Le désastre Panini
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Le magazine 60 Millions de Consommateurs vient de publier un article relayant (un peu superficiellement) les mouvements de grogne suscités par Panini.
Hausse des tarifs, politique éditoriale contestable, communication hasardeuse sont évoquées, par contre, étonnamment, rien sur les traductions en grande majorité désastreuses (même si la tendance est à l'amélioration ces dernières années) et le saccage complet de toute une gamme de comics.
Du coup, à la rédac, on s'est dit qu'on allait aider nos confrères à compléter ce petit portrait en abordant ce qui reste tout de même un sujet central pour un éditeur dont la tâche principale est l'adaptation de textes anglais en français. Enfin, "français", c'est vite dit.

Nous allons commencer par les très nombreuses fautes, tournures étranges et coquilles, présentes dans des centaines d'ouvrages Panini. Tout de suite, une précision s'impose. Il n'y a rien de honteux à commettre une faute ou à laisser passer une coquille. De nos jours, il est très rare par exemple de trouver un roman ne contenant pas au moins une coquille. Mais, une ou deux fautes dans un texte dense de 300 ou 400 pages, c'est très différent de 500 ou 700 fautes (oui, on est sur cet ordre de grandeur) au sein d'une BD de 200 pages, d'autant que le volume de texte est bien entendu largement moindre.
C'est cette accumulation dénotant un manque d'implication et de sérieux qui est regrettable (cf. cet article complémentaire pour approfondir la question, et si vous pensez que c'est de l'histoire ancienne et que ces traductions épouvantables ne sont plus éditées, jetez donc un œil à cette longue liste d'ouvrages présents dans les rayons d'une librairie en février 2023).

Précisons également que si le nom d'une traductrice, Geneviève Coulomb, revient souvent, ce n'est pas vraiment elle qui est en cause en premier lieu, mais bien les responsables éditoriaux qui valident des textes cradingues qu'ils ne prennent même pas la peine de faire relire.

En gros, deux types de problèmes se posent régulièrement : les fautes pures et les choix de traduction étranges. Commençons par la première catégorie.

Les exemples ne manquent pas. Ainsi, dans l'Intégrale Spider-Man 1980, l'on peut (entre autres) trouver ceci :
- le Punisher m'a tiré à balles anesthésiantes
- il faut que je le fasse parler... de façon ou d'autre
- je ne meurs pas si pour si peu
- que dal
- la vielle (pour "vieille")
- s'enlève (à la place de "s'élève")...
(plus que d'éplucher un ouvrage de manière exhaustive, nous allons multiplier les exemples)

Dans l'Intégrale 1982, l'on peut noter :
- il et bien décidé
- ceci est autre histoire
mais aussi des textes impropres, comme un dialogue reporté dans le descriptif de la case suivante (voir ci-dessous). On passe sur toutes les nombreuses erreurs de ponctuation et d'accord, ou sur la confusion constante entre futur et conditionnel...



L'on trouve des choses étonnantes aussi dans les publications X-Men, notamment dans la saga du Phénix Noir, où Coulomb est encore à la manœuvre :
- que ça arrête !
- vous êtes eux ?
- elle a fait tout cela comme en se jouant
- j'ai assumé ma forme d'acier organique...
- sous peine de lui donner accès à nos âmes... à les lui livrer à jamais. (on ne donne pas accès "à nos âmes et à les lui livrer", c'est bien entendu "sous peine de lui donner accès et de lui livrer...)
- un rafale ! (là c'est Tornade qui parle d'une rafale de vent, pas d'un avion)

Tout cela n'est pas limité aux Intégrales, dans le X-Men Extra #79, l'on pouvait trouver diverses âneries qui finissent par revêtir un aspect comique :
- on voit pourquoi tu étais copain de l'autre (ah que c'est joliment dit !)
- on essaie, mais on est eus à chaque tournant
- je tiens à te surveiller au doigt et à l'œil
- il est mort à bout d'usure
- elle peut pas faire de vitesse (en parlant de quelqu'un qui ne peut se déplacer rapidement)
- le complexe souterrain en sous-sol de l'école (par opposition aux souterrains que l'on construit hors-sol sans doute)


Un autre exemple de roue libre et de grand écart par rapport au texte original : Spidey, en VO, dit que la Torche a fait fondre 
ses "pellets" (des boules de minerai, en anglais). Et effectivement, il lui a balancé des sortes de boules de toile. Ce que Coulomb
traduit par... "nunchakus". Ça ne ressemble pas à ça, un nunchaku, là on dirait des bolas.


Une dinguerie : "you got low standards" (en parlant d'un appart)
devient "dans le genre pou nerveux".
Une autre idiotie : Wolverine explique à Longshot qu'ils ont affaire à Muraille (Stonewall en VO).
On peut voir le résultat ci-dessous, avec un Logan qui sort en VF une réplique incompréhensible ("Je suis muraille"). Évidemment, le fait que la scène n'ait plus aucun sens n'inquiète nullement la traductrice. Des exemples comme ça, l'on peut en trouver des milliers. Littéralement. Dans le même récit, Colossus, qui doit passer à l'action, dit en VO : "Up to me, at last" (à moi, enfin). Ce que Coulomb traduit par "J'ai assez fait". Non seulement, ça n'a rien à voir avec ce que le personnage dit, mais la phrase n'a aucun sens dans le contexte. Quelques pages plus loin, un personnage, en parlant d'un ennemi, dit "Magic can beat him" (la magie peut le vaincre), qui devient dans la VF "la magie seule me vaincrait". Encore une fois faux (le personnage ne parle pas de lui, comment "him" peut-il devenir "me" vaincrait ?). Sans parler du style, mélangeant sans cesse argot et formulations ampoulées alors que le texte anglais est on ne peut plus basique (on y reviendra plus loin). Par exemple, un simple "I can't" devient "je ne puis". Même quand la phrase est correcte, le choix de la formulation est complètement débile.
Les expressions les plus simples deviennent incompréhensibles ou mal fichues. Ainsi, "Missed me, all three of you !" (Vous m'avez raté, tous les trois !) devient, sous la plume de Coulomb, "Loupé par les trois bouts !". Dans le fameux Mutant Massacre, "Your comrade is injured and in need of medical attention" devient "votre ami est très mal, il a grand besoin d'un physicien" (le fameux physicien généraliste qu'on va voir quand on a un petit rhume). "Gotta be my mistake" se transforme en "je dois yoyoter !" (bah quoi ? vous ne yoyotez jamais, vous ?). Et dans toute cette saga, elle appelle Piotr Raspoutine "Pietro" (elle confond avec Vif-Argent, alors que la VO emploie "Peter", donc elle modifie inutilement mais en se plantant en plus). Dans un épisode de Spider-Man (ASM 20), "With him out of the way, my secret will be safe forever !" devient "Je lui passe le goût du pain et je serai peinard !". Toujours dans ASM, "I wish i felt as confident as i'm trying to sound" ("j'aimerais me sentir aussi confiant que je le prétends") devient "Dit comme ça, c'est beau, mais au fond je glaglate !". Un simple "He's the real J. Jonah Jameson" devient "on l'a pas échangé en nourrice"... même grammaticalement, la phrase est fausse. Dans un épisode de la série Avengers (dans lequel Spidey intervient), l'on trouve : "Tu pensais que tu pouvais te balader dans New York sans que mon sixième sens crie aux petits pois ?" (pour "without my own spider-sens warning me of your presence"). Sans doute parce que "m'avertir de ta présence", ce serait trop flou, on ne comprendrait pas, alors que "crier aux petits pois", on voit tout de suite de quoi il est question...
Dans Ultimate Team-Up, voilà encore une trad lunaire. En VO, Spider-Man dit : "Great, where were you, like, a billion years ago ?" Version française : "On est sage... c'est fini de faire le mariole." Mais... il n'y a pas un mot, une idée, qui correspond. On dirait un bot qui génère des phrases au hasard. 



En vrac, on trouve aussi : 
- Ils refusent à croire.
- On se bat en sourdine (pour "we're staying in the shadows").
- ... il se répand à la face de la Terre.
- Vu l'émeute on devrait être à piller les magasins.
- Les anciennes prophéties ont pas de sens et craignent pas de se réaliser.
- On va être sous le feu des hostilités.
- Attrapez les nuages ! (pour "hands up", autrement dit "mains en l'air")
- Y a toujours façon de se débrouiller.
- Le farfadet est pris des glaces !
- Il s'en croit trop. 
- Y'z appellent (c'est sûr que c'est vraiment mieux que "ils appellent"...)
- Elle est tournée à l'ennemi (au lieu de "passée").
- Nous n'enverrons pas les marines avant plus ample informé. (?!)
- La peur, c'est normal, le tout est de pas y céder, Cyclope m'a dit.
- Moi, je prends l'intérêt du peuple !
- Tu t'abonnes à vivre dangereusement ! 
- Un tank armé en guerre. 
- Son déodorant n'arrive plus à suivre à la demande.
- Ça fait n'importe quoi et ça se s'en croit...
- Y a juste place pour nous dans le jet. 
Quel charabia ! 



Ci-dessus, dans un Iron Man, encore un exemple magique de texte qui ne veut plus rien dire en VF. On n'a que deux cases ici, imaginez le nombre d'imbécilités sur tout un comic. Dans la case de gauche, Tony Stark se dit, en VO, que le SHIELD fonctionne parfaitement sous la direction de Nick Fury. Dans la version Panini, c'est l'inverse, il dit que le SHIELD parvient à se passer de lui. Dans la case de droite, un flic, en VO, dit que Stark ("he", ce n'est pas un pluriel !) devait se trouver ailleurs pendant le combat. En VF, ça devient "ceux-ci devaient patrouiller ailleurs"... mais qui ça ? Quelle patrouille ? De quoi on parle ? Les dialogues sont totalement incompréhensibles ! Ça n'a aucun sens mais, peu importe, Coulomb fait de la trad "bulle par bulle", en se foutant complètement du sens éventuel de l'ensemble et en ne parvenant jamais à comprendre ce qu'elle lit en anglais. Et Panini valide ça ! Un tel niveau d'amateurisme, c'est du jamais vu dans le monde de l'édition. Et on est loin d'avoir fait le tour de cet énorme gâchis. 


Très souvent, la traduction donne exactement l'inverse de ce qui est dit dans la version originale.
Ainsi, dans la saga du Phénix Noir, un "except that all our foes can fly" (tous nos ennemis peuvent voler) devient "sauf que l'ennemi n'a pas de personnel volant". Un contre-sens d'autant plus évident que dès la case suivante, le personnage évoque les ennemis qui volent ! Et puis, bon sang, qu'est-ce que c'est que ce choix de vocabulaire débile ? Le "personnel volant" ? On parle de la Garde Impériale shi'ar, pas du personnel d'un airbus ! Dans un autre épisode, il est question de "three retired World War II heroes" que Coulomb traduit par "trois survivants de la guerre de 14" (!!) alors que, juste avant, les personnages évoquent les combats contre les nazis et les communistes. Visiblement, ce n'est pas suffisant comme indices pour l'empêcher, encore une fois, de ne rien comprendre à ce qu'elle lit.
Les confusions entre les personnages sont bien entendu constantes ("lightning bolt" est ainsi traduit par "rafales optiques", le pouvoir de Cyclope, alors que c'est Tornade qui est à l'œuvre et qu'elle emploie son pouvoir sur les éléments en générant des éclairs). Toujours dans un X-Men, alors qu'il est question de Banshee (le Hurleur), la traductrice remplace ce nom par Charlie (le professeur X), ce qui rend la scène incompréhensible. 
Dans l'exemple ci-dessous, Flash Thompson s'amuse du fait que le proviseur pense que Peter a déclenché une bagarre ("He thinks he started it !"). Dans la traduction française, totalement à côté de la plaque, il a peur ("la tuile !") et déclare que le proviseur pense que c'est lui qui a commencé. Non seulement Coulomb change totalement le sens de ce qui est dit, mais elle est obligée d'inventer pour que le texte colle à son interprétation erronée. Le fait que Flash soit souriant (ce qui ne colle plus avec ce qu'il dit) ne la dérange absolument pas. Normal, elle "traduit" chaque case, chaque bulle même, sans se soucier de ce qui est dit avant ou après.



Les exemples de traduction ahurissantes et à côté de la plaque sont légion. Dans un X-Men, un "they can hurt me" (ils peuvent me blesser) est traduit par "ils ont pouvoir sur moi". Toujours cette volonté de transformer quelque chose de simple et direct en charabia pseudo-soutenu. Dans un épisode de la série Avengers, Iron Man affronte Hulk (cf. la comparaison VO/VF ci-dessous). Durant le combat, il pense que ce serait à Ant-Man de s'occuper de Hulk (en VO : That must be the work of Ant-Man to trap the Hulk !). Traduction de Coulomb : "C'est Ant-Man ! Il cherche à me piéger !" Alors que le personnage ne figure même pas dans la scène... bien entendu, avec une traduction aussi éloignée du texte original, on ne comprend plus rien. Sans le texte anglais, impossible de saisir le sens des propos de Tony Stark.
Dans un épisode de la série Avengers, un personnage évite un tir de justesse. Il dit alors, en VO "that was a close one", ce qui est traduit en VF par... "du peu au jus" ! Donc une expression incompréhensible alors qu'il existait des tonnes de façons de retranscrire l'idée ("c'était moins une" ; "on l'a échappé belle" ; "ce n'est pas passé loin"...). 
Idem dans un épisode de Fantastic Four, où les propos de Susan Storm sont traduits d'une manière si incompréhensible que l'on a l'impression que c'est Namor qui parle (cf. seconde image, ci-dessous). La pauvre "traductrice" ne comprend visiblement rien à ce qu'elle lit. Normal, elle ne parle pas anglais. 



Susan est censée dire ici que même les ordres d'un monarque ne peuvent affecter le cœur d'une femme.


Autre exemple qui à lui seul est édifiant. Dans un contexte bien particulier, un personnage rétorque à un type qui lui avait balancé un projectile et l'avait raté : "Vise mieux ou tu ne deviendras jamais chasseur de poisson-chat." C'est évidemment incompréhensible, ça ne veut rien dire du tout. Quand on regarde la version anglaise, on se rend compte qu'il s'agit pourtant bien de ça, il est bien fait mention d'un "Catfish Hunter". Sauf qu'en réalité, "Catfish" est le surnom de James Hunter, un célèbre joueur de baseball outre-Atlantique. Bon, on ne peut pas reprocher à une traductrice française de ne pas connaître Hunter, mais de là à traduire mot-à-mot une connerie sans se soucier du sens, c'est inacceptable. Il suffisait de faire quelques recherches ou même d'inventer purement et simplement une réplique qui fasse sens dans le contexte ("Vise mieux où tu ne deviendras jamais Guillaume Tell" par exemple, la référence est connue et parfaitement appropriée au contexte). Comment une traductrice qui ne comprend rien à ce point-là aux absurdités qu'elle écrit a-t-elle pu être validée par Panini ? Pourquoi ses traductions sont-elles encore présentes dans les rééditions actuelles ? Mystère. 

Niveau expressions typiquement anglaises, Geneviève ne connaît rien non plus. Dans une scène où Tornade utilise l'expression "walk in the park" (qui signifie que ce sera "facile", genre "une partie de plaisir" ou une "promenade de santé"), elle traduit ça par un "va voir au parc" (cf. image ci-dessous) qui est complètement absurde (les personnages sont dans un avion, il n'est aucunement question d'un parc).
Un peu plus loin, elle traduit "burn in hell, fiend" (brûle en enfer, démon) par "va en enfer, ami".
Pour elle, "fiend", c'est un ami... (comme dans le sitcom bien connu, Fiends).
Autre exemple, dans un Deadpool, elle traduit "go to defcon 4" ("passez en defcon 4", defcon étant un niveau d'alerte de l'armée américaine) par "joignez defcon 4".
Elle ne sait jamais de quoi il est question, mais tant pis, elle invente. Et avec une rare poésie, par exemple "You're history, bub !" va ainsi être traduit par un joli "T'es viande froide !". Un simple "We chance it" (on tente le coup) devient, dans la bouche de Gambit : Inch Allah ! (mais quel rapport ??)




C'est quand même un exploit : elle ne comprend rien à l'anglais, et elle n'est pas capable non plus de faire une phrase correcte en français... elle tape systématiquement à côté. Ainsi, alors que des personnages sont pris au piège par un rayon tracteur, elle leur fait dire "on a été cooptés". Au lieu de "captés" sans doute. Belle maîtrise de la langue. Même chose pour "une détonation explose" (au lieu de "retentit" par exemple). Une détonation, c'est une explosion, ça ne peut pas "exploser", ça reviendrait à dire "une explosion explose". On nage en pleine crétinerie. Même les plus simples expressions ne sont pas employées correctement ("je prends les grands moyens", par exemple, au lieu de "j'emploie", ou "personne n'en ignore" au lieu de "personne ne l'ignore"). Souvent, des termes sont également laissés en anglais sans raison, comme dans "Forge créait des armes pour l'U.S. Government". On se demande bien pourquoi ce n'est pas remplacé par "le gouvernement américain". De même, l'étrange expression "mettre out" (ou "être out") est constamment employée à la place de "neutraliser", "assommer", "sonner", "être inconscient" ou n'importe lequel des dizaines de verbes (ou expressions) qui conviendraient à la situation. 

Et bien entendu, Coulomb détient aussi la palme de la bourde historique, grâce à sa magnifique adaptation du X-Men Extra #58, dans lequel elle a traduit le mondialement connu 9/11 par... 9 novembre. En plus, le 11 septembre était cité après deux autres événements historiques très connus (les premiers pas sur la Lune et l'assassinat de JFK), preuve que, vraiment, certains traducteurs se foutent complètement de ce qu'ils lisent, car si une erreur peut toujours survenir, une date lambda au milieu de faits mondialement connus aurait dû logiquement allumer tous les gyrophares mentaux de la traductrice.

Donc, là, je crois que l'on a vu la "qualité" du texte (basé sur très peu d'exemples en comparaison de la masse d'inepties que contiennent ces ouvrages, je pourrais donner des milliers d'exemples, c'est juste hallucinant), passons maintenant au deuxième problème récurrent : le style.

Allez savoir pourquoi, Geneviève Coulomb (ainsi que deux ou trois de ses collègues d'ailleurs, dans une moindre mesure) a opté pour une sorte de jargon issu du milieu interlope parisien des années 30 (voire même du XIXe siècle pour certaines expressions). On a perpétuellement l'impression d'assister à un dialogue entre Jean Gabin et Edith Piaf.
Pour des récits se déroulant à New York dans les années 80, 90 ou 2000, c'est quand même très étrange.

Exemples :
- le môme Parker
- la môme Pryde
- les gonzes
- tu mords le topo
- mon rigolo (en parlant d'un flingue !)
- le schnick
- foutraque
- calter
- le coffiot (c'est un coffre !)
- on va se ratatiner un cogne
- tu te cailles le raisin
- rachtèque
- arsouille
- je suis allé piquer l'artiche
- je me châtaignais bien avant que tu naisses.
- je galéjais pas
- Havok va en avoir sec ! 
- pour le bitos (le bonnet)
- lui faire rendre tripes et kapok !
- tu te retrouveras à bavocher dans un fauteuil…
- … version épouvante et sans matafs !
- bath journée !
- il fait mine de sortir des pommes (pour "il revient à lui")
- il chantera un autre air quand il constatera que je lui ai bourré la caisse ("bourrer la caisse" est ici employé à la place de... "mentir")
- une môme carrossée façon crevette
- désolé d’avoir bousillé ton carbi
- il se monte en mayonnaise à propos de cette louloute
- et alors tintin pour le biturer
- je me taille un cendrier dans ton caberlot
- je viens de morfler la chicousta du siècle
- on est en plein chizbroc
- que d'aria !
- dégoise, pitre !
- elle nous entortille (entortiller est employé ici dans le sens de "mentir")
- la quincaille est sur les dents 
- depuis lulure (longtemps)
- il serait badour en caleçon
- tu caneras !
- la surpatte (la fête)
- c'est pas laubé (joli)
- je sucre la choucroute 
- ce pauvre polar va être eu jusqu'au trognon !
- t’as plus qu’à t’esbigner
- tu plafonnes du neutron
- ça en jetterait un jus !
- il a les soufflets qui s'emmêlent (pour "il a le souffle coupé")
- le plaftard est sur le point de céder
- les nabus de fouilly-les-oies
- le gars a dû mettre les adjas
- monsieur belvédère me patafiole
- des clopes ! s'il nous sème du poivre sur ce coup, tintin pour le récupérer ! ("semer du poivre" signifie ici... s'échapper !)
- s'il nous berlure 
- chmilbliz (qui doit être vaguement inspiré du célèbre schmilblick)

Et le pire, c'est que tous les personnages parlent de cette manière : Wolverine, Spider-Man, Deadpool, Cyclope, Captain America, Tornade, Kitty Pryde... pas moyen qu'ils sortent la moindre phrase sans partir dans de l'argot suranné et totalement hors de propos.
Pourtant, le niveau d'anglais de la version originale est tout à fait basique. Il n'y a ni argot ni expressions familières. Mais Coulomb et ses amis ne peuvent jamais s'empêcher d'extrapoler. Ainsi, "you killed my father" devient "tu as dessoudé mon dab" (un registre lexical des plus étranges qui a un effet sur le personnage, ce qui n'était pas voulu en VO). Un simple "oh no" (que l'on traduirait bien par "oh non", même si nous ne sommes pas des spécialistes) devient... "calamitas". "Good luck" est traduit par "tenez-vous les pouces", bah, on n'est plus à ça près. Pour constater le niveau de dinguerie et de "roue libre", un "pleasure doin' business with you" devient... "je parlerai de toi à mon beurrier" !! Mieux encore, "she lies" (elle ment), dans un Deadpool, devient... "fume !" (?!?!). Et un "I doubt it" (j'en doute) est traduit par... "fume". On apprend donc ici que "she lies" et "I doubt it" sont des synonymes puisqu'ils sont traduits identiquement en français. À un moment donné, Geneviève, va falloir arrêter de fumer des trucs, ça n'a pas un très bon effet sur ton travail.
On passe sur les "merde" et autres "ducon la joie" qui passent assez mal dans la bouche de Peter Parker... alors que ces insultes ne sont jamais présentes en VO. D'ailleurs, les versions françaises de Panini deviennent souvent inutilement vulgaires. Par exemple "dude" (type, mec...) est traduit par "ce con-là", ou encore "slob" (plouc) par... "connard".
Là encore, les choix de traduction s'avèrent bizarres et ne respectent pas la volonté originelle de l'auteur.

Voyons un autre exemple avec un extrait tiré de la série Uncanny X-Men. Sur l'image ci-dessous, vous pouvez voir la version originale à gauche, aisément compréhensible, et la traduction de Coulomb, validée par Panini : "Vous z'ici, je vous croyais z'aux z'eaux !?"
Mais, qu'est-ce que ça veut dire ? Et pourquoi tous ces "z" devant les mots ? C'est du pur délire, qui ne tient compte ni du texte original, ni du contexte, ni même des règles de français.



Le pire, c'est que bien des années auparavant, les mêmes épisodes avaient été adaptés proprement, sans cet espèce d'argot de l'après-guerre, ces dérives, ces milliers de fautes et ces expressions fantasques, dans les Strange et autres Nova (revues qui étaient malheureusement censurées au niveau des dessins).
Avec les versions actuelles, on se demande même si la traductrice bosse sous acide ou si elle ne fait pas exprès de saccager les textes. Ainsi, un ancien et très correct "Attention, voici venir votre ami l'Araignée !" se transforme en "Spider-Man en piste ! Glaglatez Navarrais, Maures et Castillans...!"
Wow, ça c'est du free style, hein ?

Autrement dit, il vaudrait mieux que vous vous mettiez sérieusement à l'anglais si vous avez des lacunes. C'est sans doute d'ailleurs la plus grande qualité de Panini : l'éditeur et son impéritie auront plus fait pour l'apprentissage de la langue de Shakespeare que tous les profs d'anglais de ces cinquante dernières années, collèges et lycées compris.


Un exemple de la densité de conneries par case : "repend" au lieu de "reprend" ;
"semé du poivre", expression datée qui signifie "s'enfuir", "disparaître"
(une seule référence dans un dictionnaire d'argot, qui date de 1927) ;
et un p't-êt' dégueulasse qui ne sert à rien et gêne la lecture.