Batman : Qu'est-il arrivé au Chevalier noir ?
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Résumé
: Batman est mort. C’est ainsi. Séchez vos larmes et venez donc assister à ses funérailles auxquelles tous ceux qui l’ont bien connu sont conviés : Alfred, bien sûr, mais aussi et surtout ses meilleurs ennemis. Écoutez alors chacun d’eux conter leur rencontre, ainsi que les circonstances du décès du Caped Crusader alors que, en arrière-plan, Batman lui-même assiste, ébahi, à sa propre cérémonie funéraire… 

Neil Gaiman (cf. cet article récent sur la Mythologie viking) aime Batman - et les rédacteurs d'UMAC également, il vous suffit de piocher dans les très nombreux articles qui lui font directement référence). Sa plume adroite sait parfaitement explorer les tréfonds de l’âme tourmentée du Chevalier noir et il se joue avec une aisance déconcertante des pièges liés à la très longue vie de ce personnage iconique créé par Bob Kane [et Bill Finger surtout, comme Thomas nous l'explique dans son article sur son site] voici une éternité. Un album narrant les circonstances de sa mort illustrées par Andy Kubert (reformant le somptueux duo de 1602 concocté pour la concurrence marvellienne) ne pouvait qu’inciter à se replonger dans l’univers caractéristique du Justicier de Gotham
Si tu voulais faire respecter la loi, tu serais flic, pas sur les toits avec un masque.

En 2011, Panini comics a édité deux épisodes de ce duo d'artistes (épisodes issus originellement des séries Batman et Detective Comics) suivis de quatre courtes histoires du Chevalier noir écrites par Gaiman, le tout dans un album relié de belle facture. En 2019, Urban comics a ressorti cet album dans une édition plus cossue mais moins complète, avec un titre différent (Les Derniers Jours du Chevalier noir). Les aficionados moins fortunés se contenteront d'une version kiosque avec le Batman Universe #1 de 2010. 
Même si tout ce mal n’était que mensonge, je n’ai guère d’autre choix que de combattre. 
Alors, que vaut cette histoire ? 

Au final, on reste un peu sur sa faim. Ce double épisode ne révolutionnera nullement la série ; il n’introduira d'ailleurs aucune nouveauté dans les rapports complexes qu’entretiennent les ennemis de Batman avec ce dernier, ni dans la psyché tourmentée de Bruce Wayne. Censé se situer après l’annonce, dans la continuité DC, de la fin du Batman (éliminé par Darkseid dans le controversé Final Crisis), il s’appuie sur le parallèle entre Mort et Recommencement : on y suit en effet la lutte éternelle du « plus grand détective du monde » hissée au rang de cycle mythologique ; les époques s’entremêlent, les souvenirs se fondent et les certitudes éclatent. Les lieux, les décors, les costumes sont mouvants, on passe des ruelles sordides du Gotham d’après-guerre à des intérieurs sobres et lisses. Au travers de toutes les « occurrences » du Batman au fil des décennies, on sent bien, dans la manière qu'il a de le représenter, une préférence de Kubert pour la période Neal Adams malgré les nombreux clins d’œil vers la version « golden age ».
 

Si l’issue du double épisode en est radicalement différente, l'amateur de comic books ne pourra s’empêcher de trouver de forts relents du magistral La Mort de Captain Marvel (Jim Starlin), notamment dans la manière dont le défunt entretient une discussion avec un être transcendantal, et dont les ennemis d’hier viennent témoigner de cette complicité troublante qui les lie à lui. 
Si personne ne vous offre jamais de roses, vous finissez par cultiver les vôtres.
Les petites histoires placées sans logique à la suite de ce mini-crossover permettent d’explorer plus avant le mythe du Dark Knight avec la subtilité récurrente, la finesse et l’élégance qui sont la marque de Gaiman (même lorsqu’il est peu inspiré - comme dans l’épisode Quand une porte ? narrant les « origines secrètes du Sphinx » - inclus dans la compilation sur ce dernier de la collection Batman Arkham d'Urban Comics). On risque néanmoins d’apprécier Pavane par son côté envoûtant - un mystérieux agent enquête sur la personnalité de Poison Ivy (idem, ce segment a été inclus dans l'anthologie Batman Arkham sur la célèbre Empoisonneuse, cf. cet article sur UMAC) - et la douce ironie de Un monde en noir et blanc.
 
Un bel hommage, plein de grâce et de sensibilité, empreint d'une certaine nostalgie.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Batman. 
  • Les ennemis  adversaires de Batman.
  • Neil Gaiman.
  • Andy Kubert.


  • Le sentiment d'une œuvre un peu vaine, à la portée restreinte.