Publicité et Ligne Éditoriale

Quelques mots sur notre mode de fonctionnement et ce qu'il implique au niveau du contenu du site.

Vous l’avez sans doute remarqué, il n’y a pas de pub sur UMAC. Pas de liens Amazon, pas de bannières qui clignotent, de pop-ups vantant les dernières parutions de machin, ou d’emplacements à louer. Ceci est une volonté de notre part, qui nous permet de continuer à parler de certains sujets. Nous allons voir ça en détail.

Alors, certains vont dire « mais si, il y a de la pub, pour The Gutter ou Le Sang des Héros ! ». Oui, effectivement, on met en avant nos fictions, mais cela n’influe en rien sur le contenu du site. Car, si l’on ne veut pas de pub, ce n’est pas pour rien, ou pas uniquement parce que ça nous parait « mauvais ». Au contraire, la publicité permet de financer pas mal de choses, elle n’est pas condamnable dans l’absolu. Tout dépend de ce que l’on souhaite faire et quelle marge de manœuvre l’on souhaite conserver.

Dans le cadre de UMAC, nous sommes tous bénévoles. Le site ne rapporte rien, mais ne nous coûte rien non plus (si ce n’est l’investissement en temps). D’où l’intérêt de conserver un hébergement blogspot, même si ce n’est pas très « à la mode ». En fait, depuis l’arrivée de Tryixie, qui a codé entièrement le site actuel, nous ne dépendons plus d’un quelconque modèle blogspot, nous pouvons donc adopter la présentation qui nous convient. Sans que cela ne nous coûte rien.

On nous a très souvent suggéré de mettre en place divers systèmes (de dons, de paiements au click, de partenariats…), j’ai toujours tenu à ne pas m’aventurer là-dedans, pour une raison fondamentale : si l’on introduit de l’argent dans l’équation, alors la ligne éditoriale sera forcément modifiée. Ce n’est pas une hypothèse, c’est une certitude.

Je ne sais pas si tous les lecteurs se rendent compte à quel point la ligne éditoriale UMAC actuelle est libre et riche. Nous pouvons aborder tous les sujets, du plus obscur au plus populaire, du plus complexe au plus simpliste. Avec un rythme de publication qui nous est propre. Et avec le concours de gens plus que compétents, qu’ils soient écrivains, dessinateurs, journalistes, professeurs ou même physiciens…

Imaginons que nous introduisions de la publicité sur le site. Oh, au départ, cela ne donnera pas grand-chose, les gains seront minimes. Puis, peu à peu, cela sera plus signifiant, plus régulier. Même en prenant comme exemple une somme très modeste, voire dérisoire, comme 40 euros par mois, cela va générer un effet pervers de comparaison. Imaginez que l’on tombe un mois à 10 euros. D’évidentes questions se poseront : qu’est-ce qui n’a pas plu ? Pourquoi l’on n’a plus autant d’impact ?
Pire encore, imaginez l’inverse. On passe un mois à 150 euros. Ou 800. Ou 5000. Là, on se dit qu’on a tapé dans le mille, trouvé les bons sujets. Et, puisqu’on est faillibles, que l’on a des factures comme tout le monde, l’on sera tenté de renouveler « l’exploit ». De faire mieux peut-être.
Une fois la machine lancée, elle ne peut être arrêtée.

Certains vont peut-être penser, à ce stade, que c’est tout bénef, que l’on peut prendre l’argent et conserver notre ton, notre ligne éditoriale, nos particularités… malheureusement non.
Dans cette course à l’argent, qui est une course à l’audience, il ne sera plus possible de parler de certains sujets, trop pointus, clivants ou méconnus. Difficile d’imaginer que Vance puisse consacrer un long article à un obscur roman traitant de l’esclavage par exemple.
Difficile également de parler encore véritablement d’articles, car, pour générer un flux d’audience constant, il faut alimenter la machine. Nous ne pourrons plus nous contenter de publier un véritable article, fouillé, argumenté, tous les deux jours. Il faudra 4, 5, 6 posts par jour. Autrement dit, de vagues news, une image agrémentée de quelques mots, un communiqué d’éditeur repris tel quel…

La publicité, même si la somme qu’elle génère est en apparence négligeable, a forcément un impact sur le contenu. Parce que l’on sait très bien ce qui marche et ce que les gens veulent.
Alors, la question presque philosophique qui se pose à ce stade, c’est « pourquoi ne pas tout simplement donner aux gens ce qu’ils veulent ? ».
Ben… pour au moins trois raisons. Liées à notre mission, au fonctionnement de l’être humain et à notre époque.

1. UMAC ne parle pas forcément de ce qui est connu mais de ce qui devrait être connu.
On évoque très souvent, et avec plaisir, Spider-Man ou Batman, mais l’on aime aussi mettre en avant, même plusieurs années après leur sortie, des titres comme Strangers in Paradise, Rex Mundi ou Les Seigneurs de Bagdad. Sans parler des romans, parfois difficiles d’accès, dont nous parlons de temps à autre. L’on se dit « tiens, j’ai envie de parler de ce truc parce que c’est super bien foutu ».
La publicité nous interdirait de le faire, car l’on devrait en réalité se demander non ce qui est bon, mais ce qui va rapporter des vues.

2. Les gens ne savent pas ce qu’ils veulent.
L’idée reçue qui consiste à penser que les gens veulent ce qu’ils connaissent déjà est fausse. En réalité, ce qui est original et bon, pour peu que cela soit un peu médiatisé, peut créer un nouvel engouement. Avant A Song of Ice and Fire, personne n’attendait spécialement une saga épique et moderne d’heroic fantasy. Et avant WestWorld, peu de gens pensaient qu’un remake d'un film de 1973 ayant mal vieilli allait pousser si loin la thématique de l’intelligence artificielle.
La publicité conduirait à fonctionner sur des acquis et à avoir toujours un temps de retard, en n’osant jamais être précurseurs (comme nous avons pu l’être à l’époque sur Walking Dead par exemple, quand la série était encore bien écrite mais méconnue).

3. À l’ère du crétinisme érigé en mode de vie, il est bon de nager à contre-courant.
C’est prétentieux mais nous pensons, je pense en tout cas, que UMAC est élitiste dans le bon sens du terme. Non pas en ciblant les gens, mais en ciblant les œuvres dignes d’intérêt, les auteurs talentueux et les éditeurs compétents.
Je suis persuadé, à titre personnel, qu’une œuvre peut (et non « doit ») élever un individu. Et sans pour autant le faire chier (car la capacité de divertissement est un talent supplémentaire, et non une tare comme certains le croient en France).
La publicité diluerait ce penchant pour conduire à une uniformisation du contenu et un nivellement se basant sur le plus petit dénominateur commun (ce qui est abordable par l’élément le plus idiot de la masse).

La publicité n’est donc pas spécialement néfaste, elle génère simplement des contraintes qui doivent être comprises et acceptées. Ou refusées. Pour être maintenues, ces contraintes génèrent, en matière de ligne éditoriale, des autoroutes. Où tout le monde circule à la même vitesse, en se rendant au même point, à bord des mêmes véhicules.
Le principe qui gouverne UMAC, c’est de prendre des chemins de terre.
Même lorsque l’on parle de Spider-Man, l’idée est d’aller patauger dans la gadoue en chaussant nos bottes. En parlant des traductions de merde de Panini, en revenant sur d’anciennes sagas, en proposant des critiques argumentées, en dressant des passerelles vers d’autres domaines, en expliquant pourquoi un scénariste nous fait chialer de bonheur en nous balançant un conte à dormir debout, en dévoilant les mécanismes cachés qui sont à l’œuvre derrière les mots, en partant de Star Wars pour arriver à Milgram (cf. cet article)…

Est-ce que l’on réussit toujours notre pari, est-ce que l’on parvient à chaque fois à rendre justice aux œuvres que l’on évoque, est-ce qu’on trouve toujours les mots justes ? Ben… non.
Mais on essaie. Avec passion mais rigueur. En ne nous basant pas sur des inclinations personnelles mais sur des éléments techniques démontrables. En restant indépendant. En restant vigilant. Et en étant toujours du côté de ceux qui ne se foutent pas de la gueule des lecteurs.

Nolt