Sélections UMAC : 3 "produits dérivés" The Walking Dead
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Outre les comics et les séries TV, l'univers de The Walking Dead se décline à l'heure actuelle au travers de nombreux produits dérivés (jeux vidéo, making of, figurines, guide des personnages, croquettes pour chat, vibromasseur...). Nous vous proposons aujourd'hui une sélection variée présentant trois déclinaisons de qualité : un roman, un jeu de plateau et un artbook.


L'Ascension du Gouverneur

À une époque, Philip Blake n'était pas un assassin. Pas plus qu'un tyran. C'était un brave type, parmi tant d'autres. C'était un bon père également. C'est grâce à lui que son petit groupe, composé de ses meilleurs amis, de son frère et de Penny, sa petite fille, va réussir à survivre dans un monde qui s'écroule.
Parce que Philip est fort. Courageux.
Parce qu'il fait ce qui doit être fait.
Et puis un jour, alors que le mirage de la normalité semble presque être redevenu palpable, il fait ce qui n'aurait pas dû être fait. C'est alors le début de la fin. Pas la fin d'une vie, mais de toute vie.
Pas la fin d'un homme, mais la fin de l'humanité...

Vous l'aurez compris, il s'agit donc ici du premier roman tiré de l'univers de Walking Dead. Comme son titre (Rise of the Governor en VO) l'indique clairement, il revient sur le passé de l'un des personnages emblématique de la série, un être d'ailleurs totalement haïssable dans le comic.
Pour l'aider à conter ses origines, Robert Kirkman a fait appel à Jay Bonansinga, un romancier expérimenté ayant à son actif quelques thrillers mâtinés de fantastique. L'association se révèle en tout cas fructueuse puisque le résultat est franchement bon, si l'on excepte le choix (de l'éditeur ?) de mettre tout le récit au présent. L'on finit par s'y faire mais outre le style un peu rebutant au début, l'on peut se demander si cette décision n'est pas liée au fait que le public visé est composé de "braves demeurés amateurs de BD". Simple paranoïa, peut-être, mais on a déjà vu tout aussi absurde en matière de décision éditoriale (notamment le charcutage des romans jeunesse).
Mis à part ça, le texte se révèle sans défaut.

Le récit en lui-même (qui fait environ 340 pages) commence peu après le début de l'épidémie. L'on fait connaissance avec le petit groupe qui n'est d'ailleurs pas très différent à la base de celui de Rick : des êtres plongés dans l'enfer post-apocalyptique, qui doivent survivre au jour le jour, en recherchant des vivres, un abri sûr, en composant également avec l'absence d'autorité et de règles sociales.
Bien entendu, il existe des éléments, présents dans les comics, dont on avait déjà connaissance, ce qui pourrait faire redouter un petit manque d'intérêt ou de suspense. Pourtant, il n'en est rien. Tout d'abord, la lente transformation de Blake est parfaitement décrite, au point même que l'on en vienne à oublier à quel point il a pu agir en monstre pour finalement trembler pour lui et ses proches. Ensuite, ce diable de Kirkman nous réserve une grosse surprise finale qui humanise encore plus celui qui deviendra le sinistre et redouté Gouverneur.
Là encore, l'on voit à quel point un environnement monstrueux parvient, de manière presque tragiquement naturelle, à transformer radicalement un homme. Ou peut-être, ce qui n'a rien de bien réjouissant, à le révéler tel qu'il est réellement.

Si les toutes dernières pages sont un peu prévisibles, l'on passe un "terrible" (donc excellent) moment en suivant cette plongée dans l'horreur, cette fuite sans fin où les protagonistes tentent d'échapper presque plus à eux-mêmes qu'aux zombies. Cerise sur le carnage, si vous n'avez pas lu les comics, ce roman se suffit amplement à lui-même. Mieux encore, il peut constituer une excellente introduction à la série. Nul doute qu'alors, lorsque vous rencontrerez le Gouverneur au même moment que Rick, vous ne pourrez pas vous empêcher de pester contre le dramatique gâchis qui a fait de ces deux survivants des adversaires plutôt que des alliés...

Kirkman réalise ici un tour de force, habile, vicieux presque, mais bien connu des conteurs. Il nous enlève l'objet de notre haine, il remet en perspective toute une série d’événements, pour nous laisser, seuls, démunis, avec à la fin nos doutes et une lancinante tristesse.
Un très bon roman à dévorer sans aucune pitié.


Jeu de Plateau

Nous quittons le domaine romanesque pour aborder un jeu Walking Dead sorti en version française durant l'été 2012.

Voyons de quoi il retourne. Tout d'abord, bonne nouvelle, tout est dessiné par Charlie Adlard. Les lecteurs ne seront donc pas dépaysés. Ensuite, le but du jeu est de trouver un abri sûr. Pour cela, vous serrez obligé d'en visiter trois (le troisième étant le "jackpot").

Les déplacements se font sur une carte, avec marquage hexagonal, qui représente les environs d'Atlanta. Les personnages jouables sont Rick, Tyreese, Shane, Glenn, Andrea et Dale, chacun ayant des particularités propres, représentées par des dés de différentes couleurs. D'autres personnages, les compagnons, ne sont pas jouables mais modifient vos capacités, tout comme les ressources qu'il s'agira de trouver (munitions, nourriture, essence).
Là où cela se complique c'est que chacun de vos mouvements génère l'arrivée des méchants zombies, représentés par un jeton, la face cachée de ce dernier indiquant le nombre de zombies présents. Plus la partie dure, plus les hexagones sont donc infestés de zombies, les possibilités de trouver un chemin sûr vers la prochaine destination s'en réduisant d'autant.

Les combats sont résolus avec le bon vieux système du jet de dés. En gros, soit vous faites un bon tirage, et les zombies sont out, soit vous merdez et vous ramassez un point de Fatigue (au bout de trois, vous connaissez le même sort que la plupart des personnages de la série !). Vous pouvez bien entendu vous aider des munitions trouvées ici et là en jetant un dé spécial supplémentaire, mais si un coup de feu survient (un "blam !"), alors... vous attirez encore plus de zombies.
Là où le jeu rejoint un peu la thématique de la série, c'est dans la possibilité de s'allier avec un autre joueur pour se sortir d'un mauvais pas. Mais, rien ne vous interdit non plus de le trahir, histoire de le laisser se débrouiller seul avec une horde de morts-vivants et ainsi sauver votre peau, héhé.

La boîte, qui coûte une quarantaine d'euros, contient de nombreux jetons, marqueurs et cartes, tous de bonne facture. 
Pour ce qui est du système de jeu, il parvient (au moins en théorie) à retranscrire une bonne partie des points principaux de la BD, à savoir la volonté de construire un groupe (les compagnons), la difficulté de trouver des ressources cruciales ou encore les déplacements hasardeux, surtout si l'on se met à tirer dans tous les sens.
Les règles sont claires et le système de jeu fonctionne plutôt bien, avec notamment un crescendo au niveau de la difficulté.

Évidemment le fait d'avoir lu la série et de connaître les personnages sera sans doute pour beaucoup dans l'immersion et l'ambiance ressentie. À ce sujet, on aurait bien apprécié de pouvoir jouer le Gouverneur par exemple.

Un jeu bien pensé et bien réalisé.



Artbook

C'est en novembre 2011 que sort, en VF chez Delcourt, cet artbook consacré aux comics Walking Dead. Tout de suite, le détail du contenu.

Cet artbook est en fait un recueil contenant toutes les covers des cinquante premiers épisodes, plus celles des TPB et des éditions Deluxe cartonnées. En gros, chaque épisode est décomposé en deux pages, l'une consacrée à la couverture, colorisée, en grand format, et l'autre accueillant les commentaires des auteurs et divers petits croquis préparatoires.
Le texte est une sorte de conversation informelle entre Robert Kirkman et Tony Moore (ce dernier ayant continué à dessiner les covers jusqu'au 24ème épisode), puis, dans un second temps, Moore est remplacé par Charlie Adlard, le second dessinateur de la série.

Les artistes ont un regard souvent critique à l'égard de leur travail mais malheureusement, même si l'on découvre quelques petites anecdotes sur la manière de procéder ou les différences de points de vue, l'aspect technique n'est que survolé et parfois même un peu répétitif. On découvre surtout un Kirkman ayant une idée étonnamment précise de la composition des covers, éléments qu'il considère apparemment comme très importants et dont il se sert pour "jouer" avec le lecteur, l'entraînant parfois volontairement sur des fausses pistes.

Ceci dit, l'essentiel de l'intérêt réside tout de même dans les illustrations qui permettent de se remémorer certaines scènes clé et de prendre la mesure de tout le chemin parcouru par Rick et ses compagnons. La qualité de ces mêmes covers est, elle, assez inégale (TWD n'est pas spécialement réputé pour ça). L'on trouve aussi bien de l'excellent (épisodes #9, #15, #17, #21...) et du très quelconque (épisodes #10, #34, #43...). 
Techniquement, l'ouvrage se présente avec une couverture en dur (qui est illustrée malgré la présence d'une jaquette, un plus toujours appréciable) et évidemment un papier glacé du plus bel effet. Le tout à l'époque pour 17,50 euros, mais ça peut se trouver d'occasion de nos jours pour un prix moindre.

Un livre d'illustrations plutôt agréable, en forme de petit bilan sur la partie légendaire de cette série qui, par la suite, baissera grandement en qualité.