La Parenthèse de Virgul #42
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Hello les Matous !
On se retrouve pour une Parenthèse orientée castagne, mais axée plus précisément sur le vocabulaire lié à la baston.
Car, oui, on peut réorganiser la dentition de son prochain tout en enrichissant sa culture générale.
Miaw !


Du Nom des Gnons
Un auteur, un traducteur ou un relecteur n'est pas forcément un expert dans tous les domaines. Or, ces gens doivent aborder des univers et champs lexicaux très différents, allant de la médecine à l'aviation, en passant par l'astronomie, les armes médiévales ou la cuisine. Mais tous ne font pas les recherches nécessaires pour éviter de propager des bourdes et erreurs en tout genre.
Le domaine du combat à mains nues est bien entendu aussi technique que le reste, et l'on voit régulièrement, dans les BD, romans ou séries TV, des erreurs assez navrantes. Nous allons donc revenir sur les bases du vocabulaire martial, en illustrant notre propos avec quelques erreurs relevées dans des comics publiés par Panini. Ouais, l'avantage avec eux, c'est que lorsque tu as besoin de conneries, tu ouvres n'importe lequel des bouquins qu'ils ont sortis et tu as l'embarras du choix question énormités. C'est un peu leur marque de fabrique. Mais nous allons surtout profiter de l'occasion pour tenter de donner des définitions simples des coups basiques que l'on va retrouver dans un grand nombre de confrontations.

Uppercut : Il s'agit d'un coup "remontant", donné de bas en haut. Basiquement, en boxe anglaise, il s'agit par exemple de se faufiler dans la "cheminée" (sorte d'étroit conduit formé par les avant-bras de l'adversaire lorsqu'il est en garde haute) pour l'atteindre au menton et, si ça passe, lui offrir une petite sieste instantanée. Or, chez Panini, "uppercut" est toujours employé comme synonyme de "coup". Ce qui est bien entendu un abus de langage. L'erreur vient bien de la traduction française puisque, comme le montrent les exemples ci-dessus et ci-dessous, il n'est jamais question d'uppercut dans la version originale (mais plutôt de coups, ou "blow"). Dans la première scène, Captain America envoie un direct à un type au sol, dans le deuxième exemple, Wolverine se prend un crochet mal fichu, qui finit le bras tendu (ou un direct un peu bizarre, donné du côté). Mais dans tous les cas, aucun uppercut là-dedans, que ce soit dans le texte original ou ce qui est dessiné.

Direct : C'est un coup rectiligne, qui peut être donné du bras avant (jab) ou arrière (cross). Chez un combattant droitier, les jabs seront donc donnés du gauche, le cross étant donné du côté "fort" (ce sont évidemment les coups les plus puissants).

Crochet : Rien de bien compliqué ici, il s'agit d'un coup de poing circulaire qui arrive sur le côté du visage ou du torse de l'adversaire. À ne pas confondre avec le swing, qui ressemble parfois un peu à un crochet, dans le feu de l'action, mais qui n'engage pas la même surface de frappe et n'est pas basé sur la même biomécanique. Mais on ne va pas rentrer dans des notions trop complexes, ce n'est pas le but.

Atemi : Synonyme de "coup" en karate-do. Il ne s'agit donc pas forcément d'un coup donné avec le tranchant de la main (shuto), mais de n'importe quelle technique de percussion. 

Il existe bien entendu un tas de variations de ces coups basiques (notamment dans les arts martiaux) et de surfaces de frappe différentes, mais en général, sauf cas exceptionnel (roman ou BD très technique et basé sur un art martial particulier), ces termes suffisent à couvrir l'essentiel des actions. Le pire consiste à employer un mot que l'on entend souvent mais que l'on ne connaît pas et dont on ne vérifie pas le sens. Non seulement c'est agaçant pour les puristes, mais ça induit également les non-initiés dans l'erreur, ce qui n'est clairement pas le but.

Bref, la prochaine fois que vous distribuerez une salade de phalanges à un malfaisant, au moins, vous saurez quel terme employer quand il faudra faire votre déclaration à la gendarmerie ou raconter votre exploit à votre dulcinée. 
En attendant, ne croyez ni les excités qui se ruent dans l'action pour de mauvaises raisons, ni les partisans de la posture attentiste qui veulent faire de vous des victimes soumises. La violence doit être contrôlée, quand elle vient de soi mais aussi quand elle provient des autres. Et ceci en y mettant le nécessaire, pas moins, et le suffisant, pas plus. Ce qu'un grand monsieur comme Roland Habersetzer appelle, dans son style Tengu : Ne pas combattre, ne pas subir.
Et si vous trouvez cela contradictoire, c'est que l'essentiel vous échappe...

Miaw ! 


Un uppercut imaginaire s'est glissé dans la VF.