Les Bijoux de la Castafiore, version Journal de Tintin
Par


Analyse complète de la nouvelle version de l'album Les Bijoux de la Castafiore.

Évidemment, pas question ici de nouvelle BD mais bien, comme Moulinsart et Casterman ont l'habitude de le proposer, d'une énième déclinaison du matériel existant. Ce qui nous est vendu est en fait la version "journal de Tintin" de cet album. Revenons déjà brièvement sur l'intrigue (déjà évoquée dans ce Top 3). Ce récit est très particulier puisqu'il s'agit d'une habile "non-aventure" où tout n'est que fausses pistes et trompe-l'œil. Le cadre familier (le château de Moulinsart) permet aussi de découvrir les personnages dans un contexte plus intimiste. Enfin, l'association Haddock/Castafiore est bien entendu source de nombreux gags, pour certains très réussis.

Passons maintenant à cette variante et à ce qui la différencie de la version moderne. Il faut savoir que, contrairement à L'Île Noire par exemple (cf. ce comparatif illustré), cet album est bien trop "récent" (dans la chronologie globale de l'œuvre d'Hergé) pour avoir nécessité de gros remaniements. Ce sont donc quelques éléments mineurs qui vont changer. Voyons cela en détail (pour simplifier, nous appellerons cette nouvelle publication la version "journal" par opposition à la version "album").

Les changements de plan ou de cadrage (qui étaient légion et faisaient sens dans L'Île Noire et certains albums anciens, bénéficiant d'une refonte totale, comme Les Cigares du Pharaon) sont ici pratiquement inexistants. Haddock en train de danser est ainsi cadré plus près du sol dans la version album, mais il faut vraiment être attentif pour noter cette évolution mineure. Une autre case (représentant Haddock en train de téléphoner et Nestor se relevant d'une chute dans l'escalier) sera également scindée en deux dans l'album, alors que la version journal lie un peu maladroitement les deux actions.
Les décors et véhicules sont tous identiques, tout comme la construction des planches. Seule une vignette supplémentaire ouvre la version journal (un plan large de la campagne environnant le château). 

Les couleurs, l'encrage et le texte séparés puis réunis.


Les plus grosses modifications concernent la couverture (différente et plutôt jolie) et surtout la colorisation. Globalement, la version journal propose des couleurs plus pastel, ou moins marquées disons, et des bulles sur fond jaune pâle. L'ensemble possède un certain charme d'ailleurs. D'autres changements mineurs sont également présents, comme la couleur de la veste et de la cravate de Haddock ou les robes de chambre d'Irma et de Bianca. Là encore, rien d'époustouflant. 

Le texte ne subit lui aussi que d'infimes variations. Certaines fautes sont corrigées, des mots sont parfois remplacés ou des phrases légèrement rallongées, mais il n'existe aucune différence profonde dans les différents dialogues. La typo est la même et le lettrage est quasiment identique (quelques césures en plus ou en moins). Une curiosité cependant : chaque planche est surmontée d'une phrase d'introduction. Ça ne sert à rien mais c'est effectivement une différence avec la version album. 

Au final, c'est donc dans les quelques pages de bonus que réside l'essentiel de l'intérêt de cette version "journal". On y (re)découvre le contexte de la création de cette aventure (liée au fameux récit avorté du Thermozéro, cf. notamment notre grand dossier Tintin) ainsi que les sources d'inspiration d'Hergé. L'on a droit également à un peu de matériel original, comme un plan succinct de Moulinsart, des crayonnés, des annonces publicitaires d'époque ou encore une reproduction des différents stades d'une planche, avec les crayonnés encrés, les couleurs, le bleu de lettrage et la superposition de l'ensemble. En tout, 14 pages additionnelles à l'intérêt certain.

Alors, cette version journal vaut-elle le coup ? Si vous êtes un collectionneur acharné, certainement. Si par contre vous vous attendez à un bouleversement significatif de cette BD, clairement vous serez déçu. L'histoire est rigoureusement la même, sans aucune scène ajoutée ni aucune modification notable. Comme toujours, les ayants droit se contentent de faire du neuf avec du vieux et comptent uniquement sur la nostalgie (et le portefeuille) des fans. 
Dispensable donc, mais forcément très tentant tout de même.     

Le plan du château, créé pour les besoins de ce récit.

Exemple de crayonné.

Exemples de modifications mineures du texte et des couleurs. 

Une scène identique, à un léger détail près au niveau du texte (l'ajout de "pas une allusion" dans la version album).

La seule vignette supplémentaire par rapport à la version album.

En haut, un exemple de phrase introductive. Case 4 : des modifications minimes ("ennuis" sera remplacé par "soucis" dans la version moderne,
et le trait d'union fautif dans "comme-ça" sera suppprimé).

                                                                                                                                                                                                                                                                   


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une jolie couverture.
  • Des bonus apportant un plus certain.


  • Des changements insuffisants pour réellement justifier une telle version.