Voici enfin le rôle pour lequel tu es née et morte.
En 2011, Marvel proposa aux lecteurs une saga complète reprenant les Ultimates et faisant suite aux événements tragique d'Ultimatum. C’était, évidemment, tentant : une manière de panser des plaies encore vives. Bien sûr, le changement d’équipe artistique avait de quoi inquiéter : ces héros étaient un peu les bébés de Mark Millar, après tout.
C'est Jeph Loeb qui s'est imposé : il avait fait du bon boulot sur Hulk avec une écriture franche, des intrigues imbriquées mais sachant se résoudre suffisamment vite, une connaissance approfondie du monde Marvel… L'occasion faisant le larron, autant le mettre dans la danse, même s'il y avait un fort risque qu'il opère un changement radical dans l'ambiance de la série. Pour bien faire, on lui accole Frank Cho : sa ligne claire, un vrai dynamisme dans sa mise en images des combats, une présentation académique et des dessins séduisants (malgré des visages manquant souvent de variété), tout contribuait à en faire un choix presque évident. Connu pour son goût pour les héroïnes sexy (et sa propension concomitante à les placer dans des situations compromettantes et des poses équivoques), il apparaît néanmoins moins "poseur" et statique que Greg Land et sait illustrer le dynamisme propre aux scènes de combat.Profitons-en pour revenir sur la postface de Christian Grasse de l'édition française : Cho ne dote pas vraiment ses personnages féminins d’un physique à la "Natalie Portman", on serait bien plus proche de Scarlett Johansson ou de Sydney Sweeney si l’on s'en tient uniquement aux mensurations… Les amateurs jugeront sur pièces.
Être incapable de parler, c’est ne pas être obligé de le faire.
Pour le coup, quelle est l'intrigue ? C'est simple : Thor est mort. Dead. Rétamé. Oui mais voilà : Thor est un dieu, un vrai (après avoir longtemps fait traîner le doute chez ses lecteurs, Millar avait fini par le confirmer dans une très belle saga existentielle), il ne peut donc être tout à fait décédé. Ses camarades souhaiteraient le voir revenir mais s'en montrent incapables – même Walkyrie, cette fausse héroïne et vraie fan, dotée de pouvoirs malgré elle. Les dissensions surgissent et mettent à mal le fragile équilibre d'une équipe torturée par les récentes disparitions.
Or voilà que les anciens potes de celle-ci surgissent : ces autoproclamés "Défenseurs" mettent la pile aux Ultimates présents avant de dérober sous leur nez le marteau de dieu du Tonnerre ! Trop tard (évidemment), nos héros finissent par comprendre qu’ils ont été manipulés : Loki, le fourbe, est derrière tout ce micmac et ses légions déferlent sur Manhattan. Seuls Ka-Zar et Shanna, aidés de Black Panther – une situation qui rappelle Wolverine en Terre sauvage - , sont à même de faire barrage à cette invasion, en attendant qu'une nouvelle stratégie soit mise au point et que les plus grands héros de la Terre retrouvent leurs esprits…
Ce n’est que là que j’ai compris la vérité sur ma vie : mon seul acte honnête fut de mourir.
On est face à une saga pleine de bruit et de fureur, tonitruante et bourrée d’actes d’héroïsme. Rien que pour sa manière de reprendre les codes de base des récits super-héroïques, on peut lui en être reconnaissants. Passée cette bienveillance salutaire, on pourra alors lui reprocher ses enchaînements trop évidents et ses trop nombreuses facilités de narration pour se contenter des batailles épiques, quoique très courtes. Même si c'est agréable à lire, on est loin des tensions, doutes et actes de foi de la période Millar : on y sent une forme de réorientation grand public, moins provocatrice. À l’image de ce qui est devenu la marque de fabrique du MCU, le récit se dote de parenthèses plus légères par le biais de certaines situations savoureuses (Tony Stark et Carol Danvers, Cap et Zarda) qui confèrent heureusement un petit peu de légèreté et, paradoxalement, de profondeur à un ensemble globalement satisfaisant.
Traduite par Thomas Davier, la mini-saga Nouveaux Ultimates est parue en France en octobre 2011 sous la forme d’un Hors-Série Ultimate Avengers (numéro 3) de 128 pages, bien entendu chez Panini Comics. Elle était auparavant sortie aux États-Unis à partir de mars 2011 en 5 épisodes : Ultimates New Ultimates #1 à 5.
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