout en rendant les personnages attachants.
Le graphisme de Leonard Kirk est par contre plus quelconque, il faut dire qu'il n'est pas aidé par une colorisation (de Tyson Wengler) assez inégale, allant du moyennement inspiré au franchement pas beau. Un peu dommage. Attention tout de même, sous des dehors très gentillets, la série peut tout de même parfois verser dans l'ultra-violence et le gore.
Voilà un titre fort divertissant qui se moque des poncifs super-héroïques tout en en reprenant tout de même, sans avoir l'air d'y toucher, l'essentiel - voire l'intégralité - des codes : les costumes et noms de code sont raillés avant d'être aussitôt adoptés, le concept de lutte interne pour le leadership de l'équipe est lui aussi allègrement utilisé, sans oublier les nombreuses références, du personnage typiquement sans pouvoir et bardé de gadgets (à la Batman) en passant par une tirade sur les responsabilités (empruntée à notre vieux Tisseur) qui se retrouve même sur la quatrième de couverture.
Le mélange est tellement subtil qu'on finit par ne plus savoir si l'on est dans l'hommage, la moquerie ou la subtile réinvention. Et on ne s'en plaindra pas car, au final, le lecteur dévore le tout avec un plaisir immense, sans doute rehaussé (pour les fans) par le fait de se retrouver en terrain connu sans pour autant savoir de quelle manière l'auteur va nous surprendre. Parfois, il parvient vraiment à nous bluffer, d'autres fois, l'on se laisse gentiment berner, car, évidemment, entre gens de bonne compagnie, l'effort se doit d'être partagé. L'auteur fait ainsi son possible pour rendre le moment exceptionnel et le lecteur lui rend la pareille lorsqu'il sent le travail, la passion et l'honnêteté poindre leur nez, leurs oreilles et toute la tuyauterie. Ce qui est le cas ici.
Ou pour faire plus court : Freshmen, c'est bien !
Un seul album a été édité en VF. Il existe en VO une deuxième mini-série de six épisodes (Freshmen II) ainsi qu'un épisode spécial (Freshmen Summer Vacation Special).
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13.12.25
Par
Nolt
Si la série des "Hommages à Lucky Luke" contient d'excellents albums, comme L'homme qui tua Lucky Luke, le récent Dakota 1880 n'en fait malheureusement pas partie.
L'idée de base du scénariste, Appollo, est de s'inspirer de dime novels (des romans bon marché) écrits par Baldwin Chenier, qui aurait rencontré le "véritable" Lucky Luke. Le héros de Morris figurerait donc dans ses récits décrivant la vie aventureuse dans le grand Ouest américain.
Pourquoi pas, c'est un point de départ comme un autre. Le problème, c'est que l'album est divisé en courts chapitres fades et ennuyeux, qui ne développent absolument rien. Luke est presque ici un personnage secondaire, sans âme ni caractère, qui rencontre des figures méconnues de l'époque et s'avère aussi terne que les rares moments d'action qui parsèment ces planches.
Tout est très "raconté", par des pavés de texte (et en l'occurrence par Baldwin), ce qui rend le tout encore plus soporifique et "figé". Malheureusement, le scénariste ne sait pas du tout comment insuffler un peu d'émotion, de suspense, de rythme ou même d'intérêt dans son récit. On a l'impression, de toute façon, qu'il n'a pas grand-chose à raconter.
Le texte n'est en plus pas exempt d'énormités, comme "je me débrouille comme une cheffe". Il faudrait expliquer à ce genre d'auteurs incultes, qui cèdent à la dernière mode d'hystériques à cheveux bleus en guerre contre la grammaire, que l'important, ce n'est pas le sexe de la personne qui s'exprime ou réalise l'action, mais le genre grammatical du nom. C'est pour ça que l'on ne dit pas "un sentinel", même pour un homme, mais bien "une sentinelle". Pour "chef", c'est exactement la même chose. On dit "un chef", même quand il s'agit d'une femme. Ce n'est pas un "complot patriarcal", c'est une question de logique (et de culture, mais si les militants décérébrés en avait, ils ne seraient pas tout le temps en train de pleurnicher pour des raisons absurdes).
Au final, seuls Brüno, le dessinateur, et Laurence Croix, la coloriste, s'en sortent avec les honneurs. Le style graphique est à la fois simple, joli et efficace, et le choix de couleurs pastel, presque monochromes pour les besoins de certaines scènes spécifiques, permet d'apporter une touche d'élégance tout en renforçant l'atmosphère sombre des paysages traversés par les personnages. Dommage que l'efficacité visuelle, indéniable, ne soit pas au service d'un scénario digne de ce nom.
Au final, voilà un album bien cher et totalement dispensable, que l'on aura vite fait d'oublier.
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10.12.25
Par
Virgul
Si l'on a du mal à comprendre la logique du contenu (des vieilleries et des récits très récents, divisés en quatre catégories : Gold, Silver, Bronze et Modern Books, autrement dit un gros fourre-tout), c'est surtout le format géant qui impressionne : du 24,5 x 34 cm. De quoi profiter pleinement des superbes dessins du Superman - Héros pour tous par exemple, ou du Paix sur Terre d'Alex Ross. En ce qui concerne Weird Tales and Fantasy, une compilation très kitsch au style bien moins impressionnant, l'apport du grand format est plus incertain.
Ces comics atypiques sont vendus à 15 euros et contiennent environ 80 planches (voire un peu moins suivant les albums), protégées par une couverture souple. On ne risque pas de les louper dans une librairie, par contre, le but de cette collection pose question : le côté luxueux du grand format ne s'accommode guère de la softcover ; l'aspect fascicule à l'ancienne n'est pas vraiment en accord avec le prix, qui reste élevé ; et le côté "tabloïd" revendiqué par l'éditeur ne va pas jusqu'au bout du concept (puisqu'on se retrouve avec un format finalement réduit au lieu du 28 x 43 cm annoncé).
Bref, un truc marrant deux minutes mais qui demeure une curiosité un peu bancale.
Publié le
8.12.25
Par
Nolt
Retour sur une longue et excellente saga de science-fiction.
Un fait étrange concernant Ron Hubbard, fondateur de la scientologie, c'est que ceux qui en parlent sur le net se trouvent parfois obligés d'assurer ses futurs lecteurs qu'ils ne risquent rien (ou au contraire mettent un "auteur dangereux" à côté de leur chronique, à la manière d'une pancarte "chien méchant"). Un peu comme si l'on pouvait choper une conviction au détour d'une phrase. Évidemment, ça ne se passe pas comme ça. Et si c'était le cas, Hubbard serait vraiment fort. Et il aurait été maître du monde de son vivant. Contrairement à ce que certains affirment parfois, on ne peut pas différencier l'homme de l'auteur, c'est le même bonhomme. Par contre, ce qui est toujours possible, c'est de différencier l'œuvre de son auteur. Un bon roman ne devient pas subitement nul sous prétexte que l'on n'apprécie pas les agissements de celui qui l'a écrit, sinon il y a bien longtemps que les bouquins de Stephen King auraient fini à la poubelle.
On peut penser ce que l'on veut, en bien ou en mal, de la scientologie sur le plan philosophique (j'ai lu la Dianétique par curiosité, et je ne suis rentré dans aucune secte pour autant). Sur les éventuelles pratiques sectaires, c'est autre chose, mais il est évident que cela ne s'attrape pas comme un virus. Il faut le vouloir. C'est un peu comme l'hypnose, si vous ne participez pas, ça ne marche pas. Donc, non, Hubbard n'était pas un dangereux sorcier, par contre, c'était plutôt un bon auteur.
Mission Terre, une décalogie, rien que ça, raconte l'histoire de deux personnages très différents. D'une part Jettero Heller, un champion de la Flotte, héros caricatural au possible et plein de bons sentiments, et Soltan Gris, agent de l'Appareil de Coordination de l'Information (les services secrets), se révélant peu à peu colérique, paranoïaque, malchanceux, lâche et peu regardant sur la morale. Ces deux opposés sont amenés à se rencontrer lorsque le premier reçoit pour mission de se rendre sur Terre afin de voir si les humains seraient aptes à intégrer la fédération voltarienne. Soltan, lui, va se voir assigner l'exacte mission contraire, à savoir faire échouer l'autre m'as-tu-vu par tous les moyens, et ce afin de préserver le fructueux trafic de drogue auquel se livre son chef.
Ce long récit, plutôt méconnu (en tout cas, beaucoup moins populaire qu'un Dune par exemple) pourrait passer pour une simple parodie s'il ne contenait pas de nombreux et acides constats sur notre propre société. Bien entendu l'on retrouve certaines obsessions de l'auteur (son manque de considération flagrant pour les psychiatres et psychanalystes, ce en quoi il n'a pas forcément tout à fait tort) mais aussi son sens aigu de l'observation, qui met souvent à nu des travers voltariens très... humains.
Outre l'aspect SF et la critique sociale, il faut noter également l'humour qui imprègne la saga. C'est notamment Soltan Gris, anti-héros attachant et loser hargneux, empêtré dans des stratégies qui le dépassent, qui restera la vraie star de l'aventure.
Un peu long (dix tomes quand même) mais vraiment très agréable à lire.
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Publié le
5.12.25
Par
Virgul
Tout commence lors de la publication, fin octobre, de la version "journal Tintin" de L'Affaire Tournesol. Il s'agit des planches originales prépubliées de décembre 1954 à février 1956 dans le fameux périodique. Les différences par rapport à l'album classique sont minimes (quelques différences anecdotiques de colorisation, un lettrage retouché pour certaines onomatopées...) si l'on excepte une présentation de 12 pages (revenant sur la création de l'œuvre, l'équipe du studio Hergé de l'époque, etc.) et la deuxième moitié de l'album, au format à l'italienne.
Or, c'est cette deuxième partie qui choque, puisqu'elle a été maquettée absolument n'importe comment. Les planches, à l'italienne, s'étalent sur deux pages classiques, ce qui les rend illisibles, les dessins et le texte des cases centrales étant situés au niveau de la reliure. Devant les retours négatifs des lecteurs, l'éditeur, prétextant des "difficultés techniques lors de l'impression", retire alors l'album du commerce afin de réaliser une nouvelle version, probablement pour début 2026. La manière dont tout cela est présenté suggère un problème survenu chez l'imprimeur, or c'est bien la maquette qui a été réalisée qui ne va pas du tout. Et bien entendu, les responsables éditoriaux de ce piètre résultat ont reçu un exemplaire test avant la publication, exemplaire qu'ils ont approuvé. Le problème vient donc de l'éditeur, qui valide n'importe quoi, à la va-vite, en pensant que les lecteurs s'en contenteront.
Autre souci, des demeurés qui avaient mis la main sur cet exemplaire avant le retrait imaginent déjà qu'il va valoir "une fortune" (certains le proposent à 40, 50 voire 60 euros). Rappelons que le propre de l'occasion, c'est de valoir moins que le neuf (dans ce cas, 19,50 euros). Surtout qu'ici, il ne s'agit pas d'une version spéciale qui ne serait plus disponible, c'est une version illisible (pour pratiquement la moitié des planches : la pagination de la BD s'étale sur 81 planches et le format à l'italienne commence page 44). Étant donné qu'une autre version, qu'on imagine cette fois mieux pensée, sera très bientôt disponible, on ne voit pas pourquoi une version salopée atteindrait des prix farfelus. C'est au mieux une curiosité, pas un objet collector. Attention donc à ne pas vous faire avoir (d'autant que même le fait de retirer l'album de la vente a été assez mal fait puisqu'il est encore possible de s'en procurer, neuf, au prix d'origine, dans certains magasins).
On se revoit l'année prochaine pour la suite de cette affaire...
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| Première partie de l'aventure au format standard. Notons les petites phrases d'introduction de chaque planche, censées résumer la lecture de la semaine précédente. |
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| Problème pour la deuxième partie, au format à l'italienne : les cases centrales sont illisibles. |
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| Un résultat ridicule. Enfin bon, c'est pas comme si c'était le métier de Casterman depuis des décennies... |
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| Quelques bonus complètent le tout. |



















































