Thanos : aux origines d'un monstre
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Retour sur la mini-série Thanos Rising, présentant l'enfance et les débuts de l'un des plus grands super-vilains du marvelverse.

Lorsque Jim Starlin crée Thanos en 1973, dans Invincible Iron Man 55, le personnage n'est encore qu'un vague ennemi de plus pour Tony Stark. Il n'a alors ni la carrure ni le charisme qu'on lui connaît aujourd'hui. Quarante ans plus tard, après bien des péripéties, le Titan Fou va bénéficier d'une mini-série dévoilant son enfance et les origines de sa fascination pour la Mort.
Aux commandes, l'on retrouve Jason Aaron au scénario et Simone Bianchi aux dessins. La saga sera publiée en français en kiosque en 2013, dans Marvel Universe, puis elle sera rééditée, toujours par Panini mais cette fois en librairie, dans un Marvel Dark en 2016.

Tout commence avec la venue au monde du petit Thanos, fils de Sui-San et A'lars, sur Titan, au sein de la cité souterraine des Éternels. Deux faits notables marquent cette naissance : le petit est atteint d'une anomalie génétique (du genre qu'on remarque facilement) et, surtout, sa maman va tenter de le tuer immédiatement après l'avoir vu. Disons que lorsque ta propre mère essaie de te buter au premier regard, on ne part pas sur du "physique avantageux".
Mais le papa intervient et, malgré son physique atypique, Thanos mène une enfance plutôt normale. Personne ne se moque de lui à l'école, au contraire, on vient le chercher pour jouer. Mais Thanos, doté d'une intelligence largement supérieure à la moyenne, n'est pas vraiment intéressé par les jeux de son âge. Il a soif de savoir. Il se pose des questions. Sur lui. Sur le monde. Sur la vie et la mort. Et pour y répondre, l'enfant va lentement glisser vers... le meurtre.


Cette histoire, malgré ses qualités, n'a pas toujours été très bien accueillie par les fans de Starlin et du personnage (comme notre ami Vance par exemple, cf. ses articles sur le perso : La Fin de l'Infini, La Révélation de l'Infini ou encore La Fin de l'Univers Marvel). Il faut dire que Aaron, même s'il a signé de belles réalisations dans le domaine super-héroïque (cf. son Docteur Strange par exemple), est plutôt un spécialiste du polar âpre et tendu (Scalped, Southern Bastards) et des personnages malmenés par la vie et à la dérive.
Ce qui peut surprendre dans l'approche de l'auteur, et ce qui va aussi à la fois "humaniser" Thanos mais tout autant le banaliser, c'est la tentative d'explication très terre-à-terre de sa sociopathie cosmique.

En effet, même si l'on ne peut rester de marbre face au petit gamin violet, rejeté par sa mère et quelque peu délaissé par son père, sa lente transformation en adolescent éconduit par la femme de ses rêves en fait un cliché que beaucoup jugeront indignes du grand et terrible Thanos. Pourtant, Aaron parvient à rendre l'aspect glaçant et morbide du personnage, notamment dans des scènes de tortures et vivisections qui, si elle ne sont pas dévoilées en détail, ont un réel impact (destinant ces épisodes à un public clairement adulte).
Mais est-ce suffisant ? Probablement pas, car là où un Tom King, dans son excellente série sur Vision, parvenait à rendre tragique et bouleversant un personnage non-humain, Aaron ne va pas réussir sa montée en puissance dans les épisodes dévoilant un Thanos adulte. Le personnage reste en effet froid et quelque peu monolithique malgré ses tourments.
Du côté de l'aspect visuel, là encore la réussite n'est pas complètement au rendez-vous. Si le style de Bianchi convient bien lorsqu'il faut camper un Thanos juvénile, se cherchant encore, il échoue (sauf en ce qui concerne les covers, plus travaillées) à retranscrire la puissance et le côté impressionnant du personnage adulte que l'on connaît.

Au final, le bilan s'avère mitigé. Si le lecteur en apprend plus sur le passé de Thanos, celui-ci, au lieu de gagner en profondeur, est comme aseptisé par une approche trop conventionnelle qui fait de lui un "simple" psychopathe.
Clairement, même si la lecture de ces 5 épisodes n'est pas désagréable, cette légende cosmique aurait mérité une écriture plus ciselée et un souffle lyrique qui ne dépasse pas ici le niveau du petit courant d'air.

À tenter.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Parfaitement accessible, même si l'on ne connaît rien du personnage.
  • Quelques scènes impressionnantes par leur côté malsain et violent.
  • Un Thanos enfant plutôt touchant.

  • Une "love story" très niaise dans son traitement.
  • Un Thanos adulte qui ne parvient pas à convaincre et à réellement endosser son costume.
  • L'aspect visuel, pas toujours à la hauteur du personnage.