Publié le
4.1.25
Par
Nolt
Retour sur la récente et très prometteuse Collection Deluxe de Picsou Magazine hors-série.
Seulement deux numéros sont parus à ce jour (en novembre 2023 et novembre 2024) mais cette nouvelle gamme (du groupe Unique Heritage Media) impressionne déjà par la qualité de son contenu et sa présentation relativement "luxueuse" pour une publication kiosque.
Ces magazines reprennent des histoires complètes et relativement longues de Donald, Mickey et toute la bande Disney. Histoires ayant la particularité d'être inspirées par des classiques. Le premier tome reprenait ainsi Les Misérables et Hamlet, le deuxième est consacré à Orgueil et Préjugés et Sherlock Holmes (plus précisément, Une Étude en Rouge).
Ces adaptations peuvent être très récentes (2018 et 2024 pour le tome 2) ou plus anciennes (1960 et 1989 pour le tome 1) et sont bien entendu relativement libres. Si le côté sombre d'un Hamlet va par exemple être relativement aseptisé, d'autres récits, comme l'adaptation du roman de Jane Austen, retranscrivent particulièrement bien l'esprit de l'œuvre originale. Signalons d'ailleurs qu'il s'agit ici de scénaristes italiens, de véritables orfèvres lorsqu'il s'agit d'employer ces personnages dans des sagas ambitieuses et originales (cf. MacDanold ou Fantomiald).
Niveau graphisme, si les dessins sont toujours de bonne tenue, la colorisation est bien sûr beaucoup plus jolie et subtile lorsqu'il s'agit de travaux récents (les moyens techniques des années 2010 ou 2020 n'étant évidemment pas ceux de 1960 ou même des années 80).
Outre les deux histoires complètes par tome, ceux-ci proposent également de magnifiques illustrations pleine page en bonus, ainsi qu'un rédactionnel revenant sur les œuvres littéraires abordées.
Le tout est très joliment présenté, sur du papier mat de qualité (rien à voir avec le papier un peu cheap du Journal de Mickey par exemple), et arbore une couverture souple avec des éléments en relief.
Pour 12,95 euros, voilà des comics qui, tout en ayant augmenté leur standard de qualité au niveau de la forme, respectent le côté (historiquement) financièrement abordable de ces publications.
Une série réellement collector, au contenu soigné.
Publié le
3.1.25
Par
Vance
C'est donc sur la période de Shaïgan-sans-merci que le duo d'artistes a jeté son dévolu - à moins que cela n'ait été imposé par l'éditeur, difficile à savoir. Replaçons-la donc dans son contexte. Après maintes tribulations et la naissance de sa fille Louve, Thorgal pensait vivre des jours heureux avec sa famille, de retour au pays, dans le clan de Vikings du Nord où Aaricia et lui avaient grandi. Mais le destin s'acharna encore sur l'Enfant des Étoiles avec l'irruption d'un ancien adversaire qui se fit passer pour lui et causa grand tort à sa famille et ses pairs (cf. la Gardienne des Clefs). C'est alors qu'il prit une décision capitale (et, comme souvent chez lui, très hasardeuse) : puisque les dieux persistent à lui mener la vie dure, et pour éviter que ses enfants et sa femme en pâtissent, il opte pour l'exil. Le temps, comme il l'affirme en un pathétique argument, que "les dieux l'oublient". Sur les routes, il croise son lot de mécréants et bandits, voire d'apprentis potentats, mais surtout celle de sa meilleure ennemie, l'inusable Kriss de Valnor (cf. L'Épée Soleil), impitoyable aventurière qui a jeté son dévolu sur celui qu'elle considère comme le meilleur archer qu'elle ait croisé, persuadée qu'avec lui elle pourra régner sur la Terre entière. Sauf que Thorgal vit suivant des principes totalement opposés aux siens, et il ne l'acceptera à ses côtés qu'un temps avant qu'une mystérieuse sorcière lui propose de mettre enfin un terme à sa funeste destinée en lui permettant d'effacer son nom des tablettes divines (cf. La Forteresse invisible) - ce qui effacera également, pour le coup, sa mémoire, une aubaine pour Kriss qui s'empressera habilement de lui faire croire qu'il est un impitoyable chef de guerre nommé Shaïgan et qu'elle est sa noble et fidèle compagne. La friponne !
Le but de l'album Shaïgan est donc de retranscrire les événements se déroulant pendant les deux tomes suivants de la série régulière (La Marque des bannis et La Couronne d'Ogotaï) au cours desquels nous suivions cette fois les mésaventures de la famille de Thorgal, tandis que ce dernier, amnésique, écumait les mers et rançonnait les territoires côtiers, avec pour objectif de s'achever pile au moment où commence le volume suivant, Géants, lorsque notre héros finit par retrouver la mémoire. Les seuls éléments dont nous disposions jusque lors étaient le témoignage d'un survivant désignant Thorgal comme étant celui qui dirige les troupes de Shaïgan (témoignage qui s'était avéré en partie faux, et destiné uniquement à faire bannir Aaricia) et quelques planches nous montrant un Thorgal perplexe, commençant à se lasser de cette vie de rapines, de combats et de pillages, et surtout désireux de retrouver ses souvenirs oblitérés.
C'est sur la base de ces indices que Yann a élaboré son scénario : nous retrouvons donc le Viking à la cicatrice à la tête d'une troupe de féroces guerriers, flanqué de l'irréductible Kriss de Valnor et de sa garde rapprochée (des combattantes qui rappellent les shield-maiden de la série TV Vikings). Dès les premières cases, on le trouve ainsi en proie au doute : les raids incessants, la vente d'esclaves, l'accumulation des richesses lui semblent vains, et surtout ne le contentent pas autant que sa cruelle compagne. Celle-ci doit déjà composer avec ses réticences et calmer les frustrations de ses lieutenants qui en veulent davantage et préfèreraient profiter de la fin d'une saison propice afin d'aller piller les riches territoires des îles britanniques. Ces Vikings ont soif de sang et d'or, et leur puissant Shaïgan montre de moins en moins d'empressement à étancher cette soif. D'autant que son amnésie le travaille : dans le visage de cette jeune nonne aux cheveux blonds ou de cet enfant abandonné, n'entrevoit-il pas quelque chose qui lui rappellerait des souvenirs perdus ? Ces brefs instants seront de toute façon interrompus par Kriss, toujours sur ses gardes, qui mettra un point d'honneur à se débarrasser de tout individu susceptible de réveiller la mémoire de son compagnon.
Alors, sur les conseils d'un sorcier qui a su lire dans les runes gravées à même la paume de notre héros sa véritable identité, Thorgal/Shaïgan entreprendra une expédition destinée à récupérer une épée légendaire enfouie dans un tombeau inexpugnable, ceci afin de s'en servir comme monnaie d'échange contre la révélation de ses souvenirs et de son véritable nom. Le script n'est pas avare en rebondissements, coups du sort et péripéties. La liste des cadavres s'allonge et Thorgal frôle la mort de nombreuses fois. Il usera de ses talents de guerrier hors pair mais également de ses facultés de déduction pour parvenir à ses fins, même si sa naïveté et sa générosité intrinsèques lui vaudront pas mal de désillusions. Le lecteur habitué de la saga retrouvera les références glissées avec méticulosité, comme le stratagème monté par Kriss pour que les Vikings du Nord soient informés de l'identité de Shaïgan - et s'en prennent en retour à sa femme. Au lieu du panthéon nordique des précédents albums, on a droit à une ancienne légende et à des... morts-vivants !
Un récit riche d'exploits mais qui risque pourtant de déplaire à une partie du lectorat. D'abord parce que les dessins de Surzhenko, pourtant appliqués, peinent terriblement à égaler ceux de Rosinski : la mise en page est sage et manque de dynamisme, le découpage est académique mais surtout les personnages manquent de grâce. Kriss, par exemple, n'a pas le charme farouche et juvénile des albums cités plus haut, et est dotée qui plus est de pourpoints et de tenues qui ne la mettent pas en valeur. La palette de couleurs manque de profondeur (on est loin des planches peintes qui ont valu de nombreux prix à son dessinateur) et on sent également une volonté manifeste de réorienter le récit vers le grand public : la cruauté pourtant omniprésente des paroles et des actes apparaît ici voilée, attendrie. Alors que les références à la culture nordique sont beaucoup plus présentes (l'auteur insère bien davantage de noms à consonance norroise que ne le faisait Van Hamme, le créateur de la série, ce qui sied manifestement à un public qui s'est abreuvé à des séries comme Vikings ou The Last Kingdom), on n'a que rarement un aperçu de la violence de ces sociétés. C'est d'autant plus étonnant que les derniers épisodes de la série régulière semblaient au contraire à la fois plus noirs et plus sanglants. Cela reste tout de même agréable à parcourir et est parfaitement rythmé.
Cependant, l'écriture des personnages pose problème, surtout celle du couple vedette. On voit un Thorgal tour à tour hésitant à procéder à des massacres puis se comportant comme un pourceau sans vergogne. Quant à Kriss, elle apparaît nettement plus monolithique que dans les albums précités, toute de fierté et de haine et déjà terriblement suspicieuse à l'égard de son amant. On n'a pas l'impression de voir cette héroïne paradoxale, impitoyable et solitaire, dont la seule faiblesse était d'être tombée amoureuse d'un homme aux idéaux strictement opposés aux siens. Quelque chose ne "colle" pas dans leurs dialogues et on finit par se lasser de voir Thorgal se faire rabrouer par une Kriss systématiquement en colère. En revanche, Yann a su plutôt malicieusement insérer un élément dans la vie de la jeune femme qui s'avèrera crucial pour les albums qui marqueront la fin de l'ère Van Hamme (Kriss de Valnor et Le Sacrifice).
Au final, voilà un album moins formellement réussi que Wendigo, un peu maladroit, mais qui permet de retrouver quelques bribes de cette magie délicieuse qu'on ressentait en parcourant les aventures de notre Viking préféré.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
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Publié le
1.1.25
Par
Virgul
Toute l'équipe vous souhaite une bonne et heureuse année 2025 !
Une année hautement symbolique pour UMAC puisque le site débute sa vingtième saison. Voilà près de 20 ans que nous mettons en avant le meilleur (et le pire parfois) des BD, romans, jeux de rôles, séries ou films qui nous ont passionnés.
Il est donc temps, pour célébrer ce long parcours, de vous offrir une mini-rétrospective.
À bientôt pour une année pleine de découvertes et de belles lectures !
Tout d'abord, si vous ne nous connaissez pas, il est peut-être bon de commencer par nos dossiers, notamment notre Best-Of Comics, le Bêtisier Marvel ou encore notre dernier dossier en date, consacré à Jean-Michel Charlier.
Si au contraire vous faites partie de nos lecteurs historiques, voilà un petit retour en arrière, plein de nostalgie.
Le premier article UMAC, en 2006. À l'époque, Nolt est le seul rédacteur et l'interface est celle de blogspot. Par la suite, l'arrivée de Tryixie, qui a entièrement codé le nouveau site, nous permettra de passer à la version actuelle. Merci également à elle pour l'illustration d'ouverture célébrant nos 20 ans !
Par la suite, avec l'arrivée de Sergio, UMAC va accueillir sa mascotte, alias Virgul (dont nous vous conseillons les Parenthèses). Un chat aussi sympathique que caractériel.
Virgul, qui dans un premier temps se contente de donner la tendance d'un article dans le tableau récapitulatif présent à la fin du texte, va rapidement prendre de l'importance et revêtir de nombreuses tenues. En voici quelques exemples.
Pour la 10e saison, nous avions organisé un grand concours et distribué de nombreux lots, car nous sommes bienveillants, généreux et sympathiques.
Au fil du temps, nous avons également laissé libre cours à notre esprit facétieux en proposant moult poissons d'avril, comme la suite de Kaamelott en vignettes de Vache qui Rit et jeu Mégadrive (la jaquette du jeu a été réalisée par Sergio, la pub Vache qui Rit a été conçue par Tryixie), ou encore un beau recueil Panini consacré à sa traductrice phare, la si célèbre Geneviève.
Toujours grâce au talent de Sergio pour la partie dessin (et une colorisation de Nolt), nous avons également lancé une série de scènes humoristiques (24 en tout) basée sur la pop culture et... les résolutions de début d'année. Voici quelques-unes des illustrations (sans les dialogues).
Eh bien voilà pour cette petite rétrospective évoquant deux décennies et près de 3000 articles et dossiers abordant des sujets aussi variés que les contes, les flingues, la spiritualité, les éditions collector, les histoires vraies encore plus folles que la fiction, la littérature jeunesse, récente ou plus ancienne, les pépites des années 80, les romans qui font frissonner, les figurines ou encore Jean-Claude Van Damme.
Nul doute que les années à venir nous apporterons encore de quoi nous réjouir et nous émouvoir. Une page se tourne, mais d'autres restent à lire.
Bonnes lectures mes amis. Et soyez heureux.
Bonnes lectures mes amis. Et soyez heureux.